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Pour une poignée de milliards
Usine Nouvelle le 17 avril 2014 |
Pour prolonger la durée de vie de ses réacteurs au-delà de quarante ans, EDF doit renforcer leur sûreté. Ce "grand carénage" doit toutefois être validé par l’Autorité de sûreté nucléaire.
Entre 2020 et 2030, 51 des 58 réacteurs français atteindront l’âge de 40 ans, la limite de leur temps de fonctionnement initialement prévue. Moyennant quelques fermetures, comme celle de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la durée de vie du parc hexagonal devrait être prolongée. EDF prévoit que ses centrales pourront produire de l’électricité pendant soixante ans, au prix d’un lourd programme de travaux, c’est le "grand carénage". EDF a prévu d’investir 55 milliards d’euros d’ici à 2025, soit presque 1 milliard par réacteur. Dix milliards concernent les mesures complémentaires de sûreté décidées suite à l’accident de Fukushima. Quinze milliards serviront à remplacer les grands composants (générateurs de vapeurs, circuits…). Dix milliards seront destinés à la protection incendie, au risque de tempête, de sécheresse ou de grand froid… Vingt milliards couvriront la mise à niveau des centrales lors des opérations de maintenance.
Des technologies dépassées
Pour prolonger la durée de fonctionnement de réacteurs bâtis dans les années 1980, il faudra continuer d’utiliser des technologies dépassées, comme par exemple des relais électromécaniques. À charge pour EDF d’assurer son approvisionnement en pièces de rechange, en constituant des stocks ou en s’assurant de la pérennité de ses fournisseurs. Et il lui faudra former des techniciens issus d’écoles dans lesquelles ces technologies ne sont plus enseignées.
Ces grands travaux doivent être validés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui réalise tous les dix ans une grande visite pour autoriser la poursuite de l’exploitation des centrales. L’enjeu : faire en sorte que les réacteurs se rapprochent le plus possible du plus haut standard de sûreté, celui de l’EPR. Il s’agit de minimiser les conséquences d’un accident en dehors du site. L’ASN rendra un premier avis en 2015 sur le plan d’EDF, puis précisera ses demandes. EDF aura tout juste le temps de préparer son premier réacteur – celui du Tricastin (Drôme) – à atteindre sa quatrième visite décennale, prévue en 2019.
Renforcer les piscines
Le réacteur abrite une piscine dans laquelle sont stockées les barres de combustibles usées avant leur conditionnement final. EDF doit s’assurer que les barres ne se retrouvent pas à l’air libre. Cela passe par l’ajout de systèmes d’alimentation en eau et par le renforcement de structures pour empêcher l’apparition de brèches en cas d’explosion ou de tremblement de terre. C’est l’un des points les plus complexes.
Résister au temps
Dans un réacteur nucléaire, presque tout peut être modifié ou remplacé, à l’exception de la cuve du réacteur, de l’enceinte en béton du bâtiment et d’une partie du câblage électrique. EDF doit donc prouver que ces éléments résisteront au temps et, en ce qui concerne la cuve, s’assurer qu’elle n’a pas été affaiblie par le bombardement neutronique.
Bunkeriser une salle de contrôle déportée
En cas d’accident, les opérateurs de la centrale doivent pouvoir se replier vers une salle de commande blindée et dimensionnée, comme la centrale, pour résister à un séisme, dont la probabilité d’occurrence est d’une fois tous les 20 000 ans. Elle doit assurer le pilotage de l’ensemble du site, permettre la communication avec l’extérieur et contenir des vivres.
Remplacer les gros éléments
Opération déjà bien entamée par EDF, il s’agit de remplacer des gros éléments du bâtiment du réacteur, comme des tuyaux, des lourdes vannes et surtout les gigantesques générateurs de vapeurs. Ces derniers approchent les 20 mètres de hauteur pour 300 tonnes et sont au nombre de trois par réacteur. Leur remplacement est une opération très délicate et complexe.
Garantir l’alimentation électrique
Afin de ne pas perdre l’alimentation électrique des pompes, chaque réacteur doit disposer d’un bâtiment résistant au séisme abritant un générateur diesel d’ultime secours de très forte puissance. Chaque générateur coûte plusieurs dizaines de millions d’euros et la capacité industrielle de production de ces unités est limitée en Europe. C’est l’une des mesures les plus coûteuses.
Installer une Force d’action rapide nucléaire
Déjà en place, la Force d’action rapide nucléaire (Farn) est un groupe de 300 agents répartis sur quatre sites. Ils doivent pouvoir intervenir sur n’importe quel réacteur en moins de 24 heures. La Farn dispose d’importants moyens (pompes, groupes électrogènes, engins de levage…) pour alimenter en eau et en électricité une centrale qui se retrouverait isolée, comme ce fut le cas pour celle de Fukushima en 2011.
Assurer le refroidissement
La perte d’une source froide est le pire qui puisse arriver à un réacteur. EDF doit créer une source froide d’ultime secours comme une retenue d’eau artificielle ou un système de pompage dans la nappe phréatique. Il doit aussi mettre en place un dispositif d’arrosage, en circuit fermé, dans le bâtiment du réacteur pour contenir les polluants et abaisser la pression dans l’enceinte en cas de fusion.
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