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Romandie News (http://www.romandie.com/infos/news2/110 ... 3e7qtv.asp)
Le casse-tête des Verts allemands et de leurs quatre réacteurs nucléaires
BERLIN - Pourfendre l'atome tout en gérant quatre réacteurs nucléaires: c'est le casse-tête des Verts allemands après une victoire électorale régionale qui leur confie les manettes d'un poids lourd de l'électricité, EnBW.
"Le terme +ironie de l'histoire+ a rarement été aussi bien illustré" qu'à propos du numéro trois allemand de l'énergie, commentait récemment le magazine allemand Focus.
Comme le résume le Financial Times Deutschland, "EnBW sans nucléaire c'est comme une voiture qui n'aurait que deux roues": le groupe doit plus de 50% de sa production d'électricité à ses réacteurs nucléaires.
C'est donc du producteur d'énergie d'Allemagne le plus dépendant du nucléaire qu'ont hérité les Verts dimanche en arrachant l'Etat régional du Bade-Wurtemberg à la CDU d'Angela Merkel qui y régnait depuis 58 ans.
Le parti écologiste gouvernera avec le soutien des sociaux-démocrates.
Le futur chef écologiste du gouvernement régional, Winfried Kretschmann, a déjà assuré vouloir "sortir (EnBW) au plus vite du nucléaire", conformément à la ligne de son parti.
D'une certaine manière, le gouvernement de Mme Merkel lui a donné un coup de pouce en décidant de mettre à l'arrêt forcé les plus vieux réacteurs d'Allemagne pour une durée de trois mois, suite à la catastrophe de Fukushima.
Cette décision s'applique à deux des quatre réacteurs nucléaires d'EnBW.
L'entreprise a d'ores et déjà assuré que l'un au moins de ces deux réacteurs ne serait pas remis en route, faute d'être rentable. Quant à l'autre, sa remise en service est très incertaine.
Si les Verts héritent donc d'une entreprise en partie délestée de l'atome, ils se seraient pourtant certainement bien passés de ce cadeau empoisonné, dont le précédent gouvernement régional conservateur avait acquis 45% auprès du français EDF en décembre.
Ce rachat avait été interprété comme une manoeuvre visant à tranquilliser l'électorat local, en forçant la main de l'actionnaire français avant qu'il ne soit tenté par exemple de céder sa part à un investisseur privé. Une manoeuvre qui n'a pas convaincu.
Difficulté supplémentaire: la coalition verte et rouge doit partager le pouvoir au sein d'EnBW avec un syndicat de communes, également actionnaire à 45% et proche du parti conservateur CDU. Donc plus favorable à l'atome.
Selon la presse toutefois, les deux actionnaires vont travailler main dans la main, au moins jusqu'à la constitution définitive du gouvernement régional, en mai. Un répit bienvenu pour le parti écologiste qui, avec EnBW, a l'occasion de passer de l'idéologie aux travaux pratiques.
M. Kretschmann a déjà assuré vouloir convertir totalement l'entreprise aux énergies renouvelables.
Le projet est ambitieux, alors que le pourcentage des énergies vertes dans la production d'électricité d'EnBW est aujourd'hui à peine supérieur à 10%.
D'autant que ce chiffre n'est pas le résultat d'une stratégie visionnaire de développement dans l'éolien et le solaire mais provient en grande partie des vieilles centrales hydrauliques d'EnBW, dont l'une date de ... 1898.
Alors que la conversion prendra des années, la sortie du nucléaire d'EnBW, même partielle, pose dès aujourd'hui des problèmes financiers aux nouveaux maîtres du Bade-Wurtemberg.
Leurs prédécesseurs, qui ont déboursé 4,7 milliards d'euros pour acquérir 45% d'EnBW, avait en effet prévu de financer cette acquisition en encaissant des dividendes de l'entreprise.
Or ces dividendes risquent de fondre comme neige au soleil sans l'apport des réacteurs nucléaires.
EDF
(©AFP / 01 avril 2011)