Non de réalismeEnvironnement2100 a écrit :Dès que tu parles économie, tu fais un accès de Dépression...

Le pétrole ne coute pas 0,1 USD / kWh, mais 0,01 USD/kWh : le coût du production tourne autour de 10 à 15 $ le baril de 159 litres, et 1 litre = 10 kWh, le calcul est rapide. Qu'il soit vendu a 6 fois ce prix n'est du qu'à la loi de l'offre et de la demande, ce qui veut dire que les bénéfices peuvent etre réinvestis dans l'économie sans dommage, y compris dans l'investissement dans de nouvelles sources (ils sont plus ou moins l'équivalent d'une taxe). En fait il "suffisait" de le vendre à 20 $ le baril soit 0,02 $/kWh pour etre largement rentable.
Ce très faible coût à une signification physique pas seulement économique : il veut dire qu'on a besoin de très peu de travail pour l'extraire. Je vois le développement économique du XXe siècle comme l'occupation progressive d'un territoire immense, ce territoire (virtuel) étant l'ensemble des réalisation techniques potentiellement accessibles avec une énergie aussi abondante et bon marché. Bien sur il a aussi fallu des inventions techniques pour exploiter ce "territoire", mais pour moi le progrès scientifique et technique a permis d'utiliser l'abondance énergétique, il ne l'a pas créée.
A contrario, je vois la dépletion pétrolière comme un rétrecissement ce ce territoire : nous pourrons faire de moins en moins de chose simplement parce qu'il en coutera de plus en plus de produire un kWh. Le charbon aura beau se développer, il ne permettra jamais de faire autant de chose à coût égal : si l'énergie coute plus cher, pour se chauffer, pour produire des biens, pour les transporter, on pourra faire de moins en moins de choses avec, tout simplement parce qu'avec le même argent les gens auront moins de pouvoir d'achat !
Bien sûr on peut espérer que le progrès technique permette de gagner un peu dans le futur, mais pour moi ça ne permettra que de remplir un peu plus optimalement des frontières plus étroites. Tu ne vois que la production électrique, mais convertir cette production électrique en transport et en chauffage coute aussi beaucoup plus cher, et les possibilités de la biomasse sont limitées. Le parallèle avec l'Empire Romain me parait judicieux : le pic du pétrole est l'équivalent non pas de sa chute, mais de son apogée (d'où aussi mon scepticisme sur l'écroulement rapide de la société !). Au moment du pic, nous aurons atteint le point le plus haut de notre production énergétique, comme les Romains ont atteint l'extension maximale de leur Empire. Après, nous devrons nous battre pied à pied pour en perdre le moins possible, comme les Romains sont passés dans une phase où ils devaient se battre pied à pied contre les barbares pour limiter le rétrécissement de leur Empire. Qu'on le veuille ou non, c'est en soi un changement radical.