Gaz : la France a beaucoup moins consommé en 2014
Le Monde | 22.01.2015 Par Jean-Michel Bezat
Voilà qui ne fait pas les affaires de GDF Suez et de ses concurrents. Une température exceptionnellement douce et la crise économique ont entraîné une forte baisse de la consommation de gaz en France en 2014. Le recul a été de 16,5 %, a indiqué Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, mercredi 21 janvier, tombant de 467 térawattheures (TWh) en 2013 à 390 TWh un an plus tard, même si ce recul peut être ramené à 5,4 % après correction des effets climatiques.
Il faudra aussi disposer du bilan de TIGF, l’ex-filiale de Total qui assure un quart du transport du gaz dans l’Hexagone (dans le Sud-Ouest), pour disposer d’une vision globale. Mais c’est le niveau le plus bas observé depuis dix ans, précise la filiale de GDF Suez.
L’année 2014 a été la plus chaude que la France ait connu depuis que les premières statistiques météorologiques, et ce phénomène a fortement pesé.
Fort recul chez les particuliers
Tous les clients n’ont pas eu le même comportement. La consommation des particuliers et des petits professionnels raccordés au réseau de distribution de GRDF, autre filiale de GDF Suez, a chuté de 19,2 %, un chiffre ramené à 2,2 % après correction des effets climatiques.
La chute est d’autant plus forte que le premier semestre 2013 avait été plus froid que la normale.
Les Français se sont moins chauffés certes, mais M. Trouvé estime qu’« une moitié de cet écart résiduel de 2,2 % est probablement imputable à l’effet des politiques environnementales (efficacité énergétique, performance des bâtiments…) ».
GRTgaz constate, par ailleurs, une bonne résistance de la consommation des industriels (hors production d’électricité) directement raccordés aux gros gazoducs de son réseau, même si elle a reculé de 6,1 %.
« On constate une relative stabilité des volumes de gaz consommés par les clients industriels depuis dix ans », note l’entreprise.
En revanche, la demande de gaz pour les centrales électriques a poursuivi sa baisse en 2014 (– 34 %). Depuis 2011, les volumes de gaz dans la production électrique ont chuté de 60 % pour tomber à 19 TWh en 2014.
Concurrencés par le charbon, les éoliennes et les fermes solaires photovoltaïques, de nombreux électriciens (GDF Suez, E.ON, RWE, Iberdrola, Enel…) ont dû fermer des centrales au gaz.
Hausse des flux liés au transit vers l’Espagne et l’Italie
La France étant un pays de transit notamment Nord-Sud, GRTgaz achemine aussi du gaz vers d’autres pays. En 2014, les volumes transportés ont baissé de 8,4 % (à 583 TWh), reflétant le marasme économique qui frappe l’Europe.
« Les flux liés au transit de gaz vers l’Espagne et l’Italie ont partiellement compensé la baisse des consommations, en augmentant de 41 % », note GRTgaz.
Après des problèmes qui avaient entraîné, début 2014, une forte augmentation des prix dans le sud de la France, pénalisant des secteurs très « gazointensifs » comme la chimie, GRTgaz dit avoir pris « des initiatives qui ont permis de réduire les tensions Nord-Sud ».
L’entreprise a notamment augmenté les capacités de près de 20 %. « L’écart de prix entre les places de marché Nord et Sud [parfois de 1 à 3, selon l’Union des industries chimiques], a disparu en novembre et décembre, notamment grâce au retour du gaz naturel liquéfié dans les terminaux du sud de la France. » Ces terminaux restent néanmoins sous-utilisés : les importations via les méthaniers ont encore reculé de 19 %.
Pour améliorer l’approvisionnement du pays, le gouvernement a donné son feu vert, mi-janvier, à la construction du gazoduc « Eridan » de 220 kilomètres (des Bouches-du-Rhône à la Drôme), qui doit être mis en service fin 2016.
Déclaré d’utilité publique en octobre 2014, ce projet de 500 millions d’euros permettra de « développer les capacités de transport de gaz naturel dans le Sud-Est, sur l’axe Sud-Nord », indique GRTgaz.
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html