Formation à la transition énergétique
Publié : 08 nov. 2024, 06:06
L'Université a demandé à ses cadres de suivre une formation à la "transformation écologique". Ce n'est pas vraiment obligatoire (pas de sanctions) mais on sent bien qu'il y a de la pression. J'y suis allé plus par curiosité de voir ce que ça contenait que pour apprendre vraiment des choses, vu tout ce qui se discute sur Oléocène ...
C'est sous-traité à un organisme et c'était un atelier animé par une charmante jeune femme qui avait sans doute une formation scientifique (probablement en biologie parce que c'est là où elle semblait savoir le plus de choses) mais bon ce n'était pas une chercheuse à l'Université. Elle a commencé par nous demander de nous classer sur une échelle de 1 à 5 sur la connaissance du sujet. Je lui a dit que j'étais astrophysicien donc assez au courant des modèles physiques et que je m'intéressais à ces questions depuis 20 ans donc sans fausse modestie je m'estimais en 4 et 5. La plupart des autres se sont estimés plutot entre 1 et 3, il y avait des administratifs non scientifiques dans le tas.
Premiere originalité par rapport aux cours standards : on avait une "prof" non réellement spécialiste devant des "étudiants" qui ne cherchaient pas à le devenir. C'est un cadre un peu différent de ce qu'on considère comme une "formation universitaire". Mais vu l'amplitude du sujet (4 parties : climat, ressources, biodiversité, adaptation) on ne peut pas etre spécialiste de tout ça ...
Sinon c'était plutot sympa, y avait des quizz, des jeux ... mais dans l'ensemble ça ne laissait pas vraiment de place à des discussions et à des questionnements. Le problème habituel de ce genre de discours, c'est qu'il mélange des faits avérés et des prédictions assez hypothétiques comme si ça avait la même valeur de vérité. A plusieurs moments j'ai tenté quelques interventions sur des points douteux , j'ai bien senti que ça crispait vite tout le monde et qu'ils n'étaient pas là pour discuter du fond. La encore c'est assez différent d'un cours où normalement on doit être capable de répondre à des objections.
Exemple de quelques échanges. Un des quizz demande "dans un monde à 2°C, combien de coraux pourraient disparaitre " ? choix : 10 %, 50 %, 75 %, 100 % .
La "bonne réponse" était 100 % .
Là je fais remarquer que dans la mesure où la question est au conditionnel "pourraient", ce n'est pas une certitude est donc il se "pourrait" aussi que ce soit 75 % ou 50 %. La ça commence à réagir en disant que si, si ça atteint 2°C, tout va disparaitre. Je dis que dans ce cas la question doit etre posée à l'indicatif (disparaitront) si c'est une certitude, mais que ça me parait quand meme un peu bizarre puisque les coraux vivent quand meme globalement dans des eaux chaudes et sont limités par une limite froide, donc si ça se réchauffe on pourrait plutôt penser que la zone d'existence augmente... là la discussion devient confuse et finalement on dit qu'on n'a pas le temps d'en discuter et qu'on me donnera des références.
A un autre moment elle dit que "au dessus de telle température, telle et telle grande ville disparaitra" (je ne sais plus lesquelles). Je demande "vous voulez dire à cause de l'élévation du niveau de la mer" "oui c'est ça". " mais elle sera de combien l'élévation et quelle serait la différence d'élévation entre 2°C et 3°C par exemple ?" "ah je ne sais pas j'ai pas les chiffres mais je pourrais vous les donner" OK, on n'a pas le temps d'aller les regarder, le programme est chargé ...
Sur les ressources, on a dit que le cuivre était non renouvelable (merci) mais aucun chiffres de réserves de fossile. Je fais remarquer que les scénarios où on continuait à produire autant de fossiles jusqu'à la fin du siècle supposaient qu'il n'y avait pas de problème de ressource. La un chimiste me dit "mais il y a des quantités faramineuses de gaz" : il pensait très certainement aux hydrates de méthane, donc il aurait fallu entamer la discussion sur le fait de savoir si les hydrates de méthane étaient réellement exploitables, mais là encore pas de temps d'en discuter.
Evidemment moi je connais les points faibles du discours mais ceux qui n'y connaissent rien sont incapables de porter un regard critique. Ils vont accepter tout ce qu'on leur dit sans en discuter. Ca tient plus du catéchisme que de l'enseignement universitaire. C'est comme les discussions sur Oléocène où quand on apporte des arguments concrets, certains ne savent pas répondre par des arguments mais uniquement par des insultes, du persiflage, ou des tentatives d'effacement de messages (bon heureusement à cette journée l'ambiance était moins tendue parce que je me suis contenté de lancer des petites piques de temps en temps sans insister quand je voyais que ça pouvait se crisper).
Mais ça confirme qu'on est quand même plus dans une ambiance de catéchisme que d'exposé scientifique (enfin de comment j'imagine le catéchisme parce que je n'y suis jamais allé, mais c'est peut etre pour ça que j'y suis plus réfractaire que beaucoup )
C'est sous-traité à un organisme et c'était un atelier animé par une charmante jeune femme qui avait sans doute une formation scientifique (probablement en biologie parce que c'est là où elle semblait savoir le plus de choses) mais bon ce n'était pas une chercheuse à l'Université. Elle a commencé par nous demander de nous classer sur une échelle de 1 à 5 sur la connaissance du sujet. Je lui a dit que j'étais astrophysicien donc assez au courant des modèles physiques et que je m'intéressais à ces questions depuis 20 ans donc sans fausse modestie je m'estimais en 4 et 5. La plupart des autres se sont estimés plutot entre 1 et 3, il y avait des administratifs non scientifiques dans le tas.
Premiere originalité par rapport aux cours standards : on avait une "prof" non réellement spécialiste devant des "étudiants" qui ne cherchaient pas à le devenir. C'est un cadre un peu différent de ce qu'on considère comme une "formation universitaire". Mais vu l'amplitude du sujet (4 parties : climat, ressources, biodiversité, adaptation) on ne peut pas etre spécialiste de tout ça ...
Sinon c'était plutot sympa, y avait des quizz, des jeux ... mais dans l'ensemble ça ne laissait pas vraiment de place à des discussions et à des questionnements. Le problème habituel de ce genre de discours, c'est qu'il mélange des faits avérés et des prédictions assez hypothétiques comme si ça avait la même valeur de vérité. A plusieurs moments j'ai tenté quelques interventions sur des points douteux , j'ai bien senti que ça crispait vite tout le monde et qu'ils n'étaient pas là pour discuter du fond. La encore c'est assez différent d'un cours où normalement on doit être capable de répondre à des objections.
Exemple de quelques échanges. Un des quizz demande "dans un monde à 2°C, combien de coraux pourraient disparaitre " ? choix : 10 %, 50 %, 75 %, 100 % .
La "bonne réponse" était 100 % .
Là je fais remarquer que dans la mesure où la question est au conditionnel "pourraient", ce n'est pas une certitude est donc il se "pourrait" aussi que ce soit 75 % ou 50 %. La ça commence à réagir en disant que si, si ça atteint 2°C, tout va disparaitre. Je dis que dans ce cas la question doit etre posée à l'indicatif (disparaitront) si c'est une certitude, mais que ça me parait quand meme un peu bizarre puisque les coraux vivent quand meme globalement dans des eaux chaudes et sont limités par une limite froide, donc si ça se réchauffe on pourrait plutôt penser que la zone d'existence augmente... là la discussion devient confuse et finalement on dit qu'on n'a pas le temps d'en discuter et qu'on me donnera des références.
A un autre moment elle dit que "au dessus de telle température, telle et telle grande ville disparaitra" (je ne sais plus lesquelles). Je demande "vous voulez dire à cause de l'élévation du niveau de la mer" "oui c'est ça". " mais elle sera de combien l'élévation et quelle serait la différence d'élévation entre 2°C et 3°C par exemple ?" "ah je ne sais pas j'ai pas les chiffres mais je pourrais vous les donner" OK, on n'a pas le temps d'aller les regarder, le programme est chargé ...
Sur les ressources, on a dit que le cuivre était non renouvelable (merci) mais aucun chiffres de réserves de fossile. Je fais remarquer que les scénarios où on continuait à produire autant de fossiles jusqu'à la fin du siècle supposaient qu'il n'y avait pas de problème de ressource. La un chimiste me dit "mais il y a des quantités faramineuses de gaz" : il pensait très certainement aux hydrates de méthane, donc il aurait fallu entamer la discussion sur le fait de savoir si les hydrates de méthane étaient réellement exploitables, mais là encore pas de temps d'en discuter.
Evidemment moi je connais les points faibles du discours mais ceux qui n'y connaissent rien sont incapables de porter un regard critique. Ils vont accepter tout ce qu'on leur dit sans en discuter. Ca tient plus du catéchisme que de l'enseignement universitaire. C'est comme les discussions sur Oléocène où quand on apporte des arguments concrets, certains ne savent pas répondre par des arguments mais uniquement par des insultes, du persiflage, ou des tentatives d'effacement de messages (bon heureusement à cette journée l'ambiance était moins tendue parce que je me suis contenté de lancer des petites piques de temps en temps sans insister quand je voyais que ça pouvait se crisper).
Mais ça confirme qu'on est quand même plus dans une ambiance de catéchisme que d'exposé scientifique (enfin de comment j'imagine le catéchisme parce que je n'y suis jamais allé, mais c'est peut etre pour ça que j'y suis plus réfractaire que beaucoup )