Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par ticaribou » 30 juin 2011, 09:20

tepco nous balade. regardez là, avec la grue
http://www.scoop.it/t/tsunami-japon/p/2 ... her-online

et cherchez la grue ici
http://www.tepco.co.jp/nu/f1-np/camera/index-j.html
si vous la trouvez, dites-le moi.........
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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par energy_isere » 30 juin 2011, 21:18

Fukushima : de nouvelles évacuations

Le 30 juin 2011 Usine Nouvelle

Quatre nouvelles poches d'évacuation à proximité de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima sont décrétées ce jeudi. Des niveaux élevés de radioactivité y ont été détectés.

Cette décision concerne 113 foyers de la ville de Date, située à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de la centrale endommagée. Les autorités y ont relevé des niveaux élevés de radioactivité, au-delà de la limite légale de 20 millisieverts par an fixée par le gouvernement, dans les districts de Ryozenmachi, Kamioguni, Shimooguni et Tsukidatemachi.

Par ailleurs, une étude menée sur dix enfants vivant dans la ville de Fukushima, à 62 kilomètres du site atomique, a révélé la présence d'une petite quantité de substances radioactives dans leur urine. C'est ce qu'ont annoncé une association de citoyens et une ONG française. Les analyses ont été effectuées dans un laboratoire français à la demande d'une association de citoyens de Fukushima.

"Ces résultats devraient inciter les autorités japonaises à mesurer systématiquement la contamination interne des habitants qui ont été exposés aux panaches radioactifs et de ceux qui vivent dans les territoires contaminés", a estimé l'Acro. Un mois après la catastrophe, l'association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) avait publié des données précisant la contamination de villages situés à 40 km de la centrale de Fukushima. "Cela nous conforte aussi dans l’idée que la limite (de 20 millisieverts) fixée par les autorités japonaises pour déterminer les zones d’évacuation est trop élevée", a-t-elle ajouté.
http://www.usinenouvelle.com/article/fu ... ns.N154891

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par Jeuf » 04 juil. 2011, 14:27

Le journal S!lence que j'ai là, été 2011, donne quelques infos en mai sur la castatrophe.

Par exemple le journal nous dit :- des feuilles de thé sont retirés de la vente (ça a dut être dit sur ce forum) parce qu'elles contiennent trop de césium. Le thé était cultivé au sud-ouest de Tokyo, pref de Kanagawa
-Au 21 mai, selon le gouvernement japonais, près de 5000 ouvriers intervenu sur le site souffrent d'irradiation interne, ils ont été contaminés.

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par energy_isere » 04 juil. 2011, 21:10

Au coeur de la centrale de Fukushima-Daiichi avec les sauveteurs français d'Areva.

Des ingénieurs français travaillant pour Areva interviennent chaque jour dans la centrale avec leurs collègues japonais pour aider à la reprise de contrôle des quatre réacteurs. Ils sont tous volontaires.


Les Echos 04 Juillet 2011

D'abord, il faut se déshabiller. Presque entièrement. Et le long rituel, qui précède chaque entrée dans la centrale de Fukushima-Daiichi, peut commencer. Une fois en sous-vêtements, les trois Français du groupe Areva et leur traducteur japonais revêtent une sorte d'étroit pyjama blanc. Ils enfilent ensuite une combinaison étanche Tyvek, qui doit empêcher les particules de poussière contaminées, flottant encore dans l'air du site, d'entrer en contact avec la peau et les sous-vêtements. Aux pieds, deux paires de chaussettes, des chaussures de chantier et deux surbottes d'un plastique transparent. Chaque épaisseur est soigneusement scotchée pour prévenir toute infiltration. Sur les mains, une autre superposition de gants en latex et de gants en coton.

Avant de refermer l'habit, de passer leur masque respiratoire et d'ajuster leur cagoule, tous vérifient que leurs dosimètres sont bien enclenchés. Si les combinaisons protègent de la contamination, elles ne peuvent rien contre l'irradiation. A leur arrivée, au Village J, un centre d'entraînement de football transformé depuis la catastrophe en base de transit des sauveteurs intervenant dans les réacteurs situés 20 kilomètres plus loin, Tepco leur a distribué un appareil de mesure « actif ». Il permet à l'électricien japonais de mesurer, chaque jour, avec précision, l'intensité des doses de radioactivité reçues par les centaines de personnes travaillant sur son site. Les Français portent également sur la poitrine, à la cheville et au poignet, quatre autres appareils d'Areva. « Nous sommes extrêmement vigilants », insiste Bruno Adhemar, le chef de projet, qui a encadré, depuis début mai, le lancement du système de décontamination des eaux radioactives conçus par son groupe et Veolia Water. « Nous sommes tous volontaires. Et nous ne voulons pas que la dose reçue en trois semaines ici à Fukushima n'entame trop le montant limite de 20.000 microsieverts s'appliquant aux travailleurs du nucléaire en France », détaille le cadre.

Pour le moment, les doses perçues sont « raisonnables ». « En moyenne, nous recevons entre 100 et 150 microsieverts par poste de huit heures », explique Sylvain Mouezan, le radioprotectionniste de l'équipe de nuit. Chaque groupe d'intervention d'Areva comprend un spécialiste de la radioactivité, un traducteur et deux ingénieurs qui vont, depuis une salle de contrôle, improvisée sur une colline dans un conteneur adossé à un hangar, s'assurer sur leurs ordinateurs que la décontamination des eaux radioactives fonctionne bien et, éventuellement, expliquer au personnel de Tepco comment aller intervenir sur la petite usine, construite, elle, à 250 mètres du réacteur n° 4.

Eviter les zones les plus toxiques
A chaque passage sur le site, Sylvain Mouezan traque l'évolution de la dangerosité. Avec des prélèvements, il mesure l'éventuelle contamination en poussières toxiques et garantit à ses collègues qu'ils peuvent ôter leur combinaison et leur masque dans la salle de contrôle, où l'air a été nettoyé. La semaine dernière, il a testé quelques mouches récupérées dans un bâtiment de la centrale. « Elles n'étaient pas contaminées », assure le scientifique, qui scrute aussi la géographie de la radioactivité.

Ce soir, au Village J, le débit de dose est de seulement 0,7 microsievert par heure. Dans la salle de contrôle d'Areva, le taux monte à 15 microsieverts par heure. « Tout près des réacteurs, on peut atteindre 8.000 microsieverts par heure », estime l'expert. Si tout le site est irradiant, le danger auquel s'exposent les sauveteurs est proportionnel à la distance qui les sépare des zones les plus toxiques. « A 2 mètres de la source de radiation, vous recevez 4 fois moins de dose que si vous la touchez », détaille Bruno Adhemar. Pour limiter l'exposition, les hommes d'Areva évitent les zones les plus irradiantes.

Dans le grand hall d'entrée du Village J, tapissé de bannières blanc et bleu de l'équipe de football locale et de dessins d'enfants remerciant les sauveteurs pour « leur sacrifice », Tepco affiche chaque jour une carte très précise pointant en rouge les zones où les intervenants ne peuvent rester que quelques brèves minutes. « Si nous avions le sentiment de prendre des risques inconsidérés, nous ne serions pas là. J'ai trois enfants », tranche Sylvain Mouezan. « Bien sûr qu'il y a une appréhension naturelle. Mais on connaît ce milieu », complète Jean-Marie Raymond, le responsable du contrôle commandes. Ses camarades acquiescent.

Depuis la fin avril, Areva a enregistré les candidatures de plusieurs dizaines de volontaires sur ses sites de Marcoule, de la Hague ou encore du Tricastin. Au total, d'ici à la fin de la mission programmée dans les tout prochains jours, une trentaine de Français auront travaillé, par phases de trois semaines, à Fukushima-Daiichi. « C'était juste important d'être là », justifie Christophe Colson, le responsable d'essais. Lui est particulièrement attaché au Japon. Il a vécu deux ans à Rokkasho, l'usine de retraitement des combustibles usés construite au nord de l'Archipel en collaboration avec Areva.

« Et puis on ne connaîtra jamais cela en France. C'est l'expérience d'une vie », souffle Sylvain Mouezan, avant de s'installer dans la navette Tepco, qui pénètre 20 mètres plus loin dans le no man's land entourant la centrale.

Yann Rousseau, Les Echos
http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 189186.php

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par Jeuf » 05 juil. 2011, 10:03

Bon, c'est rassurant, on aura des ingénieurs parfaitement bien formés et au point pour gérer la catastrophe nucléaire française, s'ils ne sont pas mort d'un cancer avant.

La semaine dernière, il a testé quelques mouches récupérées dans un bâtiment de la centrale. « Elles n'étaient pas contaminées », assure le scientifique,
Dans le même registre, Isaac Asimov a imaginé l'histoire de la poule qui avalait de la radioactivité, mais n'en rejetait aucune trace, près de Los Alamos.

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par Flora » 05 juil. 2011, 10:16

energy_isere a écrit :
« Et puis on ne connaîtra jamais cela en France. C'est l'expérience d'une vie », souffle Sylvain Mouezan, avant de s'installer dans la navette Tepco, qui pénètre 20 mètres plus loin dans le no man's land entourant la centrale.
ah oui c'est exaltant !!! =D> :smt041 :smt038 ça fait envie !!!...
hein Krolik !!?? :-D

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par Remundo » 05 juil. 2011, 10:40

Un article affirmant des collusions à but médiatique entre le lobby nucléaire et l'Etat de Grande Bretagne
Revealed: British government's plan to play down Fukushima
Internal emails seen by Guardian show PR campaign was launched to protect UK nuclear plans after tsunami in Japan
[]
Le Guardian s’est procuré les e-mails internes échangés qui montrent comment les industriels des multinationales de l’énergie nucléaire, comme EDF Energy, AREVA, Westinghouse, etc… ont travaillé dans les coulisses en étroite collaboration avec le département de l'énergie pour tenter de s'assurer que la catastrophe de Fukushima n’impacte pas leurs plans pour la construction de la nouvelle génération de centrales nucléaires prévue au Royaume-Uni.
Source : Blog cric04
et article du Guardian

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par ticaribou » 06 juil. 2011, 19:09

résumé de glastnost sur fukushima, cooper et fort calhoun également. los alamos ils ont l'air de maitriser. fort calhoun c'est un flou artistique. cooper toujours pas arrêté. et l'eau qui monte toujours. fukushima : situation toujours aussi radieuse.
https://2597176606353633784-a-180274477 ... edirects=0
en colombie britannique (canada ) hausse du nombre de bébés morts (mort subite). de 15 pour une années, ils en sont à 21 aujourd'hui. et l'année n'est pas finie. ils ne savent pas pourquoi.
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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par energy_isere » 06 juil. 2011, 21:08

Excellent article de Sylvestre Huet dans son blog / Libération.

Fukushima : le mystère du césium dans la ville

Je pense que méme Krolik appréciera certains passages.
Comme : (Pour mémoire, la radioactivité d'un kilo de granite utilisé pour une bordure de trottoir est de 1.000 becquerels par kilo, la radioactivité naturelle interne d'un adulte est de 10.000 becquerels.), ce que peu de commentateurs rapellent.

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par krolik » 06 juil. 2011, 21:40

Oh cela fait pas mal de temps que je connais Sylvestre. C'est un "sérieux" sur le sujet du nucléaire. Il assiste même aux conférences dédiées que je vous signale.
A Libé, il doit cohabiter avec Laure Noualhat.. et là c'est autre chose.
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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par Aerobar » 07 juil. 2011, 07:13

Sylvestre Huet, journaliste à [i]Libération[/i] a écrit :Depuis quelques jours une information circule, au Japon et sur le net mondial - par exemple sur le site web de Libération ou du Monde qui se contentent de reproduire une dépêche d'agence sans aucun travail complémentaire
Comme quoi il y a encore des pros capables de critiquer la main qui les nourrit.
Nous sommes tous voués à devenir ennuyeux.
Paul Valéry, Autres Rhumbs

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par GillesH38 » 07 juil. 2011, 07:15

j'ai posé la question sur le blog de Sylvestre, mais krolik a peut-être la réponse : pourquoi c'est évident que la pluie devrait concentrer le césium, vu que c'est plutot a priori un alcalin comme le sodium qui doit surtout donner des formes solubles non? ça devrait pas plutot le diluer ?
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par energy_isere » 09 juil. 2011, 12:10

Le boeuf de Fukushima radioactif

De forts taux de césium - plus de six fois les niveaux de radioactivité autorisés - ont été découverts dans du boeuf de la préfecture de Fukushima, région de l'usine nucléaire japonaise accidentée le 11 mars, selon un communiqué officiel publié samedi.

La viande contaminée fait partie d'un groupe de 11 animaux livrés dans le courant du mois à Tokyo par un agriculteur de la ville de Minamisoma, précise le communiqué de l'administration de la capitale.

Les 11 boeufs ont toutes des niveaux trop élevés de césium, allant de 1.530 à 3.200 becquerels/par kilo, contre une limite autorisée de 500 becquerels, poursuit le communiqué.

C'est la première fois que de tels niveaux sont enregistrés dans de la viande, soulignent les autorités de Tokyo. "Toute la viande de ces boeufs est conservée dans un laboratoire et n'a pas été mise sur le marché," assure un communiqué séparé.

Toutefois un responsable de Tokyo a indiqué que cinq boeufs de la même provenance à Minamisoma avaient déjà été mises en vente sur le marché de la capitale le 30 mai et le 30 juin, alors que la municiplaité essaie d'empêcher de telles livraisons. Un responsable de la préfecture de Fukushima a demandé que la ville de Minamisoma évite de livrer de telles viandes à Tokyo.

La préfecture de Fukushima a effectué des tests sur tout le bétail livré provenant des environs de la centrale accidentée. Les 11 boeufs ont bien été inspectées mais sans que l'on décèle ces niveaux de césium, a précisé l'agence Jiji Press.

La ferme où les 11 animaux ont été élevés se trouve juste à l'extérieur de la zone d'exclusion de 20 kilomètres, selon le communiqué.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/0 ... oactif.php

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par FOWLER » 10 juil. 2011, 08:58

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/ar ... _3216.html

Et un tremblement de terre de 7, un !
la nuit la raison dort, et simplement les choses sont.
St Ex

Tout ça pour dire comment ils ne savent pas pourquoi.
Prévert (et pas Guitry !)

J'ai fait fortune...parce que j'ai toujours vendu trop tôt !
Rotschild.

http://www.les-pieds-sur-terre.info

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par krolik » 10 juil. 2011, 10:50

Le césium à Fukushima.
Par Sylvestre Huet de "Libé"
@+

Fukushima : le mystère du césium dans la ville

http://sciences.blogs.liberation.fr/hom ... ville.html

La gestion de la contamination radioactive au Japon pose de délicats problèmes d'information. Un exemple récent survenu dans la ville de Fukushima, à 60 km de la centrale nucléaire dévastée permet de le mesurer.

Des acteurs sociaux conduits par des objectifs, convictions et intérêts divers voire divergents interfèrent avec une bonne information des citoyens.

Une bonne information en cette matière est assez aisée à définir : c'est celle qui permet de se protéger au mieux des risques sanitaires de la contamination radioactive due à l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima Dai-ichi.

► Elle doit donc ne pas dissimuler un risque existant, sous peine de voir la population l'encourir, et déboucher par exemple sur des décisions d'évacuation qui ont déjà été prises pour des dizaines de milliers de personnes. Elle passe donc d'abord par une mesure fine de la contamination. De ce point de vue, le Japon déploie désormais un maillage de plus en plus précis et serré des territoires à surveiller. Selon l'ACRO : «la municipalité de Fukushima a commencé un contrôle serré de la contamination de son territoire pour détecter d'éventuels points chauds. 31 détecteurs sont mobilisés pour cette surveillance. En chaque point de contrôle, la mesure est faite à 1 cm, 50 cm et 1 mètre du sol. Tous les résultats seront rendus publics via les comités de quartier et mis en ligne sur le site Internet de la municipalité.» Puis par une transmission de cette information, sous une forme compréhensible, à la population.

► Elle doit également ne pas exagérer un risque faible, plus faible que celui encouru par une réaction disproportionnée au risque réel, par exemple une évacuation aussi brutale par ses conséquences, y compris sanitaires, qu'infondée en termes d'analyse de risques.

Un exemple récent vient d'illustrer cette règle. Depuis quelques jours une information circule, au Japon et sur le net mondial - par exemple sur le site web de Libération ou du Monde qui se contentent de reproduire une dépêche d'agence sans aucun travail complémentaire - qui répercute une alerte lancée par des associations japonaises. Elles proclament avoir mesuré des quantités de césium alarmantes dans les sols de la cité, exigeant une évacuation au moins des femmes et des enfants dans la ville de Fukushima, à 60 kilomètres de la centrale accidentée, qui compte près de 300.000 habitants. Une telle évacuation serait donc une opération lourde, privant de leur logements, leur école, leur travail, leurs liens sociaux... de dizaines de milliers de personnes. Le risque sanitaire d'une telle évacuation n'est pas petit.

Les associations annonçaient des teneurs en césium radioactifs de 43.500 becquerels (un becquerel égale une désintégration par seconde) par kilo d'une matière non précisée dans la plupart des dépèches, articles de journaux et sites web. La norme légale japonaise est de 10.000 becquerels par kilo pour les matériaux (Pour mémoire, la radioactivité d'un kilo de granite utilisé pour une bordure de trottoir est de 1.000 becquerels par kilo, la radioactivité naturelle interne d'un adulte est de 10.000 becquerels.) La valeur annoncée par les associations est un maximum, les 2 autres valeurs les plus élevées étant de l'ordre de 20.000 becquerels par kilo.

Il a fallu que la municipalité de Fukushima réponde à cette demande d'évacuation pour que l'on apprenne que ce césium avait été mesuré non dans un sol de cour de récréation ou devant un arrêt de bus mais... dans la boue des égouts de la ville. Or, il est évident que la pluie a pu y concentrer des matières radioactives qui se fixent dans la boue du réseau. En tirer des conclusions générales pour les sols de la ville et pour une évacuation des populations n'est donc pas raisonnable.

La municipalité a donc dû repousser la demande d'évacuation à l'aide d'un argumentaire technique, et affirmer par son porte-prole «qu'une radioactivité élevée avait été détectée dans des égouts, dont l'accès avait depuis été condamné. La ville a remplacé le revêtement de sol des cours d'école, nettoyé les bâtiments scolaires et retiré la boue des égouts afin de protéger les enfants».

On peut comprendre que des associations de citoyens sincères s'inquiètent, se méfient d'un gouvernement ou d'autorités politiques locales et surtout des industriels. Elles peuvent donc conduire de mesures indépendantes de la radioactivité. Le problème survient lorsque le résultat de ces mesures est - délibérement ou non - traduit en terme de risque sanitaire de manière exagérée, ce qui conduit à des actions plus risquées que ce que représente la contamination mesurée.

Le paradoxe de ce type d'affaire est d'affaiblir la décision d'évacuation là où elle est nécessaire. Car des populations qui observent que des zones déclarées "à risque et devant être évacuées" par des associations auxquelles elles font confiance et qui ne le sont pas peuvent en arriver à douter de tout, y compris des décisions d'évacuation prises pour des régions où la frontière de la précaution est délicate à tracer entre rester et partir.

Ainsi, selon l'ACRO des mesures de contamination de sols dans la ville de Fukushima montrent des niveaux allant «jusqu'à 931 000 becquerels par mètre carré en césium ont été mesurés en un point par un universitaire de l'université de Kobe, ce qui en Biélorussie, conduirait à l'évacuation. En trois autres endroits, il y avait entre 326.000 and 384.000 becquerels par mètre carré.» Si ces mesures sont confirmées, il faudrait donc évacuer ou décontaminer en urgence ces lieux. A l'inverse, mesurer moins de 2 becquerels de césium radioactif par litre dans l'urine d'un individu - comme cela a été fait pour des enfants - ne signifie pas un niveau dangereux de contamination. Un enfant produit une radioactivité naturelle interne d'environ 4.000 becquerels.

Au dessus carte du niveau de contamination mesuré en dose subie pour les 12 mois après l'accident. Des zones d'évacuation complémentaires ont été décidées, dont certaines sont aussi éloignées de la centrale que les commune d'Itate ou de Date - mais cette dernière fait l'objet de controverses, les autorités locales affirmant vouloir décontaminer leur commune plutôt que d'évacuer).

Ce dilemme peut se mesurer à un exemple certes différent mais illustratif pris sur le site web de l'ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l'ouest) : «selon une enquête du Yomiuri, 77 personnes âgées qui ont dû évacuer leur maison de retraite sont décédées dans les 3 mois qui ont suivi la catastrophe. C'est 3 fois plus que les 25 décès enregistrés pendant la même période l'année précédente. Elles avaient entre 68 et 104 ans. Le Journal a contacté 15 établissements accueillant des personnes dépendantes dans la zone des 30 km autour de la centrale. 826 personnes ont été évacuées de 12 établissements.» Il est évident que les traumatismes et chocs de l'évacuation (donc, in fine, l'accident nucléaire qui ne doit pas être exonéré) sont responsables de ce pics de décès dans cette population fragile. Or, il n'est pas évident que le niveau de radioactivité de la zone dont ils ont été évacués aurait causé un tel résultat.

La population japonaise va devoir naviguer entre précautions nécessaires et excès de précautions durant de longs mois. L'angoisse inéluctable devant le danger invisible, inodore et insensible de la radioactivité peut faire des ravages. Un contact personnel avec une famille japonaise m'indique que lors de conversations des jeunes filles et garçons issus des zones aux alentours de la centrale accidentée commencent à dire qu'ils ne sont plus "mariables" parce que contaminés. Il y a là une référence aux survivants mais irradiés des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, longtemps soupçonnés - à tort ont conclu les médecins - de donner naissance à des enfants malformés.

Il n'est pas exclu qu'une mauvaise gestion des rumeurs, émotions, croyances et des manipulations délibérées des esprits fasse plus de mal à la santé psychique et physique des Japonais que l'effet direct des atomes radioactifs émis par la centrale dévastée... autrement dit que leur effet indirect - c'est bien l'accident nucléaire qui est in fine responsable même s'il ne faut pas exonérer de leur responsabilité ceux qui utiliseraient sciemment la manipulation des esprits pour des raisons commerciales, politiques ou idéologiques.

Par ailleurs, une étape importante a été franchie à la centrale nucléaire dévastée de Fukushima Dai-ichi. Avec la mise en route réussie de la station de décontamination des eaux radioactives, les Japonais peuvent désormais réutiliser cette eau pour refroidir les réacteurs accidentés et les piscines de stockage du combustible. Les quantités traitées chaque jour - environ 1000 tonnes, à 80% du débit théorique maximal de l'installation - permettent d'assurer les besoins quotidiens, plus le traitement d'environ 500 tonnes suplémentaires. Cela peut sembler beaucoup, mais il faut comparer ces 500 tonnes par jour aux plus de 100.000 tonnes d'eau radioactive accumulée dans les parties basses des réacteurs et qui doivent être pompées et décontaminées. Lorsque ce travail sera terminé, la libération des parties basses des bâtiments et des galeries souterraines va considérablement diminuer le niveau de radioactivité du site et la difficulté du travail des équipes.

L'installation de traitement des eaux est un "bricolage" réalisé en urgence qui utilise de matériels et compétences de l'américain Kurion, des français Areva et Veolia à côté des industriels japonais. Il consiste, après avoir pompé l'eau, à la débarrasser de ses huiles, graisses et boues. Puis de la faire passer par un premier piège à césium (Kurion) à base de filtres en zéolites. Puis par un second (Areva) dont le principe est la "co-précipitation" (en gros on met dans l'eau des molécules qui vont piéger le césium et couler avec lui au fond des cuves où le tout est récupéré). Enfin à dessaliniser l'eau car elle comporte une part d'eau de mer en raison du tsunami du 11 mars et de l'utilisation de l'eau de mer pour refroidir les réacteurs depuis l'accident jusqu'au 26 mars.

Par ailleurs, le nettoyage du site se poursuit, parfois à l'aide de robots comme dans le bâtiment du réacteur n°2 qui est, paradoxalement, le moins détruit en apparence mais en réalité le plus radioactif. Les matériaux pour la couverture des bâtiments par un dispositif qui y confinera la poussière radioactive arrivent sur le site.

Par ailleurs, je n'ai pas eu le temps de faire une note spéciale sur la partie "nucléaire" du rapport de l'Académie des sciences (voir cette note sur l'aspect séisme et tsunami). Il est ici. Il comporte plusieurs annexes interessantes. Son approche se résume par l'extrait suivant : «Ce sont les mécanismes démocratiques et non les experts qui doivent déterminer l’avenir de l’électricité nucléaire. Mais il faut pour cela que les enjeux et les diverses options dans leur ensemble soient clairement explicitées, en gardant au premier plan les exigences de sûreté, sans isoler l’industrie nucléaire des autres industries, sans oublier le contexte du changement climatique dans lequel ce débat doit avoir lieu.»

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