Mer Très Profonde ( Ultra-deep Offshore Oil )

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Re: Le PO repoussé (grands gisements trés profonds)

Message par energy_isere » 20 nov. 2007, 21:15

sceptique a écrit : ....Maintenant, je ne connais pas l'histoire de cete exploration. Pourquoi ont-ils décidé de creuser aussi profond à cet endroit ? C'était un risque considérable.
en effet c'était un risque financier considérable, dans le post d' avant je ramenais l' info comme quoi leur 1er forage de ce typeavait couté 240 millions de $ et duré 1 an !

sceptique
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Re: Le PO repoussé (grands gisements trés profonds)

Message par sceptique » 20 nov. 2007, 21:27

GillesH38 a écrit : euh, oui, pendant 10 ans, et meme 5 ans jusqu'au pic, et apres on fait quoi? ;-).
Et si d'autres "provinces pétrolières" sont découvertes à grande profondeur ...
on devrait peut etre attendre que le premier baril sorte avant de conclure.?
Effectivemment, il faut attendre. Mais dans un sens comme dans l'autre ! Ceux qui prédisent l'effondrement imminent de notre société industrielle peuvent aussi se tromper.
De combien de mois d'ailleurs un gisement de 1 Gb de bonne qualité (capable donc de fournir 0.25 Mb/j) est il capable de prolonger le plateau ?
Après il suffit de multiplier par ces nouvelles découvertes (potentielles, je l'accorde) ...

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Message par Environnement2100 » 20 nov. 2007, 22:04

Il est certain qu'une hirondelle ne fait pas le printemps même si cette découverte vaut son pesant d'or politique pour le président Lula.

Le deep offshore a toujours eu mauvaise presse chez les pétroliers :
- trop cher : vous avez vu que le ticket d'entrée est à 240 MUSD avant d'avoir trouvé la première goutte d'huile
- trop difficile techniquement : le BOP sur le fond marin travaille à 200 bars
- trop aléatoire : ces zones sont mal connues géologiquement

C'est aussi un point intéressant de ce gisement : c'est une compagnie nationale, et non pas une major, qui a endossé le risque financier ; même Exxon aurait des difficultés à jeter 1 GUSD dans une aventure pareille.

Il n'est pas exclu que, à l'instar de Gazprom et Petrobras, les compagnies nationales, autrefois joyeusement méprisées par les Majors, se lancent dans des projets plus complexes et plus risqués.
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Message par marc0 » 21 nov. 2007, 14:36

ben c'est pas des bonnes nouvelles tout ca.... :-(

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Message par tolosa » 21 nov. 2007, 15:11

Pourquoi n'est-ce pas pas une bonne nouvelle ? A croire que certains souhaitent un effondrement brutal.. Il me paraît évident que nous allons entrer de gré ou de force dans une période de transition énergétique marquée par la diversification de plus en plus grande de nos sources d'énergies et de fortes politiques d'économies d'énergie.
Nous devons réussir cette transition. Elle sera longue, nous avons donc besoin que le plateau soit le plus long possible et la depletion qui s'en suivra faible.
Donc, c'est plutôt une bonne nouvelle non ? (si elle s'avère exacte, comme dit justement gilles, attendons de voir le début d'exploitation.... Pour l'instant, on ignore tout, la durée du plateau, les taux de depletion, le maintien futur de la demande...
Un changement radical de nos modes de vie et un renoncement au « progrès » est le prix à payer pour éviter le désastre. Comme cela paraît irréalisable, l’occultation du mal s’ensuit inévitablement (jean-Pierre Dupuy).

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Message par Saratoga Elensar » 21 nov. 2007, 15:16

tolosa a écrit :Pourquoi n'est-ce pas pas une bonne nouvelle ? A croire que certains souhaitent un effondrement brutal..
Il faut croire que c'est excitant pour certains de voir un effondrement rapide et "sans une longue et pénible douleur "....

C'est un peu comme le choix entre la pendaison et l'echafaud...on choisit l'echafaud car le coup fatal est rapide et sans douleur. :D
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Message par Alter Egaux » 21 nov. 2007, 15:40

Environnement2100 a écrit : Le deep offshore a toujours eu mauvaise presse chez les pétroliers :
- trop cher : vous avez vu que le ticket d'entrée est à 240 MUSD avant d'avoir trouvé la première goutte d'huile
- trop difficile techniquement : le BOP sur le fond marin travaille à 200 bars
- trop aléatoire : ces zones sont mal connues géologiquement

C'est aussi un point intéressant de ce gisement : c'est une compagnie nationale, et non pas une major, qui a endossé le risque financier ; même Exxon aurait des difficultés à jeter 1 GUSD dans une aventure pareille.

Il n'est pas exclu que, à l'instar de Gazprom et Petrobras, les compagnies nationales, autrefois joyeusement méprisées par les Majors, se lancent dans des projets plus complexes et plus risqués.
Ben voilà que E2100 loue le keynésianisme des compagnies d'Etat. La situation est donc vraiment alarmiste ! :-D
tolosa a écrit : Nous devons réussir cette transition.
Merci à tolosa de pointer la raison d'être d'oléocene. Il y avait longtemps que je n'avais pas lu une phrase aussi simple et aussi vraie.

Le problème chez les peakistes (et je l'ai déjà dit), c'est de céder à l'envie de voir arriver le PO avec une telle énergie qu'ils en oublient que le risque que la déplétion peut entrainer tout le monde dans le chaos, y compris eux et leurs proches.

Notons cependant que être alarmiste ne veut pas forcément monter que l'on est pour que le système s'effondre. Parfois, la frontière n'est pas toujours évidente.
J'espère que parmi les plus radicaux du forum l'envie de voir se réformer le système en profondeur est plus forte que l'envie de voir un nouveau 1929 ?
Bien entendu, la composante RC est un vecteur puissant pour réformer vite ce système suicidaire.
Un cheval fou va toujours se noyer dans la mer.
Etape n°1 : Les africains nomment le pétrole : la "merde" du diable.
Etape n°2 : Restons cool, le PO arrive...
Etape n°3 : "Mais à cet endroit, en ce moment, l'humanité, c'est nous, que cela nous plaise ou non", Samuel Beckett

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Message par Saratoga Elensar » 21 nov. 2007, 15:51

Je pense qu'aucun oléocénien n'est véritablement et meme sérieusement partisan d'un effondrement du système...

car nous sommes tous conscients que nous serions TOUS sans exception touchés....et que nos propres vies seraient menacées.

(Et puis il y a le réflexe schizo-humain qui inconsciemment fabrique de l'adrénaline en souhaitant le pire tout en espérant qu'on va pouvoir se réveiller rapidement bien tranquillement au chaud dans son lit et sortir de ce mauvais reve.... un système d'auto défense du cerveau qui sinon nous menerait tout droit à la déprime et à l'asile)

Donc à part des tentations et pulsations suicidaires, l'enthousiasme et l'excitation ne résident pas là, mais bien dans le fait que nous vivons une époque HISTORIQUE.

Oui, il y a de l'excitation, mais elle réside dans le savoir que l'époque que nous vivons actuellement est sans doute le plus grand défi de toute l'Histoire de l'Humanité. (Dans 50 ans on fera peut etre des T shirts " J'ai survécu au Peak Oil ") :-D

C'est l'excitation de n'avoir aucune idée de ce qui va se passer après.
La part de mystère qui donne envie de voir ce qu'il y a caché derrière le rideau.

Et puis c'est aussi l'excitation de démontrer à nos proches drogués au terraplatisme qu'on est pas des fous pessimistes avec notre théorie du PO... :D
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Message par Environnement2100 » 21 nov. 2007, 16:22

Un petit retour sur l'aspect technique des choses. Je vous le romance un tout petit peu autrement c'est trop chiant.

Le Brésil est un terrain un peu désespérant pour l'exploration : un territoire immense, des moyens de communication inexistants, du pétrole nulle part ; pratiquement il est plus facile d'aller forer offshore qu'au coeur du Mato Grosso. Le Brésil a longtemps cherché offshore en trouvant quelques puits assez minables ; il n'a jamais été considéré par les Majors comme une cible intéressante, au contraire du Nigeria, du Congo, et de l'Angola.

De l'Angola ? Entre en scène un jeune ingé, son diplôme encore frais, qui se met à expliquer Wegener à tout le monde. Il était où l'Angola il y a x millions d'années ? Eh ben oui, tout contre le Brésil. Alors pourquoi y aurait-il de l'offshore africain, et pas d'offshore brésilien ? Les vieux de la vieille lui disent qu'on a essayé maintes fois, on a à peine trouvé de quoi payer les forages, et d'aller forer lui-même puisqu'il est si malin.

C'est là que la technique, la vraie, la lourde, entre en scène :
- on invente les bateaux foreurs à positionnement dynamique
- on invente les satellites avec radar à ouverture synthétique
- on invente le carottage piston
- on analyse plus finement les pétroles déjà en production offshore

et on se rend compte que
- ces pétroles sont associés à de l'eau salée. D'où vient ce sel ?
- on trouve régulièrement des taches d'huile offshore
- le carottage piston donne des résultats positifs à de nombreux endroits.

Conclusion : il y a du pétrole quelque part, mais on ne l'a pas trouvé. Et pourtant on a cherché ! Où se cache-t-il ?

On réexamine le dossier, et on se rend compte que, au-delà d'une certaine profondeur, une énorme quantité de sel (sans doute hydraté) est opaque au sismique standard. Le pétrole serait-il caché dessous ?

Après beaucoup de tergiversations et de budgetisation, on finit par louer un bateau à positionnement dynamique et on va creuser - en fait, on fait une campagne de forage.

Et on découvre, effectivement, bien planqué sous sa couche de sel opaque, un gisement "immense" : 800 km sur 200 km.

Mais il est peut-être vide : la géologie veut que, si un gisement est trop faillé, le pétrole a eu largement le temps, en 150 millions d'années, de migrer vers la surface et se perdre à tout jamais. C'est là que commence le véritable suspense : vide ou pas ?

Petrobras a donc été obligé de forer non pas un seul puits, mais une vingtaine avant de crier victoire. On comprend mieux que Lula lui-même se soit emparé du sujet.

Il s'agit donc bien d'une découverte extrêmement technique, et non pas un simple coup de bol ; donc éventuellement répétable.

Pour les amoureux de la technique pétrolière, les Brésiliens ont déjà livré beaucoup d'explications sur le sujet :

http://www.geochemsol.com/regional-studies.htm
http://www2.petrobras.com.br/AtuacaoInt ... erito.html

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Message par sceptique » 21 nov. 2007, 16:58

Bravo ! Des posts comme je les aime : précis, intéressants, constructifs.

en attendant la mise en production comme le dit Gilles on peut essayer d'extrapoler. Tout d'abord, le champ "Tupi" est ce la totalité de ce gisement de 800 km * 200 km ou une petite partie ?

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Message par Environnement2100 » 21 nov. 2007, 17:15

Tupi est juste une petite partie. Si tu regardes en face, et que tu veux jouer les extrapolations, tu ajoutes les réserves du Nigeria, du Congo, du Gabon, de l'Angola et du Cabinda et ça te donne une idée de ce que Petrobras vient de trouver. Evidemment, ce n'est qu'une extrapolation.

Pour la petite histoire, le dernier gisement que Elf Congo vient d'annoncer il y a quelques jours est justement sous... 2100 m d'eau, soit à quelques mètres près la profondeur de Tupi.

Et toujours pour l'anecdote, j'imagine que certains commencent à comprendre comment on ose annoncer le pétrole arctique avant d'avoir foré le premier puits.
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Message par th » 21 nov. 2007, 22:38

Felicitation pour le post... mais je ne suis pas sur que ce soit bon pour le climat :-( Certes nous echaperons sans doute à une récession majeure si on arrive à prolonger le plateau un certains temps, mais nous augmentons du même coup les risques de se retrouver avec des concentrations en CO2 critiques.

Supposons que dans les prochaines années la courbe de découverte reparte, et une bonne partie des anticipations qui sont en train de ce mettre en place pour limiter la place du pétrole dans nos économies vont s'en trouver diminuées, et on repartira dans des raisonnements dy type 'il y a du pétrole pour 40 ans' etayés par des chiffres de découvertes.

Bonne nouvelle pour l'économie et pour nous, mauvaise nouvelle pour le climat et nos petits enfants.

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Message par Environnement2100 » 22 nov. 2007, 02:55

th a écrit :Felicitation pour le post...
Merci
mais je ne suis pas sur que ce soit bon pour le climat :-( Certes nous echaperons sans doute à une récession majeure si on arrive à prolonger le plateau un certains temps, mais nous augmentons du même coup les risques de se retrouver avec des concentrations en CO2 critiques.
Ce sujet est hélas condamné depuis longtemps, on sait bien que, lorsque la déplétion pétrolière se fera réellement sentir, on va se jeter sur :
- charbon et CtL, qui tous les deux génèrent plus de CO2 que le pétrole
- sables bitumineux, encore un peu plus de CO2
- et enfin les hydrates de méthane, dont l'exploitation cette fois rejettera de grandes quantités de méthane dans l'atmosphère, autre gaz à effet de serre très puissant.
Supposons que dans les prochaines années la courbe de découverte reparte, et une bonne partie des anticipations qui sont en train de ce mettre en place pour limiter la place du pétrole dans nos économies vont s'en trouver diminuées, et on repartira dans des raisonnements dy type 'il y a du pétrole pour 40 ans' etayés par des chiffres de découvertes.
L'industrie sait bien que arctique et deep offshore sont nos dernières cartouches. De plus, si les estimations sont plutôt positives, il faut encore qu'elles se transforment en certitudes : il faudra une dizaine d'années pour révéler la capacité réelle de ce gisement, et il peut se révéler en définitive aux trois quarts vide. Si quelqu'un se remet à clamer ce genre de choses, ce ne sera plus jamais les pétroliers. Je continue de penser que nous n'irons jamais chercher le pétrole antarctique.

Enfin, le prix à payer pour ces pétroles est tel que les débits collectifs n'atteindront jamais les valeurs de l'OPEP. Ces découvertes, si tant est qu'elles se confirment, nous permettront donc de maintenir la production pendant un certain temps, mais plus jamais de l'accélérer, et à un prix qui va en dégoûter plus d'un. On peut compter sur ces pétroles "techniques", et donc très chers, pour détruire la demande en douceur.
Bonne nouvelle pour l'économie et pour nous, mauvaise nouvelle pour le climat et nos petits enfants.
C'est clair.
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Message par Environnement2100 » 22 nov. 2007, 06:46

Ce fil de discussion est consacré aux projets et découvertes d'hydrocarbures en Mer Très Profonde, soit > 2000 m d'eau. Egalement appelé Ultra-deep Offshore, ce domaine était encore considéré comme de la Recherche-Développement il y a quelques années, et pratiqué par peu de compagnies ; il oblige l'utilisation de bateaux à positionnement dynamique.

On trouve maintenant plusieurs zones productrices, dans le Golfe du Mexique, en Afrique, et depuis peu au Brésil avec le gisement Tupi annoncé en 2007.
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Message par Environnement2100 » 22 nov. 2007, 06:47

Voir également le fil de discussion consacré au gisement brésilien Tupi.
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