L’usine à gaz a de l’avenir
Par Gael Rivallain | Publié le 03/07/2017
Suez vient d’inaugurer une unité de production de biométhane produit par des déchets enfouis dans des carrières de Saint-Maximin (Oise). Ce gaz vert est injecté directement dans le réseau.
Destin étonnant que celui des carrières de Saint-Maximin. Dans ce coin de l’Oise, entre Creil et Chantilly, des immenses excavations rappelle que la pierre locale a permis de construire, jadis, des châteaux, des cathédrales et une partie de Paris. Désormais, elles vont permettre aux habitants alentours de faire la cuisine ou de se chauffer ! Le groupe Suez a inauguré ce jeudi 29 juin, sur cet immense site, une nouvelle unité de valorisation de biogaz, produit à partir de la décomposition de déchets ménagers et industriels (non dangereux) enfouis dans ces carrières, reconverties depuis les années 1980.
De quoi alimenter 2 000 à 3 000 foyers
Fruit d’un développement technologique de 10 ans et d’un investissement de 3,5 millions d’euros, l’unité a démarré mardi dernier. Et a déjà envoyé 6 000 m3 de méthane, via une station d’épuration du gaz, directement dans le réseau de gaz naturel de GrDF. En régime de croisière, l’unité baptisée « Wagabox » devrait alimenter l’équivalent de 2 000 à 3 000 foyers aux alentours, chiffre Mathieu Lebevre, le dirigeant de Waga Énergie, fière de sa nouvelle usine à gaz… renouvelable. « Sans le savoir, à Creil, Apremont ou Verneuil-en-Halatte, certains ont déjà pu faire la cuisine ou prendre une douche avec ce gaz ». Et ce grâce notamment à des restes de repas !
Basé sur le principe de l’économie circulaire, ce système de production de biométhane, se veut un substitut vert du gaz importé de contrées lointaines.
L’unité est la deuxième du genre en France réalisé par la start-up Waga Énergie. Et la première montée en partenariat avec le groupe Suez, qui se revendique ainsi comme « premier producteur de biométhane en France ».
Avec ses « casiers » de 25 mètres de profondeurs et ses 40 hectares, le site doit en principe pouvoir accueillir 200 000 tonnes de déchets par an, collectés dans un rayon de 50 km autour de Saint-Maximin. Il faut deux ans en moyenne pour remplir chaque « casier », tapissé au préalable d’une géomembrane soudée. Le tout est recouvert ensuite de verdure et même d’arbres une fois la côte maximale de déchets atteinte. Grâce à une étanchéité du dispositif, le processus de création du gaz en anaérobie (privé d’oxygène) peut alors débuter. Et durer entre 10 et 20 ans.
« Suez s’est engagé aux côtés de ses partenaires sur une exploitation de 15 ans », indique Philippe Maillard, le directeur général recyclage et valorisation (R&V) de Suez. Son groupe prévoit à moyen terme cinq nouvelles unités de ce type en France. L’investissement dans l’Oise doit être rentabilisé par un prix de rachat de 45 euros le MW fixé par l’État. Lequel s’est fixé, à l’issue de la COP 21, pour but de porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale en 2030.