Du Gaz naturel de schistes en France ?

Modérateurs : Rod, Modérateurs

Philippe
Brut léger
Brut léger
Messages : 458
Inscription : 22 mars 2005, 23:15
Localisation : région parisienne

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par Philippe » 22 août 2013, 14:29

Personne n’a parlé de fracturation. Et certainement pas MOUVOIL. Dans la région de Saint-Jean-de Maruéjols, où MOUVOIL veut faire un forage profond, il n’y a que des pétroles lourds. Les pétroles connus ont une densité d’une tonne par mètre cube (10° API), soit la densité de l’eau douce. Plus dense que ça, ça existe, mais c’est rare. MOUVOIL envisage qu’en profondeur, la densité des pétroles s’améliore, et atteigne quelque chose comme 18° API, soit quand même 950 kilos par mètre cube (les pétroles légers font généralement 820 à 850 kg/mètre cube).

Tous ces pétroles lourds sont extrêmement visqueux, un peu comme le miel. En profondeur, la viscosité diminue un peu, en raison de la température supérieure, mais elle reste élevée. Les pétroles ont un mal fou à s’écouler dans la roche. En conséquence, pour réussir à les faire sortir quand même, il faut que la roche ait une très bonne perméabilité : une perméabilité de 100 millidarcys (l’unité de perméabilité, parfois exprimée en mètres carrés, sans que ce soit vraiment plus parlant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Perm%C3%A9 ... 9_(fluide)) est un minimum pour avoir un débit. Et il vaut mieux avoir un darcy (1 000 millidarcys) ou plus pour gagner de l’argent. Si la perméabilité est trop faible, on a Chicontepec au Mexique : des volumes énormes, mais des productions misérables.

Or, un gisement d’un darcy, ça ne se fracture pas ! Même si on le voulait, on ne le pourrait pas. Tous les fluides injectés s’écouleraient sans difficulté dans la roche, et il serait impossible de monter suffisamment en pression pour fracturer la roche. Par ailleurs, l’ennemi des pétroles lourds, plus encore que les pétroles légers, c’est l’aquifère situé en dessous, lorsqu’il existe. Une fracturation aurait pour résultat, pervers, de créer un court-circuit direct entre l’aquifère et le puits, ce qui aboutirait inévitablement à la production de 100% d’eau. Puits foutu, et irréparable !

Ces choses sont certes difficiles à expliquer, pour les pétroliers, et à comprendre, pour les tiers, mais, pour un pétrolier, essayer de fracturer le gisement de pétrole lourd de Saint-Jean-de-Maruéjols serait une stupidité sans nom.

ni chaud ni froid
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 1704
Inscription : 03 mai 2007, 20:42

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par ni chaud ni froid » 23 août 2013, 10:48

Philippe a écrit :Ces choses sont certes difficiles à expliquer, pour les pétroliers, et à comprendre, pour les tiers, mais, pour un pétrolier, essayer de fracturer le gisement de pétrole lourd de Saint-Jean-de-Maruéjols serait une stupidité sans nom.
Je l'avais bien compris, mais ma question sortait du cadre de l'article : pour savoir si il y a des gaz de schistes quelquepart, la seule solution est bien de fracturer où l'on suppose qu'il y en a, non ?
lock-out pending...

sceptique
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 6428
Inscription : 21 nov. 2005, 17:42
Localisation : versailles

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par sceptique » 23 août 2013, 11:29

Merci Philippe pour ces posts très précis.
Cela me rappelle une blague de potache faite aux USA par un étudiant qui voulait démontrer ce que certains (beaucoup ?) "d'écologistes" montent en mayonnaise sans rien connaître.
Le gars avait fait signer une pétition par des milliers de personnes. Volià de mémoire son contenu :
Etes vous contre le rejet dans l'environnement par l'industrie chimique du "oxyde de dihydrogène" ?
C'est la combinaison des mots rejet, 'industrie chimique et la formule chimique (pour les non chimistes c'est de l'eau) qui a déclenché le réflexe quasi-pavlovien des "écologistes".
C'est incroyable comment ils peuvent être manipulés.
Dernière modification par sceptique le 23 août 2013, 23:50, modifié 1 fois.

ni chaud ni froid
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 1704
Inscription : 03 mai 2007, 20:42

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par ni chaud ni froid » 23 août 2013, 12:32

C'étaient des magiciens

Penn et Teller, j'adore...

En revanche, il n'y a rien de ridicule à s'opposer à une exploration et à l'exploitation d'une ressource, fut-elle conventionnelle. C'est certes le syndrome NIMBY, mais je le trouve légitime. Personnellement, je n'aimerais pas trop savoir qu'on recherche du pétrole sur ma commune, n'ayant pas envie d'avoir vue sur un puits ou une installation depuis mon jardin, ou courir le risque d'une expropriation, fut-elle indemnisée. Certains n'y voient jamais de problème tant que ça concerne une autre commune que la leur.
lock-out pending...

Philippe
Brut léger
Brut léger
Messages : 458
Inscription : 22 mars 2005, 23:15
Localisation : région parisienne

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par Philippe » 23 août 2013, 12:46

@ ni chaud ni froid,

Le problème n’est pas de savoir s’il y a ou pas des schistes quelque part. Dans tous les bassins, on le sait depuis plus de 50 ans. Les schistes ne sont rien d’autre que les roches-mères dans lesquels le pétrole a été formé. Or, pour bien comprendre un bassin sédimentaire, les pétroliers ont besoin de connaître ses roches-mères. C’est, d’ailleurs, l’objectif premier de l’exploration d’un bassin sédimentaire nouveau : s’il n’y a pas de roche-mère, le bassin sédimentaire n’a aucun intérêt pétrolier. On commence donc par la chercher, avant toute autre chose.

Du coup, les centaines ou les milliers de forages réalisés ont rapporté des informations précieuses sur ces roches-mères, et en ont permis un inventaire très exhaustif. C’est de là que sortent les chiffres publiés par l’EIA et différents autres organismes. De la masse de données accumulées sur ces schistes au fil des décennies. On a l’impression que ça sort d’un chapeau, alors que c’est connu depuis fort longtemps.

Ce qui est nouveau, c’est qu’il existe maintenant des techniques qui permettent d’en obtenir des productions rentables, chose impossible avant la mise au point de la combinaison des techniques de « forage horizontal, correctement orienté » et de « fracturation hydraulique ».

On n’a donc pas besoin de faire des forages nouveaux pour savoir s’il y a des schistes dans le sous-sol. On le sait déjà. Ce que l’on ne sait pas, et ce qui justifie le prélèvement de nouveaux échantillons (des carottes), c’est si les schistes sont candidats ou non à la fracturation hydraulique. Il n’y a pas deux roches qui réagissent de la même façon à cette fracturation. Il faut donc des échantillons de bonne taille (une carotte fait une dizaine de centimètres de diamètre, pour 9, 18 ou 27 mètres de longueur) pour y faire des analyses et mesures de laboratoire, alors que, pour l’inventaire géochimique des roches-mères, les « cuttings », copeaux de roches broyées que nos amis québécois appellent joliment des « retailles », suffisent généralement.

L’exploration des « schistes » consiste principalement à savoir s’il sera possible d’en obtenir des débits rentables. On cherche à connaître le taux de récupération ultime des hydrocarbures, pas les volumes en place.

ni chaud ni froid
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 1704
Inscription : 03 mai 2007, 20:42

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par ni chaud ni froid » 23 août 2013, 13:11

Philippe a écrit : Ce que l’on ne sait pas, et ce qui justifie le prélèvement de nouveaux échantillons (des carottes), c’est si les schistes sont candidats ou non à la fracturation hydraulique.
C'est toujours un plaisir de te lire.
Un truc m'échappe : des carottes suffiraient, pourtant l'interdiction provisoire du fracking y compris à titre exploratoire à grandement freiné (voire stoppé) l'exploration en ce qui concerne les GdS, non ?

Si l'on se souvient bien, la principale opposition dans les coins concernés (qui sont identifiés depuis longtemps, comme tu le dis) était liée à la pratique de fracturations lors de l'exploration. Il doit y avoir une plus-value à réaliser ces fracturations tests, et je pencherais notamment sur le fait qu'une carotte n'exclut pas une certaine hétérogénéité des horizons concernés. Me trompé-je ?
Au vu des sommes en jeu, un fracking doit rassurer pas mal de monde (et en inquiéter pas mal d'autres) quand à la faisabilité dans une zone donnée.
lock-out pending...

Philippe
Brut léger
Brut léger
Messages : 458
Inscription : 22 mars 2005, 23:15
Localisation : région parisienne

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par Philippe » 23 août 2013, 14:48

@ ni chaud ni froid,

Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris la question.

Il est certain que la loi du 13 juillet 2011 a donné un coup de frein, sinon d’arrêt, à l’étude des roches-mères en vue d’en évaluer la possible rentabilité. Mais ce n’est valable qu’en France, et dans les pays qui ont décidé d’interdire, soit la fracturation hydraulique, soit directement l’exploitation des hydrocarbures de schistes. Ailleurs, l’exploration bat son plein, et les roches-mères font l’objet de campagnes de carottage intenses. Ce sont les résultats qui font la bonne ou la mauvaise humeur des communiqués boursiers. Si une société se retire de Pologne, par exemple, cela signifie peut-être que la roche-mère, dans son permis, n’est pas propice à la fracturation hydraulique. Généralement, c’est la minéralogie de la roche qui détermine la réponse qu’elle aura à une fracturation hydraulique : trop argileux, ce n’est pas bon. Il faut du quartz, mais pas trop…

Je ne sais pas si les roches-mères sont « hétérogènes ». Le terme est trop vague. En revanche, elles sont, à coup sûr, anisotropes. Il existe des plans de clivage verticaux (ou sub-verticaux), dont il est important de connaître l’azimut. C’est aussi un des buts de l’exploration. Dans les temps anciens, l’orientation des carottes n’était pas connue : il n’y avait pas d’outil pour dire quelle génératrice de la carotte est au nord. Maintenant, on prend des « carottes orientées », grâce à un gyroscope incorporé au train de carottage, qui permet de déterminer avec précision l’azimut des plans de clivage. La connaissance de l’orientation des plans de clivage permet, à son tour, l’orientation des forages horizontaux. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont tous parallèles : c’est pour faire un angle constant avec le plan de clivage naturel des roches-mères. Il me reste à appeler des copains pour savoir si cet angle doit être de 0° ou de 90° (les deux seules valeurs possibles).

Je ne comprends pas bien en quoi une fracturation hydraulique serait rassurante. J’imagine que tu écris que le coût élevé d’une fracturation hydraulique fait qu’on n’en fait pas à tort et à travers. Je ne me prononcerai pas là-dessus. Je confirme juste que c’est cher. Plusieurs millions d’euros pour un seul drain horizontal.

Dans un autre message, tu parles du syndrome NIMBY. Il se trouve que j’exploite, depuis 14 ans, un puits de pétrole dans le nord du Bas-Rhin. Il est en sortie nord du village d’Oberlauterbach. Une simple recherche sur Google Earth confirmera mes dires. Le puits était à 250 mètres des habitations les plus proches lorsque je l’ai mis en exploitation. Depuis, plusieurs maisons neuves ont été construites par des Allemands séduits par le moindre coût de la vie en France, et notamment le prix des logements et de l’essence, à moins de 200 mètres de mon puits, qui préexistait au moment du dépôt du permis de construire. Et pourtant, ces gens, connaissant la multitude des nuisances visuelles, sonores et olfactives de mon industrie, ont fait construire quand même une maison avec vue imprenable sur un puits de pétrole ! Il faut croire que, quand on a eu l’occasion de constater en quoi ça consiste vraiment, on réalise qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. C’est l’ignorance qui fait le NIMBY ! A noter qu’en une dizaine d’années de relations avec les riverains, il n’y a eu que 2 plaintes, à chaque fois pour le bruit fait par le palier de l’unité de pompage à balancier (la « tête de cheval ») quand il commence à couiner. Dès que le bruit nous est signalé (j’ai un employé), nous lançons l’usinage d’un nouveau palier, et nous arrêtons le puits pour la nuit, le temps de remplacer le palier. Les riverains, des rurbains, ne m’ont jamais cherché de crosses pour autant, dans la mesure où ils réalisent que nous faisons tout pour que le chantier ne leur procure aucune autre nuisance que la nuisance visuelle avec laquelle ils vivent en permanence.

J’ajouterai que les riverains promènent volontiers leur chien sur le chemin du puits, pour lui faire profiter de la très abondante faune qui existe sur mon chantier (comme chacun sait, les animaux sauvages sont attirés par les odeurs de pétrole, même imperceptibles à l’homme) : oiseaux (corbeaux, merles, étourneaux, hirondelles), insectes (papillions, guêpes, moucherons), invertébrés (escargots de Bourgogne par centaines), reptiles et rongeurs divers, … Le bonheur des animaux aux instincts de chasseur.

Une anecdote marrante : j’observe chaque automne des coquilles de noix sur une dalle de béton de mon puits. Au début, j’ai cru que mon employé voulait absolument attraper des aphtes. En réalité, ce sont les corbeaux. Ils vont ramasser des noix au pied des arbres alentour, et ils choisissent cette dalle de béton pour casser les noix : ils se mettent en vol stationnaire à quelques mètres au-dessus de la dalle, et laissent tomber la noix. Ils recommencent aussi souvent que nécessaire pour fracasser la noix…

Mais qui connaît ça, à part les riverains des puits de pétrole ?

Avatar de l’utilisateur
phyvette
Modérateur
Modérateur
Messages : 13165
Inscription : 19 janv. 2006, 03:34

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par phyvette » 23 août 2013, 16:49

Merci Philippe pour tout tes messages. =D>
Philippe a écrit : pour fracasser la noix…
Pour la chute j'aurais écris... fracturer la noix...
Image Quand on a un javelin dans la main, tous les problèmes ressemblent à un T-72.

пошел на хуй пу́тин
Image

ni chaud ni froid
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 1704
Inscription : 03 mai 2007, 20:42

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par ni chaud ni froid » 23 août 2013, 17:23

Philippe, tu devrais poster plus souvent :D

je suis désolé si mais question n'était pas claire, je vais reformuler :
- Pourquoi fracturer à l'exploration si des carottages font le boulot ?

Pour ce qui est du NIMBY, l'ignorance est normale et légitime (tout le monde n'est pas dans cette industrie), mais je persiste à penser que quelqu'un qui s'installe à la campagne ne souhaite pas forcément voir cela :

Image

Même si, bien sûr, on peut aussi montrer cela :
Image

Il y a une différence entre s'installer une fois que le puits est en place, puisqu'on connais la nuisance, et "subir" le visuel alors qu'on a acheté à crédit un pavillon qu'on ne pourra pas forcément revendre facilement, même si on est fan du style ruée vers l'or noir. Bien sûr il s'agit là de micro exploitations : pas ou peu d'infrastructures liées a l'activité, peu d'impact en surface...ce n'est pas affreux !

Entre nous les zosiaux, promeneurs et autres insectes, ils seraient là avec une simple prairie, une haie et deux arbres. En revanche cela ne remplit pas la marmite.

Je n'ai jamais dit que les pétroliers sont des sagouins, je dit simplement que je comprends que les gens stressent, car je ne voudrais pas de ça sous mes fenêtres, en étant propriétaire. Comme je ne veux pas de plateforme logistique, de casse ou de supermarché.

Cela ne veux pas dire que ce n'est pas nécessaire (ou utile).
Dernière modification par ni chaud ni froid le 23 août 2013, 17:43, modifié 1 fois.
lock-out pending...

epe
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 1464
Inscription : 22 juin 2005, 16:33
Localisation : 15' de Lille, de l'autre côté de la frontière

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par epe » 23 août 2013, 17:42

-Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
Les Shadoks

ni chaud ni froid
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 1704
Inscription : 03 mai 2007, 20:42

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par ni chaud ni froid » 23 août 2013, 17:50

Philippe confirmera, mais cela m'a tout l'air d'être ce dont il parle.

En même temps, vu le village, (un petit tour avec streets aux alentours), je comprends que cela ne choque personne. Il y a des constructions que je démolirai avant le puits. Mes respects aux habitants d'Oberlauterbach.

Philippe, mes excuses, je comprends mieux...
lock-out pending...

Philippe
Brut léger
Brut léger
Messages : 458
Inscription : 22 mars 2005, 23:15
Localisation : région parisienne

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par Philippe » 23 août 2013, 19:17

epe, bienvenue chez moi. L'été, jusqu'à octobre-novembre, c'est mieux. Le maïs camoufle bien quand il fait 2 m de hauteur.

Les villages alsaciens sont, en général, très jolis. Oberlauterbach n'est pas le plus joli de tous, mais il est chouette. Je l'aime bien... Je n'ai pas l'impression qu'il y ait grand-chose à démolir. En revanche, et les habitants, s'en plaignent, il n'y a rigoureusement aucun commerce. Les gens vont faire leurs courses au Super U à Seltz ou au Carrefour Market à Lauterbourg (10 bornes).

Mon site accueille plus de biodiversité que les champs alentour, traités aux désherbants. Je fais désherber mon terrain à la débroussailleuse à fil, deux fois par an, en laissant tout sur place. L'objectif est surtout de ne pas envoyer de graines de mauvaises herbes chez mes voisins, cultivateurs.

Philippe
Brut léger
Brut léger
Messages : 458
Inscription : 22 mars 2005, 23:15
Localisation : région parisienne

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par Philippe » 23 août 2013, 22:47

@ ni chaud ni froid

Pourquoi fracturer en exploration alors que des carottes suffiraient ?

Les carottes ne suffisent pas, malheureusement. Leur problème, c’est qu’en profondeur, elles sont soumises à des conditions de pression et de température élevées. Lorsqu’on les remonte des profondeurs, elles font comme ces poissons de fond dont les yeux s’exorbitent et la vessie natatoire finit par sortir du corps, elles réagissent à la chute de pression et de température. L’échantillon que l’on remonte n’est pas le même que celui qui était au fond. On ignore l’importance des modifications apportées par ces changements de paramètres physiques. On fait quand même le travail de laboratoire sur ces carottes, dans la mesure où le matériau analysé est ce qui se fait de plus proche de la roche qui existe au fond. Mais, comme dans les autres activités humaines, rien ne saurait remplacer l’expérimentation en conditions réelles.

La fracturation hydraulique, c’est une procédure de « trial and error ». Le laboratoire propose le programme le mieux adapté, en fonction de ce qu’il a obtenu de l’analyse des carottes. Mais la nature ne se laisse pas faire comme ça. Il est rare de mettre dans le mille du premier coup. Il faut expérimenter, et améliorer la procédure au fur et à mesure de l’amélioration des connaissances. Rien que de bien classique dans les activités humaines.

Par ailleurs, une carotte représente un trou d’épingle dans le sous-sol. On ignore comment la roche se comporte en s’éloignant de la zone carottée. C’est aussi pour connaître cela qu’on procède à des essais de production de longue durée, pour évaluer le débit initial et la récupération ultime d’hydrocarbures que l’on pourra obtenir.

On ne peut pas savoir tout ça avec simplement du travail de laboratoire.

Merci d'avoir permis de sortir du hors-sujet.

Philippe
Brut léger
Brut léger
Messages : 458
Inscription : 22 mars 2005, 23:15
Localisation : région parisienne

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par Philippe » 24 août 2013, 03:50

@ chaud et froid

Un dernier post sur l’expropriation, et j’arrête d’écrire. Les pétroliers n’ont nul besoin d’exproprier qui que ce soit. La latitude d’implantation d’un site de forage est assez grande, en raison de la possibilité de faire des forages déviés. Une illustration de cette possibilité est la côte nord de l’île de Cuba, où j’ai longtemps travaillé : les gisements de pétrole sont sous la mer, par grande profondeur d’eau parce que, sur la côte nord de l’île, les eaux deviennent très profondes dès les premiers mètres. Du coup, les gisements pétroliers, situés à 1-3 kilomètres au large, sont exploités en déviation depuis des sites implantés à terre, sur la côte nord, rocheuse et inhabitée, de l’île. Des forages verticaux auraient coûté considérablement plus cher.

En général, les négociateurs fonciers cherchent des terrains éloignés de tout, justement pour éviter les nuisances. Sonores (les plus graves), visuelles ou olfactives, mais surtout les risques liés à la sécurité des tiers. Tu crains l’expropriation, mais le risque est insignifiant. Les pétroliers préféreront négocier avec des propriétaires de terrains loin de tout, agricoles ou forestiers, plutôt que de s’approcher des zones habitées où l’acceptabilité locale sera bien moindre.

Quand un puits de pétrole ou de gaz est visible depuis une maison, c’est que la maison a été construite après la réalisation du forage, pas l’inverse.

Fichtre ! de nouveau hors-sujet...

Avatar de l’utilisateur
kercoz
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 13574
Inscription : 18 nov. 2007, 21:46
Localisation : SUD GIRONDE GRAVE DE GRAVE

Re: Du Gaz naturel de schistes en France ?

Message par kercoz » 24 août 2013, 07:36

Conséquences des explorations au crédit des petroliers ....( vu par un bookiniste):
Plusieurs grosses boites petrolieres , font remonter -profiter des infos de leurs sondages ....info stratigraphiques , géologiques, minerales comme fossiles ....dans des gros bouquins gavés de courbes , photos et études détaillées ....scientifique bac+5 et luxueux .....on les trouve ds les salles d'attente de gosses industries .....Les milliers de renseignements acquis sur ( plutot sous) notre sol est mis a dispo .
J' avais proposé jadis dur cette meme chaine les livres ( bien sur gratos) a qui les voudrait ....pas de réponse . Je les ai tres bien vendu , il semble etre recherchés .....par ex , un chapitre detaillait tt le sous sol de l' embouchure de l'estuaire gironde d' env 10 km en mer comme en terre .....faudrait que je retrouve les titres , c'est a rechercher sur Maxichoice .
L'Homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. ( Jean Henri Fabre / Souvenirs Entomologiques)

Répondre