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Il me semble que ça valait la peine d'être évoqué.Quelques scénarios pour le paysage dans trente ans
LE MONDE | 30.12.06 | 14h55 • Mis à jour le 30.12.06 | 14h55
Imaginer les transformations futures d'un paysage est un exercice périlleux. Comment prévoir, par exemple, que les subventions massives à la culture du maïs - décidées par l'Union européenne afin de développer la production du bétail qui s'en nourrit - allaient radicalement transformer, en une vingtaine d'années, toute la façade atlantique française, aujourd'hui largement consacrée à la céréale d'origine sud-américaine ?
A quoi ressemblera l'Europe dans trente ans ? Y aura-t-il encore des prairies, plus ou moins de forêts ? Certaines villes auront-elles été désertées au profit de cités nouvelles ? L'Agence européenne de l'environnement (AEE), organisme d'experts basés à Copenhague, a imaginé, dans l'étude Prelude, plusieurs scénarios. Dans tous les cas, le monde rural perd du terrain. Mais, pour le milieu naturel, certains scénarios sont désastreux. "Nous voulons mettre l'accent sur les leviers décisifs pour l'avenir", explique Axel Volkery, chef du projet.
"La grande évasion" est le scénario de la fuite en avant. L'Europe agricole est intensive et performante économiquement grâce aux innovations technologiques. Mais les pouvoirs publics, peu interventionnistes, laissent les marchés agricoles fonctionner librement. L'intérêt pour l'environnement est faible, le développement urbain anarchique. Quel impact sur le paysage ? Nos villes, trop polluées, sont délaissées par les populations qui ont les moyens financiers de s'établir dans des quartiers préservés à leur périphérie. Les terres agricoles pas assez rentables dans la compétition mondiale sont abandonnées, ce qui favorise paradoxalement le maintien de la biodiversité et l'amélioration de la qualité de l'eau dans ces périmètres restreints.
Dans les autres scénarios, moins caricaturaux, un ou plusieurs facteurs d'évolution prennent le dessus. Dans "Réseaux fragmentés", les pouvoirs publics sont très actifs et la planification domine. Des villes nouvelles sont ainsi créées, entourées de ceintures vertes exclusivement consacrées à l'alimentation des urbains, tandis qu'autour les terres sont laissées en friche.
Le scénario "Salade surprise" envisage une perte de confiance des populations dans les autorités après une grande crise alimentaire. Il en découle un puissant mouvement de décentralisation du pouvoir. Les citoyens, en réseau sur Internet échangent leurs savoir-faire et lancent des petites exploitations très performantes. Dans "Société évoluée", la conscience environnementale prend le pas. Une politique volontariste de soutien au monde rural aboutit à l'abandon du mode de culture intensif au profit des produits bio. Un haut niveau d'autosuffisance alimentaire est atteint.
"Le problème aujourd'hui est que toutes les politiques, agricoles, environnementales, économiques et urbaines, sont décidées séparément, explique M. Volkery. Avec ce travail, nous voulons encourager l'examen de leurs conséquences à long terme et de leurs interactions."
Agence européenne de l'environnement (AEE), Copenhague, Danemark
Gaëlle Dupont