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La définition du taux de déplétion ?
Publié : 27 déc. 2005, 22:48
par Sylvain
Amis PeakNiks, bonsoir.

Alors que je bataillais joyeusement contre la mise en page de la newsletter 59 de l'ASPO

, je tombe sur cette définition :
Colin J. Campbell a écrit :Depletion Rate is Annual Production as a percentage of All Future production.
Le taux de déplétion est la production annuelle comme pourcentage de la production future complète.
Voila un exemple pour expliquer ce que je comprends de cette définition :
Le champ de pétrole Machin-Bidule a été exploité de 1970 à 1990. Il a produit 100 millions de barils, et tout le pétrole récupérable a été récupéré.
- En 1972, ce champ a produit 2,8 millions de barils.
--> En 1972, le taux de déplétion était donc de 2,8%
En 1982, ce champ a produit 13,4 millions de barils.
--> En 1982, le taux de déplétion était donc de 13,4%
En 1989, ce champ a produit 1,6 millions de barils.
--> En 1989, le taux de déplétion était donc de 1,6%
Remarquons qu'avec cette définition, le taux de déplétion est défini même lorsque la production augmente.
Cela me laisse perplexe ...

Jusqu'à présent, il me
semblait que le taux de déplétion représentait la diminution de la production d'une année sur l'autre. C'est-à-dire que si la production a été de 100 barils en 2003, et qu'elle n'était plus que 88 barils en 2004, alors le taux de déplétion était de 12% en 2004.
Bref, ce n'est pas que je ne sois pas certain de comprendre, c'est plutôt que je suis certain de ne pas comprendre.
PS : Venez donc prendre un verre dans un pub irlandais ! 
Taux de déplétion
Publié : 27 déc. 2005, 23:09
par Schlumpf
Bonjour Sylvain,
je comprends la définition autrement: je traduirais plutot par:
taux de déplétion = production annuelle en rapport à la production future restante.
Reprenons le cas du champ machin bidule (je change les années pour un calcul plus facile) 70-90 pour 100 MBarrils
70: 2,8 Mb (reste 100 Mb à produire) => taux de dépletion = 2,8%
80: 13,4 Mb (reste -disons- 50 Mb à produire 80-90) => taux = 13,4/50= 26,8%
89: 1,6 Mb (reste 1,6 Mb à produire) => taux = 1,6/1,6 = 100%
Publié : 28 déc. 2005, 01:05
par Sylvain
Bonjour Schlumpf, et merci d'avoir répondu.
Il s'avère que ... tu as complètement raison !

Voici le résultat de mes recherches :
Jean Laherrère a écrit :Colin Campbell a proposé, il y a quelques années, un protocole appelé maintenant de Rimini qui demande aux pays de ne pas dépasser le taux de déplétion actuel (production annuelle divisée par les réserves restantes) ...
J'en conclus que :
- 1 - "Déplétion" n'est pas synonyme de "baisse de la production". Ainsi, on peut parler de déplétion dès la première année de l'exploitation d'un champ.
2 - Pour donner un taux de déplétion, il faut avoir une estimation des quantité de pétrole restantes à extraire.
Pour ceux que ça intéresse, de nombreux papiers de Jean Laherrère (dont certains en français) sont disponibles ici.
Publié : 28 déc. 2005, 01:12
par thorgal
pourrait-on simplement parler de depletion lorsque la valeur 'absolue' du nombre de barils commencent a decroitre de maniere continue ? le taux de depletion pourrait alors etre la derivee 1ere de la courbe de production du nombre absolu de barils. Dans ce cas, un 'taux' negatif signifie une baisse ou depletion et vice-versa. Si cette courbe a grosso-modo une forme de gaussienne, on peut facilement calculer sa derivee 1ere en n'importe quel point (ou annee). Seulement, je ne crois pas que la gaussienne soit appropriee dans ce cas, la croissance a l'air exponentielle mais la decroissance sera plus du genre parabole renversee a partir de la fin du plateau (region du pic).
Publié : 28 déc. 2005, 08:51
par Devenson
Il me semble qu'il s'agit plutôt d'une question de définition du mot lui-même. Déplétion est un terme général qui signifie diminution, réduction. Donc, on peut parler de déplétion des réserves (dans le protocole du même nom), mais aussi de déplétion de la production.
Le problème est qu'en français, ce mot est le plus souvent associé aux ressources et en particulier au pétrole. En anglais, le sens semble plus général, puisqu'il existe le verbe "to deplete". Il serait alors préférable de le traduire simplement par "déclin" lorsqu'il s'agit de la diminution de la production d'une année sur l'autre.
Publié : 28 déc. 2005, 09:16
par Sylvain
thorgal a écrit :pourrait-on simplement parler de depletion lorsque ...
Hum ... Il y a déjà suffisamment de difficultés à définir les réserves
prouvées,
probables ou
possibles ... Si, en plus de ça, Oléocène adopte une nouvelle définition pour certains termes techniques, ça ne facilitera pas les choses. Nous devrions adopter les normes internationales, plutôt que d'en écrire de nouvelles.
Devenson a écrit :Il me semble qu'il s'agit plutôt d'une question de définition du mot lui-même. Déplétion est un terme général qui signifie diminution, réduction. Donc, on peut parler de déplétion des réserves (dans le protocole du même nom), mais aussi de déplétion de la production.
Ca semble juste. Dans ce cas, on parlerait de "
déplétion des réserves" (ou "
déplétion du champ de pétrole") dès le premier jour de production (puisque les réserves diminuent).
Et on parlerait de "
déplétion de la production" lorsque la production commencerait à décroître.
Publié : 28 déc. 2005, 09:48
par mehdiclean
je suis d'accord avec toi sylvain, je crois que parler de dépletion en terme de déclin de la production, c'est bien plus parlant pour le grand public, dont je fais partie, qu'en terme de production annuelle par rapport à la production totale future, parce qu'effectivement dans ce cas il y aura toujours un taux de dépletion même si la production augmente, et là on ne s'y retrouve plus, je pense qu'il vaudrait mieux, soit adopter la définition du terme "taux de dépletion" comme étant le taux du déclin futur (juste après la date du pic), régulier et prévisible de la production, soit, pour cette même définition (à mon sens plus intelligible) adopter un nouveau terme comme "taux de déclin" tout simplement... comme ça ça sera plus parlant pour tout le monde et plus simple à présenter quand on essaye de l'expliquer aux gens...

Publié : 28 déc. 2005, 10:30
par RoRo
Wikipédia semble aller dans ton sens.
Dans le domaine pétrolier, c'est la baisse de production qui suivra le pic pétrolier.
Cependant, le terme déplétion représente une diminution de quantité (de quelque chose). Concernant le pétrole, il est apparemment possible de parler de la déplétion de la production mais également de la déplétion des réserves. Cette dernière est alors représentée par le taux de déplétion.
D'après ce que je comprend, il faut explicitement utiliser le terme afin qu'il soit compris dans le sens voulu.
Publié : 28 déc. 2005, 10:33
par sceptique
A taux de déplétion constant la courbe décroissante est une exponentielle avec exposant négatif. Exemple simpliste :
taux de 50% par an on démarre avec une réserve de 1024 unités.
année 0 réserve 1024 production 512
année 2 réserve 512 production 256
année 3 réserve 256 production 128
année 4 réserve 128 production 64
année 5 réserve 64 production 32
année 6 réserve 32 production 16
...
On a une asymptote vers 0. Il reste toujours quelque chose.
Si on prend cette série à l'envers, on retrouve une exponentielle classique.
Dans la réalité les taux de dépétion sont plutot de 3% à 10%.
au lieu de multiplier par 0.5 à chaque itération on multiplie par 0.97 ou 0.90
Par exemple pour 0.97 cela revient à diviser par 2 tous les 23 ans. Et tous les 7 ans pour 0.90
Oulala, ca devient technique !
Publié : 28 déc. 2005, 10:59
par Schlumpf
Bonjour,
je ne crois pas que l' exponentielle soit la meilleure courbe pour schématiser le phénomène de déplétion. on considère généralement que la forme gaussienne décrit bien les phenomènes physiques comme celui-ci (et la réalité le confirme). On peut donc en conclure que le taux de déplétion n' est jamais constant. C' est un taux. C' est à dire un pourcentage, qui n' est jamais négatif (taux de carbone, taux de remplissage, taux de crédit, etc...). Si l' on veut avoir une idée de la vitesse d' augmentation ou de diminution du taux, il faut en referer à la derivée première comme le dit thorgal. Mais ce ne sera plus un taux. Peut-etre pourrait on alors parler de vitesse de déplétion, ou d' évolution du taux de déplétion ou de tendence évolutive du taux de déplétion, etc...
Publié : 28 déc. 2005, 12:57
par Sylvain
Les termes "déplétion de la production", "déplétion des réserves" et "taux de déplétion" sont définis par Jean Laherrèe et nous avons 1000 fois moins de connaissances que lui sur le sujet. Doit-on ré-écrire de nouvelles définitions de ces termes ?
Pour reprendre les propos de Devenson et de Mehdiclean, il serait plus simple (lorsqu'on présente le problème au grand public) de parler de "déclin".
1 - Le "déclin" est défini APRÈS le pic de production, pas avant.
2 - Si production a été de 100 barils en 2003, et qu'elle n'était plus que 88 barils en 2004, alors le "déclin" était de 12% en 2004.
Si la production n'a été que de 80 barils en 2005, alors le déclin était de 9,1% en 2005
Car (88-80)/88 = 0,091
Publié : 02 janv. 2006, 23:37
par epe
A propos de déplétion (déclin), je suis quand même surpris des taux moyens de 1,5 à 3% annoncés, parce que quand je lis des cas concrets, c'est presque toujours des valeurs beaucoup plus élevées. Ou alors c'est un taux compensé, pour un pays par exemple, et non par gisement.
dernier en date, chez un "petit" producteur, la Tunisie
Epuisement des gisements classiques
"Parmi les données de base du secteur énergétique dans notre pays figure en bonne place l’épuisement sensible d’une année à l’autre des gisements classiques : ce sont les puits principaux d’exploitation du pétrole, à savoir El Borma et Ashtart,
et ce malgré les efforts et les techniques sophistiqués de prolongation de la durée de vie des gisements. Le taux de régression d’une année à l’autre est de l’ordre de 10 à 20%."
Mais
"Il y a lieu de reconnaître cependant que de nouveaux gisements sont en train de prendre le relais : le gisement ADEM, découvert en 2003, représente 20% de la production actuelle. Six puits forés depuis cette date sur dix se sont révélés positifs. Mieux encore, la production de pétrole en 2005 a augmenté de 5% par rapport à 2004"
Parce que si un jour des grands gisements, ghawar ou autre, déclinent au rythme de 10 à 20%...

Publié : 03 janv. 2006, 11:52
par sceptique
Dans une région, il y a des grands gisements, des petits, des faciles, des difficiles et des non encore connus (en général petits). L'exploitation commence par les grands gisements faciles, puis quand ils s'épuisent (taux 5, 10, 20% ....) on attaque les petits et/ou difficiles, on cherche des nouveaux ce qui compensent donc une partie de la chute. De même des producteurs quand ils commencent à sentir qu'un grand gisement faiblit ralentisse le rythme (d'autres accélérent).
Ainsi, les USA ont depuis le pic de 70 un taux de déplétion très faible en ralentissant sur les grands gisements et en mettant le paquet sur les petits et en ayant trouver des nouveaux (offshore Golfe du Mexique, Alaska). Et aussi en important un maximum pour préserver leurs ressources.
D'autres sont beaucoup moins prudents et "sabotent " leurs puits pour tirer le maximum de profits immédiats.
Bref, il faut une faire une moyenne de tout cela ce qui donne 3%. C'est le chiffre retenu sur le site officiel du Ministère de l'industrie pour le taux de déplétion mondial. Mais cela cache de grande disparités. Et on pourrait avoir de bonnes ou (très) mauvaises surprises.
Pour Ghawar, il semblerait que les Saoudiens s'agitent comme des fous (recherche de plate-forme offshore ...) pour compenser sa baisse inattendue en mettant en production des gisements "sous le coude". Peuvent-ils compenser totalement, voire plus, ou vont-ils diminuer et cela volontairement on contraints ? Et pendant combien de temps : 1 an, 10 ans, plus ? Mystère ...
Pécision sur les taux de déplétion
Publié : 06 janv. 2006, 20:45
par manub
ce que je sais du taux de déplétion tel que Campbell l'utilise, c'est que
Taux = production d'une année (n)/ Réserves Restantes de l'année (n-1)
le décalage d'un an est logique politiquement car on connait mieux les reserves restantes de l'année précédente.
ce qui fait que, en dehors du décalage d'un an, le taux de déplétion est l'exact inverse du rapport R/P.
Après, le problème vient de la définition des réserves (ultimes, restantes par rapport aux découvertes, prouvées, possible, etc...) La convention est quand même de prendre les réserves à 50% de chance.
manub.
Publié : 11 janv. 2006, 13:34
par Tiennel
J"ai calculé le taux de décroissance moyen de la production oil+gas (ce qui a un sens puisque le gaz se substitue très facilement au pétrole, le transport aérien mis à part) sur la base des données de l'ASPO (newsletter de janvier 2006).
Je trouve donc qu'entre 2011 (pic total) et 2045, ce taux de décroissance sera de -0,7% par an en moyenne (et la courbe est plutôt rectiligne).
Pour comparer, le taux de décroissance durant le second choc pétrolier était de -2,6% par an sur les années 1979-1983, soit près de quatre fois plus élevé.
Désolé donc pour les catastrophistes une nouvelle fois, le passage du Pic ne sera pas peut-être aussi violent qu'on le croit... du moins au début. C'est à partir de 2045, avec le passage du pic gazier, que les choses se dégradent sensiblement : -3,7% par an.
Un taux de décroissance des hydrocarbures de -0,7% annuel me semble compatible avec la montée en puissance du charbon, du nucléaire et des renouvelables, once again.
Le choix de Colin Campbell d'appeler "taux de déplétion" ce que j'appellerai plutôt le "taux de consommation" a peut-être pour but d'induire en erreur les media et faire un peu d'alarmisme, en le faisant implicitement confondre avec le "taux de décroissance"