Catastrophe de Fukushima : l’angoissant périple du nuage
Où les substances radioactives qui s’échappent de la centrale nucléaire en perdition voyagent-elles? Cette question-là, tous les pays de la planète se la posent, y compris la France où l’on pourrait mesurer le passage du nuage ces prochains jours. Il n’y a pas de réponse unique de la part d’experts qui préfèrent utiliser le conditionnel. SUR LE MÊME SUJET
Japon : la situation en directLe récit des évènements de mercrediIl faut dire aussi que les données rendues publiques sont extrêmement parcellaires. « On ignore tout de la quantité de radioactivité rejetée dans l’environnement », observe-t-on à la Criirad (Commission de recherche indépendante sur la radioactivité). A en croire Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), il y aura, à terme, « une zone fortement contaminée, de l’ordre de 50 km, 60 km » autour des réacteurs de Fukushima, mais « il n’y aura pas de conséquences dramatiques ».
Il devrait rester dans l’hémisphère Nord
Le nuage a pris la direction du Pacifique Nord. Il devrait se diriger vers l’est, au gré des courants atmosphériques, poussé par des vents d’ouest. « Attention, ce n’est pas une trajectoire linéaire. Celle-ci peut être modifiée par des dépressions », prévient Jérôme Lecou, ingénieur prévisionniste chez Météo France. La pluie a aussi son mot à dire. « Les précipitations peuvent faire retomber les particules vers le sol, dans l’océan par exemple », précise-t-il. Les spécialistes estiment très peu probable une fuite des panaches contaminés de l’hémisphère Nord (là où se trouve le Japon) à l’hémisphère Sud (là où baignent les îles françaises de Polynésie ou la Nouvelle-Calédonie). La faute à l’équateur qui, grâce aux alizés, fait en quelque sorte office de frontière.
Saint-Pierre-et-Miquelon se prépare
Le nuage va, au cours de sa redoutable odyssée, se démultiplier en micropanaches sans pour autant que les substances radioactives disparaissent. Après avoir traversé les Etats-Unis ou le Canada, les résidus pourraient survoler Saint-Pierre-et-Miquelon, collectivité d’outre-mer de 6 000 habitants située à 25 km de l’île canadienne de Terre-Neuve et 5 000 km de Paris. Cet archipel de l’Atlantique serait ainsi le premier territoire français exposé aux particules en dispersion. Jean-Régis Borius, préfet de cet archipel, a annoncé hier que des pastilles d’iode avaient été commandées, tout en insistant sur l’absence de psychose au sein de la population. « Elle vaque normalement à ses occupations », rassure-t-il. Selon une autre hypothèse, le passage du nuage pourrait plutôt être ressenti du côté des Antilles. En fait, tout dépendra des conditions climatiques.
Dans l’Hexagone dès la semaine prochaine?
Selon Jean-Marc Peres, chef de service de surveillance de la radioactivité dans l’environnement à l’IRSN,
« il est fort probable que l’on détecte le passage du nuage à partir de la semaine prochaine sur notre territoire ». Il assure néanmoins qu’en raison du phénomène de dispersion et de dilution des particules, le danger pour notre santé est nul. « Le niveau de radioactivité sera en deçà du seuil nocif, c’est une certitude », répète-t-il. La ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, parvient à la même conclusion : « Si on va au bout du scénario catastrophe », l’accident nucléaire de Fukushima pourrait entraîner des retombées radioactives dans l’Hexagone, mais à des niveaux ne posant pas de « problème sanitaire ».
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