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Des pirates se sont emparés d'un méthanier indonésien dans le détroit de Malacca et dans les mêmes eaux, c'est un remorqueur japonais qui a été attaqué.
Long de mille kilomètres, le détroit de Malacca qui borde la Malaisie, Singapour et l'Indonésie, est emprunté, chaque année, par quelque 50.000 navires transportant près d'un tiers des marchandises et environ 15% de l'approvisionnement en pétrole de la planète.
Avec une augmentation de 65% des actes de piraterie dans cette région - selon le Bureau maritime international - les experts en sécurité portuaire se demandent si nous ne sommes pas en train d'assister à une sorte de grande répétition d'un probable 11 septembre maritime.
Le méthanier, dernièrement piraté, est le type de bateau idéal compte-tenu de sa grande taille et de son faible tirant d'eau pour mener des opérations contre les grands ports et raffineries de la région.
Singapour est concerné au premier chef, de même que la Malaisie, l'Indonésie, les Philippines et même la Thaïlande, dont les responsables de la sécurité interrogent le continuum qui n'est plus à démontrer entre l'islamisme local, le banditisme et la piraterie en pleine recrudescence.
Cette islamo-piraterie pourrait - selon ces mêmes experts - se transformer en terrorisme maritime; une nouvelle menace qui appelle, d'ores et déjà, des réponses d'un nouveau type, dont des patrouilles communes en haute mer.
Des pirates s'emparent d'un tanker dans le détroit de Malacca
KUALA LUMPUR, 14 mars (AMI) - Un gang de pirates s'est emparé d'un méthanier pendant le weekend dans le détroit de Malacca puis a abandonné le navire et son équipage en gardant deux otages, ravivant la crainte d'un attentat terroriste dans une des principales artères maritimes mondiales.
Selon le Centre sur la piraterie du Bureau maritime international, l'attaque a été menée samedi par quelque 35 pirates armés de mitrailleuses et lance-roquettes. Ils ont ensuite laissé repartir le bateau, qui avait fait le plein de sa cargaison de gaz, mais gardé deux marins en otages.
Ils réclament une rançon en échange de la libération du capitaine et de l'ingénieur en chef, a déclaré lundi le responsable régional du Centre sur la piraterie du Bureau maritime international, Noel Choong.
Le MT Tri Samudra, un tanker indonésien de 1.289 tonnes, transportait du méthane entre les îles de Bornéo et Sumatra lorsqu'il a été attaqué, a dit M. Choong. Le bateau, privé de son capitaine et de l'ingénieur, est parvenu à Dumai, sur Sumatra, dimanche, avec le reste de l'équipage.
Selon M. Choong, le propriétaire du bateau estime que les pirates appartiennent au Mouvement Aceh libre (GAM), la rébellion de la province indonésienne d'Aceh, dans le nord de Sumatra.
Les propriétaires, qu'il n'a pas nommés, ont adressé un rapport au centre sous la rubrique "attaque de pirates/terrorisme", a ajouté le responsable.
"S'il s'agit d'une attaque terroriste, cela aura des conséquences graves pour la sécurité des ports de la région. Il semble que les pirates deviennent plus audacieux et passent des attaques habituelles à proximité des côtes aux attaques en haute mer et en direction des eaux malaisiennes", a-t-il dit à l'AFP.
Les eaux indonésiennes sont les plus infestées de pirates au monde, selon le Bureau maritime international. La piraterie est particulièrement active dans le détroit de Malacca, qui sépare l'Indonésie de la Malaisie et Singapour, et par où transite un tiers du commerce mondial.
Des pirates ont déjà attaqué des bateaux transportant des produits chimiques dans les eaux indonésiennes, soulignant la vulnérabilité de ces bombes flottantes qui pourraient tomber entre les mains de "terroristes de la mer".
Un spécialiste du transport maritime a noté à propos du méthanier que "ce type de bateau est idéal pour des actions terroristes à cause de sa taille et de son faible tiran d'eau. Il peut être dirigé vers de nombreuses cibles, dont des ports et des raffineries, et provoquer des explosions".
La Malaisie a annoncé vendredi un renforcement de la sécurité dans le détroit de Malacca avec une surveillance radar de 24H/24 pour déjouer les actes de terrorisme et la piraterie.
Le vice-premier ministre Najib Razak a ajouté qu'une agence maritime gouvernementale serait opérationnelle d'ici la fin de l'année dans la voie d'eau, longue, de 960 km par où transitent 50.000 bateaux par an, un tiers du commerce mondial et la moitié de l'approvisionnement en pétrole.
L'Indonésie, Singapour et la Malaisie ont commencé l'an dernier à coordonner des patrouilles dans le détroit après les craintes de détournement de bateau par des terroristes.
P. Mukundan, directeur du Bureau maritime international, avait déclaré l'an dernier à l'AFP que l'alerte avait été provoquée par des informations selon lesquelles des hommes armés avaient détourné un tanker pendant quelques heures et appris à le manoeuvrer avant de s'en aller.
L'incident avait été interprété comme la préparation possible d'une version maritime des attentats du 9 septembre aux Etats-Unis. Mais Mukundan avait déclaré que les informations étaient fausses.