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par Jef » 02 sept. 2005, 15:26
Bonjour,
je suis nouvel intervenant sur ce forum et j'espère ne pas trop choquer ni redire ce que d'autres ont déjà exprimé, mais je ne peux pas commencer par relire TOUS les posts ...
Je suis quant à moi EXTREMEMENT pessimiste pour les temps à venir, et voici pourquoi : L'effet du "peak oil" dont seulement une petite partie de la population a vaguement entendu parler, sera certainement catastrophique. En effet ce qui caractérise notre société est que TOUT est lié, or notre société a repoussé les limites artificiellement dans beaucoup de domaines, grâce à l'usage immodéré des réserves fossiles. La fin du pétrole bon marché va donc déclencher une série de phénomènes catastrophiques de manière quasi simultanée, alors que la production aura seulement commencé à décroître.
Voici comment je vois l'avenir, notre avenir :
L'effet n°1 du peak oil est l'augmentation spectaculaire du prix du pétrole (sans rapport réel avec la baisse de la production, mais par la loi de l'offre et de la demande). Dans un pays riche, tant que l'Etat peut compenser la hausse en baissant les taxes, il ne se passe rien. Le jour J est celui où le gouvernement d'un pays riche est obligé d'annoncer qu'il ne peut plus suivre (Comme le joueur qui a fait monter les enchères alors qu'il n'a pas de jeu au poker).
L'effet n°2 découle du premier. Ceux qui en ont les moyens (Autres Etats, organismes et particuliers, chacun à son échelle) vont RAFLER CE QUI EST DISPONIBLE POUR STOCKER. Ceci avant que les prix deviennent inabordables, et surtout pour être servis avant la pénurie.
L'effet n°3 découle du précédent. Comme celui du sucre lorsque courent des bruits de restrictions, le stockage de précaution cause une pénurie artificielle mais réelle. Contrairement à celles du passé, cette pénurie est définitive, puisque l'effet n°4 empêchera de rétablir la disponibilité de ces ressources. Délai : J+ une semaine au mieux.
L'effet n°4 : Ceux qui n'ont pas eu les moyens de stocker se trouvent immédiatement dépourvus. Finies les balades en auto, mais ceci n'est qu'un détail insignifiant, car les transporteurs routiers, les services publics, les centrales thermiques sont idans le même cas. Ceci se produit une dizaine de jours, voir une semaine après le jour J.
L'effet n°5 est l'arrêt des usines (peu ou plus du tout de courant, personnel absent faute de transports, impossibilité de faire venir les matières premières ou d'expédier les produits finis). Chouette, des vacances ! Mais au supermarché, les rayons sont vidés pour toujours en quelques heures, et ce sera beau si ca ne dégénère pas en émeute. Plus de courant non plus, adieu télé et informations. Pourvu que ca ne tombe pas en hiver... Plus d'eau dans les villes (les pompes et les stations d'épuration marchent à l'électricité).
L'effet n°6 est la fermeture des entreprises, la cessation du versement des salaires et une inflation surréaliste des prix. Un oeuf, 1000 dollars ! Et où veux-tu que je les prenne, ces 1000 dollars ? L'argent perd ipso facto toute valeur réelle. Ce n'est plus de l'inflation, ça n'a pas de nom ... Délai : J+15 maximum.
L'effet n°7 est la panique générale et le début de l'exode des villes vers les campagnes, où les citadins croient trouver au moins de quoi manger. On a vu ca en été 40, mais à l'époque la majorité de la population vivait à la campagne. Le flot des réfugiés a été à peu près absorbé malgré la pagaille. Aujourd'hui les conditions ont changé. Il y a beaucoup trop de citadins et trop peu de paysans. Les pouvoirs publics sont incapables de mettre de l'ordre même par la force. L'armée, conçue pour intervenir ponctuellement à l'étranger avec un énorme support logistique, ne peut pas contenir la panique que ses tentatives vont d'ailleurs aggraver. Les puissants et les riches sont déjà en fuite vers leur résidence secondaire où ils arment leur famille dans l'éventualité d'un siège.
L'effet n°8 est comparable à celui d'un vol de sauterelles sur un champ africain. Les citadins, qui croient que les champs fournissent de la nourriture comme un robinet donne de l'eau, vont découvrir la nature ou du moins ce qui en reste. L'agriculture industrialisée a éliminé la polyculture. Dans une région à blé pas question de trouver une seule tomate. Et rien de comestible quand ca n'est pas la saison du blé. Et ils découvriront que, même quand c'est la saison, sans gasoil ni machine, une fois le champ piétiné par les premiers pillards, ce qui restera ne pourra que pourrir sur place.
L'effet n°9 est que tout le monde a faim, les uns parce qu'ils économisent leurs réserves en voyant que la situation tarde à se rétablir, les autres parce qu'ils n'ont plus rien à manger depuis plusieurs jours déjà. Ca amène à faire des bêtises, et dans une population éduquée avec l'individualisme et le "chacun pour soi" comme valeurs fondamentales, le résultat est inévitable. Le pillage se généralise, la mise à sac des campagnes s'étend partout, jusqu'aux sanctuaires naturels comme les îles ou les alpages. Les provinciaux (en majorité des citadins) se joignent aux fuyards de la capitale, les vrais campagnards aussi, une fois dépouillés de leurs réserves, bien heureux s'ils n'ont pas été tués en se défendant. Les riches subissent des sièges successifs; ils tuent beaucoup de pauvres mais ils succombent les uns après les autres. On peut estimer que cette phase dure un à trois mois, en fonction de la saison.
L'effet n°10 : Les bandes armées commencent à se constituer, à partir des pillards les plus entreprenants, des survivants des "bodyguards" des riches, mais surtout des militaires qui voient se terminer leurs stocks de rations mais qui possèdent encore des armes, un matériel autonome, et surtout les seuls véhicules qui roulent encore. Tout ce beau monde est bien décidé à survivre, mais aucun n'a la moindre envie de se mettre à l'agriculture à laquelle d'ailleurs ils ne connaissent rien.
L'effet n°11 : Les quelques noyaux autarciques qui tentent de s'organiser ont bien du mal à mettre en route un système de production agricole, ne serait-ce que la récolte des cultures encore sur pied. Plus de machine, même pas un cheval, pas de semence, et la menace constante des pillards et des bandes qui commencent à razzier systématiquement le pays. Heureusement il n'y a plus de reporter télé pour filmer les scènes de cannibalisme.
L'effet n°12 : Les pillards sont encore trop nombreux, les bandes armées trop bien équipées aussi. Les rares survivants qui tentent de reconstruire sont totalement débordés et pillés, puis meurent de faim, car les prédateurs n'ont pas eu le temps d'apprendre qu'ils ont (tout de même) besoin d'eux.
L'effet n°13 : Les bandes se livrent à un dernier baroud pour se disputer les restes du butin, puis leurs éléments s'entretuent. Le dernier qui reste a l'air d'un con.
Délai : environ 6 mois après le jour J.
Pire, c'est impossible. Mais si, soyons optimistes ! (Proverbe roumain)