expérience en cours
Publié : 18 févr. 2008, 16:25
Une expérience en cours…
1992 je rachète une ferme à l’abandon dans les landes. Le terrain de trois hectares est bordé par un ruisseau, l’eau du forage est potable. Le premier voisin qui deviendra un ami est à 800 mètres, le village à 4 km dont 800 mètres de chemin.
Il y a deux habitations sur place mais durant la même année je récupère une charpente pas ordinaire, qui sera remontée sur le terrain ou l’on trouve aujourd’hui donc trois maisons.
Pendant une dizaine d’années, le site va vivre au rythme d’une association qui organise sur place – des visites – des repas – une auberge de jeunesse (non affiliée) – un ciné club (avec une vraie salle, le projo du Rex de Toulouse, les sièges du Rex de Mimizan, la rambarde du balcon vient de l’église du village : 100% récup)
C’est un peu les années Yop du site, des tas de gens l’été, pleins d’histoires sympa et ça fini comme il se doit par des enfants qui naissent et un changement de cap début des années 2000. Durant ces années :
- le propriétaire qui m’avait vendu la maison vends petit à petit (au fur et à mesure des coupes rases) tous les terrains qu’il possède autour. Autant que possible, j’achète pour arriver aujourd’hui à 72 hectares…mais dans ce département, ça veut pas dire grand-chose, la commune en compte 14000 (le village est plus grand que Paris intra muros) En gros cela se paye 1000 euros l’hectare de coupe rase.
- Un troupeau de brebis(40), une basse cours, un potager se remettent logiquement en route. J’habite une des maisons, chauffage au bois avec une cuisinière Godin + bouilleur + 3 radiateurs, super système malgré la maison qui fuit comme un panier. Les luminaires bougent quand il y a du vent dehors…
- J’équipe des sources avec un bélier à eau qui permet d’irriguer sans énergie achetée, on a aussi tâté de l’éolienne
- Mais le gros morceau c’est l’autonomie énergétique du site, qui sera obtenue grâce à un barrage et une turbine hydro, ça c’est en cours de dossier administratif….
Avant de raconter la suite, il faut dire deux mots de ce pays. Pour moi, c’est le paradis sur terre, et je ne vois pas ou trouver mieux.
Ceci étant dit, c’est humainement hyper désertique, et dans ce désert, quasiment personne pour partager comme on peut le faire ici. Pas de bar, pas d’assoce militante écolo, pas d’AMAP, pas de tissus agricole, ni même de vestige. Les Landes c’est l’industrie du bois, l’agro-industrie, et le tourisme de plage, point final. Autant dire que je suis un extra terrestre total avec mes choix.
En plus je réalise aujourd’hui la chance improbable que j’ai eu d’acheter : Les propriétaires de foret ne vendent jamais rien et le foncier est ici systématiquement bloqué. Ce n’est même pas une question d’argent ou de spéculation, rien ne se vend et cela fait vingt ans que je vois tomber des maisons qui auraient 50 acheteurs potentiels !!
Un autre défaut du coin c’est le feu, à l’heure ou toutes les forets du monde crament, je ne vois pas bien en quel honneur la foret de pin des Landes passeraient à coté….
Donc début 2000 on se lance dans un nouveau projet, sur 14 hectares de terres agricoles, on crée http://www.les-pieds-sur-terre.info/dont le rôle doit s’installer dans la durée (j’espère !) :
- d’abord, un outil de sensibilisation à l’environnement, à la découverte de choses simples
- ensuite un « labo » pour tester des solutions
- enfin, un outil opérationnel et autonome dans l’avenir (scierie-maraichage-elevage-habitat)
Depuis 2003 c’est ouvert (on a eu pas mal de déboires avec la SAFER, mais ils ont pas gagné pour une fois !) et aujourd’hui j’ ai deux objectifs principaux, faire décoller correctement le parcours de découverte, et utiliser la surface agricole et forestière pour installer des jeunes.
Je passe aussi des conventions sur dix ans avec le CREN(conservatoire régional d’espaces naturels) pour deux raisons :
- le coin recèle des bestioles intéressantes (chauve souris, cistudes d’Europe, loutre , vison d’Europe…)
- mais le sous-sol contient un gisement important de lignite et je compte un peu sur l’inventaire du CREN pour protéger les sites le jour où les pelleteuses se tourneront vers ici…
Quelques conseils en vrac :
- le coin idéal ne vous fera pas forcément flasher au premier coup d’œil, j’ai mis longtemps avant d’apprécier vraiment l’endroit.
- Au début, récuperez de tout : ferrailles, bois, quincaillerie, plomberie : si vous n’avez pas une montagne de bordel à la maison, vous passerez votre vie sur la route pour une vis, un clou, une planche ! En plus ce stock permet de faire du troc et de repérer les gens sympas du coin.
- Les mauvaises expériences avec les gens, ce n’est pas grave. C’est le prix à payer pour faire des bonnes rencontres.
- L’eau est une condition absolue du choix, à mon avis. Pas d’eau, pas de vie.
Depuis toujours, j’ai la sensation précise d’un grand changement à venir, qu’il faut se préparer à l’avance, et qu’on ne peut pas faire ça tout seul.
1992 je rachète une ferme à l’abandon dans les landes. Le terrain de trois hectares est bordé par un ruisseau, l’eau du forage est potable. Le premier voisin qui deviendra un ami est à 800 mètres, le village à 4 km dont 800 mètres de chemin.
Il y a deux habitations sur place mais durant la même année je récupère une charpente pas ordinaire, qui sera remontée sur le terrain ou l’on trouve aujourd’hui donc trois maisons.
Pendant une dizaine d’années, le site va vivre au rythme d’une association qui organise sur place – des visites – des repas – une auberge de jeunesse (non affiliée) – un ciné club (avec une vraie salle, le projo du Rex de Toulouse, les sièges du Rex de Mimizan, la rambarde du balcon vient de l’église du village : 100% récup)
C’est un peu les années Yop du site, des tas de gens l’été, pleins d’histoires sympa et ça fini comme il se doit par des enfants qui naissent et un changement de cap début des années 2000. Durant ces années :
- le propriétaire qui m’avait vendu la maison vends petit à petit (au fur et à mesure des coupes rases) tous les terrains qu’il possède autour. Autant que possible, j’achète pour arriver aujourd’hui à 72 hectares…mais dans ce département, ça veut pas dire grand-chose, la commune en compte 14000 (le village est plus grand que Paris intra muros) En gros cela se paye 1000 euros l’hectare de coupe rase.
- Un troupeau de brebis(40), une basse cours, un potager se remettent logiquement en route. J’habite une des maisons, chauffage au bois avec une cuisinière Godin + bouilleur + 3 radiateurs, super système malgré la maison qui fuit comme un panier. Les luminaires bougent quand il y a du vent dehors…
- J’équipe des sources avec un bélier à eau qui permet d’irriguer sans énergie achetée, on a aussi tâté de l’éolienne
- Mais le gros morceau c’est l’autonomie énergétique du site, qui sera obtenue grâce à un barrage et une turbine hydro, ça c’est en cours de dossier administratif….
Avant de raconter la suite, il faut dire deux mots de ce pays. Pour moi, c’est le paradis sur terre, et je ne vois pas ou trouver mieux.
Ceci étant dit, c’est humainement hyper désertique, et dans ce désert, quasiment personne pour partager comme on peut le faire ici. Pas de bar, pas d’assoce militante écolo, pas d’AMAP, pas de tissus agricole, ni même de vestige. Les Landes c’est l’industrie du bois, l’agro-industrie, et le tourisme de plage, point final. Autant dire que je suis un extra terrestre total avec mes choix.
En plus je réalise aujourd’hui la chance improbable que j’ai eu d’acheter : Les propriétaires de foret ne vendent jamais rien et le foncier est ici systématiquement bloqué. Ce n’est même pas une question d’argent ou de spéculation, rien ne se vend et cela fait vingt ans que je vois tomber des maisons qui auraient 50 acheteurs potentiels !!
Un autre défaut du coin c’est le feu, à l’heure ou toutes les forets du monde crament, je ne vois pas bien en quel honneur la foret de pin des Landes passeraient à coté….
Donc début 2000 on se lance dans un nouveau projet, sur 14 hectares de terres agricoles, on crée http://www.les-pieds-sur-terre.info/dont le rôle doit s’installer dans la durée (j’espère !) :
- d’abord, un outil de sensibilisation à l’environnement, à la découverte de choses simples
- ensuite un « labo » pour tester des solutions
- enfin, un outil opérationnel et autonome dans l’avenir (scierie-maraichage-elevage-habitat)
Depuis 2003 c’est ouvert (on a eu pas mal de déboires avec la SAFER, mais ils ont pas gagné pour une fois !) et aujourd’hui j’ ai deux objectifs principaux, faire décoller correctement le parcours de découverte, et utiliser la surface agricole et forestière pour installer des jeunes.
Je passe aussi des conventions sur dix ans avec le CREN(conservatoire régional d’espaces naturels) pour deux raisons :
- le coin recèle des bestioles intéressantes (chauve souris, cistudes d’Europe, loutre , vison d’Europe…)
- mais le sous-sol contient un gisement important de lignite et je compte un peu sur l’inventaire du CREN pour protéger les sites le jour où les pelleteuses se tourneront vers ici…
Quelques conseils en vrac :
- le coin idéal ne vous fera pas forcément flasher au premier coup d’œil, j’ai mis longtemps avant d’apprécier vraiment l’endroit.
- Au début, récuperez de tout : ferrailles, bois, quincaillerie, plomberie : si vous n’avez pas une montagne de bordel à la maison, vous passerez votre vie sur la route pour une vis, un clou, une planche ! En plus ce stock permet de faire du troc et de repérer les gens sympas du coin.
- Les mauvaises expériences avec les gens, ce n’est pas grave. C’est le prix à payer pour faire des bonnes rencontres.
- L’eau est une condition absolue du choix, à mon avis. Pas d’eau, pas de vie.
Depuis toujours, j’ai la sensation précise d’un grand changement à venir, qu’il faut se préparer à l’avance, et qu’on ne peut pas faire ça tout seul.