jml34 a écrit :
C'est pour ça que je te demandais ce que les gens devraient faire qu'ils ne font pas.
ce n'est pas "faire" qui est le problème, c'est réaliser l'ampleur du problème.
Il n'y a pas de problème sur ce qu'il y a à faire, qui est grosso modo ce qu'on a toujours fait jusqu'ici : faire le mieux possible avec ce qu'on a. Sachant que les sociétés sont comme les individus, des systèmes complexes et chaotiques, et que le programme visant à éradiquer les crises et les guerres me semblent largement utopiste.
La seule chose que je dis, c'est qu'en continuant à faire ça, les contraintes deviendront telles qu'il sera impossible que ça continue encore longtemps comme les deux dernières siecles, avec une croissance continue. Je pense peu probable , quoique pas impossible strictement, de maintenir le niveau de vie en France constant pendant 50 ans. C'est peu probable non pas parce que c'est impossible techniquement, mais parce que maintenir un niveau de vie constant, mettons à 10 % pres, pendant 50 ans reviendrait à vouloir fixer techniquement la croissance à +/_ 0,2 % /an et je ne vois aucun régulateur dans l'économie qui assure ça naturellement : et la raison principale, je l'ai déjà expliquée : c'est que
en réalité, le but que vous fixez revient individuellement à optimiser son propre niveau de vie, et que cette attitude multipliée par 60 millions n'a strictement aucune raison de converger vers une croissance zéro : elle va converger vers le maximum de croissance qu'on peut obtenir, compte tenu des contraintes matérielles environnantes. Et ces contraintes n'ont elles même aucune raison de converger vers zéro pendant 50 ans.
L'erreur de raisonnement est de croire que les sociétés agissent comme un seul individu cohérent qui se fixerait un but. Ca n'a jamais été le cas et ça ne le sera jamais. La société, c'est juste le résultat statistique de millions d'individus qui agissent de manière indépendante avec des cultures et des pensées individuelles très diverses. On ne fait qu'enregistrer après coup le résultat de ce binz en constatant que la croissance a été de 2% ,ou non tiens de 1%, ou zut non ça a régressé de - 1%. Mais bien évidemment personne n'a agi individuellement pour se fixer une croisssance globale de tant , pour l'excellente raison que personne n'a la moindre idée des conséquences exactes de ses actes individuels sur le taux de croissance global de la société , et d'ailleurs s'en fiche totalement (ça fait deux excellentes raisons en fait).
L'ordre de grandeur naturel de l'évolution de la société humaine est de l'ordre du %/an pour une raison extremement simple à mon avis : c'est l'inverse de la durée de la vie humaine, c'est à dire que la société évolue globalement à un rythme humain, les individus s'adaptant à l'échelle de leur vie - il est exceptionnel qu'un individu passe du néolithique à la société industrielle dans le courant d'une vie ! Mais 0% n'est aucunement une valeur "fiduciaire". La réalité est différente : la société tend à croitre de l'ordre de quelques % an jusqu'à ce qu'elle rencontre une limite , et là, elle va redecroitre au meme ordre de grandeur de - quelques % par an pour la meme raison. Le taux de croissance moyen du néolithique a été extremement faible parce qu'il y a eu de nombreuses périodes de croissance et de décroissance qui se sont plus ou moins exactement compensées, mais localement on pouvait très bien avoir pendant un certain temps une croissance de quelques % /an - mais pas pendant très longtemps. Pourquoi? parce que sur le tres long terme, tout ça s'adaptait aux ressources moyennes fournies par le monde, qui fixait l'état de quasi équilibre autour duquel les sociétés fluctuaient.
Donc mon discours ne vise pas à dire ce qu'il faut faire, il vise à faire comprendre ce qui s'est passé. Pourquoi notre époque a été exceptionnelle? parce que le taux de croissance s'est installé sur une partie importante de la planète à la fameuse valeur de quelques % par an, mais pendant deux siècles ! et ce taux pendant deux siècles a conduit à une croissance d'un facteur 100 de la consommation énergétique (rappel : 2% /an = doublement en 35 ans = x par 8 en 100 ans = x 64 en 200 ans).
Cette croissance a donc conduit le monde a occuper un état de consommation énergétique considérablement supérieur au précédent. Comment expliquer que ce phénomène a été possible? il n'y a qu'une explication possible : c'est que quelque chose a profondément changé le niveau d'équilibre possible autour duquel la société pouvait prétendre fluctuer, et la croissance est le mouvement engendré par le fait que la société a tendu vers un nouvel état d'équilibre - mais a mis du temps à l'atteindre, à cause de cette inertie humaine qui regle l'évolution de la société et qui fait qu'on n'a pas pu installer la société industrielle en un ou deux ans , mais qu'il a fallu 200 ans (et d'ailleurs on est loin de l'avoir installée partout ! ).
Ce nouvel état d'équilibre théoriquement possible asymptotiquement serait pour moi celui qu'on atteindrait si la terre était plate , et les ressources fossiles infinies. On augmenterait progressivement notre consommation jusqu'à ce qu'elle atteigne un état compatible avec notre productivité énergétique - peut etre que ça pourrait etre asymptotiquement celui des américains pour toute la planète. En réalité les économistes libéraux ( et le GIEC ..

) postulent que cette marche vers ce nouvel état d'équilibre pourrait encore s'effectuer pendant 100 ans en continuant sur son chemin.
Le problème soulevé par la dépletion, que je souligne, c'est que le caractère fini des fossiles rend impossible l'accession à l'état d'équilibre théorique qu'ils auraient pu permettre , si ils avaient été renouvelables (par exemple abiotique), puisqu'ils s'épuisent dans un temps inférieur à celui dont on aurait besoin pour en faire profiter tout le monde, et de toutes façons meme si on avait réussi à rendre riche tout le monde ils se seraient épuisés quand meme. Autrement dit ,
génériquement , la croissance non seulement va se terminer (ça c'est de toute façon une necessité causée par l'exponentielle), mais très probablement se retrouvera prise à contre pied par le fait que la dépletion refera diminuer l'état d'équilibre vers lequel elle tend.
Si je pose la question de l'état sans fossile, ce n'est pas
principalement pour savoir exactement quel mode de vie on aura dans 300 ou 500 ans : la question n'est pas sans interêt, mais à vrai dire ça nous concerne assez peu. Mais contrairement à ce que semble penser Parisse, je pense que cet état asymptotique gouverne egalement, à tout moment y compris maintenant, l'évolution de la société, parce que cette évolution est en réalité une recherche d'un état d'équilibre lui meme mouvant (pour etre tres simplificateur , une équation gouvernant la richesse du monde serait du genre dP/dt = k (Peq(t) - P(t)) ) et donc il est important de savoir quel est cet état asymptotique meme si on n'y est pas encore : si l'état asymptotique se retrouve EN DESSOUS de l'état réel du monde (ce qui n'a pas été le cas depuis très longtemps) alors on se retrouve en situation dite "d'overflow", et la décroissance est inéluctable.
Donc je ne donne rien comme "solution " à ce probleme, pour l'excellente raison à nouveau qu'il n'y en a pas. Améliorer le maximum de chose revient à maximiser le Peq(t) ce qui est une tres bonne chose en soi. Mais si les contraintes naturelles font que ce Peq(t) maximal retombe en dessous de P(t) réel, je suis désolé, mais c'est la nature qui veut ça, il n'y a pas de façon de l'éviter, pas plus que je n'ai de solution au problème de ne pas mourir (et en réalité c'est exactement ce probleme : notre société ne veut pas mourir). La solution de Parisse n'en est aucunement une : c'est juste une discussion sur combien de temps on peut reculer l'intersection entre P(t) et Peq(t), c'est à dire le passage à l'overflow, le moment où notre consommation aura définitivement dépassé ce qui est possible. Il prétend que c'est au moins 2050 - non seulement j'en doute, mais je considère que ce qu'il propose, en tout cas en ce qui concerne le monde occidental, n'est nullement la réalisation de ce qu'il prétend - une conservation du niveau de vie. C'est en réalité une décroissance, et si les gens étaient prets à abandonner les 5/6e de leurs grosses voitures (tiens au fait qui seraient les privilégiés qui en garderaient une ?) , alors il n'y aurait meme plus de probleme du à la dépletion. Y a de toutes façons suffisamment de charbon, de gaz et de nucléaire pour chauffer toutes les maisons et les chauffe eaux , et produire autant d'électricité dont on a besoin, jusqu'a 2050 . Les efforts qu'il prétend falloir faire pour arriver au résultat qu'il propose sont inexistants : on peut tres bien y arriver sans aucun effort spécial .
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".