consommation pétrole vs autres énergies:

consommation pétrole vs énergie totale

On voit bien les zigzags des chocs pétroliers de 1973 et de 1980 (le deuxième plus prononcé que le premier). La branche plus horizontale avant 1973 correspondait à une production énergétique dominée par le pétrole, et plus verticale après à une production plus dominée par les autres énergies (économies de pétrole et développement des autres sources, principalement pour la production d'électricité).
Pour voir les choses d'une autre manière, j'ai reporté le pourcentage d'augmentation de chaque année pour l'énergie totale, en fonction du pourcentage d'augmentation du pétrole. Pour réduire un peu les fluctuations, j'ai lissé sur une durée de deux ans en calculant pour chaque année N le pourcentage d'augmentation entre N-1 et N+1 (pour les amateurs de maths, c'est 100*( (P(N+1)/P(N-1))^0,5 -1 ). Voilà ce que ça donne, ce n'est pas ininteressant :

J'ai scindé l'intervalle 1965-2005 en plusieurs périodes économiques (le lissage sur deux ans fait que les crises "bavent" un peu de part et d'autres); on distingue bien la période de forte croissance d'avant 1973, en haut à droite, les deux chocs de 73 et de 80, en bas à gauche, et des périodes "interglaciaires" groupées au milieu autour de ce fameux 2%/an (en fait entre 1 et 4 % avec les fluctuations). Notons que nous sommes dans une période "interglaciaire" tout à fait moyenne, mais que 2006 (non représenté ici) semble nous rapprocher d'une nouvelle glaciation pétrolière...
Dans l'ensemble, il y a une bonne corrélation entre les deux. Le fit linéaire fournit
(% Etotale) = 1,41 + 0,46 * (%pétrole).
comme le coefficient 0,46 est à peu près le % de l'énergie due au pétrole, c'est équivalent à dire que les autres énergies augmentent à un rythme à peu près constant (de 1,41/0,54 = 2,6 % en moyenne), superposée à l'augmentation du pétrole. Ca se comprend d'ailleurs assez bien, le développement des énergies annexes supposent des investissements de longue durée (construction de centrales nucléaires, de barrages, de terminaux gaziers, etc...) peu sensible au variations à court terme du pétrole.
Mathématiquement la consommation d'Etotale stagnerait si le pétrole décroit de 1,41/0,46 = - 3% par an, ce qui à peu près le taux de dépletion minimal attendu (en fait , c'est le taux moyen si on a une décroissance exponentielle avec 30 ans de réserves).
Naturellement, il s'agit uniquement d'une loi mathématique : il n'est pas impossible que le développement des autres énergies se fasse à un rythme accéléré à nettement plus de 2,3 % /an pour compenser une baisse pétrolière : je remarque juste que ça n'a pas été le cas dans le passé. Par exemple pour assurer une consommation d'énergie PAR HABITANT constante, il faut que la consommation totale augmente de +1,5 % par an environ, ce qui demanderait une augmentation relative de (1,5 - 0,46*(-3))/0,54 = +5,3 % /an, soit le double de la moyenne précédente si la dépletion pétrolière est de 3%. Pour assurer + 2% par an au total , il faut augmenter de 6,3%/an les autres énergies, etc....
Ce genre de rythme a effectivement été réalisé ponctuellement à certains endroits et à certain temps (par exemple en France avec la mise en service des centrales nucléaires, ou en Chine avec le charbon). Néanmoins, il n'a jamais été assuré à l'échelle mondiale, on peut donc douter qu'il le soit dans le futur. Néanmoins aussi on voit que la continuation "business as usual" conduirait à peu près à une stagnation de l'énergie totale (jusqu'à ce que le pic gaz, puis charbon se manifestent?) ce qui n'est pas non plus l'écroulement total des ressources énergétiques !