Interressant :
•De la radioactivité sur la friche de l'ancienne usine d'engrais Finalens
samedi 07.05.2011, 13:12 - La Voix du Nord
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Le site, visible en partie depuis la nouvelle déviation de la D941, est recouvert de végétation.
| DOUVRIN |
L'ancienne usine d'engrais Finalens a été démantelée depuis des années. Son accès est aujourd'hui grillagé. Si les riverains savaient que le site était pollué chimiquement, certains ignoraient qu'il s'en dégageait, en plus, de la radioactivité. Les taux relevés ne sont certes pas très élevés. Mais l'Autorité de sûreté nucléaire les fait surveiller. Tout cela pose la question de l'héritage pesant des anciennes industries lourdes.
PAR SÉBASTIEN ROSELÉ
lens@infos-artois.fr PHOTOS JUSTINE HÉNIQUE (CLP)
« Oui, on savait que c'était pollué », nous dit cette dame qui réside juste à côté du site Finalens. Mais elle ignorait qu'il y avait de la radioactivité en plus. Fataliste, elle ne semble pas plus étonnée que ça. La friche Finalens et ses 83 hectares. Soit une superficie de 83 terrains de football. Une ancienne usine d'engrais qui a été démantelée voici plusieurs années. Aujourd'hui, c'est un site envahi par la végétation et entouré de barbelés avec, régulièrement, un panneau rappelant qu'il s'agit d'une propriété privée et qu'il est interdit d'y entrer. Rien ne laisse à penser, au premier coup d'oeil, que le site est pollué.
Deux millions de tonnes
Car dans cette friche on trouve un terril composé des phosphogypses. Le nom est barbare. Il s'agit des résidus de la production d'engrais aux phosphates. Ces déchets sont radioactifs. Ils représentent environ deux millions de tonnes étalés sur une trentaine d'hectares.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), dans un rapport datant du 15 octobre, a publié ses mesures. « À certains endroits des valeurs atteignent 350 nanosieverts par heure (350 nSv/h) à 50 cm (du sol). » Si on convertit, cela fait 3,066 millisieverts par an. Andrée Delrue, adjointe au chef de division de l'ASN de Douai, rappelle que la norme est de 1 milli sievert par an. Mais elle tempère : « Ce ne sont pas des valeurs inquiétantes en soi. On n'est que trois fois au-dessus du bruit de fond. » Le bruit de fond est le taux de radioactivité naturelle qu'on relève. Dans notre région il s'élève entre 70 et 100 nanosieverts par heure. Alors pourquoi ce n'est pas inquiétant pour l'ASN ? « Parce que personne ne va passer 365 jours par an, vingt-quatre heures par jour sur le site », ajoute Andrée Delrue.
Filiale du groupe Total, Rétia est la société qui a en charge la « gestion » de ce terrain immense coupé en deux par une nouvelle route départementale. Autrement dit Rétia a en charge la dépollution avant de revendre le terrain à un autre industriel. Ce terrain douvrinois appartient à Grande Paroisse, autre filiale de Total. Francis Rommelaere, directeur de Rétia, rappelle l'origine de cette radioactivité. « La fabrication d'engrais phosphatés nécessitait des phosphates provenant du Maroc. Or ceux-ci contenaient des traces d'uranium. Il s'agit de radioactivité naturelle. Rien à voir avec des processus et des produits de l'industrie nucléaire. »
Nappe phréatique polluée
Le problème, c'est que la radioactivité n'est pas la seule pollution du site. Comme l'explique Laurent Courapied, adjoint au chef du service risque de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL, ex-DRIRE), citant un rapport rédigé par un bureau indépendant. « Nous sommes en présence, dans la nappe phréatique des polluants suivants : sulfates, nitrates, ammoniums et cyanures totaux. Le champ captant de Salomé (ce sont l'ensemble des sites qui pompent de l'eau de consommation, en clair) est à 3 km. » Néanmoins, toujours selon la DREAL, « il n'y a pas de risque pour ce captage », en tout cas tant qu'on ne fait pas de forage sur l'ancien site de Finalens. « Il faut faire en sorte qu'il n'y ait pas de pompages dans la nappe plus proche du site. » Parmi les polluants, on trouve deux zones où sont confinés des ferrocyanures qui s'étendent sur 23 hectares. Des membranes les recouvrent pour éviter que l'eau de pluie ne les traverse. Enfin, à l'occasion de la création de la déviation de la D941, « une poche d'acide phosphorique a été découverte, début 2009. » La DREAL conclut : « Elle a été traitée. » •