Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par krolik » 05 avr. 2011, 12:17

Une association internationale.. Ils nous refont l'Anschluss..
@+
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_nu ... id=5888903

Nucléaire: SPD et SPÖ d'accord pour un référendum européen
Mis à jour le lundi 4 avril 2011

Les sociaux-démocrates allemands (SPD), dans l'opposition, et autrichiens (SPÖ), au pouvoir, se sont mis d'accord pour promouvoir un référendum dans l'Union européenne sur l'abandon du nucléaire après la catastrophe de la centrale atomique de Fukushuma, au Japon.

A l'issue d'un dîner de travail dimanche soir à Vienne avec le président du SPD, Sigmar Gabriel, le chancelier social-démocrate autrichien Werner Faymann a indiqué que les deux partis voulaient également gagner les écologistes et des organisations non-gouvernementales (ONG) à l'idée d'un référendum: "Ce qui est important c'est l'objectif de sortie du nucléaire et c'est pourquoi il est important de trouver des alliés, les organisations non-gouvernementales devant joueur un rôle important", a-il déclaré au quotidien Österreich à paraître lundi.

Parmi les ONG qui pourraient être contactées figurent notamment Greenpeace et Global-2000, indique-t-on de source proche du SPÖ.

A l'initiative des deux partis de gauche, l'initiative citoyenne pour un référendum dans l'Union européenne sur le nucléaire pourrait démarrer en 2012.

Ce type d'initiative citoyenne en vue d'un référendum est possible depuis le Traité de Lisbonne, signé en 2009: des citoyens de l'UE peuvent ainsi saisir directement la Commission européenne, s'ils arrivent à réunir un million de signatures dans au moins neuf des 27 pays de l'Union européenne.

Parmi les autres sujets de discussion au menu du dîner des deux dirigeants sociaux-démocrates figuraient aussi le "Pacte pour l'euro", adopté au dernier sommet de l'UE, et la création d'une taxe sur les transactions financières.


Belga




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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par FOWLER » 05 avr. 2011, 12:44

krolik a écrit :
FOWLER a écrit :Tu marches aussi au plafond, c'est juste le moyen d'en arriver là qui diffère, la chute elle, sera la même.

C'est pas pour rien que la structure dont je m'occupe depuis près de vingt ans s'appelle "les pieds sur terre" ;)
Il n'empêche que prendre des décisions sans rien connaître au nucléaire, la physique de base et la biologie.. c'est marcher au plafond et jouer à l'éléphant dans un magasin de porcelaine.
@+
Va falloir choisir une image simple, parce qu'un éléphant qui marche au plafond dans un magasin de porcelaines, pour peu qu'il soit rose, ça devient compliqué pour les prolétaires intelectuels... 8-[
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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par FOWLER » 06 avr. 2011, 14:25

Un peu de philo pour Mr Krolik, mais sans hors sujet.

Notre perception n’est pas à la hauteur de ce que nous produisons
“Je compris aussitôt, dès le 7 août probablement, soit un jour après Hiroshima et deux jours avant Nagasaki, que le 6 août était le premier jour à partir duquel l’humanité était devenue capable, de manière irréversible, de s’exterminer elle-même. Seulement, il m’a fallu des années avant d’oser me mettre devant une feuille de papier, pour remplir cette tâche qui était de rendre concevable ce que nous — par ce « nous », j’entendais l’humanité — étions alors capable de produire. Je me souviens : c’est en Nouvelle-Angleterre, quelque part du côté du Mont Washington, que j’ai essayé pour la première fois. Je suis resté assis des heures entières sous un noyer, la gorge nouée, devant ma feuille de papier, incapable d’écrire un seul mot. La deuxième fois — c’était en Europe, déjà, probablement en 1950 ou 51 — je crois que j’y suis arrivé. Ce qui a pris forme là était le chapitre de Die Antiquiertheit des Menschen [L’Obsolescence de l’homme] sur les « Racines de notre aveuglement face à l’Apocalypse » et sur le décalage [Diskrepanz] entre ce que nous sommes capables de produire [herstellen] et ce que nous sommes capables d’imaginer [vorstellen]. Aujourd’hui encore, je pense que j’ai effectivement dépeint, en soulignant ce décalage, la conditio humana de notre siècle et de tous les siècles à venir pour autant qu’ils nous soient encore accordés ; et que l’immoralité ou la faute, aujourd’hui, ne réside ni dans la sensualité ou l’infidélité, ni dans la malhonnêteté ou l’immoralité, ni même dans l’exploitation, mais dans le manque d’imagination [Phantasie]. Au contraire, aujourd’hui, notre premier postulat doit être : élargis les limites de ton imagination pour savoir ce que tu fais. Ceci est d’ailleurs d’autant plus nécessaire que notre perception n’est pas à la hauteur de ce que nous produisons : comme ils ont l’air inoffensif, ces bidons de Zyklon B — je les ai vus à Auschwitz — avec lesquels on a supprimé des millions de gens ! Et un réacteur atomique, comme il a l’air débonnaire, avec son toit en forme de coupole ! Même si l’imagination seule reste insuffisante, entraînée de façon consciente elle saisit [nimmt] infiniment plus de « vérité » [mehr « Wahr »] que la perception [Wahrnehmung]. Pour être à la hauteur de l’empirique, justement, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, il nous faut mobiliser notre imagination. C’est elle la « perception » d’aujourd’hui.
Günther Anders, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? Entretien avec Mathias Greffath, 1977, traduit de l’allemand par Christophe David, éditions Allia, 2004.
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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par Jeuf » 06 avr. 2011, 15:15

Entendu en conférence et de mémoire :
Le même Anders a échangé quelques lettres avec le pilote qui lâcha la bombe sur Hiroshima. Il raconte par ailleurs que, décollant en avion, il voit des gens tout en bas. Les gens sont tout petits : des foumis, des points. Alors il admet ceci : "moi aussi, j'aurai pu lâcher la bombe".
Quand la perception d'un autre humain est ainsi : c'est un point sur la carte, sur le panel de contrôle, alors on peux effacer les points en question.

Concernant l'imagination : celle qui fut son amie , Annah Arendt, dans son analyse sur "Le système totalitaire", indique quelque chose comme ceci : les camps d'extermination, avant leur mise à jour, n'était simplement pas imaginable. Rares sont ceux, chez les alliés, ou les résistant, ou les juifs en sursis, en camp de transit, qui pouvaient concevoir que le plus affreux sort puisse être réservé (la mise à mort immédiate de masse de civils). Qui avaient la conviction ferme que cela se passait ainsi. C'était trop énorme pour être possible, donc c'était impossible . Car ce qui a été produit dépassait ce qui pouvait être imaginé. Cette impossibilité supposée contribuait à protéger les nazis d'une divulgation de l'information sur ces camps.


Ma contribution au chapitre philo introduit ici...

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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par krolik » 06 avr. 2011, 15:44

FOWLER a écrit :Un peu de philo pour Mr Krolik, mais sans hors sujet.

Notre perception n’est pas à la hauteur de ce que nous produisons
“Je compris aussitôt, dès le 7 août probablement, soit un jour après Hiroshima et deux jours avant Nagasaki, que le 6 août était le premier jour à partir duquel l’humanité était devenue capable, de manière irréversible, de s’exterminer elle-même. Seulement, il m’a fallu des années avant d’oser me mettre devant une feuille de papier, pour remplir cette tâche qui était de rendre concevable ce que nous — par ce « nous », j’entendais l’humanité — étions alors capable de produire. Je me souviens : c’est en Nouvelle-Angleterre, quelque part du côté du Mont Washington, que j’ai essayé pour la première fois. Je suis resté assis des heures entières sous un noyer, la gorge nouée, devant ma feuille de papier, incapable d’écrire un seul mot. La deuxième fois — c’était en Europe, déjà, probablement en 1950 ou 51 — je crois que j’y suis arrivé. Ce qui a pris forme là était le chapitre de Die Antiquiertheit des Menschen [L’Obsolescence de l’homme] sur les « Racines de notre aveuglement face à l’Apocalypse » et sur le décalage [Diskrepanz] entre ce que nous sommes capables de produire [herstellen] et ce que nous sommes capables d’imaginer [vorstellen]. Aujourd’hui encore, je pense que j’ai effectivement dépeint, en soulignant ce décalage, la conditio humana de notre siècle et de tous les siècles à venir pour autant qu’ils nous soient encore accordés ; et que l’immoralité ou la faute, aujourd’hui, ne réside ni dans la sensualité ou l’infidélité, ni dans la malhonnêteté ou l’immoralité, ni même dans l’exploitation, mais dans le manque d’imagination [Phantasie]. Au contraire, aujourd’hui, notre premier postulat doit être : élargis les limites de ton imagination pour savoir ce que tu fais. Ceci est d’ailleurs d’autant plus nécessaire que notre perception n’est pas à la hauteur de ce que nous produisons : comme ils ont l’air inoffensif, ces bidons de Zyklon B — je les ai vus à Auschwitz — avec lesquels on a supprimé des millions de gens ! Et un réacteur atomique, comme il a l’air débonnaire, avec son toit en forme de coupole ! Même si l’imagination seule reste insuffisante, entraînée de façon consciente elle saisit [nimmt] infiniment plus de « vérité » [mehr « Wahr »] que la perception [Wahrnehmung]. Pour être à la hauteur de l’empirique, justement, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, il nous faut mobiliser notre imagination. C’est elle la « perception » d’aujourd’hui.
Günther Anders, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? Entretien avec Mathias Greffath, 1977, traduit de l’allemand par Christophe David, éditions Allia, 2004.
Décidément on n'est pas fait pour se comprendre, je vous parle de choses pratiques et vous me répondez philosphie décalée.
- vous mélangez le nucléaire civil et le militaire, un grand must des antinucs. Fut une époque vers 1960 où l'on se savait pas pourquoi on n'était pas tous déjà "grillés" ???
- Et puiis la frousse du nucléaire militaire est passée au second plan, mais pendant ce temps les militaires ont bossé pour sortir du nucléaire au sens strict. mais ils ont rouvé des matériels de remplacement comme ici :
http://www.dailymotion.com/video/x815xt ... -moab_tech aussi efficace qu'a Hiroshima et pas un poil de radiation.
On peut faire aussi du nucléaire sans aucune retombée rémanente, par décroissance accélérée d'un isomère de l'hafnium, le 178m2. On part de l'hafnium terre rare, pour arriver à l'hafnium toujours une terre, donc non polluante, mais au passage on a libéré une énergie digne d'une fission sous forme de gammas à tout griller. Il se trouve que je connais un peu le preoblème tant du côté américain que du côté russe.. ils y bossent encore.
On peut aussi être inventif dans le domaine sur la façon d'exterminer son prochain collectif. La toxine botulique , ou même plus écolo l'aflatoxine B ont des efficacités supérieures à celle attribuée au plutonium, il suffit de les avaler ce qui est plus facile que de les faire respirer.
Et puis il y a ddes autres solutions

Donc votre page philosophico mélancolique qui sort des poncifs sur ce sujet est à revoir à la lumière de l'évolution des temps.. Hiroshima c'était une autre époque..

mais vous devriez tout de même étudier un peu de physique et biologie au passage..
@+

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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par Flora » 06 avr. 2011, 16:00

krolik a écrit :
Décidément on n'est pas fait pour se comprendre, je vous parle de choses pratiques et vous me répondez philosophie décalée.
(...)
Donc votre page philosophico mélancolique qui sort des poncifs sur ce sujet est à revoir à la lumière de l'évolution des temps.. Hiroshima c'était une autre époque..

mais vous devriez tout de même étudier un peu de physique et biologie au passage..
@+
hélas le malheur de notre temps c'est justement, surtout, que les physiciens et autres spécialistes de sciences dures n'étudient pas plus de philosophie et de sciences humaines....
le fait de dire par exemple "philosophie décalée" (un pléonasme selon vous, sans doute ?) en est un triste symptôme.
:cry:

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Message par krolik » 06 avr. 2011, 16:31

Flora a écrit :hélas le malheur de notre temps c'est justement, surtout, que les physiciens et autres spécialistes de sciences dures n'étudient pas plus de philosophie et de sciences humaines....
le fait de dire par exemple "philosophie décalée" (un pléonasme selon vous, sans doute ?) en est un triste symptôme.
:cry:
Oh non pas de pléonasme, le morceau d'architecture donné en copier-coller du blog de paul Jorion est un morceau "de circonstance" d'un espace de temps très court, une trentaine d'années. Et le morceau est décalé par rapport à l'évolution du temps. C'est de la philosophie de pacotille.
ceci mis à part, je peux toujours parler au lave-linge pour qu'il se mette en route sans électricité, il suffit que je sois philosophe convaincant..
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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par Jeuf » 06 avr. 2011, 17:14

vous mélangez le nucléaire civil et le militaire,
Il n'était nullement question ici, je pense (du moins pour la part de mon propos, citant aussi Anders), de faire cet amalgame, ni de dénoncer le nucléaire militaire.

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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par Flora » 06 avr. 2011, 17:20

krolik a écrit :Oh non pas de pléonasme, le morceau d'architecture donné en copier-coller du blog de paul Jorion est un morceau "de circonstance" d'un espace de temps très court, une trentaine d'années. Et le morceau est décalé par rapport à l'évolution du temps. C'est de la philosophie de pacotille.
et philosopher sur Auschwitz (hum, :? désolée pour le point G, mais ce cas est cité dans le texte proposé par Fowler), enfin sur la Shoah, autre événement mineur qui n'a concerné qu'un espace de temps encore plus court, une dizaine d'années au plus dans le 20è siècle, c'est dépassé, c'est aussi de la philosophie de pacotille sans doute....
ceci mis à part, je peux toujours parler au lave-linge pour qu'il se mette en route sans électricité, il suffit que je sois philosophe convaincant..
ça par contre, c'est un argument en béton !! :roll:
je me suis un peu trompée : eh bien si, finalement, en cours de philo au moins vous n'avez pas dû manquer les sophistes.....

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Message par krolik » 06 avr. 2011, 17:58

Flora a écrit :et philosopher sur Auschwitz (hum, :? désolée pour le point G, mais ce cas est cité dans le texte proposé par Fowler), enfin sur la Shoah, autre événement mineur qui n'a concerné qu'un espace de temps encore plus court, une dizaine d'années au plus dans le 20è siècle, c'est dépassé, c'est aussi de la philosophie de pacotille sans doute....
Mais qu'est-ce que vient faire la Shoah dans ce problème??
Attaquer un parallèle sur la Shoah ou Hitler, ce qui sont des sujets très proches l'in de l'autre, c'est gagner un point Godwin sur le net.
Félicitations; Fowler et vous avez gagné un point. J'avais évité de mettre l'accent là-dessus pour ne pas tomber dans les tréfonds de la pensée de Mme Michu.
Mais vous, c'est de bon coeur ! Vous avez bien mérité votre point.

Allez, un petit effort et vous nous allez nous sortir la panoplie habituelle : les OGM, le sang contaminé, la vache folle, l'amiante..mais vous pourriez attaquer le nucléaire médical dans un périmètre plus restreint plus proche du sujet.

@+

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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par FOWLER » 06 avr. 2011, 18:06

Krolik dit "" je vous parle de choses pratiques et vous me répondez philosphie décalée""

Mais puisque nous nous tuons à te dire que "nucléaire ou pas" n'est PAS une question technique.

(c'est beaucoup trop sérieux pour être laissé à des ingénieurs !)

http://www.dailymotion.com/video/xhtrev ... byl-y_news
Dernière modification par FOWLER le 06 avr. 2011, 18:14, modifié 1 fois.
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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par FOWLER » 06 avr. 2011, 18:13

Krolik, encore un exemple tout simple :

Malgré tout les sysmographes, les experts de tout poils, et la technologie omniprésente dans un pays au top en matière d'alerte, de simples chats ont pu sentir venir le séisme et mettre leur vie à l'abri mieux que les hommes.

Cette capacité à percevoir, nous l'avons eu, ou du moins nos ancêtres l'ont eu (même les tiens, si si) et la frénésie de couper le monde en tranche pour le comprendre nous en éloigne chaque jour un peu plus. C'est pas non plus la technologie qui bouchera ce trou.

Je ne dis pas que je suis resté un sioux, pur et en contact avec l'esprit de la Terre, mais je suis persuadé qu'une calculatrice ou des cours du soir au CNAM ne sont pas des outils qui permettent de dégager une perception universelle du monde, mais seulement parcellaire. Mais une fois qu'on a mis au point une méthode d'analyse, on CROIT que l'on sait, c'est ça, le problème.

N'importe quel prolétaire intelectuel comme tu dis, mais qui sait qu'il ne sait pas, en sait plus que toi : c'est ça qui te fais mal.
Dernière modification par FOWLER le 06 avr. 2011, 20:51, modifié 1 fois.
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Message par krolik » 06 avr. 2011, 19:12


Je suis allé voir le clip..
Bon clip antinuc classique avec de la musique, des phrases sorties de leurs contextes..
Enfin quelque chose du style "Les Experts" pour asser dans les médias, ce qui n'a rien à voir avec la police scientifique..
Est-ce que votre capacité déclarée omnisciente d'appréhender la globalité ne tiendrait pas seulement à votre faculté de raisonner "par les tripes" ???

Perso je ne suis absolument pas omniscient. J'évite absolument de m'aventurer sur des terrains que je ne connais pas, chacun sa paroisse..
Oh, les chats détectants les prémices d'un tremblement de terre.; Il y a eu des Grecs qui avait fait des études très prometteuses sur des courants telluriques préalables à un séisme, quelque chose qui aurait pu résider dans un effet piézo-électrique. Mais franchement toutes les vérifications faites par d'autres n'ont pas donné les résultats escomptés malheureusement.
N'importe quel prolétaire intelectuel comme tu dis, mais qui sait qu'il ne sait pas, en sait plus que toi : c'est ça qui te fais mal.
Mais plus on avance dans la connaissance plus on sait que l'on ne sait pas, d'ailleurs je crois que tous les participants qui ont une formation scientifique sur ce forum pourront le confirmer.
Et franchement je n'ai pas mal nulle part.. !!!
Vous en tenez pour la dictature du prolétariat...ou tout au moins pour un raisonnament qui avait mené justement à cette dictature du prolétariat...
C'est votre problème, mais sachez qu'il y a de ça de là quelques opposants;; qui ont quelques raisons historiques, mais on va me sortir que c'est un sophisme..

Et il faut remettre en état les lavoirs..

Au passage, félicitations pour votre point Goodwin obtenu avec votre supporter!
@+

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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par krolik » 07 avr. 2011, 00:17

Un commentaire intéressant sur le site des Imposteurs.
http://imposteurs.over-blog.com/article ... 20507.html


@+
Afp 03 Avril 2011

Japon: deux employés de Tepco retrouvés morts à la centrale de Fukushima.

Personne n’ignore que beaucoup d’autres liquidateurs de Fukushima risquent leur vie, dans l’immédiat, tels ces 20 liquidateurs qui ont reçu en un jour une dose de radiation dépassant la limite annuelle, et d’autres à plus long terme. Le moins qu’on puisse remarquer est qu’au moins ces morts- là ne risquent pas d’être banalisées. A nos longitudes, on ne parle presque plus des milliers de morts et de disparus emportés par le séisme ou le tsunami , dont les conséquences ont été jusqu’à preuve du contraire infiniment plus meurtrières et dévastatrices que l’accident nucléaire.

Il ne s’agit pas de minimiser la gravité ni les conséquences de celui-ci, mais de les ramener à leur juste proportion dans le drame qui touche un pays.
Que des interrogations soient soulevées à la suite de cet accident nucléaire est inévitable : c’est paradoxalement à cause du caractère exceptionnel de l’événement que le doute qu’il soulève est si fort. La banalité des catastrophes minières (si lointaines et désormais abstraites pour une grande partie des européens) n’émeut malheureusement pas grand monde.

Cela peut-il arriver « chez nous » ? Quelles conséquences ? Pourrait-on se passer du nucléaire ? Les réacteurs de la 3ème génération et ceux de la 4ème génération qui entreront en service dans une vingtaine d’années sont-ils vraiment aussi sûrs qu’on nous les vend ? La fusion nucléaire a-t-elle un avenir ?

Autant de questions auxquelles beaucoup de gens attendent une réponse. Un débat public et contradictoire sur le nucléaire, serait encore la meilleure réponse à ceux qui profitent de la situation japonaise et cherchent à gagner du temps: ceux qui se sont empressés de manifester en France et dans de nombreuses capitales européennes veulent-ils vraiment un débat, ou cherchent-ils seulement profiter du laps de temps pendant lequel l’émotion et la peur suscitées par ce qui se passe au Japon l’emporte sur l’analyse et la raison ?
Au moins certains y mettent-ils la forme démocratique, réclamant un référendum, tels EELV. C’est là qu’une chronique de Stéphane Lhomme, parue dans l’organe du NPA, prend toute sa saveur.

Sortie du nucléaire : le piège du référendum

Quelqu’un qui ignore le fonctionnement de ce genre de personnage penserait sans doute à un poisson d’avril, si la date indiquée par le site ne démentait pas cette hypothèse. Détrompez-vous, cette analyse échevelée est tout sauf une plaisanterie.

Deux sondages parus sur le nucléaire affichent des résultats contradictoires. Il paraît assez vraisemblable que celui commandé par EELV , prenant en compte des délais de sortie du nucléaire reflète mieux l’opinion émotionnelle du moment. Mais rien ne garantit qu’à l’issu d’un véritable débat public donnerait dans quelques mois ou quelques années le même résultat. Le grand démocrate qu’est Lhomme le sait : le risque d’un référendum, c’est que les gens votent « mal », entendez par là que les « anti » n’aient pas forcément les ressources argumentaires pour convaincre les sceptiques ou conserver le bénéfice de l’opinion des convaincus qu’il faut sortir du nucléaire. Dans cette optique, un référendum serait un « piège ».

Exactement la logique tordue des anti-nanotechnologies qui dénoncent leur « caractère totalitaire », mais empêchent physiquement la tenue de débats publics, forcément « truqués » .



Lhomme sait, à l’inverse des masses qui votent, ce qui est bon pour elles. Pourquoi, dans ces conditions, s’embarrasser d’un débat contradictoire ? «Le nucléaire a été imposé en France sans référendum, alors pourquoi en faudrait-il un pour décider de sortir du nucléaire ? ». Notons que la notion d’imposer évoque la contrainte : à part une petite minorité d’activistes et les inévitables « riverainistes » (2) , il n’apparaît pas évident que les gens aient perçu le développement du nucléaire comme une contrainte. Mais ce qui est hallucinant, c’est que l’absence d’un référendum, à l’époque du développement semble justifier aux yeux de Lhomme son droit à imposer la sortie du nucléaire. L’opinion de quelques activistes « éclairés » ne vaut-elle pas davantage que celles de quelques dizaines de millions de personnes influençables ?

Car Lhomme ne sait pas seulement qu’il faut sortir du nucléaire, il connaît la psychologie des masses ( n’est-il pas sociologue de formation, c’est vous dire s’il connaît l’être humain…), et échafaude toute une série de raisonnements tordus qu’ils tiendraient face à telle ou telle question . Espérons de notre côté que les masses en question aient un peu plus de logique que Lhomme…



« D’abord, il y a nucléaire et nucléaire : production d’électricité, armes atomiques, nucléaire médical. »….
C’est en effet bien différent , mais lorsque Lhomme parle de sortir du nucléaire, cela veut dire nucléaire ou nucléaire ?



Vous l’aurez compris, Lhomme est contre le nucléaire civil et nucléaire, n’hésitant pas à faire dans la dentelle : « de nombreux citoyens sont à la fois contre le nucléaire militaire et le nucléaire dit « civil », du fait de leur égale dangerosité mais aussi de leur évidente imbrication. ».

Si l’imbrication des deux est réelle pour des raisons techniques, l’équation Fukushima= Hiroshima est d’une bêtise insoutenable. Mais quand il s’agit de discuter du mérite respectif de distinguer les formes de nucléaire ou de les confondre dans la question d’un référendum, la dialectique lhommienne devient d’une subtilité inouïe: Les confondre, c’est un piège , les distinguer, c’est un piège aussi ! …. Brille-Babil n’aurait fait mieux.

« la question est « Êtes-vous pour la sortie du nucléaire ? », les atomistes auront beau jeu de dénoncer le désarmement unilatéral de la France (ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, mais en l’occurrence cela ferait perdre des chances de succès au référendum) » .

On imagine mal le gouvernement « pro-nucléaire » (3) poser une telle question indifférenciée sur le nucléaire, mais notons que Lhomme invente le concept d’atomisme : A ses yeux, on ne pourrait donc pas à être pro-nucléaire civil et contre la bombe atomique ! Toujours le bon vieux « complexe militaro-industriel »…

« Il faudrait donc que la question soit « Êtes-vous pour la production d’électricité par des centrales nucléaires ? ». Mais, même si le gouvernement se rangeait à cette précision de bon sens, loin d’être écartés, les problèmes commenceraient au contraire à s’accumuler. » .
Lhomme met dans le même sac les « atomistes » et considère nucléaire militaire et civil comme également dangereux, mais trouve cette précision « de bon sens » : cherchez l’erreur.

« En effet, avec vice, le gouvernement poserait alors assurément la question inverse : « Êtes-vous contre la production d’électricité par des centrales nucléaires ? ». En effet, c’est reconnu, il est psychologiquement plus facile de ne pas être pour que d’être contre. Cela ne changerait rien bien entendu pour ceux dont la religion est faite, dans un sens ou dans l’autre. Mais quid des indécis ? ».

Fin connaisseur de la psychologie et du vice des hommes politiques, ce Lhomme. Il a déjà formulé la question que le gouvernement poserait, « assurément ».



« Par ailleurs, de nombreux citoyens sont à la fois contre le nucléaire militaire et le nucléaire dit « civil », du fait de leur égale dangerosité mais aussi de leur évidente imbrication. Il est clair que beaucoup de ces gens, considérant que la question posée reviendrait par défaut à avaliser le nucléaire militaire, voteraient blanc au lieu de voter contre. »

C’est à se demander si le panache radioactif ne s’est pas arrêté au-dessus de Bordeaux , entrainant chez certains militants des séquelles irréversibles. Résumons cette petite perle : les gens qui sont à la fois contre le nucléaire militaire et civil s’abstiendraient lors d’une question sur les centrales nucléaires, car voter contre le nucléaire civil reviendrait à cautionner le militaire. Celle-là, il fallait vraiment la trouver !



« Ensuite, il est improbable que la question posée évoque la sortie du nucléaire… sans préciser la durée de ce processus. C’est d’ailleurs là que le gouvernement jouerait sur du velours : s’il propose une sortie rapide, mettons en 10 ans maximum, de nombreux citoyens voteront contre, craignant la pénurie et les restrictions… dont le gouvernent lui-même agiterait le spectre.» .

C’est peut-être le seul raisonnement par procuration à peu près intelligent dans ce gloubi-boulga… A condition que la sortie en 10 ans soit posée par le gouvernement, exprès pour obtenir un rejet. Diaboliquement habile , ce gouvernement. On ne s’en était vraiment pas rendu compte.

Mais le fait est que si la question était posée ainsi, le « spectre » de la pénurie dans un pays dépendant à près de 80% du nucléaire pour produire son électricité n’a rien d’un simple fantasme.

« Si la question évoque une durée plus longue (20 ans, 30 ans), les voix de nombreux opposants se transformeront en votes blancs ou en abstentions : comment accepter que les réacteurs actuels, déjà vieillissants, continuent à fonctionner aussi longtemps, aggravant le risque de catastrophe ? Car, faut-il le rappeler, l’objectif est de fermer les réacteurs pour éviter un désastre tel que celui qui frappe aujourd’hui le Japon. ».

Mettons nous dans la tête d’un anti-nucléaire pas borné (nous supposons qu’il en existe), et qui pense possible et souhaitable de sortir immédiatement du nucléaire. Préférerait-il s’abstenir, favorisant ainsi le maintien à la long terme dans le nucléaire plutôt qu’une sortie programmée du nucléaire, quoiqu’ à une échéance plus lointaine ? Tous les anti-nucléaires raisonnent-ils à la manière de Lhomme, c’est-à-dire comme des pieds ?

Après ce beau tricotage d’inepties, on comprend en fait que le seul avis autorisé est celui de Stéphane Lhomme : Les débats seraient biaisés, les questions du référendum forcément pipées. Car non seulement qui dit débat dit l’expression des « pro », (quelle horreur, la démocratie !) mais aussi des faux « anti » , alors pourquoi ne pas s’en remettre à l’avis du seul individu sachant ?



« Imaginons naïvement que, devant de puissantes protestations face à un tel déni de démocratie, le gouvernement consente à donner du temps d’antenne aux associations. Il ne faut pas croire que ce serait enfin la parole aux antinucléaires. D’abord, le temps ne serait même pas partagé en deux, moitié pour les « pros », moitié pour les « antis ». En effet, d’autres organisations entreraient dans la danse, par exemple des associations de consommateurs.

Or, ces dernières années, la très médiatique UFC-Que choisir a pris des positions clairement favorables à l’atome, prétendant à tort que l’électricité nucléaire serait bon marché. On peut craindre aussi que, parmi les organismes « neutres », la parole soit donnée par exemple à la très réactionnaire Académie de médecine qui, tenez vous bien, a officiellement pris position pour le nucléaire… au nom de la santé !



Finalement, le temps d’antenne offert aux antinucléaires serait très restreint. Mais il y a encore pire : de quels « antinucléaires » s’agirait-il ? Il est fort improbable que, par exemple, l’auteur du présent texte soit invité à s’exprimer. A sa place, la position « antinucléaire » serait occupée par de véritables imposteurs comme l’ « hélicologiste » Arthus-Bertrand, ou des personnages ambigus comme Nicolas Hulot qui ne s’est jamais engagé contre le nucléaire avant le drame japonais et qui, depuis, évoque une vague et lointaine sortie de l’atome. »
C’est lui qui parle de déni de démocratie …

Nos lecteurs connaissent assez bien l’ opinion négative que nous avons de l’hélicologiste ou de Hulot. Mais en quoi la légitimité de Lhomme, qui ne représente à peu près que lui-même depuis que le réseau Sortir du nucléaire l’a évincé (4), serait-elle supérieure à celle de ces individus ? Notons au passage que Lhomme est un faux modeste , car son expression dans les médias dépasse très largement sa représentativité : comme il le mentionne lui-même , à propos de la catastrophe nucléaire au Japon , l'Observatoire du nucléaire a donné des interviews à : AFP, Reuters, France info, France inter, RTL, RMC, France bleu, Europe1, LCI, France 2, France3, ITV, BFM-TV, M6, France 24, TV5 Monde, JDD, Le Parisien, 20minutes, France soir, Témoignage chrétien, Le Point, L'Express, etc, ainsi que de nombreux médias régionaux et étrangers.

Pour un paria qu’on inviterait certainement pas à s’exprimer, reconnaissons qu’il se débrouille sacrément bien. Il faut dire que lorsqu’on évoque sans le moindre scrupule « des millions de japonais [qui] n’auront pas encore développé les cancers qui leurs sont assurément promis », on est sûr de trouver des oreilles complaisantes. Le culot, ça paie toujours.

Toute cette bouillie dialectique n’était pas un canular , hélas. Lhomme croit vraiment à ses délires et, d’enfoncer le clou : « Enfin, il ne faut pas oublier que le nucléaire a été imposé en France sans référendum : pourquoi en faudrait-il un pour sortir du nucléaire ? Ou plutôt pour ne pas en sortir, tant un tel scrutin serait faussé… ».

Reste à savoir par quels moyens ce genre d’individus entend déjouer le « piège » du débat et d’un scrutin démocratique pour imposer la sortie du nucléaire ?

Anton Suwałki

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Re: Anti-nucléaires vs. pro-nucléaires

Message par krolik » 07 avr. 2011, 01:49

Un avis assez réaliste de Michel Serres.
@+
Serres: "Nous sommes à la fin d'une ère"

http://www.lejdd.fr/International/Actua ... itemapnews

Ce Gascon de 80 ans est incroyable. Célèbre au Japon avant d’être connu en France, professeur à Stanford en Californie et académicien, il promène sur le monde son regard d’éternel jeune homme. À contre-courant. Comme le Sphinx, qui avait sa question fétiche pour ses visiteurs ("Quel est l’animal qui marche à quatre, puis deux puis trois pattes?"), le malicieux Michel Serres a la sienne: "Quel est l’événement le plus important du XXe siècle?" Le Sphinx s’était jeté de la falaise après la bonne réponse d’Œdipe. Michel Serres, à ce jour, n’est tombé sur personne qui trouve "sa" bonne réponse*. Heureusement! Et puis au lieu de dévorer les ignorants de passage, comme le faisait l’animal grec, notre animal gascon les instruits. Enfin, il tente, le bougre…


Le Japon donne un spectacle de fin du monde. . . Est-elle pour bientôt?
Il y a déjà eu cinq grandes catastrophes, il y a des millions d’années, qui ont éradiqué entre 90 et 95% du vivant. Elles étaient consécutives à des chutes de météorites ou à des volcans. Nous sommes certainement nés d’une de celles-là. La Terre elle-même est née comme cela, de plusieurs météorites qui ont choqué! Notre planète est à la fois une catastrophe et une naissance. Des séismes comme celui du Japon, il y en a déjà eu beaucoup. Ce n’est donc pas la sixième fin du monde…

Vous avez déclaré que "tout écologiste sérieux devrait être pour le nucléaire"... Maintenez vous la formule?
Je ne sais pas trop. La question n’est pas simple et elle est double. Il y a d’abord la question de l’énergie. Il y a aussi l’urgence de limiter les émissions de monoxyde de carbone. Pour le moment, l’énergie nucléaire est la plus propre.

Tant qu’il n’y a pas d’accident!
Il y aura un avant et un après Fukushima, c’est un événement mondial. Une catastrophe mondiale. Une catastrophe au sens littéral du mot, le "bord", une "coupure"… Mais à mon sens, il faut faire attention à la réaction à chaud. Merkel a arrêté les centrales nucléaires allemandes, mais elle a besoin des voix des Verts. C’est une réaction politique. Si demain matin il y a un débat sur le nucléaire, ce sera un bouc émissaire évident… Moi, je veux bien: je ne prends plus ma voiture quand je suis à Paris, je marche à pied. Il m’arrive de marcher quatre heures pour aller travailler. Je suis à une heure et demie de Bruxelles, j’y étais la semaine dernière et je ne le dis même pas à ma femme, c’est comme aller à la Défense. Lyon est à deux heures et Londres à deux heures et demie. En fait, j’habite "Palobru", Paris, Londres et Bruxelles à la fois. Grâce à quoi? À des dépenses d’énergie colossales! Quand mon grand-père est allé à San Francisco, il a mis six mois en goélette par le cap Horn. J’y vais deux fois par an, en douze heures d’avion. Si on voulait pédaler sur un vélo pour recharger son téléphone portable, il faudrait pédaler deux jours et demi! Voilà le débat qu’il faut poser. Pour le moment, on n’a pas de solution de rechange au nucléaire. On peut tout arrêter, mais on revient à la bougie…

Qu’est-ce que ça serait une société sans énergie?
Une société du Moyen Âge. Les éoliennes, ce sont les moulins à vent du Moyen Âge. L’énergie, la machine à vapeur, c’est justement la société industrielle du XIXe siècle. Comment faire une société où l’on dépense moins d’énergie? Pour venir jusqu’à chez moi à scooter, vous avez dépensé du pétrole et vous avez émis du CO2. Vous avez mangé chaud à midi, vous mangerez chaud ce soir. Votre alimentation vient d’Afrique du Sud, du Maroc… Ce débat-là met en question la totalité de nos conduites et de nos comportements.

Comment vit-on avec un potentiel de catastrophe aussi "certain"? C’est effrayant...
Il y a des catastrophes bien plus effrayantes dans l’histoire de l’humanité. À la fin de l’Empire romain, il y a une chute démographique telle qu’il faut attendre le XVIIe siècle pour retrouver le même niveau de population en Europe. On ne sait pas pourquoi la natalité a baissé à ce point. Il y a eu des effondrements de population gigantesques : on pense maintenant qu’au début du néolitihique, quand nos ancêtres se mettent à élever des moutons, il y a 12.000 ans environ, le passage des bactéries animales à l’homme a fait des dégâts considérables. Ce n’est pas étonnant que les grands textes de l’humanité commencent presque tous par un déluge. Il y a un déluge chez les hindous, chez les Égyptiens, chez les juifs, chez les Grecs… Ce qui prouve que nous sommes les enfants d’une catastrophe de ce genre. Nous sortons d’une période, depuis le début du XIXe où la Terre a été étonnament calme. On pense même aujourd’hui que la révolution industrielle et les progrès en Occident ont été possibles pendant une sorte de période d’assoupissement de la Terre. Et là, elle se réveille. Depuis que l’échelle de Richter a été créée, dans les années 1935, il n’y avait pas eu de 9. C’était le premier. On sait aussi qu’il y aura trois "Big One". Un sur la faille de San Andreas, en Californie. Un deuxième du côté d’Istanbul, et puis un troisième au Japon, où trois plaques s’emmêlent. On se sait pas quand…

Comment expliquez-vous le grand calme des Japonais?
Ils ont l’habitude du tremblement de terre… Et une grande sagesse. Au Japon, cela tremble tout le temps. Je me souviens d’un tremblement de terre au milieu de la gare. Cela dure longtemps. Personne ne bouge. Une autre fois, au théâtre. L’acteur a marqué une pause un instant et a continué. Les Japonais ont une culture du séisme. La première fois que j’y suis allé, j’avais apporté un panier de fraises. Mes amis japonais avaient commencé par manger les meilleures. Cela m’avait étonné. Ils m’avaient dit "au cas où"… On peut toujours mourir. Dans leur quotidien, ils n’ont pas la même conduite que nous. La mort est chez eux une compagne invisible. Cela forme un groupe, des individus très différents.

Très différents de nous, Français?
Nous, ici, en France, on ne risque jamais rien! On est le seul pays du monde à zéro risque! Dans le dictionnaire des risques, il n’y a pas la France. Je dis souvent, on n’a pas le droit de dire qu’il fait chaud tant qu’on n’a pas été à Bamako. On n’a pas le droit de dire qu’il pleut tant qu’on n’a pas été en Équateur. On n’a pas le droit de dire qu’il fait froid tant qu’on n’a pas été au Labrador l’hiver, et on n’a pas le droit de dire qu’il neige tant qu’on a pas été à Buffalo, sur les Grands Lacs… La France est un pays exceptionnel! Exceptionnel au niveau du climat, entre le pôle et l’équateur. On a les meilleurs fromages, les meilleurs vins, une agriculture formidable. Alors forcément, dès qu’il arrive une catastrophe quelque part, vu d’ici, c’est la fin du monde ! On est à l’inverse des Japonais. Comme on ne risque rien, on s’affole de tout!

Vous ne pensez pas que nous vivons une parenthèse? Que douze heures pour faire Paris- San Francisco, cela ne va pas durer éternellement?
Oui. Cela ne peut pas durer. On est en train de griller toute l’énergie de la planète. Il n’y a pas de doute. Dans un grand magasin américain, la moyenne de provenance des produits est de 10.000 km. Le volume des déchets sur terre a atteint le volume de l’érosion naturelle. Cela ne peut pas durer très longtemps. Ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’une ère. On termine une ère. C’est une période de l’humanité qui s’achève.

Vous avez écrit qu’on est entré en néolithique 2...
Oui, depuis quelques années seulement, moins de 3% des Français sont des paysans. Ils étaient plus de 75% au début du XXe. Il y a aussi d’autres facteurs de changement d’ère, comme la généralisation de la péridurale, par exemple. Aujourd’hui, les femmes accouchent à 92 % sans douleur. Autrefois, jusqu’à 40% des femmes mouraient en couches, c’était terrifiant. L’espérance de vie des femmes était de 30 ans en 1850, elle est de plus de 80 aujourd’hui. Cela aussi, ça change tout. Quand elles se mariaient à 20 ans, elles juraient fidélité pour dix ans… pas pour les soixante ans d’aujourd’hui. Quand mon père est parti à la guerre de 1914, il donnait une dizaine d’années de vie à son pays ; aujourd’hui, un jeune de 20 ans, on lui demande de donner soixante ans de vie! En quelques années à peine, le rapport à la nature, à la naissance, à la vie, à la mort, à l’accouchement, tout a changé. Sauf les institutions de l’ancien monde. On ne vit plus dans le même espace. Regardez le Japon, le fait que l’on soit au courant, en temps réel, et de façon extrêmement précise de ce qui se passe à Fukushima, qui est au bout de mon jardin, cela aussi cela change tout. On est tous devenu voisins.

* Pour Michel Serres, l’événement le plus important du XXe siècle est "la fin de l’agriculture".

Laurent Valdiguié - Le Journal du Dimanche

Samedi 02 Avril 2011

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