[Personnalités] André Aurengo

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krolik
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[Personnalités] André Aurengo

Message par krolik » 25 mai 2012, 17:22

http://www.valeursactuelles.com/actuali ... 20522.html

Entretien.

Professeur Aurengo : “Le principe de précaution freine l’innovation”
Sabine Carion le jeudi, 24/05/2012

“Le mépris de la science conduit les politiques à des décisions irrationnelles.” C’est l’avertissement du professeur Aurengo.

Ses arguments scientifiques peuvent déranger ceux dont le progrès bouleverse les certitudes. Son franc-parler est un antidote aux idées reçues diffusées par des associations souvent militantes et relayées par des médias parfois ignorants. C’est un appel à la raison que lance ici le professeur Aurengo.

Diplômé de l’École polytechnique, membre de l’Académie de médecine depuis 2005 et membre du Haut Conseil de la santé publique, André Aurengo est chef du service de médecine nucléaire de la Pitié-Salpêtrière. Spécialiste des pathologies thyroïdiennes, il a notamment soigné des enfants ukrainiens victimes de la catastrophe de Tchernobyl. Membre du comité d’experts sur les champs électromagnétiques créé conjointement par les trois Académies (sciences, médecine et technologies), il a participé à la rédaction de rapports sur les risques des techniques d’imagerie médicale et de la téléphonie mobile. En plus de ses activités professionnelles, André Aurengo apporte son concours scientifique aux pouvoirs publics comme au monde industriel.

Régulièrement consulté par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, il siège au comité scientifique de l’Association française pour l’information scientifique, qui s’est fixé pour mission de promouvoir la science face au sensationnalisme. Ancien membre bénévole du conseil scientifique de Bouygues, il est toujours président du conseil médical d’EDF – ce que lui reprochent certains de ses opposants.

Il a participé à la rédaction de Politique de santé et Principe de précaution (Puf, 2011) avec quatre autres scientifiques, Dominique Lecourt, Marcel Tubiana, Daniel Couturier, Claude Sureau. L’objet de cet ouvrage est de lutter contre la confusion des esprits et de marquer la distinction entre risques avérés et risques hypothétiques. L’un des combats du professeur Aurengo est aujourd’hui de réhabiliter la légitimité de l’expertise scientifique..

Beaucoup de gens n’ont plus confiance en la science, alors que le XIXe siècle valorisait le progrès. Comment expliquez-vous cette évolution ? J’y vois la conséquence des deux phénomènes. D’une part, la confiance a été ébranlée par des affaires comme le sang contaminé, la vache folle, le Mediator. Mais on ne peut pas ignorer que certains contempteurs de la science mènent un combat politique. Les idéologues de l’écologie rejettent les progrès scientifiques pour accroître leur influence. L’expertise est disqualifiée au profit de la peur qui fait vendre. Dans l’esprit des gens, tout ce qui est nouveau devient a priori dangereux.

Quelle est la responsabilité des médias ? Ils sont utiles au débat scientifique, mais la plupart ne prennent pas la mesure des informations qu’ils diffusent. Ils confèrent une même légitimité aux experts et aux non-experts, ce qui crée la confusion dans l’esprit du public. Ils se saisissent d’un sujet quand un problème surgit ou quand une peur apparaît. Quand il est démontré que la peur est infondée, les médias n’en rendent pas compte, ou presque pas. Si les choses étaient rapportées de manière équitable, la population pourrait se faire un avis objectif..

Le principe de précaution est-il un frein à la recherche ? Le principe de précaution freine l’innovation et verrouille le système. Il conduit à considérer les risques hypothétiques comme s’ils étaient avérés et à prendre des mesures extrêmes : c’est ainsi qu’on arrache les OGM ou qu’on enlève des antennes-relais de téléphonie mobile, au mépris des constats scientifiques.

La question des antennes-relais inquiète les Français.. La justice a été saisie à plusieurs reprises. Qu’en pensez-vous ? Les ondes diffusées par une antenne-relais ont un seul effet biophysique : un échauffement dérisoire de quelques millièmes de watt, à comparer aux quelque 70 watts de notre organisme ! Mais le nombre de procès est infime par rapport au nombre d’antennes installées et dans la grande majorité des cas, les juges ont débouté les plaignants.

Pour vous, la confusion la plus grave est celle qui mélange science et politique… Prenons un exemple : en 2009, sous l’égide de l’Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail), un groupe multidisciplinaire de scientifiques a travaillé pendant dix mois à la réalisation d’une expertise collective faisant le point sur l’impact des radiofréquences, en particulier de la téléphonie mobile. Ce rapport rendait des conclusions très rassurantes, mais a été présenté de manière alarmiste par la direction de l’Afsset, probablement pour ne pas fâcher certaines associations.

Quelles sont les conséquences d’une telle attitude ? Le mépris de la science conduit les politiques à des décisions irrationnelles. Par exemple, diminuer le niveau d’émission des antennes conduirait à les multiplier et à augmenter l’exposition des usagers. Autre exemple : on a interdit les canalisations d’eau potable en plomb par peur du saturnisme, alors que celui-ci provient de la peinture au plomb sur les murs des habitats insalubres – pas des canalisations ! Et l’Assemblée nationale demande l’interdiction des parabènes (utilisés depuis plus de quatre-vingts ans) sans qu’il existe de produit de remplacement bien étudié.

Les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima ont marqué les esprits. La peur du nucléaire n’est-elle pas fondée ? Se focaliser sur le nucléaire – en réalité l’une des énergies les moins dangereuses – est paradoxal. Le nombre de morts liés au charbon est beaucoup plus élevé que celui dû à Tchernobyl : un mort par jour, en moyenne, dans les mines d’Ukraine, des milliers par an en Chine… À Fukushima, il n’y a eu à ce jour aucun décès du fait des radiations.. Les doses relevées permettent d’espérer que le nombre de morts n’excédera pas quelques cas. Il ne s’agit pas de transiger avec la sûreté, mais il faut être réaliste par rapport aux risques et aux risques comparés.

Le débat sur la sortie du nucléaire vous semble-t-il opportun ? Un débat est nécessaire, mais il suppose de bien en exposer les éléments, au carrefour de la science, de l’économie, de la technologie et du politique. On ne peut pas fonder une décision sur du “ressenti”, en ignorant les rapports de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui donne les avis techniques les plus pertinents sur l’état des centrales, ou sans savoir que, dans une centrale vieille de trente ans, tout a été changé. Il n’y a plus rien d’origine, sauf la cuve et le bâtiment réacteur, qui peuvent durer soixante ans. Il est nécessaire de prendre du recul et de considérer globalement la question de la production énergétique.

À quel point la défiance envers la science affecte-t-elle notre pays ? Un pays industriel ne peut pas se passer de la science à haut niveau. La France était en avance sur les techniques OGM, qui seront un jour indispensables pour accroître les rendements, réduire les pesticides et faire face aux problèmes de disponibilités hydriques. Ce travail était profitable pour la société, ne serait-ce que pour ne pas être tributaires d’entreprises étrangères. Ce domaine est aujourd’hui sinistré, les chercheurs sont partis à l’étranger ou font tout autre chose. L’arrêt de la recherche OGM est une catastrophe nationale. Le public ne s’en rend pas compte.

On vous a beaucoup reproché une accointance avec le monde de l’industrie. J’ai été pendant dix années administrateur d’EDF, représentant l’État, non rémunéré. Et j’ai conseillé un temps Bouygues Telecom, bénévolement. Je suis toujours président du conseil médical d’EDF. Il est fondamental que les industriels prennent en compte la science et les questions de santé que sous-tend leur activité ; que ne dirait-on pas s’ils ne le faisaient pas ? Il est rassurant qu’ils prennent l’avis de gens compétents et pas d’experts autoproclamés. Depuis plus de trente ans, l’espérance de vie a augmenté de trois mois par an. Un mois est dû aux médecins, deux mois à la prospérité économique. Aller aider dans leurs décisions des entreprises qui concourent deux fois plus que moi à l’espérance de vie, est-ce condamnable ?

Quelles solutions préconisez-vous ? Je plaide pour un système rationnel en quatre étapes : les experts doivent évaluer les risques, puis analyser les différents scénarios de gestion de risques, leurs coûts, leurs bénéfices, leurs effets indésirables. Cela est une affaire de professionnels.. Ensuite, il faut que le public s’exprime, la démocratie c’est ça. Enfin, la quatrième étape est le choix politique pris par les autorités légitimes. Il s’agit d’asseoir les décisions sur un corpus raisonnable d’analyses scientifiques et de tenir compte de tous les facteurs, y compris non scientifiques.

Propos recueillis par Sabine Carion

À lire
Politique de santé et Principe de précaution, Puf, 2011.

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Re: [Personnalités] André Aurengo

Message par akebia » 12 juin 2012, 12:58

"le principe de précaution freine l'innovation"...

ça en dit suffisemment sur le personnage, la morale n'est certainement pas une vertue pour lui,probablement juste une valeur désuète, on peut bien en sacrifier quelqu'uns pour en sauver d'autres, le nucléaire plus sûre que le charbon, géniale, il y a moins de morts avec cette méthode alors à quoi bon la critiquer ?

j'imagine que pour lui les effets secondaires des vaccins sont des inventions faites pour nuire au progrès, le sida est une maladie qui mérite qu'on y investisse des milliards par an qui pourraient servir à améliorer les conditions de vie dans les pays pauvres (tout comme pour les vaccins d'ailleurs)

ce genre de discours me donne la nausée, et dire que la plupart de nos dirigeants ont ce genre de point de vue !!!

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Herv12
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Re: [Personnalités] André Aurengo

Message par Herv12 » 12 juin 2012, 13:41

j'imagine que pour lui les effets secondaires des vaccins sont des inventions faites pour nuire au progrès
Il est vrai que à l'époque Pasteur n'aurait jamais du sortir son vaccin, principe de précaution oblige...
Pour sauver les arbres, mangez les castors.

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Re: [Personnalités] André Aurengo

Message par rico » 12 juin 2012, 13:52

Il est vrai que à l'époque Pasteur n'aurait jamais du sortir son vaccin, principe de précaution oblige...
Tu crois pas si bien dire...

akebia
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Re: [Personnalités] André Aurengo

Message par akebia » 12 juin 2012, 17:04

Herv12 a écrit :Il est vrai que à l'époque Pasteur n'aurait jamais du sortir son vaccin, principe de précaution oblige...
je dirai même comme je l'ai lu dans un ouvrage lui étant dédié (mais pas franchement élogieux), que s'il avait fait aujourd'hui ce qu'il s'est permis de faire à l'époque pour ses pseudo découvertes (notamment sur la rage mais pas que...)
il aurait fini à "la santé" sans mauvais jeux de mots !!!
"Le pétrole est appelé huile de roche. L’absence de pétrole est appelée huile de coude…" (Anne ONYME)

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