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Les technophobes veulent un « tribunal Russell contre les crimes du nucléaire civil » !
Que l’accident de Fukushima suscite des interrogations sur la sécurité nucléaire en général et au-delà, sur les choix énergétiques, n’a rien de surprenant ni de choquant. Mais comment en débattre et avec qui ? Certainement pas avec les principaux anti-nucléaires qui donnent de la voix depuis quelques mois. Pour ceux-là, qui sont animés par une technophobie pure et simple parce qu’ils s’imaginent lutter contre le système en attaquant la technologie en général, il n’est pas question de débat rationnel, de peser et de relativiser les risques et les avantages d’une telle technologie. Il n’est même pas question de débat pour un Stéphane Lhomme, qui en bon démocrate qui se respecte, dénonce « le piège d’un référendum » (1).
La gestion de l’information autour de l’accident a fait beaucoup plus de dégâts que la gestion de l’intervention sur la centrale, où l’on ne déplore aucun mort y compris parmi les liquidateurs (2), ce qui permet aux anti de donner libre au cours aux pronostics les plus délirants. Les députés européens d’Europe Écologie s’étaient précipités pour exiger de « sortir de la folie nucléaire » (3), et ne reculant devant aucun lyrisme manipulateur, dénonçaient « la folie démiurgique d’un système économique et d’un mode de développement qui croit pouvoir s’exonérer de l’imprévisible, du risque et des équilibres naturels ». A l’heure des dévastations causées par le tsunami, ils préféraient terroriser les populations sur « une contamination catastrophique qui [pourrait] balayer l’archipel et le Pacifique ».
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Serial Fakers
Fukushima, ce fut l’occasion pour tous les complotistes et les charlatans de sortir du bois. Pour la CRIIRAD, d’inventer un nouveau mensonge de l’IRSN, moyennant quelques manipulations statistiques (4). Dans l’escalade de l’apocalypse annoncée, Stéphane Lhomme annonçait que des millions de japonais vont développer un cancer. Et une activiste anti-nucléaire australienne, qui se fait passer pour une physicienne , de dénoncer en Fukushima une « catastrophe bien pire que Tchernobyl » (5). Rien que ça !
Les propos de cette bonimenteuse (6), permettent d’ailleurs de se rendre compte du fonctionnement de ce milieu : ainsi l’amalgame concernant l’uranium basé sur l’exemple de l’Irak, où l’armée américaine aurait utilisé des obus dont les têtes contenaient de l’uranium appauvri destiné à augmenter leur pouvoir perforant. « L'uranium est déjà très toxique, mais il peut se révéler encore plus dangereux une fois manipulé. Les Américains ont utilisé de l'uranium à Falloujah et Bagdad, en Irak. A Falloujah, 80% des bébés présentent de graves malformations: des bébés nés sans cerveau, d'autres avec un seul oeil, sans bras... Au point que les médecins recommandent aux femmes de ne plus faire de bébés!». Bien que sans le moindre rapport avec la situation au Japon, citer des chiffres délirants sur les conséquences de la guerre d’Irak (7) permet d’agiter l’épouvantail de la fin du monde. Par recoupements, on retrouve cette légende et ces chiffres abracadabrants dans la littérature du réseau Sortir du nucléaire , lequel affirme : «La fixation de l’UA sur le placenta provoque chez les nouveau-nés d’horribles malformations : hydrocéphalies, absence de tête, de membres ou d’organes, organes à l’extérieur du corps. Chez les bébés irakiens nés en 2002, l’incidence d’anophtalmie (absence d’yeux) a été 250.000 fois plus grande que l’occurrence moyenne. Les premières paroles d’une femme irakienne qui vient d’accoucher ne sont pas : « c’est une fille ou un garçon ? », mais « mon bébé est-il normal ? ». En outre, les anomalies génétiques s’aggravant d’une génération à l’autre, il faudra plusieurs décennies avant de mesurer l’atteinte du génome. ».On se contentera de noter que compte tenu de l’incidence estimée de l’anophtalmie (8), les affirmations de Sortir du nucléaire sont mathématiquement impossibles.