https://www.connaissancedesenergies.org ... ire-250103ASNR : la nouvelle autorité de sûreté nucléaire en service mais beaucoup reste à faire
AFP le 03 janvier 2025
L'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), désormais seule entité chargée de la sûreté nucléaire en France, est entrée en service le 1er janvier, actant ainsi la fusion contestée de l'IRSN et de l'ASN, mais des "incertitudes" demeurent et la réorganisation reste encore à finaliser.
2e autorité de régulation nucléaire du monde
La coup d'envoi de cette autorité unique marque le clap de fin du système dual né des leçons de la catastrophe de Tchernobyl, qui reposait d'un côté sur l'IRSN, l'expert scientifique de la sûreté, et de l'autre sur l'ASN, le gendarme chargé des décisions sur les centrales.
La réforme créée par la loi du 21 mai 2014 prévoyait l'absorption de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de ses 1 600 salariés de droit privé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et ses 500 fonctionnaires, dans l'optique de "fluidifier" les décisions, en vue de la relance d'un programme nucléaire en France.
"Autorité administrative indépendante, l'ASNR assure désormais, au nom de l'État, le contrôle des activités nucléaires civiles en France. Elle exerce également les missions de recherche, d'expertise, de formation et d'information des publics dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la radioprotection", a indiqué jeudi l'ASNR dans son premier communiqué.
Basée au siège de l'ex-ASN à Montrouge (Hauts-de-Seine), l'ASNR aura une pile de dossiers cruciaux à gérer, entre la prolongation des centrales, le développement de mini-réacteurs, la construction de nouveaux réacteurs de grande puissance et l'avenir des installations du cycle du combustible. Avec plus de 2 000 collaborateurs, elle représente la deuxième autorité de régulation nucléaire du monde, après la NRC (Nuclear Regulatory Commission) américaine.
L'ASNR « déjà pleinement opérationnelle » selon son président
Cette fusion, décidée à l'Élysée en février 2023, a été votée en avril au terme d'une bataille parlementaire et d'une vive opposition tant des syndicats que d'associations, inquiets de voir reculer l'information du public sur le nucléaire et la séparation entre expertise et décision.
A la veille du démarrage de l'ASNR, les craintes restaient toujours vives. Dans un communiqué, mardi, l'intersyndicale de l'IRSN a appelé "à la vigilance, plus que jamais compte tenu des incertitudes sur le fonctionnement de l'ASNR au 2 janvier, des inquiétudes sur son règlement intérieur et d'une impasse budgétaire dès février", faute de loi de finances 2025.
Avec la création de cette autorité unique, une période transitoire commence, même si Pierre-Marie Abadie, qui a pris la présidence de l'ASNR le 13 novembre à la fin du mandat de son prédécesseur à l'ASN Bernard Doroszczuk, assure que "l'ASNR est déjà pleinement opérationnelle".
Les services supports (DRH, direction financière, direction informatique) ont été réunis au sein de directions uniques, tandis qu'une partie des activités de l'IRSN rejoint le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et le ministère de la Défense.
Inquiétudes autour du règlement intérieur
Restent les services de cœur de métier qui sont pour l'heure "juxtaposés". "Il y a eu une fusion a minima : on a pris les briques de l'ASN et de l'IRSN et on les a mis côte-à-côte", explique à l'AFP François Jeffroy, représentant CFDT.
Les inquiétudes se cristallisent aussi sur le projet de règlement intérieur, texte crucial régissant le fonctionnement de l'ASNR.
Le CSE de l'IRSN a rendu un avis défavorable sur ce texte le 17 décembre, faute de garanties sur deux demandes clés : le fait que soit "énoncée explicitement dans le règlement intérieur" l'indépendance entre l'expertise et la décision, tout comme le "principe de publication de l'ensemble des avis d'expertise", au nom de l'information du public, rapporte l'intersyndicale.
De son côté, M. Abadie a fait savoir à l'AFP que le projet de règlement "intégrera des remarques" issues des consultations menées fin 2024. Il lui reviendra de le présenter le 16 janvier à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.
M. Abadie, chargé de conduire la réforme, devra aussi présenter d'ici la fin du mois sa feuille de route aux personnels. "Nous n'aurons pas réponse à tout dès le premier jour, mais le cheminement que nous allons faire sera tout aussi important que le point d'arrivée", a-t-il souligné dans une réponse écrite adressée à l'AFP. Les premiers mois, a-t-il dit, seront consacrés à "la construction d'un collectif, autour de valeurs communes, au-delà de nos cultures et de nos histoires".
Filiére nucléaire Francaise
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https://www.connaissancedesenergies.org ... e-3-250114Programme d'EPR : la Cour des Comptes publie un rapport critique et recalcule le coût de Flamanville 3
AFP le 14 janvier 2025
La Cour des comptes a appelé mardi l'État et EDF à lever les nombreuses "incertitudes" avant de poursuivre le vaste programme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR, dont le financement reste flou.
« Retards d'avancement de la conception de l'EPR2 »
Dans un rapport critique de 97 pages, la juridiction financière estime que "l'accumulation de risques et de contraintes pourrait conduire à un échec du programme d'EPR2", rappelant que l'EPR de Flamanville en Normandie a été connecté au réseau électrique 12 ans après la date prévue, le 21 décembre.
"Les incertitudes les plus préoccupantes portent sur les retards d'avancement de la conception de l'EPR2, l'inconnue sur le coût des trois premières paires (de réacteurs) et l'absence de financement du programme", a souligné le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, devant la presse.
"La décision du conseil d'administration d'EDF de réduire l'enveloppe financière dédiée aux travaux préparatoires des futurs EPR2 en 2025, acte manifestement ces incertitudes financières", a-t-il ajouté.
Un coût total de Flamanville 3 de 23,7 milliards d'euros de 2023
Après un chantier émaillé de déboires et d'aléas techniques, les coûts de Flamanville 3, premier réacteur nucléaire à démarrer depuis 25 ans, ont explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros. Selon la Cour, EDF estime aujourd'hui son coût total à 19,3 milliards en euros de 2015, soit 22,6 milliards d'euros de 2023, "coût de financement compris".
"En réalité, le coût total à terminaison de Flamanville 3 est plus élevé et atteint 20,4 milliards" en euros de 2015, "soit 23,7 milliards" en euros de 2023, a calculé la Cour dans ce rapport de suivi consacré à la filière EPR, le réacteur de nouvelle génération au cœur de la relance du nucléaire en France.
Cette réévaluation de 1,3 milliard par rapport à son précédent rapport en 2020 (19,1 milliards en euros de 2015) tient compte d'ajustements dans le calcul de provisions présentées par EDF et dans le calcul du coût de financement.
Après les "dérives" de coûts et de calendrier des projets d'EPR d'EDF à Flamanville, en Finlande et au Royaume-Uni, les magistrats financiers évoquent des risques "persistants" malgré des efforts pour restructurer une filière appelée à tenir le cap de la relance de l'atome fixé par Emmanuel Macron.
En février 2022, le président avait annoncé depuis Belfort vouloir construire six nouveaux réacteurs de nouvelle génération EPR2 avec une option pour huit autres, rompant avec de longues années de jachère nucléaire.
« Rentabilité médiocre »
Depuis, EDF, renationalisée, a réorganisé sa gouvernance et rationalisé ses processus. Les turbines Arabelle sont revenues dans le giron français. Mais la filière "est loin d'être prête", pour la Cour.
"La rentabilité prévisionnelle du programme EPR2 reste à ce stade inconnue, d'autant que les conditions de financement (...) ne sont toujours pas arrêtées", ajoutent les magistrats financiers. Ils relèvent en outre qu'EDF refuse toujours de leur transmettre des informations "sur la rentabilité et le coût de production prévisionnels" de Flamanville et de l'EPR2, comme demandé en 2020. Or, la Cour prévoit "une rentabilité médiocre pour Flamanville 3".
Au vu des incertitudes, la Cour demande de "retenir la décision finale d'investissement du programme EPR2", envisagée pour début 2026 par EDF, "jusqu'à la sécurisation de son financement et l'avancement des études de conception détaillée", une étape débutée seulement en juillet 2024.
Elle recommande en outre de "limiter l'exposition financière d'EDF" dans ses projets d'EPR à l'étranger et de "s'assurer" que tout nouveau projet international nucléaire "ne ralentisse" pas les calendriers en France.
Une recommandation que le PDG d'EDF, Luc Rémont, dit partager "entièrement", dans une réponse transmise à la Cour en dernière minute.
Avant un accord du groupe avec l'Etat et Bruxelles sur le cadre financier du programme EPR2, "il est nécessaire qu'EDF conclue avec l'État un contrat préliminaire qui fixe le cadre des investissements à financer au titre de ce programme", a ajouté M. Rémont.
Selon un chiffrage d'EDF de fin 2023 et dans l'attente d'une réévaluation, le coût de construction des six premiers EPR2 a déjà flambé de 30%, de 51,7 milliards à 67,4 milliards d'euros, "à conditions économiques inchangées et hors effet de l'inflation", précise la Cour des Comptes.
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Re: Filiére nucléaire Francaise
https://www.blast-info.fr/articles/2025 ... DzOKgti6kw
Chez EDF, les ennuis volent en escadrille. Ce mardi 14 janvier, la Cour des comptes a publié un nouveau rapport sur l’EPR de Flamanville. La vénérable institution de la rue Cambon (Paris) chiffre maintenant le coût final du chantier à 23,7 milliards d’euros. Un montant en nette augmentation par rapport à la précédente évaluation faite par la Cour en 2020 : 19,1 milliards.
Coup de pied de l’âne, le rapport précise que « les calculs effectués par la Cour aboutissent à une rentabilité médiocre pour Flamanville 3 » : la marge minuscule qu’EDF pourrait dégager ne suffira pas pour rembourser le coût des emprunts ! Encore faut-il pour cela que l’EPR fonctionne, un jour, à pleine puissance. Et de cela, même les équipes d’EDF n’en sont plus vraiment convaincues.
La scène se passe dans un dîner en ville à Paris en fin de semaine dernière. « Nous étions en réunion dans le bureau du PDG et tout allait bien. Mais, il a reçu un rapport de Flamanville et l’atmosphère s’est brutalement refroidie », raconte un haut cadre de l’électricien présent lors de cette réunion. Si Luc Rémont, le PDG, n’est pas tombé de son siège à la lecture du rapport, il s’en est fallu de peu.
La cause ? Les ingénieurs, qui travaillent sur le démarrage du réacteur ont comme un doute. Et un gros. « Ils ne savent pas si l’EPR pourra fonctionner à pleine puissance », balance ce haut cadre.
Cette interrogation, qui existe chez de nombreux salariés ayant travaillé sur le cauchemardesque chantier du réacteur (douze ans de retard), est donc maintenant partagée par les équipes qui ont pris en main le réacteur. Et repose sur une constatation : contrairement à ce que prétend la communication d’EDF, les problèmes vibratoires qui affectent le circuit primaire du réacteur sont loin d’être réglés. « Le rapport confirme qu’il y a toujours des problèmes de vibrations trop importantes », lâche le cadre décidément très bavard.
Lors de la réunion de la commission locale d’information de la centrale nucléaire de Flamanville en avril 2014, tenue quelques jours avant que l’ASN autorise EDF à installer le carburant nucléaire dans la cuve, l’électricien avait pourtant balayé d’un revers de main la question des vibrations, affirmant, manifestement un peu trop rapidement, que tout était réglé.
Mais déjà dans les étages de la direction générale à Paris, les couteaux s’aiguisent et la chasse au coupable est ouverte. Qui portera le chapeau ? Un nom est dans les esprits : celui d’Alain Morvan, le directeur du projet EPR jusqu’en octobre dernier, accusé à mots couverts d’avoir caché trop de poussières sous le tapis.
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de personnes bien informées et impliquées puisse changer le monde, en fait, ce n'est jamais que comme cela que le monde a changé »
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Re: Filiére nucléaire Francaise
https://www.connaissancedesenergies.org ... nce-250122Relance du nucléaire en France : 10 000 offres d'emplois à pourvoir en permanence
AFP le 22 janvier 2025
Le nucléaire propose presque en continu 10 000 offres d'emplois sur le site de France Travail, conséquence de la relance de l'atome en France et des départs à la retraite, a-t-on appris mercredi auprès de l'établissement public chargé de l'emploi en France.
Semaine des métiers du nucléaire du 3 au 7 février
Les principales entreprises du secteur, qui emploie quelque 220 000 personnes, arrivent à pourvoir leurs postes "parce qu'il y a un regain d'attractivité du nucléaire, qu'on ressent à la fois auprès des personnes en recherche d'emploi, mais aussi des jeunes en orientation", assure à l'AFP Hélène Badia, présidente de l'université des métiers du nucléaire.
Cette entité, créée en 2021 par des entreprises du secteur et les acteurs de la formation, lance jeudi, avec France Travail, la troisième semaine des métiers du nucléaire (du 3 au 7 février 2025), en présence du ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, sur le site Framatome du Creusot.
Signe de l'engouement grandissant pour l'atome, l'événement, lors duquel entreprises et organismes de formation vont ouvrir leurs portes au public, "a attiré 8 000 personnes la première année, 16 000 personnes la deuxième année", a souligné Mme Badia.
« Environ 100 0000 recrutements, de 2023 à 2033 »
Par ailleurs, l'institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) a vu presque doubler en cinq ans les effectifs de ses promotions du diplôme d'ingénieur spécialisé en génie atomique, qui a accueilli 80 étudiants à la rentrée 2024, selon EDF.
Prolongation du parc existant, nouveaux réacteurs nucléaires EPR2, petits réacteurs modulaires (SMR), usines du cycle du combustible d'Orano, agrandissements des usines de Framatome, la filière attend "environ 100 0000 recrutements, de 2023 à 2033", a rappelé Mme Badia.
Parmi les métiers en tension, ceux de l'exploitation, de la maintenance, les métiers d'électricien, chaudronnier, tuyauteur, automaticien, technicien en radioprotection, et, comme toujours, l'indispensable soudeur.
France Travail compte sur des "dispositifs innovants en matière de recrutement", notamment pour favoriser les reconversions professionnelles, a expliqué à l'AFP Frédéric Toubeau, directeur de France Travail pour la région Auvergne/Rhône-Alpes et responsable de la filière nucléaire au niveau national.
"On utilise beaucoup la méthode de recrutement par simulation", qui consiste à "juger une personne sur ses habilités à effectuer un geste professionnel", explique-t-il. Si les tests sont concluants, comme pour une jeune pâtissière devenue soudeuse dans le Nord, les formations sont financées.
Signe du besoin d'élargir le vivier, cette édition de la semaine des métiers du nucléaire est tournée vers "l'inclusion des profils peu représentés dans la filière", notamment les personnes issues de quartiers prioritaires de la ville, les seniors et les femmes.
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Re: Filiére nucléaire Francaise
Sur le baromètre de l'énergie en France de Usine Nouvelle on voit 86.0 % de taux de disponibilité de la puissance nucléaire en France.
https://www.usinenouvelle.com/article/n ... e.N2044492
https://www.usinenouvelle.com/article/n ... e.N2044492