On parle sans arrêt du gaz des Etats-Unis, souvent du gaz canadien, il est temps de faire un petite place au troisième larron du continent.
Comme le pétrole, le gaz est exclusivement exploité dans le pays par la PEMEX.
Généralités
Les chiffres BP indiquent que le Mexique est, en 2008, le 17e producteur de gaz au monde...
... mais le 11e consommateur
Consommation et production ont augmenté continument, mais la production ne suit plus depuis 10 ans, et celà s'accentue.
Si le mexique est l'un des principaux fournisseurs de pétrole de son voisin du nord, il en importe du gaz naturel, en terme de balance annuel - les réseaux sont interconnectés et du gaz circule en permanance dans les deux sens.
Les chiffres officiels mexicains (SIE) sont données en milliards de pieds cubes par jours, mais, même convertis en mètres cubes, ils sont très différents des chiffres de BP, avbec une production supérieure de 15%. Je pense que la SIE compte le pétrole réinjecté dans les gisements ou brulé en torchère, qui est exclus par BP. Il peut aussi y avoir des problèmes de conversion : BP se base sur une équivalence énergétique et SIE semble donner le volume physique du gaz, qui peut être supérieur si il y a des gaz inertes (CO2, azote).
Quoi qu'il en soit, la production 2009 est stationnaire par rapport à 2008.
Répartition régionale
La production se répartie de façon assez équilibrée entre les quatre entités régionales de la Pemex.
Región Norte
La région "nord" regroupe en fait près des 2/3 du pays, en onshore.
Voici la production totale de la région, divisée par 10 pour ne pas écraser l'échelle, et la production des plus gros gisements. Clairement la région est au pic, et les trois gros gisements mis en production ces dernières années ont vite déclinée.
Región Marina Noreste.
Cette zone offshore comprend les gisements de pétrole des complexes de Cantarell (dont Akal-Nohoch est le réservoir principal, 95% des réserves) et de Ku-Maloob-Zaap.
La production de gaz correspond donc au gaz associé des gisements de pétrole, notamment de Cantarell qui représente la presque totalité de la production régionale. Cantarell a piqué de façon particulière abrupte, 4 ans après le pétrole : la production a diminué d'un tiers en un peu plus d'un an.
Región Marina Suroeste
La région marine "sud-ouest", curieusement, encercle complètement la réghion "nord-est". Pas très logique mais passons.
Cette région comprend notamment de vieux gisements de pétrole, dont la production de gaz associée est elle aussi en déclin. Mais la hausse de production de Ixtal (gaz associé au pétrole) et May (gaz sec) a largement compensé.
Dans le graphe, la production totale de la région est divisée par 5 par rapport aux gisements.
Región Marina Sur
Cette région fut le berceau de l'industrie pétrolière du pays.
Aucun gisement ne pèse plus de 10% de la production de la région, je ne donne donc pas de détail.
Pic imminent ?
Plusieurs indices pointes vers un pic imminent de la production de gaz du pays. Le déclin rapide de Cantarell, qui représente envirion 20% de la production, et le panne de la croissance onshore sont les principaux. Les réseves officielles annoncées par la Pemex en "prouvées" n'équivalent qu'à dix ans de production ! Et elles diminuent d'année en année (depuis 1998, elles sont auditées par des tiers, bien qu'étant une compagnie nationale, Pemex se soument aux règles des compagnies privées).
Pour l'avenir, la principale opportunités à moyen terme est dans l'offshorze profond (Deep Coatzacoalcos) : l'exploration y a jusqu'ici donné plus de gaz que de pétrole. La principale découverte ici est Lakash, qui contient au moins 40 km3 de gaz. C'est le 4e plus grand gisement de gaz jamais trouvé au Mexique. Un contrat d'assistance technique vient juste (22 janvier) d'être accordé à Technip pour son développement, il doit produire à partir de 2013, au rythme initial de 250 millions de m3 par an.
Il y a quatre autres découvertes de gaz en offshore profond : Noxa, Lalail, Leek (il s'agit d'un mot aztèque, rien à voir avec un poireau!) et Catamat. Ces gisements sont plus petit (Lalail ferait 20 km3), il n'y a pas de projet clair de développement. Il y a aussi en offshore profond deux gisements de pétrole (Nab et Tamil) qui rapporteront aussi du gaz associé, mais dont le développement est encore assez lointain.
A plus long terme, pour le gaz comme pour le pétrole, le Mexique pourrait se tourner vers un autre bassin deepwater, bien plus profond et en haute mer : le Lower Tertiary GOM basin. Les Américains ont fait ces dernières années plusieurs grosses découverte dans leur moitié de se bassin (Jack, Perdido, Baha, Great White...)
Importations de gaz liquéfié
Comme on l'a vu plus haut, le mexique importe désormais plus de 11 milliards de m3 de gaz par an. Depuis 2006, le gaz liquéfié joue un role croissant. La situation géographique du mexique lui permet de s'approvisionner aussi bien sur le marché atlantique que sur le marché pacifique.
Le terminal d'Altamira sur la cote Est a ouvert en 2006. Sa capacité est d'environ 5 milliards de m3 par an. Le gaz liquéfié est importé de Trinidad, d'Egypte et du Nigéria.