Ce rapport n'a pas pour vocation à traiter en détail tous les aspects. Il s'agit surtout de mettre en regard les besoins, les ressources en uranium/thorium, et des solutions techniques. Même s'il reste des problèmes techniques, la faisabilité des surgénérateurs est démontrée depuis longtemps, et il ne faut pas s'arrêter aux problèmes de SuperPhenix (surtout victime d'acharnement politique) qui n'étaient pas insurmontables et auraient été résolus avec le temps : russes et américains ont déjà construit des surgénérateurs, et on évalue aussi d'autres solutions pour remplacer le sodium.
Pour le retraitement, il est bien dit dès le départ que le retraitement ne fait pas partie du périmètre de l'étude. Et il est aussi vrai qu'il n'est pas évident que la filière française de retraitement soit la meilleure solution.
Concernant l'extraction de l'uranium océanique : il s'agit essentiellement d'un procédé passif, justement très économe en énergie, et on ne chauffe pas l'eau de mer. Pour simplifier, il s'agit de flotteurs semi-immergés sur le passage d'un courant marin, et qui concentrent certains métaux, dont l'uranium. Les flotteurs sont récupérés plusieurs fois par an, et réutilisés après extraction de l'uranium. Cette voie est surtout étudiée au Japon, et plusieurs procédés ont été évalués.
Pour une référence technique :
http://npc.sarov.ru/english/digest/1320 ... ndix8.html
Un laboratoire français a également fait l'essai dans le Gulf Stream.
Les différentes évaluations, variant au départ de 100$/kg à 1000$/kg, convergent vers un coût de l'ordre de 300$/kg. Ce ne serait donc pas rentable actuellement, mais le deviendrait en cas d'augmentation de la demande, et de plus, celà procurerait une certaine autonomie à un pays comme le Japon.
Cette question de l'uranium océanique est très importante, parce qu'elle redonne bien plus de marge que ne le laisse penser cette étude de déploiement : si nécessaire, on peut continuer plus longtemps avec les filières actuelles, même s'il est souhaitable de développer les R4G pour fermer le cycle du combustible.
Cependant, en y regardant d'un peu près, il y a beaucoup de monde qui a intérêt à minimiser, ou à masquer cette information, ce que rappelle Charpak :
- les gens qui sont contre le nucléaire, pour qui les réserves sont limitées à 40 ans (ce qui est déjà faux, il manque un bout de la phrase : au coût actuel), et pour qui les surgénérateurs relèvent de la science-fiction
- ceux qui travaillent sur les surgénérateurs, en faisant également valoir l'urgence par rapport aux ressources pour obtenir des crédits de recherche
- les exploitants de mines terrestres traditionnelles, qui devraient au minimum changer de technologie, et risquent même de perdre ce marché
On voit que sur cette question de l'évaluation des ressources, et il y beaucoup d'enjeux et d'intérêts contradictoires, et qu'il vaut mieux, autant que possible, chercher des articles techniques de première main pour se faire un idée.
A+