Un indicateur de pic?

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GillesH38
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Un indicateur de pic?

Message par GillesH38 » 08 mai 2007, 10:58

Sur d'autres fils, Environnement2100 demandait qu'on définisse des indicateurs de pic. La question est intéressante : est ce qu'on peut différencier le pic actuel de ceux qui ont précédé?

J'ai eu l'idée de regarder la corrélation temporelle entre le prix et la production. Pour ça, pour chaque année, je calcule la variation relative de production par rapport à l'année précédente, et je la porte en fonction du prix moyen de l'année précédente (l'idée est que la loi de l'offre et de la demande doit lier d'une manière oou d'une autre les deux, mais qu'elle agira de façon différente si on a un choc pétrolier brutal ou si on approche graduellement du pic).

Voila ce que j'obtiens en séparant les 30 dernieres années en différentes périodes

Image.

Les pics pétroliers sont caractérisés par une augmentation du prix et une diminution de la production, donc la partie en haut et à gauche. Les périodes de croissance normale sont plutot en bas à droite.

Ce qu'on peut voir :

dans la période 71-78, le premier choc pétrolier avec la baisse de production. la hausse du baril moyenne sur l'année reste cependant modérée, la rupture d'approvisionnement de l'OPEP ayant eu une durée asssez courte, et la situation redevient normale.

Puis vient le deuxième choc pétrolier (rose-violet) : la flambée et la baisse de production est plus importante et de plus longue durée (guerre Iran-Irak en particulier).

Vient ensuite une période assez calme, le "contre choc " pétrolier" (on voit d'ailleurs que le prix ajusté de l'inflation n'a pas été si bas que cela, il est simplement retombé dans la zone "normale" de 15 à 25 $ 2007.

Les 4 dernières années sont en turquoise. La courbe parait explorer une partie de la courbe du 2e choc pétrolier, mais il y a une différence essentielle (pas évidente a première vue parce que je n'ai pas mis les années sur les points pour ne pas alourdir le graphe):

La courbe des deux premiers chocs pétroliers a été parcourue dans le sens des aiguilles d'une montre : la baisse de production (mouvement vers la gauche) a précédé la hausse (mouvement vers le haut). Au contraire, le parcours actuel est en sens inverse : les prix ont monté d'abord alors que la production croissait encore, et c'est la flambée des prix qui a produit une destruction de la demande.

Ce qui est assez logique vu qu'il n'y a pas eu d'évènement géopolitique énorme causant une baisse de production : les troubles au Nigeria ou en Irak font partie du "BAU".

Je propose donc l'indicateur suivant qui montre qu'on est proche du pic : une courbe production-prix décrite dans le sens contraire des aiguilles d'une montre.
Dernière modification par GillesH38 le 30 janv. 2012, 10:19, modifié 1 fois.
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Message par Tiennel » 08 mai 2007, 11:11

Ce qui signifie qu'il faut attendre 2 ou 3 ans après le pic pour le mesurer ?
Méfiez-vous des biais cognitifs

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Message par GillesH38 » 08 mai 2007, 11:26

si tu parles de la date précise du pic, au moins oui ! peut etre 5 !

mais si tu parles de l'approche du pic (le précurseur à quelques années près), il me semble que les données actuelles montrent qu'on y est. C'est d'ailleurs plus intéressant il me semble que la date précise, puisque justement si on veut prendre des mesures de mitigation, il vaut mieux anticiper de quelques années....

J'ai oublié de donner mes sources :

Pour les prix : http://inflationdata.com/inflation/Infl ... _Table.asp

Pour la production : table (excel) de l'EIA http://www.eia.doe.gov/emeu/ipsr/t44.xls
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Message par tanguy » 08 mai 2007, 11:36

Ce qu'on oublie souvent de dire lorsqu'on parle de l'imprédictabilité du pic, c'est que le pic représente un "âge d'or" de la production pétrolière : Le maximum historique !

Par contre, j'ai un peu de mal à saisir ce schéma... Peut être en plus gros, avec des dates stp ?
Ça fait trois ans qu'on n'en a plus que pour trois ans! Et je ne vous parle pas des trois années avant ça! Alors un peu de calme.

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Message par GillesH38 » 08 mai 2007, 12:03

tanguy a écrit :Ce qu'on oublie souvent de dire lorsqu'on parle de l'imprédictabilité du pic, c'est que le pic représente un "âge d'or" de la production pétrolière : Le maximum historique !

Par contre, j'ai un peu de mal à saisir ce schéma... Peut être en plus gros, avec des dates stp ?
c'est mieux là?

Image
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Message par matthieu25 » 08 mai 2007, 12:09

Comment as tu eu toutes ces données, Gilles?Elles sont pour un pays donné, pour le monde?Cet indicateur a l'air intéressant.Nous te remercions pour ta contribution.
La religion est la maladie honteuse de l' humanité.la politique en est le cancer(Millon de Montherlant)

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Message par GillesH38 » 08 mai 2007, 12:50

C'est pour le monde, sources 3 posts au dessus !

difficile de porter ça sur un pays particulier, parce que le marché étant mondial, un pic local n'impacte pas a priori fortement sur le prix. Au contraire le pic mondial doit agir sur le prix global.
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Message par tanguy » 08 mai 2007, 13:07

Merci
Ça fait trois ans qu'on n'en a plus que pour trois ans! Et je ne vous parle pas des trois années avant ça! Alors un peu de calme.

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Message par koogan » 08 mai 2007, 13:24

Tiens, Monsieur VosJumellesSontFlouesEtVousNeRegardezPasDansLaBonneDirection n'a pas encore réagi ?

:-D

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Message par hyperion » 08 mai 2007, 13:42

çà nous ferait une espece de sinusoide qui partirait en haut à gauche?

donc pic certain lors d'un remontée du prix sans etre repassé par la droite de l'axe?
dans 1984, la novlangue; mais surtout la double pensée: la guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force, l'hcq c'est hautement toxique

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Message par GillesH38 » 08 mai 2007, 13:50

Normalement oui, le passage du pic doit se traduire par une pente négative donc à gauche, et des prix élevés donc en haut. Donc une stabilisation vers la position de 1982 (mais en y arrivant "par la droite" et non "par le bas"), voire plus haut, mais cette fois de façon ...durable ! (hum...)
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Message par Environnement2100 » 09 mai 2007, 12:27

Désolé pour la longueur du post : il est possible de faire une lecture survolante en ne lisant que les parties en gras.

Bravo pour la démarche, qui nous offre la possibilité de nous attaquer au monde fascinant des indicateurs. Pardon pour le cours un peu lourdingue, le lecteur déjà renseigné sur le fonctionnement des indicateurs peut sauter directement à la fin du bloc quote ci-dessous :).
Quand une grandeur physique est inatteignable, quelle qu'en soit la raison, on se sert d'indicateurs. Quand le Mur de Berlin va-t-il tomber ? Quand aurons-nous un remède contre le cancer ? Combien de planètes favorables à la vie dans l'univers ? Le coût de la vie augmente-t-il en France ? Notre eau est-elle polluée ? Toutes ces questions n'ont pas de réponse scientifique, en revanche on peut leur proposer des indicateurs, c'est-à-dire la mesure de valeurs simples, éventuellement simplistes, qui "donnent une idée" de la réponse.

Un indicateur n'est pas une réponse à la question posée, il se veut être un élément de réponse utile à celui qui pose la question. Ses caractéristiques permettent de l'apprécier : fiabilité, durabilité, rusticité, coût, etc. : on y retrouve toutes les caractéristiques généralement liées à la science de la mesure, et en particulier son coût évidemment.
Ce qu'on ne retrouve pas, c'est la proximité avec la grandeur non mesurable, justement parce qu'on ne sait pas la mesurer. Un indicateur est donc
- une valeur mesurable "facilement" : mesurable ça veut dire un chiffre, ou mieux enciore, une valeur logique plus/moins, on/off etc., et facilement ça veut dire gratuitement, et sans l'intervention de scrutateur de spaghetti
- une valeur qui ne respecte pas le phénomène que l'on cherche à mesurer, mais qui en donne une idée.

Ce dernier point n'est pas polémique : un indicateur n'est pas le phénomène, de même qu'un panneau indicateur sur l'autoroute ne vous certifie en rien que vous atteindrez votre destination. Une fois qu'on a admis tout cela, on peut le résumer en :
"Mieux vaut un mauvais indicateur que pas d'indicateur du tout".

En revanche, on peut être exigeant sur l'ergonomie de l'indicateur.

Prenons un exmple d'indicateur, bien connu de tous, l'Indice des Prix à la Consommation.
Cet indicateur est typique de ce qu'on peut attendre, et ne pas attendre, d'un indicateur. A sa création, il avait une fonction purement économique, il était peu coûteux et fiable ; quelques décennies plus tard, il a perdu certaines de ses qualités initiales, mais surtout, l'exploitation hasardeuse qu'on en a fait souligne le principe majeur de l'indicateur : l'indicateur n'est pas le phénomène.

Alors qu'est-il ? Avouons-le tout de suite, un indicateur est révélateur des hypothèses faites sur la grandeur non vérifiable ; sans parler de "valeur intuitive" ni rentrer à l'opposé dans la notion de "modélisation", on peut dire qu'un indicateur est sous-tendu par une compréhension personnelle de la grandeur non mesurable par son créateur. Un indicateur est une émanation de son créateur, et non pas de la grandeur non mesurable : cela aussi, il faut l'admettre, et quand deux théories s'affrontent sur un sujet, il n'y a rien de mieux que de créer deux indicateurs, et de trouver des points de résolution du dilemme. Aussi longtemps que ce travail n'est pas fait, les deux indicateurs se valent.

Dernier point, le prix. En économie, le prix est fréquemment l'indicateur le plus complexe, puisqu'il agrège la totalité des contraintes se portant sur un bien (ou un service) donné. Dans le cas où ces contraintes sont peu nombreuses, et caractéristiques de ce qu'on veut mesurer, le prix est un indicateur extrêmement fiable, tel que le prix de la voiture d'occasion. A l'autre bout, le prix peut ne présenter aucun intérêt : quel est le prix de l'environnement terrestre ?
Regardons l'indicateur ci-dessus à l'aune de cette définition. Tout d'abord, la notion de "parcourir la surface production-prix dans le sens contraire des aiguilles d'une montre" laisse beaucoup de place à l'interprétation : si l'on regarde les années passées, on reste un peu dubitatif sur certaines périodes. Il est possible de sortir de ce problème en proposant une version plus rigoureuse de cette même phrase, par exemple en fixant des minima ou maxima aux pentes.

L'utilisation du prix du baril est délicate. On a vu plus haut que le prix est lui-même un indicateur ultra-complexe ; donc s'en servir pour créer un indicateur (qui se doit d'être simple) conduit malheureusement à conserver une complexité dont on souhaite se débarrasser ; en termes plus simples, la scrutation de la courbe de l'indicateur doit être instantanée, quel que soit l'observateur.

Là aussi, il est possible d'améliorer la situation en se débarrassant d'une partie cette complexité, par exemple en utilisant un ratio, du type prix du baril actuel/PIB.

Enfin, quelle est la pensée qui sous-tend cet indicateur ? Si je comprends bien la présentation :
- le fléchissement physique de la production sera le phénomène principal
- ce phénomène précèdera tous les autres
- il entraînera une augmentation du prix du baril

C'est à ce moment-là que j'ai une difficulté : pour continuer le "sens des auiguilles d'une montre", est-ce qu'on s'attend à ce que la courbe continue jusqu'à retrouver une croissance positive ? J'ai plutôt l'impression que non ?

En conclusion : y a de l'idée, mais cet indicateur reste trompeur dans beaucoup de circonstances.

Pour conserver l'exploitation de cette courbe, il me semble qu'au voisinage du Pic, la production (de pétrole naturel) va fléchir, d'une façon à peu près irrémediable. "A peu près" signifie qu'on pourra avoir des rémissions d'un ou deux ans pendant lesquelles la production stagne, mais on aura bien un fléchissement sur le long terme ; les points vont donc se maintenir dans une zone "à gauche" de la courbe, sans être capables de refranchir vers la droite. De plus, le prix va grimper, puis osciller autour d'une certaine valeur (100 USD ?). Ainsi, de même que les points se sont "entassés", dans la période orange 1987-2002, dans un tout petit domaine, signalant au passage une période économique très homogène, nous pourrions fort avoir un nuage bien dense dans la zone -4 à -2%, 70-125 USD.

Cette notion "d'entassement" reste sujette à interprétation ; elle ne prend de valeur qu'après avoir constaté l'entassement, c'est-à-dire après que le Pic soit passé ; ce que nous souhaitons, c'est quand même un précurseur de Pic, ou au pire, un indicateur qui nous le signale au moment de sa survenance.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par koogan » 09 mai 2007, 13:20

Environnement2100 a écrit : Là aussi, il est possible d'améliorer la situation en se débarrassant d'une partie cette complexité, par exemple en utilisant un ratio, du type prix du baril actuel/PIB.
Sur PIB de quel pays ? Si on prend l'Ethiopie ou la Tanzanie, ça marche ?

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Message par koogan » 09 mai 2007, 13:21

Environnement2100 a écrit :[...]
Au fait, c'est quoi la source de la citation ?

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Message par Glycogène » 09 mai 2007, 19:25

Lui même : peu de monde parle de scrutateurs de spaghetti :D
En faisant référence, je suppose, au zoom sur l'entassement de courbes des prévisions du PO, sur TOD, qui m'ont bien fait rire aussi la 1ère fois que je l'ai vu : là, le PO est ici, je l'ai rencontré, si si ! :-D

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