L'Europe de plus en plus dépendante d'un gaz naturel plus cher, selon Cedigaz
MYRTILLE DELAMARCHE Usine Nouvelle le 15/05/2019
La consommation de gaz est en hausse partout sauf en Europe (stable) et en Amérique du Sud (-3%), affirme Cedigaz, qui qualifie 2018 d’année "exceptionnelle" pour le marché du gaz.
En 2018, la consommation de gaz naturel dans le monde (3 850 milliards de mètres cubes - bcm) a augmenté de 4,7% sur 2017, en continuité de l’accélération constatée l’année précédente. En 2017, la demande avait augmenté de 3,5%. Ce sont les conclusions du centre d'information Cedigaz, dans un rapport annuel jusque-là réservé à ses membres, mais qui pour la première fois en a rendu un résumé public.
Derrière cette hausse, une conjonction de facteurs réglementaires, économiques et météorologiques. 45% des volumes supplémentaires consommés l’ont été aux Etats-Unis, sous le double impact de périodes de froid intense et d’accès à un gaz de schiste à bas prix. Le pays a rehaussé sa production de gaz de 11,5%, et sa consommation de 10,5%. La demande chinoise, portée par les remplacements de centrales à charbon par des centrales à gaz, est elle aussi en nette hausse (+32%). La Chine est devenue le premier importateur mondial de gaz naturel, devant le Japon. L’Inde, la Russie et le Moyen-Orient sont sur la même tendance.
En Europe, le Royaume-Uni est désormais le premier producteur de gaz devant les Pays-Bas, devenus importateur net depuis l’accélération du déclin du champ de Groningen. L’Union importe 77% de son gaz de pays tiers, Russie en tête. Depuis le démarrage de l’exploitation à Yamal, la Russie fournit 36% du gaz importé par l’Europe, devant la Norvège (23%), les autres fournisseurs de GNL (10%) et l’Algérie (7%). Les exportations européennes de gaz sont en chute de 11,6%. La consommation apparente de gaz est stable (+0,1%).
La France affiche elle aussi une consommation apparente relativement stable, de 46,4 milliards de mètres cubes, contre 45,3 bcm en 2017. Avec 46,3 bcm importés, elle est le 8e importateur mondial derrière la Chine, le Japon, l’Allemagne, l’Italie, la Corée du Sud, le Mexique et la Turquie.
PRODUCTION MONDIALE EN NETTE HAUSSE
La production connait une plus forte hausse encore, à 4,9% sur 2017. Près de la moitié des volumes supplémentaires produits (89 bcm sur 180) sont des gaz de schiste extraits aux Etats-Unis. Des hausses de production sont constatées également en Russie, en Iran, en Australie, en Chine et en Egypte. Les productions néerlandaise et vénézuélienne sont en déclin.
L’essor du gaz naturel liquéfié (GNL, +8,7%) a soutenu les échanges mondiaux. Il représente désormais un tiers des volumes de gaz exportés.
DU GAZ PLUS CHER
En Europe, le prix du gaz naturel a lui aussi bondi en 2018, dans un contexte global de hausse des coûts de l’énergie (pétrole, charbon) et du carbone. Le prix moyen annuel (NBP) s’est établi à 8,1 dollars/Mbtu, en hausse de 39% sur celui de 2017. Aux Etats-Unis, le prix spot est passé de 3 dollars /Mbtu en 2017 à 3,2 dollars en 2018, rappelle Armelle Lecarpentier, chef économiste de Cedigaz.