chakiroul a écrit : ↑24 janv. 2018, 22:56
kercoz a écrit : ↑24 janv. 2018, 08:06
Mais il est un autre processus d'effondrement qui se rajoute ( ou qui vit sa vie) conjointement à cet effondrement. Si le premier est conjoncturel, le second est systémique et lié à la destinée de toute civilisation.
Tu veux parler de l'effondrement systémique dû à la complexité croissante des sociétés, décrit par Joseph Tainter ?
https://www.polemia.com/leffondrement-d ... a-tainter/
Je ne peux pas lire tous les gens qui partagent les mêmes sources que moi. Je préfère penser tout seul.
Sur ce thème, le principal intellectuel qui s' y est intéresser est arabe et date du 14e siecle.
"""""
Ces symptômes, qui reviennent inlassablement dans l'évolution des civilisations mais aussi dans la vie des empires et des nations, ont amené des historiens à être persuadés que les sociétés évoluaient selon des cycles. L'un des plus grands de tous les temps, l'historien arabe du quatorzième siècle, Ibn Khaldoun, écrivait que "les empires comme les individus ont une existence, une vie qui leur est propre : ils grandissent, ils arrivent à maturité puis ils commencent à décliner (1)". Nous avons employé à peu près les mêmes termes pour décrire nos courbes de civilisation.
Et, comme nous, Ibn Khaldoun pense que, si l'on étudie à la fois le passé et le présent, on peut prévoir l'avenir. "J'ai imaginé , explique-t-il, une nouvelle méthode pour écrire l'histoire... Je fais comprendre la cause des événements, et savoir par quelle voie les fondateurs des empires sont entrés dans la carrière. Le lecteur (...) pourra maintenant bien connaître l'histoire des siècles qui l'ont précédé ; il sera même capable de prévoir les événements qui peuvent surgir dans l'avenir (2) ."
Un demi-millénaire plus tard, Oswald Spengler, comme Ibn Khaldoun, exprimera l'idée que les sociétés évoluent comme la nature, dans son célèbre ouvrage publié en 1918, le Déclin de l'Occident , où il affirmera pour la première fois que notre civilisation évoluerait comme toutes celles qui l'avaient précédée, qu'elle connaîtrait un déclin et une fin. Cela, personne au dix-neuvième siècle ne l'avait dit, et pourtant le dix-neuvième siècle avait été le siècle de l'histoire. Notre civilisation croyait que ce qui était arrivé aux autres ne lui arriverait pas.
Dans un passage publié dans un autre de ses livres, peu connu, l'Homme et la Technique (1931), Spengler écrit que notre "technique machiniste disparaîtra (...), ses débris seront éparpillés de-ci de-là, OUBLIÉS... L'histoire de cette technique tire rapidement à sa fin inéluctable. Elle sera rangée et dévorée par l'intérieur, tout comme les formes imposantes de n'importe quelle autre culture (3)."
Prophétiquement, Spengler a prévu un phénomène qui est en train de se dérouler sous nos yeux et qui est une des causes profondes de la crise mondiale actuelle : c'est le ralentissement très sensible dans le monde aujourd'hui de l'innovation - l'innovation étant une invention qui a été financée, mise au point et commercialisée. Cette thèse a été développée par quelques rares auteurs dont Orio Giarini, Henri Loubergié (4) et Jean-Jacques Salomon (5).""""""""""" ( article du monde diplomatique de 1987)
Le phénomène des bagaudes gauloises est aussi à étudier sur ce plan: Un etat grossit et ne peut règles les quotas de violence périphérique, ce qui permet aux violences internes de s'émanciper. Curieusement, la progéniture des zélites ne voulant pas perpétuer les taches qui ont permis le développement de l' empire ou civilisation ( agriculture et guerre), il devient nécessaire de la sous traiter à d' autres. Les seuls qui y sont formés sont ceux que l' on vient de battre, ce qui implique un état de guerre permanent aux frontières.
Même les civilisations les plus durables comme les "Pueblo" ont fini par s'effondrer, sans qu' on puisse trouver de cause unique et évidente.