Pétrole : Quels Coûts ?

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Message par Environnement2100 » 01 août 2006, 14:44

Merci Phyvette de ce dernier diagramme, qui est super connu mais que je vais commenter quand même :)

Dans les années 60 (que l'on voit à peine), le goulet d'étranglement était... les liquidités : l'économie mondiale marchait très bien, au point qu'il n'y avait plus assez de capital pour financer de nouvelles raffineries ; c'est ce qui explique la quasi coïncidence entre les courbes de raffinage et de production. D'autres industries lourdes présentent exactement le même phénomène.

Au premier choc pétrolier (doux) de 1973, le moral des raffineurs n'a pas faibli, et les projets continuèrent de pleuvoir - il fallait deux ans pour construire un site, 5 ans si on compte le processus décisionnel.

Au deuxième choc pétrolier (dur) de 1979, non seulement les financiers ont compris leur douleur (fléchissement du PIB), mais ils ont pris des décisions inconnues jusqu'alors : on a fermé des capacités de raffinage, y compris en France, chose à l'époque effrayante ; en réalité, on avait tellement souffert du manque de capacité des années 60 que les projets étaient un peu optimistes. C'est ce qui explique le fléchissement de la courbe de raffinage en 1981.

Par la suite, les financiers n'ont plus quitté la direction des événements, on s'est rendu compte de façon croissante que le raffinage n'était pas stratégique, et on a donc laissé les deux courbes se rejoindre tranquillement. A quoi sert une capacité de raffinage excédentaire de 40 % ? A immobiliser du capital, qui est bien plus utile pour acheter des réserves.

Compte tenu de l'imminence (?) du Pic, on peut valablement se demander si des capacités supplémentaires sont nécessaires : n'oubliez pas que les raffineurs sont bien plus documentés que nous sur ce point.

Même si nous atteignons un jour 120 Mbbl/d, combien de temps allons-nous y rester ? 5 ans, 3 ans ? Aucun directeur financier ne signera une capacité financière qui ne marchera que 3 ans. L'absence de nouvelles capacités de raffinage sera bien un indicateur de l'imminence identifiée du Pic.

Ce qui est nécessaire, c'est bien la modernisation de l'outil de raffinage : les pays consommateurs ont besoin de toujours plus de carburant "léger" et TBTS, alors que ce qui arrive dans les raffineries est de plus en plus lourd ou soufré. On continuera dons d'investir dans les réformeurs et autres FCC, mais les bonnes vieilles colonnes de distillation primaire seront nos Obélisques. 74.76
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

Nico_
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Message par Nico_ » 01 août 2006, 15:11

Je te suis dans ton analyse mais je voudrais préciser deux ou trois choses :

On sait aujourd'hui que pour les prochaines années, très probablement du moins, le facteur limitant ne sera pas la demande mais l'offre, contrairement aux années 90.

Pour ce qui de la capacité de raffinage, on n'a pas construit de nouvelles raffineries depuis la fin des années 70.
La première chose donc, avant de songer à en construire de nouvelles, c'est de refaire à neuf celles que nous avons aujourd'hui.
C'est pour ca par exemple que nous avons racheté la raffinerie de Wilhelmshaven en Allemagne il y a quelques mois. Nous allons y investir 2 milliards de dollars, ce qui permettra d'augmenter sa capacité.
C'est beaucoup moins cher que de construire une nouvelle raffinerie.

Ensuite, nos raffineries actuelles ont été construites pour des bruts de bonne qualité, typiquement, ce qu'on appelle du "Light Sweet Crude", celui-là même qui est à 75 dollars sur le marché spot.
S'il y a un peak oil qui arrive, c'est le pic du "Light Sweet Crude", ce qui ne veut pas dire forcément pic global...

La raffinerie qui est à l'étude avec Saoudi Aramco pour 400 000 BBL/D sera faite pour processer des bruts souffrés de moins bonne qualité, corrélé à la mise en production par les saoudiens de champs produisant des bruts de mauvaise qualité. Ils ont probablement un potentiel de l'ordre de 1 millions de barrils dans ce domaine (chiffre à prendre avec des pincettes).

En clair, il existe des réserves qui peuvent être développées mais les champs les plus faciles et ayant la qualité la meilleure ont déjà été exploités.
La question est de savoir à quelle vitesse va décliner la production de light sweet crude, à quelle vitesse on mettra en production les autres pétroles, du brut souffré saoudien en passant par bruts visqueux de l'Alberta et la production globale de gaz (mise en production de North field à grande échelle et de Shtokman) qui pourrait remplacer le pétrole dans certains domaines (chauffage, électricité,...).

On peut passer par un creux quelques années mais les investissements sont lancés pour que d'ici une dizaine d'années la production soit comparable, sinon supérieure, à celle d'aujourd'hui (même si rien n'est sûr dans ce domaine, vu toutes les incertitudes).

Maintenant, si la demande continue à exploser et que les prix sont donc très élevés, on paiera cette énergie très chère, peut-être trop chère...

En bref, la fin de la civilisation énergétique n'est pas demain mais ce secteur a bien des chances d'être LE secteur stratégique des prochaines années ou décennies.

Bon et ouis je vous laisse, parce qu'il faut quand même que je bosse :-)
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Message par Devenson » 01 août 2006, 15:16

Nico_ a écrit : ...
Je suis allé recherché donc la présentation à nos actionnaires que tu pourras trouver à la page suivante :
http://www.corporate-ir.net/ireye/ir_si ... id=1306529
lance le player, inscris-toi : une présentation avec son et powerpoint va se lancer...
En bas à gauche, va au topic "refining capacity utilization" et tu vas avoir les courbes, qui tournent plus autour de 90% en effet et sont plus stables que ce que je pensais.
Ceci dit tu verras à la slide suivante ce qu'on appelle le "Crack spread" et tu verras une augmentation très forte en dollar par barril ces deux dernières années ce qui explique nos très bonnes marges.
Si tu vas au topic précédent, tu verras des graphes d'augmentation de la consommation ces dernières années et aussi le taux d'utilisation des capacités de l'OPEP, qui elles sont bien montées à 98%...

Je vous conseille de regarder toute la présentation (j'espère que vous parlez anglais :-) ), ca devrait vous intéresser...
...
Merci pour les infos et le lien ... qui pointe vers une présentation malheureusement pas très "Mac-amicale". J'essaierai plus tard sur un PC.
C'est hors-sujet, mais, sur le site de ConocoPhillips, je n'ai pas trouvé le rapport décomposant la production trimestrielle et semestrielle en Gaz-Pétrole, facilement disponible chez les autres majors.
Production de pétrole brut au premier semestre 2006 vs premier semestre 2005 :
Exxon + 194.000 b/j
Shell - 225.000 b/j
BP - 74.000 b/j
Chevron +54.000 b/j
Eni -5000 b/j
Total : résultats non encore publiés

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Message par franck1968 » 01 août 2006, 16:03

@Nico_
En clair, il existe des réserves qui peuvent être développées mais les champs les plus faciles et ayant la qualité la meilleure ont déjà été exploités.
Arrête moi si je me trompe mais les seules grosses reserves mondiales de "Light Sweet Crude", qui n'ont pas encore atteintes leur pic sont les nappes de Bakou et du Kasakstan de la mer caspienne et bien sur la nappe géante de Kirkourk en Irak ?

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Glycogène
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Message par Glycogène » 01 août 2006, 16:18

Nico_ a écrit :S'il y a un peak oil qui arrive, c'est le pic du "Light Sweet Crude", ce qui ne veut pas dire forcément pic global...
Euh, je croyais que le light avait piqué en 2004 ou 2005 ?

Nico_
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Message par Nico_ » 01 août 2006, 21:46

@franck1968 : pour les nappes de Bakou et de Kirkouk, je ne connais pas.
Pour le Kazakhstan, si c'est du champ offshor Kashagan, au nord-est de la mar Caspienne, dire qu'il n'a pas atteint son pic est vrai mais ce qui est encore plus vrai, c'est de dire que son dévelopment va tout juste commencer.
Il faudrait vérifier mais il me semble que cette mise en production tardive est principalement du à une contrainte de transport du brut.
Je crois que le brut va transiter par le fameux pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui vient d'être terminé par BP et qui aura une capacité de 1 million de barrils/jours.
C'est un cas typique où le transporte nécessite un investissement colossal avant même le début de la production...

@Glycogène : difficile à dire. Mon avis personnel est que le light sweet crude va piquer bientôt mais il faudrait pouvoir le prouver. Si des investissements sont faits, la production peut remonter.
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Message par koogan » 01 août 2006, 22:40

Nico_ a écrit :Je crois que le brut va transiter par le fameux pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui vient d'être terminé par BP et qui aura une capacité de 1 million de barrils/jours.
Le fameux BTC qui menace de fuir à tous ses raccordements parce que le produit utilisé pour les joints n'a pas été certifié.

franck1968
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Message par franck1968 » 01 août 2006, 23:20

Nico_ a ecrit
Pour le Kazakhstan, si c'est du champ offshor Kashagan, au nord-est de la mar Caspienne, dire qu'il n'a pas atteint son pic est vrai mais ce qui est encore plus vrai, c'est de dire que son dévelopment va tout juste commencer.
Il faudrait vérifier mais il me semble que cette mise en production tardive est principalement du à une contrainte de transport du brut.
Je crois que le brut va transiter par le fameux pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui vient d'être terminé par BP et qui aura une capacité de 1 million de barrils/jours.
D'abord une question, il me semble que c'est du pétrole léger (Light Sweet Crude) n'est ce pas, à Kashagan ?
Ensuite sur la mise en production tardive c'est que la mer caspienne est enclavée et des puissances se sont opposées pendant des années pour exploiter ce pétrole ou sinon empêcher d'autre de l'exploiter c'est à mon avis la raison principale de pourquoi ce pétrôle n'a pas encore été exploité. Tout simplement il n'y avait pas de solution de transport du pétrole.
Mais comme tu le site le pipeline ne peut transporter "qu'un" débit de 1mb/j alors que la région peut produire un plus gros débit et les plans sont d'ouvrir un autre pipeline à l'est de la mer Caspienne qui passe par l'Afghanistan, le Pakistan et débouche dans l'océan indien c'est pour ces raisons que un coalition même une guerre en Afghanistan.
C'est un cas typique où le transporte nécessite un investissement colossal avant même le début de la production...
Oui mais dans ce cas là les investissements ne sont pas assumé seulement par un ou des majors mais bien par les états qui pour faire passer les tuyaux mênent des guerres de plusieures années.

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Message par epe » 02 août 2006, 00:02

Nico_, tu nous a apporté nombre d'informations pertinentes mais avec sagesse, cad avec beaucoup de conditionnels qui finissent par donner parfois l'impression d'informations contradictoires. Je vais essayer de synthétiser, tu me diras si je me trompe.

1) A croissance de la demande égale, cad sans économies drastiques d'énergie dans les pays gros consommateurs et avec le souhait des puissances émergentes comme la Chine de vivre à l'occidentale, on y arrivera pas, dans aucun cas de figure. Là je crois que tout le monde est d'accord.

2)La part de ton discours très IFP dernière tendance : La production plafonne, surtout à cause de l'étranglement raffinage mais pas seulement, à cause du contexte géopolitique et des faibles investissements lorsque le pétrole était trop bon marché il y a quelques années alors qu'elle aurait pu croître grâce à une bonne gestion des champs et l'emploi des meilleures technologies

3)Avec les investissements des dernières années on peut espérer un léger rebond dans les prochaines années si le contexte géopolitique s'améliore au lieu de se dégrader. Cependant, les investissements en raffinage sont tels qu'ils ne peuvent être envisagés qu'à très long terme alors que le pic physique s'annonce à l'horizon de quelques décénies, au plus. Le goulot risque de perdurer sur ce plan

4)Compte-tenu du contexte géopolitique actuel et du retard dans l'investissement il sera difficile d"éviter un creux de la vague après le léger rebond espéré au point 3, s'il a lieu.

5a) Cas favorable. Le creux de la vague ne provoque pas de récession majeure, éventuellement grâce à des énergies de substitution (gaz, charbon), le contexte géopololitique se stabilise ou s'améliore, les prix du pétrole restent élevés. Dans ce cas les investissements sont réalisés, un nouveau rebond important de production vers les 120 Mb/j est possible, le pic est repoussé de 10 ou 20 ans

5b) Cas défavorable. Le creux de la vague provoque une profonde récession, la demande s'effondre et les prix du pétrole aussi. Dans ce cas le retour sur investissements à hauts risques géopolitiques et techniques (on a mangé notre pain blanc) est impossible. Le proche pic technique sera alors le pic absolu, le pic physique ne sera jamais atteind et le pétrole, même techniquement récupérable restera dans le sol pour longtemps ou définitivement. Fin de l'oléocène.
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Message par pat43 » 02 août 2006, 21:25

Nico_ a écrit :Pour faire court, l'industrie pétrolière est une industrie à cycle très long, de 10 à 20 ans, presque celle qui a les cycles les plus longs. Seul le nucléaire a des cycles plus long en fait.

Un cycle industriel est le temps entre le moment où un dirigeant décide d'un investissement, ici souvent plusieurs milliards de dollars, et le moment où l'installation résultante fermera, faute d'être économique opérationnellement.
Chez nous, cela prend typiquement 15 à 20 ans pour les grands projets.
...
il me faut signaler une erreur ici, une durée de 20 ans, en industrie lourde, c'est court. en realité l'investissement industriel est à perte de vue. je me souviens d'une acierie, dommage de guerre de 1945 (donc pas neuve), reconstruit à firminy en 1945, qui tourne encore (modernisée certes) une industrie plus legere comme une forge (presse de 2000 tonnes), il faut 20 ans pour la rentabiliser... et elle peut tourner...
On construit certaines industries comme on plante un arbre, pour la generation suivante, dans le meilleure des cas.

signé : un comptable d'industrie.
- avec ça, il a décimé une panzer-divizion.
- il était dans l'artillerie ?
- Mais non, tu suit pas, il etait dans la LI-MO-NA-DE.
michel Audiard a propos d'une boisson d'homme au gout de pomme.

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Message par th » 02 août 2006, 21:35

Merci Pat43, et bienvenu sur le forum. :smt039

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Message par Nico_ » 04 août 2006, 11:13

epe a écrit :Nico_, tu nous a apporté nombre d'informations pertinentes mais avec sagesse, cad avec beaucoup de conditionnels qui finissent par donner parfois l'impression d'informations contradictoires. Je vais essayer de synthétiser, tu me diras si je me trompe.
Je mets beaucoup de conditionnels parce que je ne suis pas a 100% sur de ce que j'avance. Mon boulot de tous les jours, c'est d'operer un champ, pas de refaire le monde ou de prevoir l'avenir de l'economie mndiale...
Quand je parle du Moyen-Orient par exemple, n'ayant jamais travaille la-bas, je ne peux etre sur a 100%, n'ayant pas la possibilite de verifier...
1) A croissance de la demande égale, cad sans économies drastiques d'énergie dans les pays gros consommateurs et avec le souhait des puissances émergentes comme la Chine de vivre à l'occidentale, on y arrivera pas, dans aucun cas de figure. Là je crois que tout le monde est d'accord.
On est tous d'accord la-dessus. Disons qu'il ne va pas se passer ce que les "forecasts" actuels predisent, dans la mesure ou ils se contentent d'extrapoler les tendances du passe...
2)La part de ton discours très IFP dernière tendance : La production plafonne, surtout à cause de l'étranglement raffinage mais pas seulement, à cause du contexte géopolitique et des faibles investissements lorsque le pétrole était trop bon marché il y a quelques années alors qu'elle aurait pu croître grâce à une bonne gestion des champs et l'emploi des meilleures technologies
Je ne suis pas un agent de l'IFP, je vous assure :-)
Ca doit bien faire deux ans et demi que je n'y ai pas mis les pieds.
3)Avec les investissements des dernières années on peut espérer un léger rebond dans les prochaines années si le contexte géopolitique s'améliore au lieu de se dégrader. Cependant, les investissements en raffinage sont tels qu'ils ne peuvent être envisagés qu'à très long terme alors que le pic physique s'annonce à l'horizon de quelques décénies, au plus. Le goulot risque de perdurer sur ce plan
La, je suis un peu plus pessimiste...
Considere simplement que le barril est descendu a 9 dollars pas plus tard qu'en 1999...
Il est evident que personne ne veut se lancer dans des investissements dans un contexte de prix bas (ou du moins tout le monde les considere tres risques).
Les prix n'ont augmente que depuis trois ans tres significativement.
Or, a cause du fait que les cycles de notre industrie sont tres long, il y a un grand decalage dans le temps entre le moment ou on commence vraiment a reagir et le moment ou les effets se font sentir.
Si on veut desengorger le raffinage par exemple, on ne commencera a en voir les effets qu'en 2012 (a condition que la demande continue a augmenter et que la production aussi), avec vitesse de croisiere en 2015, a mon avis.
Si entre temps, une crise economique due a des prix du barrils insoutenables mettent l'economie mondiale "a plat". On n'aura pas au rendez-vous la demande qu'on escomptait et notre investissement se revelera une magistrale erreur.
Si vous ecoutez la presentation de resultats aux actionnaires de ce mois-ci, vous pourrez entendre que c'est la question soulevee par un analyste de Goldman Sachs a propos de nos projets de raffineries en Arabie Saoudite et aux Emirats arabes Unis. Il y a un risque important de se retrouver coince avec des investissements decides dans un contexte de prix hauts et arrivant en production a un moment ou les prix sont bas...
4)Compte-tenu du contexte géopolitique actuel et du retard dans l'investissement il sera difficile d"éviter un creux de la vague après le léger rebond espéré au point 3, s'il a lieu.
A mon humble avis impossible meme... Si on ajoute une poussee tre forte de la demande, notamment venant des pays emergents, on ne trouvera certainement pas l'equilibre.
Encore une fois, c'est mon avis personnel et le reel pourrait me donner tort :-)
5a) Cas favorable. Le creux de la vague ne provoque pas de récession majeure, éventuellement grâce à des énergies de substitution (gaz, charbon), le contexte géopololitique se stabilise ou s'améliore, les prix du pétrole restent élevés. Dans ce cas les investissements sont réalisés, un nouveau rebond important de production vers les 120 Mb/j est possible, le pic est repoussé de 10 ou 20 ans
Le gaz va arriver sur le marche en quantite. Mais cette quantite sera-t-elle suffisante pour enrayer la baisse de la production actuelle ou va-t-elle degager des marges qui permettront dans certains domaines de compenser le manque de petrole ? A voir...
Ceci dit, je persiste a penser que 120 Mb/j est une chimere d'analystes de la demande... si on maintient 85 Mb/j, ca sera deja pas mal.
5b) Cas défavorable. Le creux de la vague provoque une profonde récession, la demande s'effondre et les prix du pétrole aussi. Dans ce cas le retour sur investissements à hauts risques géopolitiques et techniques (on a mangé notre pain blanc) est impossible. Le proche pic technique sera alors le pic absolu, le pic physique ne sera jamais atteind et le pétrole, même techniquement récupérable restera dans le sol pour longtemps ou définitivement. Fin de l'oléocène.
Dans un scenario de recession, je ne crois pas au "krach" de l'economie mondiale soudain. J'ai du mal a dire quel pourrait etre un scenario possible, quels elements du monde que nous connaissons qui vont sauter en premier ? usage de la voiture journaliere, disparition de l'aviation de masse, changement de nature des produits manufactures et retour a production plus proche du lieu de vente ? despecialisation economique et retour a une economie diversifiee dans la plupart des pays ?
Difficile a dire. N'oublions pas qu'il est toujours difficile de prevoir le ccomportement des etres humains avec precisions, notamment en cas de coup dur.

@pat43 : je maintiens mon concept de cycle long. Il ne s'agit pas du temps entre le moment ou une usine ouvre et ferme mais du temps entre lequel on decide de faire un investissement et celui ou on regagne l'argent investit.
Typiquement, pour une raffinerie par exemple, on va commencer a investir de l'argent plusieurs annees avant son ouverture et on aura rembourse la dette plusieurs annees apres le demarrage. Ceci-dit, elle peut continuer a tourner bien apres que l'investissement initial a ete rembourse et on tire alors une RENTE de notre avoir.
La duree de cycle est une notion qui n'a de sens que relative a un investissement.
Si on prend l'assurance par exemple, c'est un domaine ou on commence a encaisser de l'argent avant meme d'en debourser, qui a donc un cycle negatif. Une poule aux oeufs d'or en clair :-)
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Message par MadMax » 17 oct. 2006, 11:52

L'industrie parapétrolière proche de la surchauffe

[ 17/10/06 ]

Image

Le dynamisme de la filière parapétrolière ne se dément pas. Pour la troisième année consécutive, les industriels du secteur devraient voir leur activité progresser significativement en 2007, portés par des marchés pétrolier et gazier proches de la surchauffe. Selon l'Institut français du pétrole (IFP), qui vient de présenter son traditionnel panorama de la profession, les investissements mondiaux en exploration-production progresseront encore de 20 % à 25 % l'an prochain, après avoir augmenté de 25 % cette année, et de 25 % en 2005. Assoiffées de nouveaux gisements, les compagnies pétrolières prévoient de dépenser entre 320 et 335 milliards de dollars l'année prochaine pour trouver et produire de nouveaux barils. C'est presque deux fois plus qu'en 2004.

Des services de plus en plus chers
Un chiffre impressionnant, qui traduit bien l'effervescence du secteur. Mais si l'enveloppe consacrée aux investissements d'exploration-production augmente autant, c'est que les services prodigués par l'industrie parapétrolière coûtent de plus en plus cher. A lui seul, l'effet prix expliquerait pour moitié l'accroissement des dépenses, signe d'un marché proche de la saturation.

Tous les maillons de la chaîne parapétrolière sont actuellement sollicités par les donneurs d'ordres pétroliers. Considéré comme le plus cyclique de la profession, le secteur des études sismiques confirme sa bonne santé. Après avoir enregistré un bond de 25 % entre 2004 et 2005, son activité s'est envolée de 40 % cette année, et devrait encore progresser de 20 % en 2007, pour avoisiner 11 milliards de dollars. Le marché du forage poursuit lui aussi son ascension, que ce soit en mer ou sur la terre ferme. Près de 120.000 puits onshore auront été creusés cette année à travers le monde, soit 15 % de plus qu'en 2005. Plus de 3.500 l'auront été au large des côtes. Au cours des dix-huit derniers mois, l'activité offshore a été telle que les prix de location des appareils de forage en mer ont été multipliés par 3, selon l'IFP.

De fortes tensions sont également perceptibles dans l'ingénierie, la construction et les équipements offshore. Des métiers en forte croissance, (+ 29 % cette année, + 18 % attendus en 2007), mais particulièrement sensibles au renchérissement des matières premières, au manque de main-d'oeuvre et à l'allongement des délais. Comme en témoignent les difficultés rencontrées ces derniers mois par le spécialiste français du secteur, Technip, les carnets de commandes continuent de se remplir, mais la rentabilité des projets n'est pas toujours au rendez-vous.
Dernière modification par MadMax le 17 oct. 2006, 12:07, modifié 1 fois.

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Message par Environnement2100 » 17 oct. 2006, 12:04

Ce phénomène s'est déjà produit dans le passé, peut-être pas avec la même intensité.

Soulignons que, si les champs sont de plus en plus nationalisés, les compagnies de services, elles, sont toujours autant occidentales, et majoritairement étatsuniennes.

A qui profite vraiment la hausse du pétrole ?
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Message par th » 17 oct. 2006, 13:04

335 Milliard de dollar par an d'investissement ! C'est enorme !
Presque le budget de la France .... :shock:

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