Nan, ça marche pas comme ça. Si on prend l'exemple de Kashagan, le projet a coûté $50 milliards et le développement a pris 15 ans. Lorsque les prix ont baissé de moitié fin 2014, le projet n'a pas été bloqué parce qu'il n'était plus rentable. Mieux vaut minimiser la perte que de perdre tout l'investissement. Les coûts d'opération (pomper et expédier le pétrole d'un puit) sont minimes face aux coûts d'investissements (explorer, creuser et construire les installations). Du coup, ça n'a aucun sens de fermer une exploitation quand les prix sont bas.mobar a écrit :La demande augmentera de 1 Mb/j ... si le prix reste bas
Et le prix ne restera bas que si les nouvelles capacité de production sont suffisamment rentables avec un baril à 50$
Sinon, le prix de toute l'offre s'alignera sur le prix de ces nouvelles capacités de production, aux différences de qualité près, et la demande se contractera, ce qui amènera un ajustement de l'offre avec la fermeture des exploitations dont le cout est supérieur au nouveau prix du marché.
Lorsque l'Arabie Saoudite a développé de nouvelles capacités après 2010, elle ne les a pas mise sur le marché et les a gardé en réserve. On peut se demander si sa décision de mettre ces réserves sur le marché fin 2014 était destiné à maximiser ses revenus en baisse, et non déstabiliser le pétrole de schiste comme on a pu l'entendre un peu partout. Le résultat, c'est que l'offre de l'OPEP a augmenté en période de prix faibles.
La consommation globale a progressé de 10Mb/j entre 2000 et 2007, alors que les prix ont quadruplé dans la même période. C'est la crise des subprimes qui a contracté la demande, et elle est repartie de plus belle pour progresser à nouveau de 10Mb/j entre 2009 et 2016 (et ce malgré un prix relativement élevé). La consommation dépend surtout de la croissance économique.
Au final, on ne peut pas tirer de conclusion simpliste sur le marché du pétrole en se basant sur les règles de l'offre et de la demande. La dynamique est beaucoup trop complexe et fait intervenir la croissance économique, des changements de production sur des échelles de temps beaucoup plus longues que la variation des prix, des paramètres géopolitiques, des facteurs géologiques, un cartel imprévisible, des changements technologiques, le tout s'influençant entre eux.
On peut tirer des conclusions globales, les contraintes économiques (croissance trop faible) et géologiques (pétrole trop cher à produire) pouvant se rejoindre en un point qu'on peut appeler pic pétrolier, mais la complexité de la dynamique rend impossible de donner une prédiction fiable sur une échelle de temps.