Clap de fin pour l’usine Eurodif

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Clap de fin pour l’usine Eurodif

Message par energy_isere » 04 juin 2012, 17:32

Clap de fin pour l’usine Eurodif

04 Juin 2012 Usine Nouvelle

Plus de trente ans après avoir été mise en service, l’usine cessera définitivement ses activités d’enrichissement d’uranium par diffusion gazeuse le 7 juin.

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Le 7 juin, une page de l’industrie nucléaire française va être tournée sur le site du Tricastin, venant clore un chapitre ouvert en 1958 lorsque le Général de Gaulle, alors Président de la République, choisi le sud de la Drôme pour y implanter les usines d’enrichissement de l’uranium pour les besoins de la défense nationale. Pierre angulaire de ce programme, l’usine Eurodif (rebaptisée Georges Besse en 1988 en mémoire de son fondateur) va cesser définitivement de produire de l'uranium enrichi, tirant par la même occasion un trait sur une technologie franco-française, la diffusion gazeuse.

En traversant une série de barrières micro-poreuses poussées par toute une batterie de compresseurs, l’uranium (préalablement transformé chimiquement en gaz par la Comurhex), voit sa proportion d’isotopoe U235 (les seuls à libérer de l’énergie lors de la fission dans les réacteurs) passer de 0,7 % à une teneur comprise entre 3 et 5 %. Opérationnelle depuis 1979 au terme d’un chantier démarré en mars 1975 (et moyennant un investissement à l’époque de plus de 7 milliards de francs), l’usine Eurodif aura produit en un peu plus de trente ans (elle ne tourne à plein régime que depuis 1982) quelque 35 000 tonnes d’uranium enrichi, soit le combustible nécessaire pour alimenter une centaine de réacteurs (le quart de la production mondiale).

L’usine consommait chaque année 2 500 mégawatts, soit les trois quarts de la production de la centrale nucléaire voisine, et 25 millions de m3 d’eau pour son refroidissement. La diffusion gazeuse sera abandonnée au profit d’une autre technologie, l’enrichissement par centrifugation, mise en œuvre au sein de la nouvelle usine George Besse 2.

L’usine Eurodif va désormais faire l'objet d'un démantèlement complet que le groupe Areva mènera sous l'œil "attentif" des inspecteurs de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Couvrant une surface de 190 000 mètres carrés, ses quatre bâtiments contiennent pas moins de 130 000 tonnes d'acier et 30 000 tonnes d'équipements divers. La cascade d'enrichissement contient à elle seule 28 000 tonnes de barrières de diffusion. Particulièrement complexes à mener du fait du gigantisme des installations et de l’activité même du site, ces opérations vont se dérouler en plusieurs étapes et s’étaler sur une vingtaine d’années pour un coût estimé à 725 millions d'euros.

"Nous allons mettre en œuvre les savoir-faire que nous avons développés entre 1998 et 2010 pour démanteler les usines utilisées naguère par le CEA pour enrichir l'uranium à des fins militaires. Pendant cette période, ce sont 21 000 tonnes de matériels qui ont été démontées et traitées", explique-t-on chez Areva.

Une première étape, appelée "Prisme" (projet de rinçage intensif suivi d'une mise à l'air d'Eurodif), permettra de récupérer les quelque 300 tonnes de matières radioactives et chimiques qui demeurent dans les installations de l'usine pour faire baisser le niveau de réactivité sous le seuil des 100 becquerels par gramme et diminuer ainsi tout risque aux opérateurs pendant la phase ultérieure de démantèlement. Trois ans seront nécessaires pour mener à bien cette phase de rinçage. Viendra ensuite le temps de la déconstruction proprement dite qui devrait démarrer en 2016.
http://www.usinenouvelle.com/article/cl ... if.N175766

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Re: Clap de fin pour l’usine Eurodif

Message par energy_isere » 04 juin 2012, 17:39

Vaucluse : les cheminées d'Eurodif arrêtent de fumer aujourd'hui

La Provence 31 Mai 2012

Après 33 ans d'exploitation continue, l'usine d'enrichissement d'uranium Georges-Besse I sera arrêtée cet après-midi. Une nouvelle unité, sans tour de refroidissement, a déjà pris le relais.

C'est la fin d'une époque dans le ciel du Tricastin, le plus grand site nucléaire de France. Dès cet après-midi, les immenses cheminées de l'usine d'enrichissement de l'uranium Eurodif arrêteront définitivement de fumer, conséquence de la mise hors service de l'unité de production Georges-Besse I. Fini, donc, ces panaches de vapeur d'eau liés au circuit de refroidissement, qui signalaient le Tricastin à des kilomètres à la ronde et faisaient depuis plus de trente ans partie intégrante du paysage.

Mise en service en 1979, cette unité de production - rebaptisée Georges-Besse, après le meurtre du premier président du directoire d'Eurodif par Action directe en 1988 - a fonctionné depuis en continu, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

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L'usine du Tricastin a fourni le quart de l'uranium enrichi utilisé dans le monde
Elle a produit pendant toutes ces années environ 35 000 tonnes d'uranium enrichi et approvisionné plus d'un quart des centrales nucléaires de la planète.

Sa durée de vie, programmée initialement à 25 ans, aura été prolongée d'une petite décennie grâce à des opérations de maintenance et des travaux de modernisation. Mais Areva, géant du nucléaire et principal actionnaire d'Eurodif, a anticipé sur cette fermeture inéluctable en lançant dès 2003 la réflexion qui a abouti à la construction de Georges-Besse II, nouveau site qui fonctionne sans tour de refroidissement.

Même à l'arrêt définitif à partir d'aujourd'hui, l'usine historique d'Eurodif restera le théâtre d'une intense activité pendant au moins une quinzaine d'années. Car il reste à démanteler dans les règles ces installations qui contiennent des matériaux "à risques". Une phase qui débutera par l'opération "Prisme", programmée sur environ trois ans, qui consiste à récupérer un maximum de "matière" dans les tuyaux par lesquels l'uranium transitait.

Et après 2015, seront lancés les travaux de démantèlement proprement dit, auxquels travailleront sur sans doute plus d'une décennie des centaines de salariés.

C'est ainsi qu'Eurodif peut annoncer "n'avoir laissé personne sur le bord du chemin" puisque sur les quelque 900 personnes qui y travaillaient, une bonne moitié va ou a déjà rejoint Georges-Besse II, plusieurs centaines vont oeuvrer sur ce gigantesque chantier de démantèlement et toutes les autres vont soit goûter aux joies de la retraite ou être mutées sur d'autres sites.


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Les unités de Georges-Besse II sont 25 fois moins gourmandes en énergie

Avec la fermeture des quatre unités de l'usine historique d'Eurodif, la France abandonne du même coup définitivement le procédé d'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse. Une technologie qui nécessite la présence de grandes tours de refroidissement (les célèbres cheminées du Tricastin) mais est aussi très gourmande en effectifs et surtout en énergie.

Jusqu'à 1 200 personnes ont travaillé sur le site de Georges-Besse I et sa consommation d'électricité faisait d'Eurodif rien moins que le premier client d'EDF en France ! Georges-Besse II consomme 25 fois moins d'énergie pour une production équivalente grâce à l'enrichissement par centrifugation, technologie qu'Areva a dû acheter à son concurrent Urenco en passant avec lui un accord industriel.

Le projet de Georges-Besse II prévoit la construction, dans l'enceinte du Tricastin, de trois "ateliers" d'enrichissement de l'uranium, une étape indispensable de la préparation du combustible nucléaire. Le premier atelier a été construit sur la partie vauclusienne du site, a été inauguré le 14 décembre 2010 par Anne Lauvergeon, alors patronne d'Areva, et il est entré en service en avril de l'année dernière.

Le deuxième atelier est en cours de construction sur la commune de Pierrelatte et le troisième doit être construit, théoriquement, sur la commune de Saint-Paul-Trois Châteaux.
http://www.laprovence.com/article/avign ... aujourdhui

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Re: Clap de fin pour l’usine Eurodif

Message par energy_isere » 04 juin 2012, 17:52

Areva ferme son site historique du Tricastin

LeFigaro 03 Juin 2012

Eurodif arrêtera sa production d'uranium enrichi le 7 juin. L'usine contiguë Georges-Besse II prend le relais.

Un chapitre de l'histoire nucléaire française s'achève. Le 7 juin, à 3h30 du matin, l'usine Eurodif (filiale d'Areva), également appelée Georges-Besse I, cessera définitivement d'enrichir un uranium destiné jusqu'alors à alimenter en combustible quelque 100 réacteurs nucléaires français et étrangers. Depuis trente-trois ans, c'est dans ses quatre immenses hangars d'une emprise équivalente à 27 terrains de football, sur le site nucléaire du Tricastin, à cheval entre le Vaucluse et la Drôme, que l'on a enrichi par un système de diffusion gazeuse un uranium - préalablement trié et réduit en poudre dans l'usine audoise de Malvezi - en provenance du Niger, du Kazakhstan et même dans un temps révolu du Limousin. 25 % de l'uranium mondial enrichi est passé par les groupes de diffusion gazeuse - semblables à des silos - de l'usine française. Cette technologie n'étant plus à la pointe, elle a été progressivement remplacée depuis trois ans par un procédé de centrifugation dans l'usine Georges-Besse II (investissement: 3 milliards d'euros), contiguë à Eurodif.

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Très énergivore, l'installation mobilisait à elle seule trois des quatre réacteurs nucléaires de la centrale EDF voisine! Ce n'est d'ailleurs qu'une fois qu'Eurodif avait prélevé ses besoins que l'électricité était envoyée sur le réseau général. «Avec Georges-Besse II, nous divisons notre facture électrique par cinquante», affirme le directeur du site Areva-Tricastin, Frédéric de Agostini. Une facture dont le montant s'élevait annuellement à plusieurs dizaines de millions d'euros…

Au plus fort de sa production, dans les années 1980, Eurodif employa 1 200 salariés avant de réduire sa masse salariale via la sous-traitance puis les non-remplacements de départ en retraite, pour employer 880 salariés jusqu'il y a peu. «Nous nous y préparons socialement depuis de nombreuses années. Beaucoup de salariés travaillent désormais à Georges-Besse II, exploitée par la Société d'enrichissement du Tricastin», une autre filiale d'Areva, assure Denis Eudier, le directeur général d'Eurodif, dont plusieurs États sont actionnaires, comme l'Iran via Sofidif.

Quinze ans de démantèlement

En pleine capacité, Georges-Besse II emploiera 450 personnes et sa capacité de production sera moindre qu'Eurodif. Areva ayant des ambitions américaines, elle envisage la création d'une usine d'enrichissement semblable aux États-Unis. À l'heure où le Japon (40 % des ventes d'Eurodif) a stoppé ses réacteurs suite à la catastrophe de Fukushima, et où l'Allemagne a programmé sa sortie du nucléaire, ce qui était alors un choix industriel stratégique fait aujourd'hui figure de précaution.

«L'activité d'Eurodif ne s'arrête pas pour autant, prévient Denis Eudier. Pendant trois ans, nous allons procéder à une opération de rinçage des installations qui va permettre de récupérer quelque 300 tonnes d'uranium» et qui devrait permettre une recette supplémentaire de l'ordre d'une cinquantaine de millions d'euros. Ce n'est qu'à la suite de cette opération qu'un décret de démantèlement est attendu. Pour ce chantier qui pourrait durer une quinzaine d'années, Eurodif provisionne des sommes colossales. Là où la direction affirme que la facture du démantèlement devrait s'élever aux alentours de 800 millions d'euros, les syndicats estiment un montant double, voire triple. En tout cas, une véritable manne pour les entreprises sous-traitantes.

Derniers vestiges d'Eurodif, les grandes tours de refroidissement en béton, caractéristiques des lieux, seront, elles aussi, démantelées. Cette année, pour la première fois depuis trente-trois ans, sur l'autoroute A7 qui borde le site du Tricastin, les épais nuages de vapeur d'eau qu'elles libéraient ne signaleront plus aux automobilistes venus du nord leur arrivée en Provence.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012 ... castin.php

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Re: Clap de fin pour l’usine Eurodif

Message par energy_isere » 04 juin 2012, 17:55

Dans l' histoire la France récupére donc l' équivalent de la production electrique de 3 réacteurs nucléaires. \:D/

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Re: Clap de fin pour l’usine Eurodif

Message par Herv12 » 05 juin 2012, 20:13

A ce propos, est ce que quelqu’un sait si Eurodif stoppait sa conso lors des pointes hivernales?

Selon ce que j'ai trouvé, il semblerait que oui, (ou dumoins en partie) mais rien de vraiment clair.
Dans ce cas, l'intérêt sera moindre car c'est justement lors de cette période qu'on aurait besoin des réacteurs, alors si on les avait déja...
Pour sauver les arbres, mangez les castors.

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