Éolien : probléme de l' intermitence, des solutions ?

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Re: POWEO

Message par krolik » 20 sept. 2009, 17:48

Glycogène a écrit :Pourquoi on construit de centrales au gaz pour les pointes alors que le nuc pourrait suffire ?
Mais le nuc est insuffisant, c'est pour cela que l'on construit des EPR.
Mais pour un usage temporaire de pointe, la turbine à gaz est plus optimisée et plus rentable qu'une centrale nuc qui fonctionnerait à 10% ou 15% de son temps.
Le passage du fonctionement en base au fonctionnement en suivi de charge a conduit au fait que l'électricité nucléaire est passée en gros de 90% à 80% annuellement.
@+

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Re: POWEO

Message par energy_isere » 21 sept. 2009, 10:07

krolik a écrit :
Jägermeifter a écrit :A chaque fois qu'une éolienne fonctionne, c'est une centrale classique qui est arrêtée. En France, 82% du temps, c'est du thermique. En 2020, ce taux sera de 100%.
Là je n'ai pas tout compris...
@+
En effet. Jägermeifter nous avait habitué à plus de rigueur.

Il devrait dire plusieur parc éolien entier qui se mettent à fonctionner simultanément pour induire l' arrét d' une centrale thermique.

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Message par Jägermeifter » 21 sept. 2009, 13:46

Oui, j'ai peut été un peu léger.

Une énergie dite fatale (éolien, PV) et bénéficiant de l'obligation d'achat se comporte vu du réseau comme une baisse de la consommation. A chaque instant, celle si se substitue à la production marginale (la production la plus chère) présente à ce moment la. Il n'y a aucune notion de base ou pointe comme certains peuvent le penser.

De ce fait, l'énergie éolienne (comme n'importe quelle baisse de consommation) permet d'économiser un certain mix électrique, selon la marginalité des groupes. En France la production thermique classique est marginale de l'ordre de 85% du temps. Cette production thermique est à la fois française et étrangère, à travers le mécanisme d'interconnexion : en réduisant la consommation, la production thermique française se réduira mais les importations seront également réduites (= les exportations seront augmentées), et cela dans des proportions proches (moitié française, moitié étranger).

La production nucléaire a été ces dernières années de l'ordre de 15% : pendant 15% du temps, les centrales nucléaires n'étaient pas "à fond", et étaient réduites volontairement, car leur production n'avait pas de débouchée. A ce moment la uniquement, toute baisse de consommation (ou toute production EnR) réduit la production nucléaire.

Les chiffres varient bien sur avec le temps. L'augmentation des capacités d'interconnexion ainsi que l'augmentation de la consommation (et les grèves...) fait baisser le taux de marginalité de la production nucléaire (les 15%), qui arrivera à 0 avant 2020, et cela malgré le développement de la production éolienne.

De ce fait, nous pouvons considérer que la production éolienne se substitue aujourd'hui à 85% à du charbon (dont une partie est à l'étranger), et à 15% à du nucléaire. D’ici une décennie, l'intégralité de la production éolienne se substituera à de la production charbon. La guéguerre éolien-nucléaire est imbécile et strictement politique. Beaucoup ne l'on pas compris, tant chez "les éoliens" que les défenseurs du nucléaire, et cela est bien regrettable.

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Message par Jägermeifter » 21 sept. 2009, 14:09

krolik a écrit :Mais on module bien la puissance du nucléaire : variation de 70% de la puissance d'une centrale en 20 minutes, ce qui est supérieur aux variations mesurées par RTE sur le réseau, sauf le connerie du type : on éteint toutes les lumières pendant 2 minutes à 20:00 heures pile. Même si ça ne fait que 0,8% de variation du total ça fait un dP/dt trop rapide qu'il faut anticiper spécialement.
Cette remarque est fausse. L'arrêt tant médiatisé des lumières ne pose absolument aucun problème à RTE, qui doit quotidiennement faire face à des aléas beaucoup plus grand et bien moins prévisibles, en particulier aux déclenchements de groupes (déconnection inopinée de centrales classiques). En France, chaque semaine en moyenne, un groupe de plus de 1000 MW déclenche, c'est à dire qu'il se coupe instantanément du réseau en raison de défauts techniques, parfois sans aucun signe préalable. A ce moment, la baisse de puissance peut atteindre 1650 MW (dans le cas d'un EPR), moins évidemment dans le cas d'une centrales plus petite. Cette baisse peut encore être plus importante en cas de perte d'un poste RTE, car plusieurs centrales peuvent être perdues du réseau en même temps. Le dP/dt est alors infini, et la puissance beaucoup plus importante.

Afin de palier à cet aléa, le système électrique est régulé grâce au mécanisme de réserve primaire : chaque producteur doit avoir la capacité de produire instantanément un peu plus d'électricité que ce qu'il produit. C'est obligatoire, mais cette capacité peut être échangée entre producteurs (pour faire fonctionner le nucléaire au max et laisser le charbon faire cette réserve primaire). Ce mécanisme est mécanique (inertie des génératrices) automatique et instantané. La puissance pouvant être libérée est de plusieurs milliers de MW.

Pour plus de renseignement, voir l'article 14 de l'arrêté du 23 avril 2008.

Après, il y a aussi les mécanismes de réserves secondaire, puis tertiaire (hydro). Bref, éviter d'écouter Jancovici ou Krolik et arrêtez vos lampes si vous en avez envi, cela ne présente aucun danger pour la sureté du système électrique !
krolik a écrit :D'ailleurs les centrales nuc en France travaillent en suivi de charge et plus en base ce qui a pour conséquence de réduire leur taux de disponibilité apparent depuis quelques années. Alors que les Allemands travaillent en base. En 2008 sur les 10 meilleures disponibilités de centrales nuc dans le monde il y avait 6 allemandes, ils en sont fiers.
C'est exact, et selon les documentations publiques d'EDF, cela se monte à 1,5% de la puissance installée.
krolik a écrit :Maintenant une éolienne =égale une centrale classique, une éolienne à 2,5MW et une centrale thermique charbon à 700MW. Je veux bien!!!! C'est ce qui est écrit pourtant.
Et puis arrêter une centrale charbon, ce n'est pas instantané non plus et la faire redémarrer encore moins. Ce ne sont pas des mobylettes.
Une centrale charbon ça pollue un max tant qu'elle n'est pas à son régime de croisière, c'est comme un moteur qui n'est pas chaud, ça crache noir, alors s'amuser à arrêter redémarrer...
Tout à fait, et on peut d'ailleurs constater que les groupes nucléaires varient avec des vitesses du même ordre que les groupes charbon. On peut également constater que la production thermique reste présente en France lorsque la production nucléaire est réduite. Les variations de production éolienne sont également anticipées par des prévisions de production, tout comme les variations de la consommations le sont. Cela ne fait que modifier les programmes de fonctionnement des groupes, et réduire la production thermique d’autant.
krolik a écrit :Et puis, petit détail, avec le réseau actuel on connait très bien les sources d'énergie et les points de consommation, les heures de pointe etc.. Le réseau de transport a été optimisé pour cela. Mais si l'éolien sort du marginal du fait de sa nature fluctuante dans le temps mais auss dans les lieux, il faut prévoir non seulement des puissances de substitution mais aussi des lignes de transport de substitution. Vous avez aimé l'éolien, vous aimerez les pylones et les lignes. C'est le "smart grid" ainsi dénommé pour mieux faire passer le pilule aux Américains, il n'y a qu'à voir le budget du DoE principalement pour le transport électrique. J'ai du vous mettre à charger le rapport d'un attaché de l'Ambassade France à Washington sur le sujet, je vous le remets ici http://dl.free.fr/mGbPaotT8...
C'est une phrase gratuite et tu auras bien du mal à trouver un document de RTE présentant des nombreuses lignes THT éoliennes que tu prétends, tout simplement parce qu’il n’y en a pas. La production éolienne à besoin de capacités de raccordement, c'est à dire quasi exclusivement de réseau de distribution (20kV), de postes de transformations, et en moindre mesure de transport HTB1 (63/90kV). Tout développement à ces tension sont systématiquement enterrés.

Nota : pour l’offshore, ce sera en revanche plus compliqué.
krolik a écrit :Mais pour en revenir à la phrase que je n'ai toujours pas comprise : que se passera-t-il en 2020 on aura 100% de quoi ? D'éolien et de thermique charbon l'un et l'autre ? L'un compensant l'autre si nécessaire?

@+
En 2020, la production thermique fossile sera marginale 100% du temps, c'est-à-dire qu’à chaque moment de l’année, une production thermique fonctionnera, et le nucléaire sera « tout le temps à fond ». Il n’y aura plus aucune concurrence éolien-nucléaire, si ce n’est dans la tête de certains.

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Message par Philippe » 21 sept. 2009, 15:36

Merci Jägermeister, ton post de 13 heures 46 répond à mon interrogation. J'avais peur que l'éolien, avec son fonctionnement intermittent, n'ait pas l'efficacité souhaitée pour éviter des émissions de gaz à effet de serre des centrales au charbon. Je comprends un peu mieux maintenant l'intérêt de l'éolien.

Il faut dire que voir tourner une éolienne par une belle après-midi de mai, lorsque la consommation électrique française semble inférieure à la capacité du parc électronucléaire, amène à s'interroger sur le bien-fondé de l'opération, et du prix élevé du kilowattheure payé par EDF. Pour une éolienne qui tourne le 17 janvier à 19 heures, évidemment, la question se pose différemment...

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Message par Jägermeifter » 21 sept. 2009, 16:07

Philippe a écrit :Il faut dire que voir tourner une éolienne par une belle après-midi de mai, lorsque la consommation électrique française semble inférieure à la capacité du parc électronucléaire, amène à s'interroger sur le bien-fondé de l'opération, et du prix élevé du kilowattheure payé par EDF. Pour une éolienne qui tourne le 17 janvier à 19 heures, évidemment, la question se pose différemment...
Les données de production nsont disponibles sur le site de RTE.
En ce moment, 2200 MW de charbon sont produits en France. A chaque fois qu'il y a du thermique, l'éolien s'y substitue. Le parc électronucléaire n'a pas un facteur de charge de 100%, loin de la...
Et il ne faut aussi pas oublier qu'à la pointe de consommation (du 5 au 9 janvier dernier), la consommation des seuls convecteurs électriques consomment une puissance équivalente à la moitié de la puissance nucléaire installée (soit environ 33 000 MW).

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Message par krolik » 21 sept. 2009, 16:24

Jägermeifter a écrit : C'est une phrase gratuite et tu auras bien du mal à trouver un document de RTE présentant des nombreuses lignes THT éoliennes que tu prétends, tout simplement parce qu’il n’y en a pas. La production éolienne à besoin de capacités de raccordement, c'est à dire quasi exclusivement de réseau de distribution (20kV), de postes de transformations, et en moindre mesure de transport HTB1 (63/90kV). Tout développement à ces tension sont systématiquement enterrés.
Merci pour ces précisions.
Mais l'histoire la multiplication des lignes de transport ne se justifiera que si l'éolien sort du marginal dans lequel il est actuellement.
C'est ce que me racontait un ami du dispatching de RTE.
C'est le problème sur lequel butte les Allemands, dans le Nord ils peuvent avoir une grosse production éolienne, sauf qu'ils n'ont pas les lignes de transport, non acceptées par la population. Alors ils sont obligés de mettre des éoliennes en rideau.
@+

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Re: POWEO

Message par Jägermeifter » 21 sept. 2009, 18:07

krolik a écrit :
Jägermeifter a écrit : C'est une phrase gratuite et tu auras bien du mal à trouver un document de RTE présentant des nombreuses lignes THT éoliennes que tu prétends, tout simplement parce qu’il n’y en a pas. La production éolienne à besoin de capacités de raccordement, c'est à dire quasi exclusivement de réseau de distribution (20kV), de postes de transformations, et en moindre mesure de transport HTB1 (63/90kV). Tout développement à ces tension sont systématiquement enterrés.
Merci pour ces précisions.
Mais l'histoire la multiplication des lignes de transport ne se justifiera que si l'éolien sort du marginal dans lequel il est actuellement.
C'est ce que me racontait un ami du dispatching de RTE.
C'est le problème sur lequel butte les Allemands, dans le Nord ils peuvent avoir une grosse production éolienne, sauf qu'ils n'ont pas les lignes de transport, non acceptées par la population. Alors ils sont obligés de mettre des éoliennes en rideau.
@+
Evidemment, plus il y a de production et plus il y a de problèmes. Il y a des zones plus problématiques que d'autres, et il est clair que si on veut mettre des centaines d'éoliennes dans le massif central, ca pose un problème. Je maintien cependant qu'il est erroné de parler de "multiplication de lignes", et que les projets liés à la production éolienne sont sans commune mesure avec les projets liés à l'évacuation d'une production équivalente produite de façon centralisée.
Aujourd'hui, l'éolien, c'est 6TWh par an avec uniquement du cable 20kV, 7 nouveaux postes sources et quelques dizaines de transformateurs ERDF. Aucune autre forme de production classique ne peut se vanter de si peu de travaux réseaux, hormis bien sur la cogé.

Les allemands ont des problèmes, mais il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas que des projets éoliens dans le nord de l'allemagne, loin de là. Quand aux projets "éoliens", ils le sont pour l'offshore. Raccorder 24GW de production sans aucun renforcement réseau, la aussi c'est absolument unique dans le milieu de l'électrique. Certes il y a des renforcements, mais ils n'ont rien à voir avec quoi que ce soit d'autre.

Pour les effacements de production en Allemagne, ils sont marginaux et ne peuvent ettayer l'argument de la "multiplication des lignes".

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Message par krolik » 21 sept. 2009, 21:20

Jägermeifter a écrit :Pour les effacements de production en Allemagne, ils sont marginaux et ne peuvent ettayer l'argument de la "multiplication des lignes".
Merci, il faudra que je dise cela à mes amis du dispatching de RTE.

@+

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Re: POWEO

Message par Jägermeifter » 21 sept. 2009, 22:12

krolik a écrit :
Jägermeifter a écrit :Pour les effacements de production en Allemagne, ils sont marginaux et ne peuvent ettayer l'argument de la "multiplication des lignes".
Merci, il faudra que je dise cela à mes amis du dispatching de RTE.

@+
Passe leur le bonjour de ma part ;-)

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Re: Éolien : probléme de l' intermitence, des solutions ?

Message par Berthier » 04 oct. 2009, 00:01

Jägermeifter a écrit :Oui, j'ai peut été un peu léger.
(....)
De ce fait, nous pouvons considérer que la production éolienne se substitue aujourd'hui à 85% à du charbon (dont une partie est à l'étranger), et à 15% à du nucléaire. D’ici une décennie, l'intégralité de la production éolienne se substituera à de la production charbon. La guéguerre éolien-nucléaire est imbécile et strictement politique. Beaucoup ne l'on pas compris, tant chez "les éoliens" que les défenseurs du nucléaire, et cela est bien regrettable.
Oui tu as été un peu léger car d'ici une décennie, on aura déclassé notre parc charbon et construit la même capacité de centrales à gaz.

Dans les centrales à gaz, il y en aura avec des rendements de plus de 45% et puis il aura des TAC avec des rendements de merde (25%) pour réguler l'éolien.

Pour l'instant l'éolien se régule avec du réglage de fréquence (de 50 Hz à 49,5 Hz), a priori l'électricien EDF obtus avec qui j'ai essayé de dialoguer m'a dit qu'on y perd pas en rendement (ce qui est un peu un mystère pour moi, probablement on utilise pas le bore mais des barres de contrôle), puis après la régulation en fréquence (donc 80% nuc pendant un petit moment), l'éolien se régule avec de l'hydraulique. A priori l'introduction de l'éolien permettra de maintenir notre stock hydraulique plus haut (mini vers 60% en demi-saison maxi vers 85%)

Tout le monde est d'accord pour dire que le charbon ne varie pas assez vite. Or tu prétends que l'éolien se substitue au charbon à 85 % . Il faut imaginer que les centrales à charbon fonctionnent à puissance réduite ou bien qu'il y a des centrales à charbon toujours prêtes à démarrer et qui chauffent pour rien.

Je me demande si on paye les opérateurs qui tiennent leur production prêtes à démarrer.

Mon électricien de référence me dit que jamais un responsable de RTE ferait entrer de l'éolien dans sa prévision de puissance disponible (ce n'est pas exactement ce que je lis de RTE, mais quand le vois les courbes de production éolien qui semblent imprévisibles ça doit être vrai). L'éolien ça se régule à la baisse :bilan d'ajustement à la baisse janvier 2009 RTE : 60% hydro, 20% nuc, 16% thermique, 4% échange.

ça me semble réaliste : l'éolien se substitue tout le long de la monotone de consommation. Donc il ne peut pas se substituer à 85% à du charbon.

Si chaque opérateur doit garder 10% de puissance, l'éolien doit être limité à cette portion de la consommation.

Moi que l'éolien se substitue au nuc ne me dérange pas si on économise de l'U235.

À 10 GW terrestres je crois qu'on arrêtera les dégâts paysagers.

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Re: Éolien : problème de l' intermitence, des solutions ?

Message par Berthier » 07 oct. 2009, 22:46

Pour pallier l'intermittence de l'éolien

Un vieux spécialiste des barrages (F.Lempérière) propose de créer quelques atolls artificiels de 23 à 100 km2 de surface et d'une centaine de mètres de hauteur. Ces stations de pompage turbinage artificielles permettent de stocker 0,5 TWh et de délivrer une puissance d'une dizaine de GW. Le coût serait de l'ordre de 30 G€.

Dix fois plus haut que la digue de fermeture de la Zuiderzee.

Le renouvelable c'est pharaonique. :mrgreen:

Si la Gen IV tarde, ça permettra de gagner du temps, l'éolien, c'est du provisoire : (à peine 20 ans de durée de vie) avant d'entrer dans la civilisation atomique. :D


http://www.hydrocoop.org/Lavenir_des_ba ... 1.2009.ppt -

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Re: Éolien : probléme de l' intermitence, des solutions ?

Message par krolik » 14 oct. 2009, 00:21

Un ami d'EDF vient de me faire parvenir le commentaire suivant.
Comme il n'a jamais été fichu de s'inscrire sur le forum, il m'a envoyé son texte pour transmission.
Et ce n'est pas sur qu'il puisse répondre car il a de grandes occupations en ce moment et il n'est branché sur la Toile que rarement.

@+
De toute évidence, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas.
Le système mécanique d’orientation des pâles, le « pitch control », peut être utilisé pour maintenir grossièrement une vitesse de rotation constante en fonction de la vitesse du vent, notamment sur les machines asynchrones à cage.
Mais il est essentiellement utilisé pour limiter la vitesse de la turbine sur les éoliennes exploitées à vitesse variable, en présence de vitesses de vent élevées : les machines asynchrones à rotor bobiné à double alimentation et les machines synchrones. Sur ces deux types de machines, l’angle d’orientation des pales devient fixe pour de faibles vitesses de vent. Le pitch control n’a donc qu’une fonction de sécurité.

Quel que soit le type de machine utilisé, la maîtrise (laborieuse) de la puissance électrique débitée par une éolienne ne s’obtient que par le réglage électrique de la vitesse de rotation de la turbine.

Sur une génératrice asynchrone à double alimentation, on y parvient par action sur le glissement g (différence entre la vitesse synchrone du réseau et la vitesse de rotation de la turbine) en déchargeant plus ou moins le rotor de sa puissance électrique induite
Nota important : les possibilités de réglage de la puissance sont quasi nulles sur une génératrice asynchrone à cage, bien que le niveau assez erratique de cette puissance puisse fluctuer de 0,5 à 1,1 Pn de la puissance nominale de la machine !

Sur une génératrice synchrone ou sur une génératrice asynchrone conduite en alternateur, la variation de puissance s’obtient en faisant varier électriquement le couple résistant aux bornes de la génératrice. Les génératrices synchrones modernes débitent un courant alternatif transformé, dans un premier temps, en courant continu puis reconstitué en un courant alternatif doté de toutes les caractéristiques du réseau local (fréquence, tension…) à l’aide d’un onduleur siège d’un système de régulation sophistiqué.

Dans tous les cas, lorsqu’elle est possible, l’opération de réglage de la puissance revient à brider la machine, c’est-à-dire à ne pas exploiter le potentiel énergétique éolien du moment, afin de se constituer une réserve de puissance plus ou moins modulable. Et ceci découle du simple bon sens : comment serait-il, en effet, possible d’obtenir que les aérogénérateurs produisent imperturbablement une énergie électrique stable à partir d’une énergie mécanique non maîtrisée !

Je profite de l’occasion pour vous livrer la petite synthèse ci-après qui corrigera la plupart des inepties que je viens de découvrir dans les échanges précédents.

Pour bien comprendre la problématique de la stabilité du réseau électrique national, il faut voir notre système production-consommation comme un gigantesque bassin dans lequel débitent tous les producteurs d’électricité et dans lequel puisent tous les consommateurs. Il revient au gestionnaire du système électrique français, RTE, la lourde tâche de maintenir ce bassin à un niveau rigoureusement constant de deux points de vue : la fréquence et la tension électriques.
Tout écart de fréquence par rapport à la consigne de 50 Hz est l’image d’un déséquilibre entre production est consommation comblé en permanence par les trois réglages primaire, secondaire et tertiaire que le parc de production national est en mesure de fournir à tout moment... sauf le parc éolien. Les deux premiers réglages sont délivrés par des automatismes dont tous les groupes de productions traditionnels sont dotés... sauf les éoliennes. Le réglage primaire réagit dans la minute ; le réglage secondaire réagit dans le quart d’heure, essentiellement pour rétablir à 50 Hz une fréquence réseau dégradée par le nouvel équilibre résultant d’un réglage primaire n’obéissant qu’à la courbe de statisme des machines. Ainsi, les réglages primaire et secondaire corrigent-ils constamment des écarts entre production et consommation pouvant aller jusqu’à 5-10 % de la puissance totale du système à un instant donné.
Le réglage tertiaire, quant à lui, n’est autre que l’intervention de la réserve tournante. Il consiste simplement à exiger des outils de cette réserve, fonctionnant au minimum technique, une rapide montée à la puissance requise par la demande. Un ordre explicite de RTE est donné aux opérateurs dans ce sens.
Il faut bien voir que le formalisme technique des réglages primaire, secondaire et tertiaire, présent sur le réseau 24 heures sur 24, est distinct – mais non indépendant – de la réalisation des plans prévisionnels de charge établis la veille, dans lesquels l’éolien est absent par la force des choses. La mise en œuvre de ces plans fait intervenir un facteur supplémentaire décisif : l’enchère commerciale. Vous aurez donc compris que, permanente ou prévisionnelle, la préservation de l’équilibre production-consommation n’est qu’affaire de réserves de puissance mobilisables à discrétion. Or, l’éolien est et sera toujours incapable de garantir de telles réserves.
En résumé et pour répondre simplement à votre question, sollicité ou non par ses réglages primaire et secondaire, un réacteur nucléaire est apte à une prise de charge de 5 % de Pn par minute et peut encaisser des steps ponctuels de puissance de 10 % de sa puissance nominale. Naturellement, toute variation de sa puissance thermique, résultant d’une variation de la puissance électrique, se traduit par une consommation de son stock de réactivité et donc par un épuisement du cœur. Mais, comme tous les outils de production fonctionnant en base – c’est-à-dire constamment autour de 100 % de Pn –, sa participation à la stabilité du réseau n’induit pas de consommation supplémentaire.
Cela dit, le rendement de l’alternateur n’est en rien affecté par les variations voire les excursions de puissances requises par les appels de consommation ou par la défaillance brutale de la production éolienne. Ainsi que je le disais au début, le problème essentiel de l’alternateur est de garantir la stabilité de la tension du réseau, mise à mal par les effets selfiques et les effets capacitifs induits par toutes les lignes et tous les appareils connectés à un moment donné. Pour régler cette tension, tous alternateurs de France et de Navarre se voient contraints d’absorber ou de fournir, selon le cas, de l’énergie réactive, quelquefois massivement... sauf les alternateurs éoliens, ou alors très à la marge ! Là encore, tous les alternateurs du parc sont soumis aux réglages primaire, secondaire et tertiaire très sophistiqués de la tension du réseau, régenté par la régulation dite à 4 boucles, duquel le parc éolien est totalement exempté.

En résumé, l’éolien n’est astreint à aucune fonction de régulation, mais exige que sa production fanstasque soit prioritaire sur celle de tous les autres outils de production. En particulier sur tous les outils d’une production de base dans laquelle il sera toujours cantonnée à cause de son instabilité congénitale. Aussi, son souffre-douleur privilégié ne peut-il y être que le nucléaire.
Tout ceci explique qu’un système production-consommation dans lequel la production éolienne dépasse 25 à 30 % de la production électrique totale soit tout bonnement inexploitable...

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Re: Éolien : probléme de l' intermitence, des solutions ?

Message par energy_isere » 14 oct. 2009, 12:45

Merci krolik pour la communication de ces informations.

Les Allemands et les Danois sont bien dans cettte problématique ou la part des éoliennes devient assez importante pour poser des problémes de stabilité du réseau electrique.

et eux c'est surtout les centrales thermique à charbon qui doivent compenser.

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Re: Éolien : probléme de l' intermitence, des solutions ?

Message par Jägermeifter » 16 nov. 2009, 23:26

Berthier a écrit :Mon électricien de référence me dit que jamais un responsable de RTE ferait entrer de l'éolien dans sa prévision de puissance disponible
Il y a même un nom au système : IPES. C'est opérationnel depuis l'année dernière, et utilisé par tous les dispatchings français (régionaux et nationaux).
Pour le dispatching, tu peux contacter les types du CNES. C'est à Saint-Denis et ils font régulièrement des visites pour le grand public.
Berthier a écrit :ce n'est pas exactement ce que je lis de RTE, mais quand le vois les courbes de production éolien qui semblent imprévisibles ça doit être vrai.
Bon, allez lis un peu les docs de RTE puisque tu aimes les citer. Je te redonne l'adresse : http://www.rte-france.com/htm/fr/mediat ... v_2009.jsp
Tout est expliqué dedans.

Sinon, pour ceux qui sont abonnés, je vous conseille al lecture des articles publiés dans REE (Revue de l'Electricité et de l'Electronique) de ce mois-ci. Les personnes qui ont écrit ces articles sont des vrais professionnels qui travaillent sur l'éolien chez RTE et ERDF, et signent leurs documents, et pas avec des pseudos.

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