Toute personne raisonnable s'imagine sans difficulté que la crise économique qui accompagnera sans doute la fin de l'âge du pétrole aura de profondes répercussions sur notre mode de vie. Comme toujours, tout le monde s'imagine que les riches seront (au début) moins touchés que les autres. Certes, c'est sans doute vrai, mais je pense que même les plus riches seront durement touchés. Quelques exemples :
- Les stations services. Elles obéissent, elles aussi, à la loi du marché. Quand il n'y a pas assez de clients, elles ne sont plus rentables et elles ferment, indépendamment du prix du carburant. C'est pour cette raison qu'il y a moins de stations services dans la creuse qu'en île de France. Maintenant, plaçons nous quelques années dans l'avenir : le prix du carburant atteint un tel niveau que le nombre d'automobilistes diminue. En conséquence, les stations services les plus isolées commencent à fermer, et le réseau qui couvre tout notre territoire commence à se désagréger.
Maintenant, imaginons un "riche". C'est un homme assez aisé pour acheter tout le carburant dont il a besoin, et il ne s'en prive pas. Il roule, il roule, il roule... Pour lui la vie est belle. Il n'a même plus à se soucier des embouteillages! Un jour, il se lève en décidant de traverser le pays. Il fait le plein, paye sans rechigner, et part. Il roule plusieurs centaines de kilomètre, et cherche maintenant une station pour faire le plein. Pas de bol, elles sont toutes fermées. Il continue à rouler, de plus en plus inquiet, jusqu'à la panne sèche. Dans un dernier effort, il pousse son véhicule sur plusieurs centaines de mètres, mais pour rien. Cette station est également fermée, et il n'a plus qu'à continuer à pied.
Cet argument, bien sûr, est en fait plus général. Tous les éléments de notre société sont comme les maillons d'une chaîne qui dépendent eux mêmes du pétrole.:
- Les automobiles ont besoin de pneumatiques, qui ont besoin de pétrole. Mais rien n'empêche les fabriquants de pneumatiques de faire faillite avant les fabricants d'automobiles...
- Les aéroports peuvent faire "faillite" (cesser d'être rentables), alors que l'industrie aéronautique existe toujours...
- Les fabriquants d'engrais peuvent faire faillite avant les agriculteurs...
etc, etc. Là où je veux en venir, c'est qu'il est peu probable que l'économie décroisse harmonieusement. Certains secteurs voués à disparaître disparaîtront "en avance", parce que le tissu économique qui les soutient cédera avant eux.
