de dec 2014 sur RTBF :
Samuel Furfari, expert européen auprès de la Direction Générale de l'Énergie de la Commission européenne et professeur de géopolitique de l'énergie à l'Université Libre de Bruxelles, était L'Acteur en Direct de Matin Première ce mardi. Pour lui, "les énergies fossiles ont toujours été là, elles seront là encore très longtemps. Ce qui s'est passé, c'est qu'on a cru qu’on allait pouvoir se passer des énergies fossiles dans l'imaginaire collectif, pas dans les dirigeants du monde de l'énergie".
Pour ce spécialiste, c'est simple, "il y aura de plus en plus de pétrole parce que la technologie évolue de plus en plus. Une machine à écrire, aujourd'hui, personne ne la voudrait. On est tous avec nos tablettes. Pourquoi ? Parce que des ingénieurs ont développé des nouvelles technologies, c'est exactement la même chose dans le domaine du pétrole (...) on n'arrête pas de trouver du pétrole, et surtout, on n'arrête pas de trouver du gaz et donc, toute la donne géopolitique est en train de changer à cause de ces fondements techniques".
"Le pétrole ne va pas être abandonné faute de pétrole"
Quant à savoir jusqu'où nous pourrons aller avant d'avoir épuisé toutes les réserves de pétrole, il répond : "On ne sait pas quand et ce sera très loin et de toute façon, je crois que l'on trouvera d'autres solutions bien avant. Je crois que l'erreur que l'on fait généralement c'est de penser que les énergies renouvelables ça se limite aux éoliennes et au solaire. Je crois qu'il y a, au contraire, des solutions bien plus intéressantes mais qui sont encore au niveau de la recherche fondamentale et donc (...), il y a énormément de potentiel, mais c'est plus futuriste. Et donc, un jour, on trouvera des solutions tellement étonnantes qu'on aura plus besoin de pétrole. Le pétrole ne va pas être abandonné faute de pétrole mais parce qu'il y aura mieux ! ".
"Le problème est qu'aujourd'hui, on a surtout subventionné la production de technologies qui sont existantes", ajoute-t-il.
"Le fond du problème de l'énergie, c'est le transport"
De manière générale, "on aime les énergies renouvelables, mais la réalité c'est autre chose. D'ailleurs aujourd'hui cela ne représente pas grand-chose. Le fond du problème de l'énergie, c'est le transport où 96% de l'énergie dans le secteur du transport, ce sont des produits pétroliers. Les biocarburants et l'électricité, ce n'est rien du tout. C'est là le fond du problème, c'est à cause de cela que l’OPEP peut diriger le monde ou penser diriger le monde. Parce qu’à travers la politique d'utilisation du pétrole dans le secteur du transport, on paralyse le monde. Ça c'est en train de basculer complètement et donc toute la politique énergétique et surtout la géopolitique va basculer à cause de cela".
Le climat ? "Une équation impossible à résoudre"
La difficulté est que d'un côté "nous voulons continuer à vivre avec notre bien-être" et que de l'autre il y a des milliards de gens qui vivent sans énergie et qui "ont envie de se développer", résume Samuel Furfari.
"On pourrait très bien décider de ne plus prendre de douche, de changer notre mode de vie, d'arrêter les smartphones,...Je ne connais pas beaucoup de gens qui veulent le faire, mais c'est une possibilité. L'autre possibilité, c'est de dire aux Indiens ne vous développez pas ! Il y a en Inde 350 millions de gens qui n'ont pas d'électricité du tout et il y a dans le monde, 2 milliards 400 millions de gens, 5 fois la population européenne, qui n'ont pas d'énergie pour cuisiner. Ils cuisinent avec du bois ou des excréments d'animaux. Ces gens-là, ont envie de se développer. Et nous, on leur dit : 'On doit éviter les énergies fossiles'. L'équation est impossible".
Les gaz à effet de serre vont-ils exploser ?
"Ça dépend où. En Europe, on peut continuer à réduire les émissions. N'oublions pas que nous sommes de plus en plus efficaces. L'efficacité énergétique, c'est du gagnant-gagnant. Gagnant pour notre poche, gagnant pour la planète, gagnant pour la géopolitique. Donc il y a beaucoup encore à faire de ce côté -là", explique Samuel Furfari.
Quant à l'accord signé entre la Chine et les Etats-Unis, il estime que "ça ne marchera pas !". "Les chinois ont dit : 'Jusqu'en 2030, nous on continue à émettre de plus en plus', alors comment voulez-vous que ces gens-là acceptent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ?".
"Il faut avoir des objectifs ambitieux, mais il faut aussi être réaliste en disant ce n'est pas facile. Il y a une volonté politique mais la concrétisation est beaucoup plus hasardeuse", conclut-il.
http://www.rtbf.be/info/economie/detail ... id=8496453
c'est étrange ou daté son
'' c'est à cause de cela que l’OPEP peut diriger le monde ou penser diriger le monde''.
Justement l' OPEP ne maitrise plus rien et les prix se sont effondrés.