[Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Modérateurs : Rod, Modérateurs

Avatar de l’utilisateur
krolik
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 2870
Inscription : 31 janv. 2009, 17:55
Localisation : Beaugency
Contact :

[Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par krolik » 08 avr. 2010, 15:52

Sur le devenir d'ASTRID dont on commence à parler dans les médias grand public.
@+


Bagnols. Nucléaire - Astrid à Marcoule, les coulisses du projet
Mercredi 7 avril 2010 – Midi Libre.com (http://www.midilibre.com/articles/2010/ ... 79674.php5)


RAPPEL : Le CEA a annoncé la semaine dernière qu'il implanterait le prototype du réacteur de 4 e génération dans le Gard, si l'État valide sa politique énergétique

Même pas besoin de faire du lobbying. C'est tout naturellement que le choix du commissariat à l'énergie atomique (CEA) s'est porté sur Marcoule, si d'aventure, l'État lui concédait le droit de se lancer dans l'aventure de la 4 e génération de l'énergie nucléaire (Midi Libre du 1 er avril).

1 Pourquoi Marcoule ? Les raisons de ce choix sont multiples. Il y a certes l'histoire du site, qui lui confère une image de précurseur dans chacune des étapes du nucléaire français, qu'il soit civil ou militaire. Mais pas que... Le directeur de l'énergie nucléaire du CEA, Christophe Béhar, a avancé de nombreux autres arguments. « Potentiellement, nous avons déjà du terrain sur le site ou à proximité. Et, surtout, la problématique de la séparation et de la transmutation des actinides mineurs est parfaitement connue à Marcoule. » Une dizaine de chercheurs du laboratoire Atalante travaillent déjà sur le sujet depuis quelques années. Et c'est celui-ci que le président Sarkozy a mis en valeur, lorsqu'il a récemment évoqué le nucléaire de demain, celui qui doit permettre de préserver la ressource uranium, donc d'être « durable ».
Autre raison de ce choix, la proximité de Cadarache, site également impliqué dans le travail de recherche et développement (R & D), mais dont l'espace sera fortement occupé dans les prochaines décennies, par un autre projet d'envergue, Iter. Quelques ingénieurs oeuvreront aussi depuis Lyon, Marcoule n'en est pas très loin.
Enfin, il fallait un site en bordure de fleuve et le CEA n'en possède pas beaucoup. Et comme le président Sarkozy a bien dit qu'il ne fallait pas en construire de nouveau...

2 La décision est-elle définitive ? Elle l'est... mais uniquement sur le choix du site, le CEA est sûr de son fait. Ce qui l'est moins, pour le moment, c'est bien la décision finale de l'État de lancer le projet. En fait, dans le calendrier, la première échéance fixée par la loi de 2006 se situe fin 2012, date à laquelle les pouvoirs publics devront pouvoir disposer de premiers éléments budgétaires (investissements, coût de fonctionnement, partenariats éventuels) et techniques.
D'ici-là, le CEA doit donc réaliser un avant-projet sommaire. « La recherche de l'innovation et de la rupture technologique seront privilégiés », promet François Gauché, chef du programme.
Plusieurs indices laissent à penser que la France va s'engager dans ce nucléaire du futur. D'abord, parce que le président de la République a lui même évoqué les besoins énergétiques qui se feront jour en 2030. Ensuite, parce que son gouvernement a choisi de consacrer 650 M€ issus du grand emprunt à ce projet. Pas une paille. Et puis, la France possède une avance significative en la matière, mais de nombreux pays travaillent à leurs futurs programmes. « En Chine, on m'a parlé du projet de construire une centaine de réacteurs en 2050 », assure Christophe Béhar.

3 Quand ? Comment ?
Une fois la décision de poursuivre prise en 2012, le CEA devra rendre son avant- projet définitif en 2014. Là, des équipes arriveraient déjà sur Marcoule pour préparer le travail. C'est en 2017 que la construction du réacteur débuterait, de même que l'atelier des fabrications des coeurs - on ne sait pas encore où. Le chargement du combustible s'opérerait vers 2020. A cette date, « des centaines de personnes » convergeraient vers Marcoule pour de nombreuses années de recherche. Le prototype, comme les réacteurs industriels qui seront ensuite fabriqués, aura une durée de vie de 60 ans. Plus que Phénix, qui s'est éteint l'an passé, non sans des derniers tests, essentiels pour la naissance... d'Astrid.

Ludovic TRABUCHET

Avatar de l’utilisateur
Aerobar
Modérateur
Modérateur
Messages : 1125
Inscription : 15 mai 2005, 15:31
Localisation : Paris
Contact :

Re: [Nucléaire] Le point sur les réacteurs de Génération 4

Message par Aerobar » 08 avr. 2010, 16:13

Enfin, il fallait un site en bordure de fleuve
... et aussi bien ventilé par le mistral, histoire de vite disperser d'éventuels rejets gazeux.
Nous sommes tous voués à devenir ennuyeux.
Paul Valéry, Autres Rhumbs

Avatar de l’utilisateur
GillesH38
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 27214
Inscription : 10 sept. 2005, 17:07
Localisation : Berceau de la Houille Blanche !
Contact :

Re: [Nucléaire] Le point sur les réacteurs de Génération 4

Message par GillesH38 » 08 avr. 2010, 16:28

« En Chine, on m'a parlé du projet de construire une centaine de réacteurs en 2050 », assure Christophe Béhar.
remarque : ça parait beaucoup, mais ça ne ferait que les amener à la moyenne mondiale actuelle, qui ne fait toujours que 5% de l'énergie consommée...
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

Avatar de l’utilisateur
energy_isere
Modérateur
Modérateur
Messages : 89515
Inscription : 24 avr. 2005, 21:26
Localisation : Les JO de 68, c'était la
Contact :

Re: [Nucléaire] Le point sur les réacteurs de Génération 4

Message par energy_isere » 16 août 2010, 13:40

création fil dédié

Le CEA lance son projet de réacteur nucléaire de 4ème génération

31 mars 2010

Le prototype de réacteur nucléaire à neutrons rapides au sodium nommé Astrid devrait voir le jour en 2020. Réacteur de 4e génération, il présente l’avantage de séparer et transmuter les actinides mineurs, assurant une gestion plus "durable" des déchets matières radioactives.

Baptisé Astrid, le prototype français de réacteur de quatrième génération devrait voir le jour en 2020. D'après le CEA, ce futur réacteur à neutrons rapides au sodium présentera de nombreux avantages, dont un recyclage total des matières, une préservation de la ressource uranium et une gestion "durable" des déchets et matières radioactives grâce à la transmutation.

A l’horizon 2030, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) prévoit une augmentation de 20 à 80% de la puissance nucléaire installée dans le monde, notamment en Chine. Le marché de l’uranium pourrait connaître des tensions dès le milieu du siècle, voire une pénurie à la fin du XXIe siècle. Dans ce contexte, le Forum génération IV vise à catalyser les efforts de recherche des différents pays. Il a retenu six systèmes, qui doivent répondre à des exigences de sûreté, d’économie, de disponibilité, d’inspection en service et de réparabilité. La France se consacre à deux d’entre eux, le RNR au gaz (20% de ses efforts avec le projet Allegro), et surtout le RNR au sodium, filière plus mature.

Séparation et transmutation
Les RNR permettent d’élargir le spectre d’utilisation des combustibles potentiels et d’utiliser l’ensemble des stocks de plutonium en le recycler de façon récurrente, préservant ainsi les ressources en uranium. On pourra profiter de la totalité du minerai d’uranium, y compris l’uranium 238. En effet, à défaut d’être fissile, l’uranium 238 peut se transmuter en plutonium 239, à son tour fissile. Dans les réacteurs actuels, seuls quelques neutrons lents parviennent à transmuter. Dans les réacteurs de 4e génération, l’ensemble de l’uranium 238 pourra être transmuté en Pu239. D’après le CEA, la disponibilité mondiale en ressources fissiles primaires pourrait ainsi être multipliée par 100.

Par ailleurs, les réacteurs devraient être en mesure de brûler les actinides mineurs, partie déterminante des éléments radioactifs à vie longue. Les déchets ultimes se limiteraient donc aux produits de fission qui, débarrassées des actinides mineurs, seraient plus facilement stockables et retrouveraient le niveau de radioactivité de l’uranium naturel au bout de 300 ans.

650 millions d’euros
Ces techniques, dont la faisabilité est prouvée en laboratoire, vont être confrontées à l’échelle industrielle avec Astrid (Advanced sodium technological reactor for industrial demonstration) . Prévu pour 2020, ce prototype de 600 MWe, qui devrait se situer, à Marcoule s’inscrit dans la loi du n°2006-739 du 28 juin 2006. L’échéance de 2020 vise également à maintenir les compétences, permettant ainsi aux experts de former une nouvelle génération avant de partir à la retraite.

Astrid bénéficie d’un financement de 650 millions d’euros pour la période 2010-2017 dans le cadre du grand emprunt national. Le CEA compte également obtenir un soutien dans le cadre du prochain PCRDT (Programme cadre de recherche et développement technologique). Le projet repose sur différentes collaborations en France (Areva, EDF, et GDF Suez) et à l'international, don un partenariat renforcé avec le Japon.

Calendrier du projet Astrid

* Mi-2010 : définition des choix structurants et des options ouvertes, lancement de l’avant-projet sommaire

* Avant fin 2012 : avant-projet phase 1 (recherche de rupture technologique en maintenant le risque projet à un niveau raisonnable, dialogue avec l’Autorité de sûreté nucléaire, évaluation des perspectives industrielles des filières de transmutation)

* De 2013 à fin 2014 : avant-projet phase 2 (avant-projet sommaire finalisé et dossier d’options de sûreté)

* 2016 : mise en service de l’atelier de fabrication de cœurs

* 2020 : mise en exploitation du prototype Astrid
source : http://www.techniques-ingenieur.fr/actu ... ticle_7066

Krolik, savez vous si l' étape "définition des choix structurants et des options ouvertes, lancement de l’avant-projet sommaire " à démaré ? J' ai rien dans Google actualité à ce sujet.
A moins que ca attende la rentrée de septembre.

Avatar de l’utilisateur
krolik
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 2870
Inscription : 31 janv. 2009, 17:55
Localisation : Beaugency
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par krolik » 22 oct. 2010, 14:08

Je vous mets ici : http://dl.free.fr/rQOEnLam2
le pdf des slides présentées lors d'une conférence hier au soir par un responsable du SEPTEN d'EDF qui fait le point sur la Génération 4, les expériences retirées de Phénix et leur mise en perspective pour ASTRID.
Document passionnant pour ceux qui s'intéressent au sujet.
@+

Avatar de l’utilisateur
krolik
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 2870
Inscription : 31 janv. 2009, 17:55
Localisation : Beaugency
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par krolik » 10 nov. 2010, 01:04

Ca se précise, mais cela prend du retard..
@+
Le CEA et AREVA signent un accord de collaboration pour la conception du prototype industriel de réacteur de 4ème génération ASTRID

Paris, le 9 novembre 2010

AREVA et le CEA ont signé un accord de collaboration relatif aux premières études de conception du projet de prototype de réacteur de 4ème génération ASTRID
(1). Il permettra au gouvernement français de prendre, dès 2017, les décisions concernant la construction de ce démonstrateur
(2).Cet accord fait suite à la loi du 28 juin 2006 sur la gestion durable des matières et des déchets nucléaires, au programme d’investissements d’avenir et à la convention État-CEA signée le 9 septembre 2010 (3) qui confie au CEA la responsabilité de la conception du
prototype. Il s’agit du premier partenariat industriel mis en place autour de ce projet.
Cette collaboration permettra de croiser les apports des équipes de R&D du CEA avec les compétences et l’expérience uniques de conception d’AREVA en matière de réacteurs nucléaires.
AREVA se voit ainsi confier la responsabilité de la conception de la chaudière, des auxiliaires nucléaires et du contrôle-commande.
Le CEA assurera de son côté le pilotage d’ensemble des études, réalisera la conception du coeur du réacteur et de son combustible.
D’autres partenariats sont en cours de finalisation concernant les autres lots d’ingénierie nécessaires, comme le génie-civil ou la turbine.
L’effort cumulé d’AREVA et du CEA représentera plus de 250 personnes fin 2010, pour atteindre plus de 350 personnes d’ici à la fin 2012.
L’objectif est de mettre au point un réacteur qui servira de démonstrateur des choix de conception innovants permettant à la filière des réacteurs à neutrons rapides d’atteindre les critères de la 4ème génération, à savoir :
- un recyclage approfondi des matières nucléaires ;
- une démonstration de sûreté robuste, positionnant ASTRID au même niveau de sûreté que les EPR ;
- un niveau de disponibilité et de fiabilité élevées pour les exploitants ;
- le respect des exigences de résistance à la prolifération.
ASTRID devrait être un réacteur prototype électrogène de 600 MWe environ, fonctionnant avec un coeur à neutrons rapides et refroidi au sodium. Un tel démonstrateur est nécessaire pour tester, avant l’étape d’une tête de série commerciale, les innovations par rapport aux
réacteurs à neutrons rapides antérieurs.
Les réacteurs à neutrons rapides permettent en effet d’améliorer très fortement la valorisation énergétique de l’uranium naturel, appauvri ou de
retraitement, autorisent la consommation et le recyclage multiple du plutonium, et ont la capacité, si ce choix en est fait,
de recycler également des actinides mineurs. De tels réacteurs sont en cours de construction ou en projet en Inde, Russie, Chine et au Japon. Dans les scénarios étudiés le XXIème siècle, ils pourraient être mis en service de façon commerciale vers la moitié
du siècle, en complétant alors les parcs de réacteurs à eau légère comme l’EPR™ d’AREVA pour apporter une souplesse accrue de gestion des matières nucléaires.
(1) « Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration » : réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium de 4ème génération à vocation de démonstration technologique et industrielle.
(2) Le calendrier des études de conception du prototype ASTRID prévoit trois jalons principaux : la livraison en 2012 de la première phase de l’avant-projet sommaire (AVP1), en 2014 de la deuxième phase de l’avant-projet sommaire (AVP2), qui seront suivies par un
avant-projet détaillé.
(3) Convention du 9 septembre 2010 entre l’État et le Commissariat à l’énergie atomique et aux
énergies alternatives (CEA) relative au programme d’investissements
d’avenir (action « réacteur de
4ème génération ASTRID ») publiée au Journal Officiel de la République
Française du 11/09/2010.
Cette convention prévoit 652 millions d’euros pour le programme ASTRID
jusqu’à la fin des études
d’avant-projet détaillé en 2017.

Avatar de l’utilisateur
energy_isere
Modérateur
Modérateur
Messages : 89515
Inscription : 24 avr. 2005, 21:26
Localisation : Les JO de 68, c'était la
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par energy_isere » 10 nov. 2010, 15:11

Article dans Enerzine sur ASTRID :
Astrid, futur réacteur nucléaire de 4ème génération

Suite à la signature d'un accord de collaboration, les premières études de conception concernant le projet de prototype de réacteur de 4ème génération ASTRID (1) vont pouvoir être menées conjointement par Areva et le CEA.
Cette étude permettra au gouvernement français de prendre, dès 2017, les décisions concernant la construction de ce démonstrateur (2).

........................
http://www.enerzine.com/2/10756+astrid- ... tion+.html

Avatar de l’utilisateur
energy_isere
Modérateur
Modérateur
Messages : 89515
Inscription : 24 avr. 2005, 21:26
Localisation : Les JO de 68, c'était la
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par energy_isere » 03 janv. 2011, 18:26

La vision du Pôle écologique du Parti Socialiste sur le projet Astrid :
Réacteur à neutrons rapides ASTRID

7 déc, 2010

Le 9 novembre 2010 le Commissariat à l’Energie Atomique et l’entreprise AREVA ont convenu d’un accord de collaboration pour mener les premières études de conception d’un nouveau prototype de réacteur nucléaire électrogène à neutrons rapides intitulé Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration [ASTRID] financé par une subvention d’état engagée pour 650 millions d’euros. Ce projet ne relève pas de la recherche fondamentale comme ceux auxquels le CEA participe (ex : ITER) mais constituerait le moment venu un outil industriel et commercial impliquant l’ensemble de la population du fait de la dangerosité potentielle des matières utilisées et du mode de production de l’électricité nationale qu’il pourrait imposer.

C’est pourquoi le Pôle écologique du Parti Socialiste demande que la construction de ce projet d’équipement soit suspendue et subordonnée à :

- l’achèvement, la publication et la mise en débat du retour d’expérience des programmes Phenix et Superphenix ;

- la tenue d’un débat public authentique, large et approfondi sur l’intérêt de l’équipement, son coût, ses risques, y compris en le comparant à des choix alternatifs pour satisfaire l’objectif énergétique et climatique à l’horizon 2050.

Il faut tout faire pour éviter l’impasse et le gaspillage qu’a constitué en son temps le programme Superphénix.
http://www.voie-militante.com/politique ... es-astrid/

Avatar de l’utilisateur
energy_isere
Modérateur
Modérateur
Messages : 89515
Inscription : 24 avr. 2005, 21:26
Localisation : Les JO de 68, c'était la
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par energy_isere » 05 avr. 2011, 16:25

Le débat sur le nucléaire remet-il en cause Astrid ?

Midi Libre 18 mars 2011

Astrid... Jusque-là, ce doux acronyme ne s'était pas invité dans le débat qui secoue la planète depuis la catastrophe qui se joue au Japon. Pourtant, son avenir - et celui du site de Marcoule -, est directement induit par la bataille que mènent les anti-nucléaires, chaque jour plus nombreux.

Retour en arrière. C'était l'an passé au mois de mars. Le commissariat à l'énergie atomique (CEA) annonçait en grande pompe que son choix s'était porté sur le site de Marcoule pour développer le prototype du réacteur de quatrième génération. C'est-à-dire pas le nucléaire de demain, mais bien celui d'après-demain. Astrid, le nom du projet pour 'Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration*', doit sortir de terre en 2020, afin de permettre sa mise en production à l'horizon 2040. Pour résumer, le réacteur à neutrons rapides refroidis au sodium permettrait de mieux recycler les déchets et réclamerait moins d'uranium, la matière première.


Une décision politique en 2012
Pour Marcoule, site dont certaines installations commencent à être démantelées, c'était l'assurance d'une seconde jeunesse. Et pour le Gard rhodanien, une source d'emplois toujours importante. Mais cette décision tant attendue par beaucoup de décideurs du territoire n'était alors pas définitive. Il y avait, comme le CEA l'a rappelé ce même jour, une condition essentielle : que l'État confirme en 2012 sa volonté de conforter sa politique énergétique dans le nucléaire. Juste un passage obligé imposé par la loi, assuraient certains spécialistes du nucléaire. Surtout dans le pays de Becquerel, où le nucléaire est devenu un dogme.

Sauf que la triste actualité remet l'ensemble du projet en question. Car si Astrid voit le jour en 2020, c'est pour permettre à ses 'copies' de fonctionner de façon industrielle jusqu'en... 2080 environ. Ce serait un véritable choix de société, aujourd'hui contesté par la vox populi.

Le scénario le plus doux imaginé par les 'anti' propose en effet une sortie progressive d'ici 25 à 30 ans, le temps d'imaginer des solutions alternatives. Autant dire que dans ce schéma-là, Marcoule n'a aucune place.

Le projet Astrid est-il donc menacé ? Hier, au cours d'une réunion d'information organisé par la commission locale d'information dont il est le président, Alexandre Pissas refusait de répondre à la question. « C'est disconvenant, à l'heure d'un tel drame, de mettre sur la table le sujet du choix énergétique de la France. Cela dépend d'abord de l'assemblée nationale, qui devra faire ce choix sous les auspices du président », a-t-il dit.

Le problème est posé. Ce choix-là sera avant tout politique. Et se décidera en année d'élection présidentielle avec toutes les tentations stratégiques que l'on peut imaginer. Jean-Pierre Charre, maire d'Orsan, qui œuvre depuis plusieurs mois sur la prévention du risque nucléaire (lire ci-contre), ne nie pas que le débat est nécessaire. « Mais il devra être rationnel, ajoute-t-il. Alors même que l'on ignore les conséquences exactes de l'accident au Japon, il est impossible de prendre une telle décision. Les élections présidentielles pourraient effectivement être un lieu de débat ».

La position de Nicolas Sarkozy semble déjà claire. Depuis plusieurs jours, il ne cesse de répéter qu'il n'est pas question « de remettre en cause la pertinence du choix nucléaire ». À gauche, c'est plus compliqué, le poids des Verts pouvant peser dans le débat. Patrice Prat, maire PS de Laudun, en convient : « Il faudra faire preuve de réalisme, étudier toutes les données du problème : les 60 ans d'histoire industrielle qui ont permis notre indépendance énergétique, l'audit sur la sécurité des centrales, la possible meilleure gestion des déchets à l'avenir... Mais aussi les solutions alternatives. Mais, de grâce, cela ne doit pas être discuté sous le coup de l'émotion ».

Le nucléaire sera donc certainement au cœur des débats en 2012. Et cette fois, on parlera certainement d'Astrid et de Marcoule.

LUDOVIC TRABUCHET Midi Libre
http://www.midilibre.com/articles/2011/ ... 68481.php5

WizardOfLinn
Brut lourd
Brut lourd
Messages : 312
Inscription : 15 mai 2009, 16:09

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par WizardOfLinn » 08 avr. 2011, 17:52

Au fait, les RNR-Na nouvelle version, ça a toujours un coefficient de vide positif ? On considère toujours qu'il est impossible de perdre le sodium du circuit primaire ?

Avatar de l’utilisateur
GillesH38
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 27214
Inscription : 10 sept. 2005, 17:07
Localisation : Berceau de la Houille Blanche !
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par GillesH38 » 08 avr. 2011, 18:03

oui , c'est dû à de la physique fondamentale, une résonance du sodium qui amortit la réaction : si il fuit, ça accélère. On peut rien y changer. C'est pour ça que les chercheurs préfèrent travailler sur les réacteurs à sels fondus. Mais le CEA a choisi de revenir à la filière Pu Na, probablement pour récupérer l'expertise de Superphénix.
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

WizardOfLinn
Brut lourd
Brut lourd
Messages : 312
Inscription : 15 mai 2009, 16:09

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par WizardOfLinn » 11 avr. 2011, 17:39

Le CEA travaillait à réduire ce coefficient, mais il semble que les solutions abaissent, et même annulent le gain de surgénération (enfin, je pose quand même la question parce mes docs datent de quelques années, ça a pu changer).
A part ça, pas besoin de connaitre les conséquences exactes de Fukushima pour prendre des décisions, contrairement à ce qui est dit dans cet article de Midi Libre, cette catastrophe devrait disqualifier d'office certains types de réacteurs, trop dépendants de systèmes auxiliaires, en plus d'avoir une physique un peu inquiétante.
Il suffit de se demander : que ce serait-il passé si les réacteurs de Fukushima avaient été des RNR-Na ?

Avatar de l’utilisateur
krolik
Hydrogène
Hydrogène
Messages : 2870
Inscription : 31 janv. 2009, 17:55
Localisation : Beaugency
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par krolik » 24 juin 2011, 11:05

Ca avance...
@+
Source : Industrie et Technologie

http://www.industrie.com/it/conception/ ... trid.11654

Nucléaire : lancement des études d’avant-projet d’Astrid
Le 23 juin 2011 par Jean-François Preveraud

Le coeur du futur réacteur de 4e génération
DR

Un groupe d’ingénieristes emmené par Assystem vient de se voir notifier un contrat d'une durée de 44 mois d'Assistance à Maîtrise d'Ouvrage avec le CEA pour les études d'avant-projet du réacteur prototype de 4e génération.

Le groupement Assystem-Ingerop-Sonovision/Ligeron, dont Assystem est le mandataire a été sélectionné pour accompagner le CEA dans le développement du réacteur prototype de 4e génération, Astrid. Ce contrat d'Assistance à Maîtrise d'Ouvrage d'une durée de 44 mois (dont 20 mois fermes) comprend une mission d'Assistance au management de projet, ainsi qu'un support pour la gestion de la configuration et la synthèse technique. Il s'inscrit dans le cadre de la réalisation des études d'avant-projet, préalables au lancement de la construction du réacteur à partir de 2017.

Astrid sera un réacteur prototype électrogène de 600 MWe environ, fonctionnant avec un cœur à neutrons rapides et refroidi au sodium. Un tel démonstrateur est nécessaire pour tester, avant l'étape de série commerciale, les innovations permettant d'atteindre les critères de 4e génération, à savoir :

un recyclage approfondi des matières nucléaires ;
une sûreté au moins équivalente à celle des réacteurs de 3e génération et tenant compte des enseignements de l'accident de Fukushima ;
un niveau de disponibilité et de fiabilité élevé pour les exploitants ;
le respect des exigences de résistance à la prolifération..

Ensemble, les trois partenaires apportent des compétences de pointe en infrastructure et installation nucléaire, maîtrise des risques et sûreté.

Jean-François Prevéraud

Pour en savoir plus : http://www.assystem.com & http://www.cea.fr

Avatar de l’utilisateur
energy_isere
Modérateur
Modérateur
Messages : 89515
Inscription : 24 avr. 2005, 21:26
Localisation : Les JO de 68, c'était la
Contact :

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par energy_isere » 27 juin 2012, 13:32

Le CEA et Bouygues s'allient pour un réacteur de 4e génération

Publié le 26 juin 2012 PARIS (Reuters)

Le commissariat à l'énergie atomique (CEA) et Bouygues Construction annoncent mardi la signature d'un accord de collaboration pour les études de conception du prototype de réacteur de quatrième génération dénommé Astrid.
Cet accord va permettre de croiser les apports de la R&D du CEA avec les compétences de Bouygues Construction dans le domaine du génie civil nucléaire, précisent les deux sociétés dans un communiqué commun.
La conception d'Astrid, qui participe au développement d'une filière de réacteur à neutrons rapides de quatrième génération, a été confiée à la Direction de l'énergie nucléaire du CEA, avec un objectif de mise en service à l'horizon 2020.
La phase d'études se poursuivra jusqu'en 2017.
Les 58 réacteurs nucléaires actuellement en service en France appartiennent aux deux premières générations, tandis que l'EPR en cours de construction à Flamanville et dont la mise en service est programmée pour 2016, appartient à la troisième.
http://www.usinenouvelle.com/article/le ... on.N177463

Avatar de l’utilisateur
Herv12
Condensat
Condensat
Messages : 658
Inscription : 03 oct. 2011, 09:13
Localisation : Aveyron (12)

Re: [Nuke Génération 4] Le projet de réacteur ASTRID

Message par Herv12 » 27 juin 2012, 20:38

Il suffit de se demander : que ce serait-il passé si les réacteurs de Fukushima avaient été des RNR-Na ?


De ce que j'ai lu, il n'y aurait probablement pas eu de catastrophe pour deux raisons:

- La grande inertie thermique du sodium aurait laissé beaucoup plus de temps aux opérateurs pour trouver une source d'alimentation auxiliaire (une semaine au lieu de 8h).

- De toute façon, si le réacteur était sur le modèle de superphénix, il etait conçu pour résister à la disparition brutale du Rhone ( la chaleur résiduelle pouvait être evacuée passivement par convection naturelle du sodium et par echange avec l'air ambiant en ouvrant des panneaux au niveau des générateurs de vapeur qui sont a l"extérieur du batiment réacteur).

Bon, aprés il aurait pu y avoir d'autres soucis....
Pour sauver les arbres, mangez les castors.

Répondre