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par Mardi » 09 juin 2020, 18:09
Gilles, mon opinion sur les producteurs de carburant liquide dans une ou deux générations ne devrait pas te surprendre. Un carburant liquide, cela s’obtient soit en distillant du pétrole, soit en vapocraquage de charbon ou de gaz, soit en recyclage de plastique, soit par biosynthèse, soit par électricité. La proportion de chaque source dans une économie dépend de sa disponibilité et de son rendement (eux-mêmes fonctions de la technologie disponible), ainsi que des impératif de nos organisations sociales, plus la recherche d’un équilibre dans un jeu en partie à somme nul, en partie à somme non nulle. Voilà qui laisse bien de la place aux trajectoires possibles. En ce qui concerne les producteurs de pétrole, c’est une question connexe qui dépend de ce qu’on acceptera d’appeler pétrole. Si le biocarburant devient un pétrole de référence, alors il n’y a aucune raison de penser qu’un éventuel pic fossile aura un impact autre que négligeable sur la production de pétrole. Si le pétrole de synthèse devient un pétrole de référence, alors les principaux pays producteurs seront les producteurs de charbon et de gaz (éventuellement sous marin donc selon la nationalité d’attache de la pétrolière qui exploitera le plus de charbon ou de gaz en mer). Concernant les pays de l’OPEP, leur sort sera déterminé par les progrès relatifs des différentes sources. Si les progrès techniques leur permettent d’augmenter le taux de récupération de leurs puits, alors on peut s’attendre à ce qu’ils soient dans le décors longtemps. Si les progrès dans le biocarburant (ou dans le pétrole de synthèse, ou dans la voie électrique, etc) les enterrent par augmentation encore plus rapide de la compétitivité, alors les puits seront fermés en attendant un hypothétique retour à la rentabilité, en commençant par les plus chers et les moins subventionnés.
alfa, je suis d’accord avec toi (et n’ai rien écrit qui puisse laisser penser le contraire) que les africains devraient pouvoir décider par eux-mêmes de comment ils devraient développer leurs économies. Cela n’entraîne pas qu’ils deviennent libres de toute contrainte physico-economique. Autrement dit, si tu es un jeune entrepreneur africain, le fait de ne pas avoir accès à des infrastructures de qualité n’est pas un choix, c’est une contrainte qui orientera tes choix et rend prévisible que ton transport passera davantage vers les voitures à essence bradées d’Europe plutôt que par un métro électrique fonctionnant à l’électricité locale. Rien d’impossible dans la seconde solution, mais cela demande un mécanisme d’investissement que ne peuvent se permettre des pays surendettés et sous-financés (sauf si les pays riches font preuve de solidarité, mais je ne vois nul part de gouvernement tomber faute de s’être occupé de ne pas nuire à des pays pauvres donc... ).