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par franck1968 » 01 avr. 2006, 11:23
La mutation énergétique de la Chine appâte les groupes français
[ 31/03/06 ]
Espérant profiter de la nouvelle stratégie énergétique des autorités de Pékin, plusieurs grands groupes industriels français ont rencontré à Tianjin des officiels et des industriels chinois.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À TIANJIN.
Appâtés par les vertigineux besoins en énergie de la croissance chinoise, les grands industriels français se sont déplacés en masse cette semaine à Tianjin, à 100 kilomètres au sud-ouest de Pékin, pour assister au XIIe Colloque économique franco-chinois consacré aux défis du développement durable. Areva, Alstom, EDF, Veolia, Suez, Total : aucun des grands groupes de l'Hexagone pouvant espérer profiter de l'explosion et des mutations du marché chinois de l'énergie n'a raté l'événement. L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, qui bénéficie encore d'une certaine aura auprès des autorités du pays, avait lui aussi fait le déplacement pour apporter son soutien aux projets les plus « politiques » du secteur.
En ouverture des débats organisés par le comité France-Chine, Zheng Xinli, le directeur adjoint du Bureau de recherche de la politique centrale du Parti, a rappelé les prévisions du gouvernement. Programmant une croissance annuelle moyenne de 7,5 % au cours des quinze prochaines années, le pays devrait logiquement consommer 3,8 milliards de tonnes équivalent charbon (TEC) en 2020, contre seulement 2,1 milliards aujourd'hui. « La Chine pourrait alors dépasser la consommation énergétique des Etats-Unis », s'est alarmé le responsable, avant de confirmer la nouvelle stratégie des autorités.
Longtemps obnubilées par les records de croissance et de production, les autorités centrales et provinciales ont gaspillé leurs ressources en se montrant peu regardantes sur la productivité de leurs entreprises. « Pour produire 1 point de PIB, nous brûlons encore cinq fois plus d'énergie que la France », a rappelé Zheng Xinli.
Depuis trois ans, la dépendance croissante au pétrole étranger, l'affront des pannes de courant dans les immeubles high-tech de Shanghai et les multiples dégradations écologiques ont encouragé un nouveau discours. La croissance doit désormais être économe d'énergie et écologiquement responsable, martèlent le président, Hu Jintao, et son Premier ministre, Wen Jiabao. Le onzième plan quinquennal validé en mars par l'Assemblée nationale populaire chinoise prévoit donc une réduction de 20 % de l'énergie par unité de PIB gagnée entre 2005 et 2010. La structure énergétique du pays va également être revue.
Technologies de pointe
Cherchant à accompagner ce lucratif virage stratégique, les groupes français présents ont rappelé leur savoir-faire aux officiels chinois. « Le charbon va rester la première source d'énergie du pays (encore 70 % de la production d'électricité) et l'on peut en améliorer la propreté et l'efficacité en amenant ici des technologies de pointe déjà développées en Europe », explique Zhou Wei d'EDF. Yves Thibault de Silguy propose, lui, l'expertise de Suez dans les énergies solaire, éolienne ou hydraulique, que Pékin a promis d'encourager. « Nous avons fourni 16 des unités (turbine et générateur) du mégabarrage des Trois Gorges », rappelle de son côté Alain Berger d'Alstom.
« Nous espérons bien répondre aux objectifs des Chinois », a résumé Arnaud de Bourayne, le président d'Areva Chine. Son groupe espère toujours participer à la construction de la trentaine de réacteurs nucléaires programmés par Pékin d'ici à 2020. Absente de Tianjin, Anne Lauvergeon est arrivée en début de semaine à Pékin pour tenter de remettre son entreprise dans la course aux générateurs de troisième génération que l'américain Westinghouse semble dominer depuis sa décision de transférer l'intégralité de sa technologie aux Chinois. « Ils n'ont pas encore perdu tout espoir », assurait hier un expert français. Sans grande conviction.
YANN ROUSSEAU