Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

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Iguane
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Message par Iguane » 13 mai 2011, 00:52

krolik a écrit : Les concentrations dans la chaîne alimentaire.. c'est bien pour cela que l'exemple des Lapons qui mangent "naturel" du renne "BIO", le renne qui mange des lichens qui concentrent les métaux lourds..SDes études intéressantes mais qui au final on montré que ça ne changeait rien à l'état de santé des dits Lâpons.
@+
C'est quoi ces études ? On pourrait peut être avoir une référence, pour une fois ? "ça ne changeait rien à l'état de santé des dits Lâpons" (sic) par rapport à quoi ? Par rapport à d'autres Lapons qui mangent du renne qui n'a pas mangé des lichens qui concentrent les métaux lourds ? Comme vous l'écrivez ça n'a aucun sens.

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par krolik » 13 mai 2011, 08:43

J'ai bien du parler de ces études une dizaine de fois (au moins) et c'est la première fois que l'on pose une question sur ce thème.
Comme quoi il n'est pas inutile de répéter, répéter, ça rentre un peu..
Oh ces études portaient justement sur l'évolution comparative de la santé entre les populations mangenat du renne(les lapons) et celles vivant dans des territoires équivalents sans manger de renne, donc en principe sans accumulation (les Finlandais dans un premier temps).
La première partie de l'étude est parue en 1958 publiée à Prague sous la plume de types du CEA.. Curieux mais comme cela !!
Ensuite de quoi cela a été refpris, étendu par les Suédois et Norvégiens qui ont aussi des Lapons sur leur territoire.
Et études sur en tout une quarantaine d'années.
Mais ces études n'ont pas été publiées sur internet qui n'existait pas.
J'ai eu l'occasion de les consulter à la bibliothèque du service de radioécologie de Cadarache sur les conseils de son chef de service , luc Foulquier. Ce même Foulquier qui a enseigné à Rivasi comment faire des prélèvements et les préparer avant la mesure. Mais elle a oublié de citer ce type d'étude dans les papiers publiés par la Criirad ensuite.
Donc je vous conseille vivement d'aller faire un tour à Cadarache.
Ce n'est pas parce que vous ne connaissez pas les études, qu'elles n'existent pas.
@+

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par GillesH38 » 13 mai 2011, 08:53

krolik a écrit : Donc je vous conseille vivement d'aller faire un tour à Cadarache.
c'est ouvert au public ? sérieux ?

une note en passant : des études sur des agriculteurs exposés aux pesticides montre qu'ils ont MOINS de cancers que la population générale - on ne sait pas bien pourquoi mais on suspecte que c'est parce que le reste de leur environnement est plus sain (en particulier ils fument bien moins que la moyenne). Donc, doit-on en conclure que les pesticides ne sont pas dangereux ?
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par Iguane » 13 mai 2011, 10:18

Tout à fait, Gilles : pour comparer valablement, il faudrait que toutes choses restent égales par ailleurs, ce qui est quasi impossible dans ce genre d’études.
krolik a écrit :Oh ces études portaient justement sur l'évolution comparative de la santé entre les populations mangenat du renne(les lapons) et celles vivant dans des territoires équivalents sans manger de renne, donc en principe sans accumulation (les Finlandais dans un premier temps).
Ah, et alors ceux qui ne mangeaient pas de renne (cru, je supose ?) ils mangeaient quoi à la place ? Du fromage fondu ou du corned beef en boîte ?!? Ou bien ils étaient végétaliens ?!?
krolik a écrit :La première partie de l'étude est parue en 1958 publiée à Prague sous la plume de types du CEA.. Curieux mais comme cela !!
Ensuite de quoi cela a été refpris, étendu par les Suédois et Norvégiens qui ont aussi des Lapons sur leur territoire.
Et études sur en tout une quarantaine d'années.
Mais ces études n'ont pas été publiées sur internet qui n'existait pas.
J'ai eu l'occasion de les consulter à la bibliothèque du service de radioécologie (…)Donc je vous conseille vivement d'aller faire un tour à Cadarache.
Ce n'est pas parce que vous ne connaissez pas les études, qu'elles n'existent pas.
Et toujours pas un nom d’auteur ou un titre en mémoire, Krolik ? Toutes ces études qui ont duré une quarantaine d’années n’ont pas été publiées ou alors seulement à Prague et dans des documents réservés au service de radioécologie de Cadarache ? Elles sont en français, en tchèque, en russe ou en suédois et en norvégien ? En anglais peut-être ?

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par krolik » 13 mai 2011, 14:37

Au cas où vous n'auriez pas compris depuis le temps, je travaille de mémoire et d'expérience, je ne collationne pas les documents scientifiques. Je n'ai pas de bibliothèque "annexe"..
Tout cela a été publié en anglais dans le temps.
Maintenant vous pouvez écrire au service de radioécologie de Cadarache pour demander un accès à leur bibliothèque.
Mais j'essaie de reprendre contact avec les gars pour avoir les références.
maintenant déclarer à priori que ces études sont des foutaises, il faut être un peu gonflé, sous entendre que les scientifiques scandinaves sont des blaireaux qui ne connaissent pas le problème des écueils des biaus systématiques dans les études épidémiologiques, c'est pousser le bouchon un peu loin...Le tout sans avoir lu les études. J'ai lu les études en question qui ont servi de référence aux décisions prises par l'Union Euroépennes dans les années 90 en ce qui concernait les aides potentielles dédiées spécifiques à "Tchernobyl".
D'autant qu'il y a eu plusieurs études convergentes vers le même résultat, à la différence des études "uniques" que l'on nous sert comme référence régulièrement (celle du pr Viel pour les leucémies potentielles autour de La hague).
@+

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par Iguane » 13 mai 2011, 23:49

krolik a écrit :Au cas où vous n'auriez pas compris depuis le temps, je travaille de mémoire et d'expérience, je ne collationne pas les documents scientifiques. Je n'ai pas de bibliothèque "annexe".. Tout cela a été publié en anglais dans le temps..
Autrement dit (du moins pour le moment) on ne peut que vous croire sur parole. Dommage que vous n’ayez même pas les noms des auteurs en tête.
krolik a écrit :Maintenant vous pouvez écrire au service de radioécologie de Cadarache pour demander un accès à leur bibliothèque.
Mais j'essaie de reprendre contact avec les gars pour avoir les références.
Merci c’est sympa.
krolik a écrit :maintenant déclarer à priori que ces études sont des foutaises, il faut être un peu gonflé, sous entendre que les scientifiques scandinaves sont des blaireaux qui ne connaissent pas le problème des écueils des biaus systématiques dans les études épidémiologiques, c'est pousser le bouchon un peu loin...Le tout sans avoir lu les études.
Je n’ai pas dit que « ces études » sont des foutaises ni sous entendu quoi que ce soit ! J’ai écrit : « pour comparer valablement, il faudrait que toutes choses restent égales par ailleurs, ce qui est quasi impossible dans ce genre d’études. » et je vous ai posé une question simple à laquelle vous n’avez pas répondu : « ceux qui ne mangeaient pas de renne (cru, je suppose ?) ils mangeaient quoi à la place ? »
krolik a écrit :J'ai lu les études en question qui ont servi de référence aux décisions prises par l'Union Euroépennes dans les années 90 en ce qui concernait les aides potentielles dédiées spécifiques à "Tchernobyl".
D'autant qu'il y a eu plusieurs études convergentes vers le même résultat, à la différence des études "uniques" que l'on nous sert comme référence régulièrement (celle du pr Viel pour les leucémies potentielles autour de La hague).
C’est très bien que vous les ayez lues. Mais tant que vous ne nous avez donné aucune référence, on ne peut pas les lire, nous. Désolé.

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par krolik » 14 mai 2011, 10:08

Iguane a écrit :C’est très bien que vous les ayez lues. Mais tant que vous ne nous avez donné aucune référence, on ne peut pas les lire, nous. Désolé.

C'est très bien de vouloir lire les documents originaux comme vous avez lu les "Pincipaé" d'Isaac Newton pour avoir une idée de la gravité et de l'optique géométrique. Les intermédaires ne sont pas crédibles, seule la "substantéfique moelle" initiale est à prendre en compte.
Vous pensez qu'en 1992 à Bruxelles il a été décidé d'arrêter les aides spécifique à tchernobyl, comme cela "au doigt mouillé"..!!
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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par energy_isere » 23 mai 2011, 19:46

Bonsoir Krolik,

je vois que le blog à P.Jorion, vous occupe bien.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=24493#comment-186356

et servir Ramsar et Guarapari http://www.pauljorion.com/blog/?p=24493#comment-186626 pour les bidochons qui ne l' ont encore pas lu sur Oléocene.

Vous étres vraiement partout.

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par krolik » 06 juin 2011, 15:11

Une intéressante analyse historique dépassionnée de l'attitude des médias lors du passage du fameux nuage en 1986.
Sur le site de mediapart.
@+
Source : Blog Mediapart - Enseignant en histoire géographie, chercheur en histoire du communisme et des sciences.



Tchernobyl : ce que Le Figaro disait en 1986
04 Mai 2011 Par Yann Kindo



En ce 25e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, force est de constater que l'idée selon laquelle les autorités françaises ont sciemment menti à propos du passage du nuage est solidement ancrée dans les consciences, et sert même pour beaucoup de mètre-étalon de l'analyse des annonces officielles dans le domaine sanitaire. Combien de fois n'avons-nous pas entendu, et tout récemment encore à propos des conséquences sanitaires de l'accident de Fukushima, des propos du genre : « Mais oui, bien sûr, c'est ça, on les croit, tiens ! C'est comme la fois où le nuage de Tchernobyl s'est arrêté à la frontière, ha ha ha ! » ?



Mais qu'est ce qui a été réellement dit par quelle autorité en avril/mai 1986 ?

Peu de gens le savent vraiment, et parmi les rois de l'ironie, à peu près aucun n'est capable de citer quelque chose ressemblant un tant soit peu à un propos précis d'une autorité précise. Si les souvenirs sont (par définition) flous, la certitude est par contre bien ancrée, car tout le monde le sait, et (presque) tous ceux qui sont assez vieux pour l'avoir vécu s'en souviennent : les autorités françaises ont tenté de berner la population en lui faisant croire que l'Hexagone avait été épargné par le passage du nuage. C'est là le « savoir commun ». Seuls les plus engagés et informés pourront citer précisément le nom du très honni Professeur Pellerin, principal responsable de cette information, et dont la relaxe probablement prochaine dans le cadre des poursuites engagées contre lui (par une association de victimes du cancer de la tyrhoïde et par la Criirad) serait une preuve supplémentaire du pouvoir du lobby nucléaire et de sa capacité à cacher ses secrets compromettants1.



Des exercices de restitution d'une chronologie serrée et du texte exact des annonces effectuées ont déjà été menés à bien, et notamment à propos du quotidien Libération, qui a joué un rôle particulier dans cette affaire – nous y reviendrons en conclusion. Je voudrais apporter ici ma pierre à l'édifice, à travers une plongée dans les archives du journal bourgeois par excellence, principal défenseur de l'ordre établi et de la morale réactionnaire : Le Figaro, dont on devine par avance qu'il a servilement relayé la propagande gouvernementale (elle-même émanation du lobby nucléaire) à propos du (non-?) passage du nuage. Et ce d'autant plus que ses amis étaient alors au pouvoir – c'est le temps de la première cohabitation et du ministère Chirac, porté au gouvernement par la victoire alors toute récente de la droite aux législatives du 16 mars 1986.



Ouvrir les numéros d'avril/mai 1986 du quotidien, c'est d'abord se (re)plonger dans une autre époque, bien différente de la nôtre. En effet, en ce week-end du samedi 26/dimanche 27 avril, en sa page 40, Le Figaro pouvait titrer : « P.-S.-G. : jour de gloire » - le club venait d'être sacré champion de France. Une autre époque, on vous dit.....

En ce temps-là existaient encore des phénomènes devenus impensables de nos jours, comme l'existence de « Jeunes giscardiens » (sic). En ce temps là, alors que ce qui s'appelait encore Antenne 2 proposait avec Sexy Folies le premier magazine érotique du PAF, Yannick Noah était encore tennisman – les mélomanes amateurs de sport trouvent que c'était d'ailleurs mieux ainsi -, même si le quotidien, pour le coup visionnaire, annonçait dans son édition du 29 avril que l'idole avait déjà « La tête ailleurs ».

On le sait aujourd'hui : l'accident de Tchernobyl s'est produit le samedi 26 avril. Mais Le Figaro, pas plus que quiconque, n'en savait alors rien.... Le lundi 28 avril, il ignore encore l'événement, qui apparaît en Une le mardi 29 sous le titre : « U.R.S.S. : accident grave dans une centrale nucléaire ». Mais c'est loin d'être le titre principal, les grosses manchettes évoquant plutôt le plan de Chalandon pour la Justice ou les « malversations socialistes » dans l'affaire Carrefour du Développement. Le développement en page 13 n'occupe encore que moins d'un dixième de la page, faute d'informations précises. On ne sait encore pas grand chose de l'accident, et l'on s'interroge. Le constat est fait que « la radioactivité a monté en flèche dans tous les pays scandinaves et dans divers pays occidentaux, dont l'Allemagne, sans toutefois présenter de danger pour l'humanité, s'accordent à préciser les spécialistes, bien que dans certaines régions le taux soit 10 fois supérieurs à la moyenne. Pour l'instant, aucune "radioactivité particulière" n'a été décelée en France par les Services centraux de la protection contre les rayons ionisants (S.C.P.R.I.), indiquait-on de bonne source cette nuit. ». L'explosion elle-même aurait fait « plusieurs centaines de victimes » selon Le Figaro, qui s'appuie essentiellement sur les annonces de l'agence TASS (du lundi soir) , mais qui en fait ne cite aucune source pour cette estimation chiffrée.

Le mercredi 30 avril , l'accident prend le nom de « catastrophe » et occupe la première place en Une, sous le titre « De nombreux morts à Tchernobyl (Ukraine) ? Catastrophe nucléaire : le S.O.S. de Moscou ».

On en sait alors plus, et on explique par exemple que le cœur du réacteur a fondu. On insiste sur la nouveauté constituée par cette soudaine transparence des informations venues de l'Est. On oppose les déclarations des autorités soviétiques, selon lesquelles l'accident n'a tué que deux personnes, aux estimations plus pessimistes (mais non chiffrées) des spécialistes occidentaux, qui se fondent sur la gravité de l'accident. A propos du « nuage » appelé à devenir très célèbre, le sous-titre de Une indique « Le coeur du réacteur ayant fondu, un nuage radioactif (jugé sans gravité) s'étend sur une grande partie de l'Europe », alors que l'article précise : « Un nuage radioactif a envahi une grande partie de l'Europe du nord (notamment la Finlande, la Norvège et la Suède), mais hier, les vents ayant tourné, c'est le reste du continent qui pourrait être touché : les dispositifs de mesure et d'alerte mis en place n'ont toutefois pas permis de déceler un taux de radioactivité constituant un danger réel pour les populations ». Ce sont ensuite trois pleines pages (les 10, 11 et 12) qui sont consacrées au sujet, les articles évoquant le « scénario probable », la filière nucléaire soviétique - en insistant sur ses particularités techniques, liées au développement séparé de l'URSS -, l'appel à l'aide de l'URSS, le « réseau d'alerte planétaire », la sécurité des centrales françaises, les réactions en Europe, etc. Un article oppose la transparence occidentale à l'attitude soviétique (« Harrisburg : les Américains, eux, avaient tout dit... ») , alors que le Docteur Martine Pérez fait le point sur les seuils du danger radioactif. L'article principal est intitulé « Le syndrome ukrainien », et est illustré d'une carte de l'avancée du nuage vers le nord-ouest et plus marginalement vers l'ouest, avec sous cette carte un encart intitulé « Pas de danger en France ». Ce jugement s'appuie sur les données météorologiques , tout en signalant un changement : « Hier, les vents ont tourné , s'orientant au sud-ouest. Un nouveau flux pollué se dirige ainsi vers la Pologne et l'Allemagne, mais semble pour l'instant éviter notre pays où selon le Service central de protection contre les rayonnements ionisants (S.CP.R.I.) aucune augmentation de la radioactivité n'a été décelée hier ».
Le jeudi 1er mai, fête des travailleurs oblige, le journal ne paraît pas. On peut se demander avec le recul quel a été l'impact de cette absence de presse écrite précisément le jour où le panache radioactif est passé sur la France.
Vendredi 2 mai, « Colère et inquiétude en Europe » est le titre principal de Une. L'article en question est donc centré sur une critique de l'URSS, avec stigmatisation du « refus opposé par l'U.R.S.S. de révéler les circonstances exactes et l'ampleur de la catastrophe ». Le Figaro évoque, sans citer ici ses sources, des « informations faisant état de plusieurs centaines, voire de milliers de victimes ». Il s'agit là manifestement d'une estimation du bilan immédiat de l'accident, qui concerne l'explosion et les premières irradiations massives directement mortelles, et pas de ses conséquences à long terme. Or, ce premier bilan humain proposé par Le Figaro indépendamment des annonces officielles soviétiques est, nous le savons aujourd'hui, totalement démesuré par rapport à la réalité - qui tourne autour de 56 décès relativement directs, dont une trentaine dans les quatre mois après l'explosion2. Pour le coup, les annonces soviétiques étaient beaucoup plus réalistes que ces estimations « indépendantes », même si cela était difficile à envisager ce jour-là pour les esprits occidentaux, notamment ceux des lecteurs du Figaro.

Voici maintenant ce qui conclut ce petit article de Une : « La France a été touchée à son tour hier par ce nuage : des analyses effectuées dans le Sud-Est et à Monaco ont permis de déceler une augmentation sensible de des particules radioactives dans l'air ». D'emblée, cela cadre mal avec la croyance selon laquelle le passage du nuage sur la France a été caché à la population....

En page 10, déjà on parle très imprudemment d'un « bilan officiel "ridicule" » (des mots qui seront ensuite repris par d'autres de manière tout aussi imprudente). Ainsi, Le Figaro affirme que « certaines sources font état de plusieurs centaines de morts au moins ». Les soviétiques parlent eux alors de 2 morts et 197 blessés, dont 18 gravement (bilan sans doute honnête à ce moment-là). Le Figaro a ici le bon goût de détailler ses sources qui lui font qualifier cette estimation de « ridicule ». Est d'abord évoquée l'opinion de Kenneth Adelman, directeur de l'Agence américaine pour le désarmement, qui affirme que « Deux personnes tuées, c'est franchement ridicule pour un accident de cette ampleur », ou encore celles d'un « radio amateur de Kiev », qui penche pour « des centaines de morts, mais peut être beaucoup, beaucoup plus ». Sont aussi évoquées les estimations d'un enseignante écossaise demeurant à Kiev et jointe par téléphone, ou de 23 élèves français de l'Ecole des Travaux Publics de Lyon « en voyage à Kiev au moment de l'explosion » : ils parlent l'une de plus de 300 morts et les autres de 500, en se fondant sur leurs impressions sur l'effervescence dans Kiev pour liée à l'accueil des réfugiés. Avec le recul - ce qui est toujours beaucoup plus facile -, on est étonné par ces chiffres avancés au petit bonheur la chance, par des gens n'ayant en fait aucune idée de la réalité des événements, faute d'être ou bien particulièrement compétents, ou bien d'être réellement présents sur les lieux du drame. L'un est aux Etats-Unis et est spécialiste du désarmement (et pas de l'industrie nucléaire civile), et les autres sont des quidams dont les seules particularités sont de vivre en Ukraine et d'être joignables par téléphone. Aucun n'a accès à des informations de première main sur les événements eux-mêmes, qui permettraient de contester frontalement les annonces soviétiques. On peut évidemment penser que cette mise en avant de tels chiffre si peu étayés, par un journal pourtant plutôt sérieux, s'explique par le décalage réel entre l'ampleur de la catastrophe et le nombre de morts, mais a aussi une origine idéologique : en 1986, Gorbatchev n'est alors au pouvoir que depuis un an à peine, et les occidentaux - et notamment un journal de droite comme Le Figaro -, étaient souvent persuadés (avec de bonnes raisons...) que les soviétiques mentaient en permanence sur la réalité de ce qui se passait chez eux (ce qui explique l'étonnement du Figaro lorsque l'agence Tass a annoncé l'accident de Tchernobyl). Le regard plus distancié de l'historien constate lui que la manière dont les dirigeants soviétiques ont géré la crise de Tchernobyl était malgré tout et au contraire plutôt un révélateur de la Glasnost (= transparence) qui se mettait en place à l'époque.

Sur la question du passage du nuage sur la France, l'article – plutôt centré sur les supposés mensonges soviétiques - se conclut ainsi : « Partout en Europe, les techniciens guettent avec inquiétude les mouvements du nuage radioactif qui tourne au-dessus du continent. Hier, des traces de radioactivité ont ainsi été détectées dans l'air, au dessus du sud-est de la France, et en particulier à Monaco. Mais les vents ayant tourné, le nuage retourne maintenant vers son point de départ et se dirige vers la Sibérie, traînant derrière lui son cortège d'angoisse. ». On peut remarquer que cette présentation laisse penser que le panache radioactif n'a survolé que le Sud-Est du pays, alors que les cartes publiées par le quotidien la semaine suivante montrent elles une évaluation, plus correcte, selon laquelle c'est la quasi totalité du pays qui a été concernée. D'où vient le hiatus ? Le Figaro a-t-il été mal informé, voire trompé ? Ce serait étonnant, étant donné que le communiqué du SCRPI du 1er mai parlait d'un passage sur l'ensemble du territoire :
« Ce jour 1er mai 86, 24 h, tendance pour l’ensemble des stations du territoire à un alignement de la radioactivité atmosphérique sur le niveau relevé le 30 avril dans le sud-est. »3
Ce qu'avait d'ailleurs parfaitement compris, Libération (qui a pourtant ensuite été un des principaux artisans de la campagne à propos des mensonges sur le passage du nuage !), qui écrivait dans son édition de ce vendredi 2 mai 1986 :



« Pierre Pellerin le Directeur du SCPRI a annoncé hier que l’augmentation de la radioactivité était enregistrée sur l’ensemble du territoire sans aucun danger pour la santé. »4

Toujours sur cette page 10 de l'édition du Figaro du vendredi 2 mai , un encart intitulé « Météo : le bouclier de la dépression » s'appuie sur les explications de Michel Martin, ingénieur de la Météorologie Nationale, pour qui le ralentissement des masses d 'air polluées par la radioactivité, qu'a permis la présence d'un anticyclone sur l'Ouest de l'Europe, a entraîné un brassage qui « a fait tomber la radioactivité à des taux absolument sans danger pour l'homme » . Le passage du nuage sur la France le jeudi 1er mai suite aux changements des conditions météorologiques à partir du mercredi 30 avril est rappelé en fin d'article.
Page 12, un article intitulé « La France touchée à son tour » fait apparaître pour la première fois le professeur Pierre Pellerin, directeur général du S.C.P.R.I., et devenu depuis la bête noire des antinucléaires, qui ont tout fait pour le traîner dans la boue. Il explique au Figaro que les relevés de radioactivité témoignent du passage du nuage sur la France, mais qu'ils « sont très en-dessous des seuils réglementaires qui sont eux même bien inférieurs aux seuils dangereux. » Un intertitre évoque toutefois une « Polémique », mais il s'agit d'une polémique entre Charles Pasqua et Haroun Tazieff à propos de la capacité des secours français à faire face à une catastrophe nucléaire majeure dans l'Hexagone. Remarquons aussi qu'un encart précise quels sont les usages utiles de l'iode en cas d'exposition aux radiations, le point nécessitant d'être fait alors que les scandinaves se ruent de manière déraisonnable sur les pastilles d'iode.

Le samedi 3 -dimanche 4 mai, l'accident de Tchernobyl n'est plus le premier titre, mais reste en Une, toujours selon le même angle : « Tchernobyl : silence obstiné de Moscou ». On constate que le journal fait toutefois machine arrière sur un point précis : « Selon des experts américains, le nombre de victimes serait moins élevé qu'on aurait pu le penser ». En matière de soviétologie, une appréciation qui fait l'objet de tout un article en page 10 apparaît complètement erronée avec le recul. L'article est intitulé « U.R.S.S. : Gorbatchev, l'autre victime », et avance dans son chapeau : « Outre ses conséquences dramatiques sur le plan humain et économique, la catastrophe nucléaire a porté un coup très rude à la "politique d'ouverture" de Michaïl Gorbatchev ». En page 8, un autre papier évoque la « psychose contagieuse » en Europe , et oppose globalement les inquiétudes des populations aux déclarations rassurantes des responsables politiques. Il est intéressant de s'arrêter sur le cas, évoqué en fin d'article, de 8 étudiants français qui avaient été évacués de Kiev vers Moscou avant d'arriver à Paris. Cela n'est pas dit par le journal, mais il apparaît quasi certain qu'il s'agit là d'une partie des étudiants sur lesquels Le Figaro s'appuyait le 2 mai pour parler de « 500 morts ». Leur témoignage paraît cette fois sensiblement différent de ce qui en transpirait la veille : « "Quand nous sommes partis de Kiev, il n'y avait pas de panique" a dit Sophie Legendre. "Mais la rumeur publique parlait de tragédie et, dans la rue, on émettait des chiffres allant de cent cinquante à mille morts" Toutefois, les huit étudiants semblaient surpris par l'ampleur de l'événement. "Vous en savez plus que nous !", ont-ils répondu aux journalistes. ». Le quotidien ne le signale donc pas, mais il s'agit là d'une infirmation complète de la manière dont il avait la veille grossi l'ampleur du désastre en se fondant sur des témoignages d'étudiants qui relayaient donc la rumeur publique, qui elle- même ne se fondait sur aucune connaissance particulière du déroulement des événements.

Sur la même page, un petit encart intitulé « En France, une marge de sécurité considérable » rend compte d'un communiqué envoyé par le professeur Pellerin aux responsables des centres antipoison de France, pour que ces informations soient diffusées auprès des médecins et du public. Voici ce que dit ce communiqué : « L'élévation relative de la radioactivité relevée sur le territoire français, à la suite de l'accident, est très largement inférieure aux limites recommandées par la Commission internationale de protection contre les radiations (C.I.P.R.) et aux limites réglementaires françaises, elle-mêmes fixées avec des marges de sécurité considérables. Il faudrait imaginer des élévations dix mille ou cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes significatifs d'hygiène publique. La distance, la dilution atmosphérique et la décroissance radioactive excluent une telle évolution dans notre pays. »

Le Lundi 5 mai, l'accident disparaît quasiment de la Une, et la ligne éditoriale reste centrée sur l'antisoviétisme, en critiquant les accusations de Moscou à l'encontre des Occidentaux, à propos de l'exagération par ceux-ci de l'ampleur de la catastrophe – le quotidien n'en profite malheureusement pas pour signaler qu'il avait lui même résolument relayé des estimations fantaisistes.
Le mardi 6 mai, plus de mention en Une, mais une pleine page, la 12, reste consacrée aux suites de la catastrophe nucléaire soviétique. Un article fait le point sur les situations différenciées selon les pays européens, et s'appuie pour la France sur un nouveau communiqué du S.C.P.R.I. de Pellerin, qui annonce que le moment d'élévation de radioactivité est désormais globalement passé, malgré quelques cas d'activité particulière encore possible. A noter que, dans un billet d'opinion intitulé « Redpeace », Jean-François Deniau s'en prend aux écologistes de Greenpeace à propos de Tchernobyl, accusant ceux-ci de passivité parce que l'accident a eu lieu en URSS et non aux Etats-Unis (en supposant donc que Greenpeace aurait des sympathies communistes, grille de lecture très particulière et encore très marquée par l'esprit de la guerre froide, qui a inspiré l'attitude du Figaro à l'égard des écologistes pendant toute cette période).
Le mercredi 7, en page 12, l'article « RFA : l'inquiétude subsiste » témoigne de la panique en Allemagne à propos des conséquences de l'accident, en critiquant plutôt la « confusion » qui est entretenue par les interminables émissions spéciales à la télé ou les diverses mesures préventives prises par les autorités sous la pression de l'angoisse populaire. Le Figaro explique, sans doute à juste titre, que la dramatisation de la situation est nourrie par le perspective prochaine d'élections régionales au cours desquelles les sociaux-démocrates et surtout les Verts entendent capitaliser l'inquiétude à l'égard du nucléaire qui a été amplifiée par la catastrophe soviétique. Pour la France, le journal met en avant le « calme » et le retour à la normale de la radioactivité sur le territoire.
Le jeudi 8 mai, en page 20, une interview d'un responsable du C.E.A. explique « Pourquoi la France est à l'abri. ».

Il ne s'agit toutefois pas de la question des retombées du nuage radioactif, mais de celle d'un possible accident de ce genre en France. A propos du nuage de Tchernobyl lui-même, Jean Petit affirme que ses conséquences sont négligeables en Occident, y compris dans les pays scandinaves.



Le vendredi 9 mai, Tchernobyl revient en Une, à, propos de la gestion de l'accident sur le site-même, sous le titre « Moscou avoue son impuissance ». Pour la première fois, le journal évoque une déclaration de responsables politique français à propos du passage du nuage : « Le porte-parole de Jacques Chirac, citant des sources scientifiques autorisées, a indiqué, hier, que la radioactivité en France était revenue à un niveau normal. ». Le Figaro évoque par contre un renouveau de la « psychose de l'irradiation » dans nombre de pays européens.
Le samedi 10 - dimanche 11, les articles sont pour l'essentiel, et comme la veille, consacrés à deux thèmes : la critique de la gestion de l'accident par les autorités soviétiques, et le blocage des importations de viande venue de l'Est de l'Europe. En page 8, un papier titré « La France reste calme » oppose une fois de plus les réactions des deux côtés du Rhin, dans un contraste qui a depuis posé les bases de l'idée selon laquelle les autorités auraient expliqué que le nuage avait été arrêté à la frontière. Le Figaro s'étonne : « Curieuse radioactivité que celle échappée du réacteur de Tchernobyl : elle est suffisamment intense pour créer un climat de panique à Kiehl, en R.F.A., où les salades sont retirées des étalages, mais ne parvient pas à franchir le pont qui, au-dessus du Rhin, mène à Strasbourg, pourtant distant de moins d'un kilomètre. » Si la formule est amusante, elle entretient néanmoins une confusion qui est à la source de la rumeur. En effet, contrairement à ce que suggère cette phrase, ce n'est pas la radioactivité qui n'a pas franchi la frontière... c'est la panique ! L'article reproche ensuite aux écologistes français de n'être que très modérés vis-à-vis du manque d'information venue d'URSS et de réclamer plutôt la démission du professeur Pellerin. Il est toutefois, et pour la première fois dans ces colonnes, fait mention d'arguments mis en avant par les écologistes : « déjà, hier, beaucoup s'interrogeaient sur certaines "révélations" faites par ces derniers : le taux de radioactivité mesuré sur les site de plusieurs infrastructures nucléaires françaises se serait élevé de manière anormale ces derniers jours. Venant après les affirmations selon lesquelles les systèmes d'alerte de plusieurs centrales atomiques se seraient déclenchées la semaine dernière, ce genre d'informations peut laisser croire que la pollution a été beaucoup plus importante en France, au moins localement, qu'on le dit officiellement. » Mais, ce jour- là comme par la suite, la ligne éditoriale reste manifestement la dénonciation de militants écologistes crypto-communistes (via le pacifisme et le refus de l'installation des missiles américains en Europe), présentés comme « visiblement gênés de s'attaquer à l'U.R.S.S. » [édition du 12 mai page 14]



Le lundi 12 mai, un article est consacré en page 19 à la polémique entre le professeur Pellerin et ses critiques.
Cette polémique est devenue très violente à parti d'une prestation particulièrement ratée du professeur Pellerin sur TF1 le samedi 10 mai5. « En direct, le professeur Pellerin a bel et bien été amené à admettre que la pollution provoquée par la centrale de Tchernobyl avait été beaucoup plus importante que "l'augmentation passagère de 5 à 10% par rapport à la normale", annoncée de manière très floue auparavant. Il a officiellement précisé que les relevés de radioactivité avaient montré, dès le 30 avril, une hausse d'un facteur 100 sur les régions du Sud-Est. » On peut ici s'étonner du caractère supposé « officiel » d 'une intervention au JT, par rapport aux communiqués du SCPRI, dont, on l'a vu, Le Figaro n'avait lui-même pas très bien rendu compte, et qu'il n'avait pas pensé à trouver jusque là insuffisamment chiffrés. Le quotidien opère donc lui aussi le virage critique à l'égard des autorités en expliquant : « On a beau assurer qu'il faudrait ingérer pendant plus de cinq cent jours le lait le plus radioactif recueilli en France depuis l'accident de Tchernobyl pour atteindre la limite de radiation considérée comme admissible, le Français éprouve désormais le sentiment qu'on lui a caché des informations majeures. ». La compréhension de tout cela est encore obscurcie par la variété des unités de mesures utilisées par les scientifiques, comme le montre un article de la même page.

Comme on le voit sur la photo, une série de cartes – très certainement fondées sur les données du SCPRI, pourtant accusé sur la même page de ne pas avoir correctement informé la population - montre la France du 30 avril au 5 mai, avec le passage du panache radioactif sur la quasi totalité du territoire le 1er mai, avant que celui ci ne soit repoussé par les vents d'Est les jours suivants.



Mardi 13 mai
Sur la Une, un édito signé de Gérard Mascrou intitulé « Mea Culpa » évoque les « dissonances qui sont apparues dans l'information officielle à propos des risques potentiels pour la France de la catastrophe de Tchernobyl. » , et rappelle que « La hausse de la radioactivité qui, pendant deux jours, a atteint 400 fois la moyenne française, n'a jamais constitué le moindre danger. Personne de sérieux ne le contestera et tous les scientifique sont d'accord sur ce point. » Mais alors, où réside la polémique qui mériterait de figurer en Une ? « Ce n'est pas cela qui est en cause. C'est la façon maladroite qui a conduit à rendre publique cette information. Il a fallu attendre dix jours après que plusieurs déclarations ministérielles eurent précisé qu'il n'y avait pas de retombée radioactive sur notre sol. » Pourtant, à partir du Figaro comme seule source, il est difficile de dire si le gouvernement a été maladroit dans sa communication, puisque celle-ci n'avait en gros jamais été évoquée jusque là dans ces colonnes. Mais il apparaît assez clairement, par contre, que la formule de l'édito est elle-même maladroite : il a fallu attendre 10 jours... après quoi ? Pas dix jours après la catastrophe, mais 10 jours après « plusieurs déclarations ministérielles » selon lesquelles « il n'y avait pas de retombée radioactive sur notre sol ». Le problème, c'est qu'en ayant parcouru Le Figaro depuis le début de la catastrophe, on n'a jamais vu apparaître aucune déclaration ministérielle de ce genre. On l'a vu, Le Figaro, comme ses concurrents, a fondé son information sur les communiqués du SCPRI, qui évoquaient le passage du nuage et les retombées radioactives, et pas sur des déclaration ministérielles. Sauf erreur de ma part, Le Figaro n'a même jamais évoqué le communiqué sibyllin du ministère de l'Agriculture, daté du 6 mai, qui pouvait prêter le flanc à ce type d'accusations6. Alors, quelles sont ces déclarations ministérielles évoquées ici ? On n'en sait rien. Et la mémoire collective a depuis enregistré le fait que les ministres avaient menti sur le passage du nuage, alors que, en parcourant les journaux d'époque, on constate que ces journaux annonçaient bien ce passage sur la base des communiqués du SCPRI.

En page 10, dans une interview, le ministre de l'Environnement Alain Carignon estime lui aussi que l'information a été trop lente, « mal coordonnée et mal distribuée », et annonce la création d'une « structure interministérielle d'information » pour que cela change.
Le lendemain, mercredi 14 mai, c'est au tour du ministre de l'Industrie, Alain Madelin – dont ne voit pas très bien en quoi sa fonction spécifique l'amène à intervenir sur la question des conséquences sanitaires hexagonales de la catastrophe soviétique – de venir illustrer dans une interview (page 8) le Mea Culpa du gouvernement. Madelin affirme qu'il y a eu rétention d'information suite à des consignes de l'OMS visant à ne pas provoquer la panique - mystérieuses consignes non sourcées et qui apparemment ont très peu pesé dans les pays du Nord de l'Europe, où beaucoup de décisions de diverses autorités ont plutôt nourri la psychose. Dans son compte rendu des propos d'Alain Madelin, Le Figaro réaffirme que pendant les 10 jours suivant la catastrophe les autorités sanitaires françaises n'ont pas fourni de chiffres précis. Un encart annonce par ailleurs la décision du ministère de l'industrie d'interdire la consommation des épinards alsaciens, pour lesquels des mesures ont révélé une activité de 2 600 rems par kg, soit au dessus du seuil de 2000 rems par kilo fixé par l'OMS.
Le jeudi 15 mai, la Une est consacrée à l'annonce de la privatisation de TF1, mesure du gouvernement Chirac qui a comme on le sait grandement contribué à l'élévation de la qualité générale de l'information fournie aux français.... En page 10 est évoqué un sondage commandé par V.S.D., selon lequel, sur un échantillon de 800 personnes, 63% des français pensent que « on a voulu cacher la vérité aux français » pendant les deux semaines suivant la catastrophe. Plus frappant : seulement 44% des français (contre 40%) pensent que leur région a été survolée par le nuage radioactif !!! Comment comprendre cela, alors que l'information avait pourtant été donnée à propos du passage de ce nuage (comme cette plongée dans les archives du Figaro devrait achever d'en convaincre) ????? Seules les régions les plus occidentales du pays avaient été épargnées, et celles-ci ne concentraient assurément pas 40% de la population en 1986. Il semble donc y avoir eu dès le départ confusion entre « passage du nuage » et « dangerosité de la radioactivité », comme si on ne pouvait pas imaginer ce qui s'est passé, à savoir un passage effectif mais sans conséquences sanitaires. L'encart en question oppose par ailleurs à ces « inquiétudes des français » (ce qui est un titre paradoxale, puisque le sondage évoqué révèle que près de 80% des personnes interrogées n'ont pas l'intention de prendre de mesures particulières quant à la consommation d'eau du robinet, de lait frais ou de salades... Là aussi, cette sérénité nous renvoie à une époque révolue, on imagine ce qu'il en serait aujourd'hui à l'heure du développement tous azimuts des peurs alimentaires) aux « prudences de Greenpeace », encore une fois accusé par Le Figaro de complaisance à l'égard de Moscou, en dissolvant les responsabilités soviétiques spécifiques dans le cadre général de celles de l'industrie nucléaire.
Conclusion



Les jours suivant, l'information sur Tchernobyl est centrée sur le volet soviétique de l'affaire et sur les décès de personnes irradiées, et le regard hexagonal se porte plutôt sur la question du terrorisme en Corse. A aucun moment7, le quotidien n'a par exemple mené d'enquête pour vérifier les informations les plus alarmistes ou n'a effectué une comparaison précise entre ce qui a été annoncé au jour le jour par le SCPRI et ce qui aurait été révélé par la suite, les lecteurs en restant donc sur l'impression que des choses ont été cachées par les scientifiques voire par le gouvernement.

Au total, à travers les colonnes du quotidien conservateur, nous n'avons pas vu apparaître ces mensonges gouvernementaux et cette volonté des autorités de cacher à la population le passage du nuage. Au travers des interviews publiées, on a plutôt l'impression que les responsables gouvernementaux n'ont pas défendu les services qui les informaient - bien que jouer le rôle d'"agence de presse" n'étaient pas dans leur mission - et ont, au moins par omission, participé à la curée.

Il n'y a jamais eu volonté de nier le passage du nuage sur le territoire hexagonal, mais on a pu constater des réactions différenciée face à radioactivité. Au final, la réaction des autorités françaises a probablement mieux valu que par exemple la panique orchestrée en Allemagne, où on trouve peut-être les principales victimes réelles du passage du nuage en Europe de l'Ouest : les femmes qui se sont inutilement fait avorter par peur des conséquences de la radioactivité.

Je renvoie pour finir le lecteur à cette contribution en ligne, qui détaille les communiqués du SCPRI et l'évolution du journal Libération:

http://www.dossiersdunet.com/spip.php?article750
et surtout à un ouvrage plus approfondi et plus « autorisé » que mon article, et qui décortique précisément la manière dont sont nés les mythes relatifs au passage du nuage sur l'Hexagone et sur ses conséquences sanitaires, en apportant les explications d'ordre scientifique que l'auteur du présent texte est incapable de fournir. Il s'agit du livre de Bernard Lerouge, Tchernobyl, un "nuage " passe... , paru en 2008 chez L'Harmattan.

Yann Kindo

1http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/03/18/9 ... n-lieu.php
2Pour un mise au point sur ce sujet, voir http://www.greenfacts.org/fr/tchernobyl/index.htm

On pourra également se reporter au numéro de Sciences et Vie qui est en kisoque au moment où ces lignes sont écrites, un hors-série intitulé "Nucléaire, le choc". Y est republié en p. 94 un papier de 2006 concernant les difficultés à établier un bvilan sanitaire précis de la catastrophe.

3http://www.dossiersdunet.com/spip.php?article750

4Ibid.

5Voir un compte rendu détaillé et une analyse de cette émission dans le livre de Bernard Lerouge Tchernobyl, un "nuage" passe... présenté en fin d'article. Il n'en ressort pas du tout que le professeur Pellerin a admis à cette occasion avoir minimisé les retombées radioactives.

6Notamment dans son premier paragraphe, qui apparaît contradictoire en lui-même : « « Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl. A aucun moment les hausses observées de radioactivité n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique. ».



7Jusqu'au 20 mai inclus, borne terminale de mes explorations.




__._,_.___

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par energy_isere » 17 juin 2011, 21:31

Un article qui va passionner Krolik. :-P
Fukushima : l'IRSN répond à la CRIIRAD

Ce matin, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a publié un texte répondant aux critiques émises par la CRIIRAD sur son activité.

Ces critiques (lire ici) étaient extrêmement virulentes, accusatoires et se concluaient par une demande de «commission d'enquête» auprès du Premier ministre et du Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire sur les «dysfonctionnements» allégués.

Dysfonctionnements d'une particulière gravité, s'ils étaient avérés, puisque selon la CRIIRAD ils auraient pu conduire l'IRSN à «sous-estimer» une contamination radioactive qui surviendrait en cas d'accident plus proche ou sur le territoire national et donc à des mesures de protection des populations insuffisantes. La Criirad, dans sa critique, utilise de manière répétitive les termes «d'erreurs», «d'anomalie»... et affirme : «En cas de contamination radioactive nécessitant la mise en oeuvre rapide de mesure de protection, une telle erreur de jugement aurait des conséquences majeures.»

Le document de l'IRSN (lire ici, ou téléchargeable ici) répond de manière précise et complète à ces critiques et démontre de manière incontestable que l'erreur - les erreurs - se situent exclusivement du côté de la CRIIRAD. Ce qui est d'un certain point de vue rassurant et de l'autre regrettable.

► il est rassurant de constater que le personnel de l'IRSN travaille correctement et avec compétence... et que les relevés de contamination radioactive qu'il a enregistré ont été correctement présentés au public et aux autorités politiques.

► il est regrettable de constater que la CRIIRAD ne joue pas son rôle de contre-expertise citoyenne, rôle nécessaire et souhaitable, par défaut de compétence... ou peut-être par «mauvaise foi» comme le suggère le texte de l'IRSN et comme il était expliqué sur cette note. Après cette première alerte il eut été judicieux de sa part de poursuivre ses mesures et explications sans renouveler cette erreur. Il faut espérer que cette association va se reprendre et ne pas renouveler ce faux pas. (lire également ici une interview de Didier Champion et cette note.

► il est toutefois rassurant de constater que d'autres associations, comme l'ACRO, ont, dans cette crise, joué leur rôle de contre-expert citoyen avec compétence et bonne foi. Ce qui démontre qu'il est tout à fait possible de conjuguer un refus radical de l'énergie électro-nucléaire, compétence et bonne foi.

Dans un premier temps, les responsables de l'IRSN avaient pensé inutile, voire contre-productif, de répondre à des critiques infondées. Mais deux éléments les ont, semble t-il, conduit à changer d'avis.

Tout d'abord, le personnel - ingénieurs et techniciens - a été ulcéré de se voir accusé de tromper délibérément la population et les autorités sanitaires et politiques. Un sentiment de colère que plusieurs courriels m'ont transmis et d'autant plus fort qu'il lui est délicat de répondre à ce genre d'accusation sans l'autorisation de la direction de l'Institut.

L'autre élément résulte probablement d'une prise de conscience affutée par la gestion de la contamination radioactive de l'accident de Fukushima sur la population japonaise : en cas d'accident, la confiance dans les experts en radioprotection détermine de manière radicale la réaction des populations aux consignes permettant de minimiser les risques sanitaires. Consignes qui fonctionnent dans les deux sens du danger : se mettre à l'abri d'un réel danger radioactif et à l'inverse ne pas mettre sa vie ou sa santé en danger par des réactions fondées sur la crainte d'un danger inexistant. Cette double nécessité est valable aussi bien en cas d'urgence, que sur la gestion à plus long terme.

En conséquence, la construction d'un système d'expertise technique compétent, honnête et non corrompu ou susceptible de céder à un conflit d'intérêt avec l'industrie nucléaire est absolument indispensable à tout pays utilisant cette énergie. A l'inverse, une fois le système construit, ce qui est le cas en France avec la loi Transparence et sûreté nucléaire de 2006 (lire ici le débat parlementaire très instructif lors de son vote), toute mise en cause infondée de la compétence, de la transparence et de l'honnêteté de ses personnels techniques et dirigeants devient dangereuse car susceptible de provoquer des réactions inappropriées des populations. En outre, selon le vieil adage de celui qui crie au loup sans raison, si la CRIIRAD émet un jour prochain une critique fondée sur une erreur ou un dysfonctionnement de l'IRSN, cette critique risque ne de pas être entendue justement en raison de ce faux pas.

...........
http://sciences.blogs.liberation.fr/hom ... iirad.html

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par jimfells » 27 juin 2011, 15:41

Bonjour,

Disons que sur ce coup là ils (la CRIIRAD) ont manqué d’objectivité et de professionnalisme.

C'est dommage, Fukushima aurait été l'occasion pour eux de faire connaitre leurs compétences, leurs moyens de mesure, les moyens de simulations, les méthodes de prélèvement, etc...

Ils ont préféré la méthode: "je gueule", à la méthode: "j'effectue des mesure, de la science et je m'en tiens au faits".

C'est un choix. Dommage, la crédibilité que certains loups qu'ils avaient levé par le passé leur avait apporté, va se fissurer.

Cordialement.

Jim

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par krolik » 27 juin 2011, 17:24

jimfells a écrit :Bonjour,

Disons que sur ce coup là ils (la CRIIRAD) ont manqué d’objectivité et de professionnalisme.

C'est dommage, Fukushima aurait été l'occasion pour eux de faire connaitre leurs compétences, leurs moyens de mesure, les moyens de simulations, les méthodes de prélèvement, etc...

Ils ont préféré la méthode: "je gueule", à la méthode: "j'effectue des mesure, de la science et je m'en tiens au faits".

C'est un choix. Dommage, la crédibilité que certains loups qu'ils avaient levé par le passé leur avait apporté, va se fissurer.

Cordialement.

Jim
Parce que vous trouvez du ^professionnalisme" chez eux, une fois ?
Mais la Criirad ne donne que dans le médiatique à la façon de Léni Riefensthal, pas dans la technique.
Je vous remets un texte que j'avais placé il y a bien longtemps..
@+
Il y a un an Arte a proposé un documentaire de Laure Noualhat de "Libé" sur les déchets radioactifs.
Documentaire mémorable par certains passages.
Enquêtant sur des pollutions nucléaires dans l’Oural, sur la rivière Techa, suite à différents accidents nucléaires historiques. On voit un technicien Criirad gambader avec un compteur Geiger à la main.
Il est sensé se balader sur un terrain fortement contaminé. Dans ce cas la moindre des choses est de porter des sur bottes en plastique et une blouse, pour que tout cela puisse ensuite aller dans les déchets nucléaires à retraiter (incinérer-ça se fait- ou laverie spécialisée) cela a surtout l’avantage de ne pas contaminer le voisinage avec ses vêtements et ses chaussures. Point de tout cela. Il ne porte pas de dosimètre, il ne sait pas s’il se fait griller ou non. Il déplace son compteur un peu n’importe où, au sol, plus haut. Alors que lorsque l’on fait une telle mesure il y a une hauteur réglementaire à adopter de telle façon que l’on sache de quoi on parle, en principe (sauf erreur) c’est 80cm la hauteur des gonades, les parties les plus sensibles aux radiations. Son compteur grésille à fond, l’aiguille est à saturation. Lorsque l’on emploie un voltmètre, on règle le calibre sur une valeur adéquate, si l’on veut mesurer du 240 volts, on se met sur le calibre 600V, et pas sur le calibre 20V, sinon on ne mesure rien. C’est ce qu’il fait, le compteur n’a pas le bon calibre, le technicien ne peut rien mesurer. On voit que l’aiguille est dans le rouge !! Terrible, atroce.. !Sauf que le rouge en question ça ne sert uniquement que pour vérifier la charge de la batterie de l’appareil. Enfin de l’enfumage complet du pauvre téléspectateur.
Le technicien fait un prélèvement de terre, il faut cela à mains nues, alors que la moindre des choses serait de mettre des gants. Il met son prélèvement dans un emballage qui n’est conforme à aucun standard. Et il exporte cela de France en Russie, sans demander aucune autorisation. L’importation de déchets nucléaires est interdite en France, c’est la plus grosse amende prévue par le Code Pénal dans les 8 millions d’euros.
Arrivé dans son labo du côté de Valence il ressort son prélèvement à mains nues pour analyses. Et là il trouve des becquerels de césium.
Mais que devient son prélèvement ? Le remet-il à l’ANDRA comme la Loi le prévoit ? Ou ce prélèvement va-t-il constituer un élément dans un stockage pirate de déchets nucléaires hors du contrôle des autorités, ou finir dans un fossé du coin ?

Mais je vais terminer avec l’histoire fabuleuse du type de la Criirad qui importe des déchets nucléaires en France en provenance de l’Oural.
Il faut savoir qu’il y a une réglementation européenne sur la radioprotection, c’est la directive de l’UE publiée au JO de l’UE le 29 juin 1996 (114 pages je peux vous la mettre à disposition), 10 ans après Tchernobyl (les rédacteurs ont fait attention à ce qu’ils écrivaient...), la synthèse de 60 années de recherches en radioprotection et de milliers d’études dans le monde.
On peut disposer chez soi, sans déclaration particulière 10kBq de césium 137 à condition que la concentration de ce radioisotope soit inférieure à 10kBq/kg. Et comme cela il y un tableau qui donne les valeurs max admissibles, isotope après isotope. Heureusement qu’il y a une limite inférieure à la déclaration, ça permet d’avoir chez soi un réveil matin avec des aiguilles phosphorescentes, ou un morceau de granite breton.
Si l’on reprend la vidéo de l’émission de Laure Noualhat, et que l’on estime la quantité de terre/boue prélevée, de l’ordre à vue de nez de 2 kg, avec une concentration de 4kBq/kg..
Soit inférieur à ce qui peut être assimilé à un déchet.
Donc ce déchet sensé être ramené en catimini, ce n’était rien du tout !
C’est de l’enfumage complet du péquin moyen. Ils instillent de la frousse dans l’esprit des téléspectateurs en même temps qu’ils déconsidèrent les scientifiques russes qui sont sensés ne pas avoir réfléchi à la question, ainsi que des Français et de l’AIEA qui sont en mission là-bas.

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Re: Tchernobyl, Fukushima, et radioprotection par Krolik.

Message par nephron » 28 juin 2011, 00:18

chers amis,

je viens de lire 55 pages de votre passionnante discussion sur le nucléaire....

je prendrais le temps de revenir vers vous pour en rediscuter....


voici dans l'instant ce que m'inspire ce que j'ai lu....

....................

Socrate

470 ans avant J-C
contemporain de la grande démocratie athénienne


“Tout le monde a tendance à s'en remettre aux charlatans plutôt qu’au médecin. Parce qu'elle est la vérité, la compétence se croit dispensée de flatter, de séduire, de plaire, de se faire valoir. Elle laisse ainsi le champ libre à l'imposteur qui, n'ayant nul rapport à la vérité, déploie toute son invention, sa verve, sa pétulance, à en donner l'illusion. Alors que la vérité ne s'impose qu'à celui qui la cherche, les illusions abusent tous ceux auxquels elle en impose. Aussi, malheur au plus juste des hommes s’il lui arrive de comparaître devant la justice populaire!”


.........

dans l'impatience de nos futurs échanges,

bien amicalement


nephron

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Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par krolik » 24 juil. 2011, 11:47

FOWLER a écrit :Krolik tu es pathétique.

Avec ton raisonnement le skate board est plus dangereux que l'énergie nucléaire.

Tu oublies juste que ta vie s'arrêteras bien avant les conséquences de tes choix.
Mais je n'oublie rien du tout.
Je constate simplement que l'on s'est pris sur la tête une centaine de nuages de Tchernobyl avec les retombées des essais atmosphériques, un "nuage" par mois pendant 100 mois !! et qu'il ne s'est rien passé sur la population.
Je constate simplement qu'en France l'hydraulique avec Malpasset a fait bien plus de victimes que le nucléaire.
Les morts "réels" sont tout de même plus "sérieux" que les morts "virtuels".
Si vous voulez plein de morts "virtuels" appliquez la relation linéaire sans seuil à la radioactivité naturelle et vous verrez qu'il ne devrait plus rester un homme vivant sur terre depuis bien longtemps.

Et vous ne répondez pas à la question : - D'où sort-on une évidence qui dirait qu'il est criminel que des gosses encaissent plus de 20mSv/an, d'où vient ce seuil ? Pourquoi pas 15mSv, pourquoi pas 50mSv ?
C'est tout dans la technique du "doigt mouillé" médiatique et ça fonctionne bien pour coller de la frousse à pas cher.
@+

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Re: Catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

Message par GillesH38 » 24 juil. 2011, 12:51

krolik a écrit : Mais je n'oublie rien du tout.
Je constate simplement que l'on s'est pris sur la tête une centaine de nuages de Tchernobyl avec les retombées des essais atmosphériques, un "nuage" par mois pendant 100 mois !! et qu'il ne s'est rien passé sur la population.

Je constate simplement qu'en France l'hydraulique avec Malpasset a fait bien plus de victimes que le nucléaire.
en soi, cette assertion est contestable : le nombre de morts de la rupture d'un barrage est mesurable parce qu'il est très bien localisé spatialement et temporellement, et émerge sans problème du "bruit" (le nombre de morts naturels pendant cette période et en ce lieu), et que les causes sont clairement visibles. Le problème du nucléaire est que ses conséquences sont diffuses et étalées dans le temps, et donc même un nombre de morts supérieur pourrait être invisible parce que superposé à un bruit supérieur. Mais c'est le problème de l'échantillon sur lequel que tu mesures, et non du signal lui même. Ceci dit on peut arguer que les nombres de morts dus à l'extraction d'énergie (y compris des barrages ou du charbon) sera toujours négligeable par rapport à la mortalité naturelle, et c'est acceptable.


Ce qui ne l'est pas, en revanche, ce sont les conséquences socio-économiques des catastrophes nucléaires. Que ce soit à tort ou a raison, les régions autour de Tchernobyl ont été massivement evacuées, et ça a constitué un drame pour des centaines de milliers de personnes. Difficile de savoir quelle aurait été la mortalité si on ne l'avait pas fait, d'ailleurs. Donc il faut aussi évaluer l'interêt nucléaire en regard de ce risque. Encore une fois, le nucléaire ne produit aucun service pour lequel il est indispensable : il ne produit que de l'électricité, pour laquelle on a d'autres moyens de production. Tout argument revenant à dire "on ne peut pas s'en passer " est forcément faux, bien sur que si, on peut s'en passer. Justifier son utilisation ne peut se faire que par un argument du genre "ça a plus d'avantages que d'inconvénients", mais il faut pouvoir le justifier réellement quand on prend en compte la possibilité de ces accidents.
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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