Sondage FIN DU PETROLE
Publié : 08 nov. 2007, 11:57
"On prevoit la derniere goutte de brut pour 2150", Jean-Luc Wingert, ingenieur, Liberation, 23/10/07
Propos recueillis par Laureen Ortiz
Proche de son record historique de 1980 (101 dollars en monnaie constante), le baril de brut flirte aujourd’hui avec les 90 dollars. Jean-Luc Wingert, ingenieur en energie et developpement, auteur de La vie apres le petrole, analyse cette evolution.
Quelles sont les raisons de l’envolee du prix du petrole ?
Des facteurs conjoncturels tendent le marche. Sur le plan geopolitique, ce sont les tensions actuelles a la frontiere de l’Irak et de la Turquie, et aussi au Nigeria. Si demain on entre en conflit avec l’Iran, cela peut accelerer la hausse du cours. L’effet monetaire de la depreciation du dollar joue aussi, puisque le petrole est la plupart du temps facture en dollars. Par ailleurs, les investisseurs voient les prix augmenter, ce qui favorise la speculation. Celle-ci est en fait due a une tendance plus lourde : le pic de production de petrole, prevu pour 2015 (avec une marge de plus ou moins cinq ans).
Le scenario de l’Energy Watch Group, qui a annonce hier que ce pic avait ete atteint en 2006 et que la production diminuerait de moitie d’ici a 2030, est-il realiste ?
Ces chiffres me semblent un peu alarmistes, mais je suis d’accord sur l’idee fondamentale de pic petrolier (c’est la these du peak oil). Depuis 1859, on est dans la premiere phase de production petroliere industrielle. Aujourd’hui, les pays de l’Opep produisent 85 millions de barils par jour. Mais, compte tenu de la limite des gisements, la production mondiale devrait atteindre un maximum de 90 a 100 millions de baril vers 2015. La Russie a deja atteint son pic de production, d’apres l’Agence internationale de l’energie (AIE). Ensuite, on entre dans la deuxieme phase : la production diminuera et retrouvera, a l’approche de 2050, son niveau des annees 1970. Avec ce modele, on prevoit la derniere goutte de petrole pour 2150.
Quel est l’impact d’un petrole cher et rare ?
Le petrole est le produit le plus echange au monde, donc cela va creer de l’inflation dans tous les domaines : les transports (la moitie de la consommation de petrole est destinee aux transports, le premier poste etant celui du transport individuel), l’agriculture, le chauffage… Si le monde, emmene par les Etats-Unis, entre en recession, on pourrait au final assister a un report vers d’autres sources energetiques.
Du jour au lendemain ?
Il faut lancer un plan Marshall de l’efficacite energetique, avec une fiscalite incitative. Investir dans les infrastructures qui permettent de limiter notre dependance au petrole : de nouvelles lignes de train, un parc automobile renouvele (moins consommateur), des habitats isoles, des pavillons collectifs au lieu de maisons individuelles… Penser tres vite au long terme. On peut imaginer des conges mutualises, pour eviter de prendre l’avion trois fois par an. Les compagnies low cost ne sont d’ailleurs pas un bon pari sur l’avenir, elles s’exposent de plein fouet a la hausse des carburants.
<http>
OUAH AH AH !
Propos recueillis par Laureen Ortiz
Proche de son record historique de 1980 (101 dollars en monnaie constante), le baril de brut flirte aujourd’hui avec les 90 dollars. Jean-Luc Wingert, ingenieur en energie et developpement, auteur de La vie apres le petrole, analyse cette evolution.
Quelles sont les raisons de l’envolee du prix du petrole ?
Des facteurs conjoncturels tendent le marche. Sur le plan geopolitique, ce sont les tensions actuelles a la frontiere de l’Irak et de la Turquie, et aussi au Nigeria. Si demain on entre en conflit avec l’Iran, cela peut accelerer la hausse du cours. L’effet monetaire de la depreciation du dollar joue aussi, puisque le petrole est la plupart du temps facture en dollars. Par ailleurs, les investisseurs voient les prix augmenter, ce qui favorise la speculation. Celle-ci est en fait due a une tendance plus lourde : le pic de production de petrole, prevu pour 2015 (avec une marge de plus ou moins cinq ans).
Le scenario de l’Energy Watch Group, qui a annonce hier que ce pic avait ete atteint en 2006 et que la production diminuerait de moitie d’ici a 2030, est-il realiste ?
Ces chiffres me semblent un peu alarmistes, mais je suis d’accord sur l’idee fondamentale de pic petrolier (c’est la these du peak oil). Depuis 1859, on est dans la premiere phase de production petroliere industrielle. Aujourd’hui, les pays de l’Opep produisent 85 millions de barils par jour. Mais, compte tenu de la limite des gisements, la production mondiale devrait atteindre un maximum de 90 a 100 millions de baril vers 2015. La Russie a deja atteint son pic de production, d’apres l’Agence internationale de l’energie (AIE). Ensuite, on entre dans la deuxieme phase : la production diminuera et retrouvera, a l’approche de 2050, son niveau des annees 1970. Avec ce modele, on prevoit la derniere goutte de petrole pour 2150.
Quel est l’impact d’un petrole cher et rare ?
Le petrole est le produit le plus echange au monde, donc cela va creer de l’inflation dans tous les domaines : les transports (la moitie de la consommation de petrole est destinee aux transports, le premier poste etant celui du transport individuel), l’agriculture, le chauffage… Si le monde, emmene par les Etats-Unis, entre en recession, on pourrait au final assister a un report vers d’autres sources energetiques.
Du jour au lendemain ?
Il faut lancer un plan Marshall de l’efficacite energetique, avec une fiscalite incitative. Investir dans les infrastructures qui permettent de limiter notre dependance au petrole : de nouvelles lignes de train, un parc automobile renouvele (moins consommateur), des habitats isoles, des pavillons collectifs au lieu de maisons individuelles… Penser tres vite au long terme. On peut imaginer des conges mutualises, pour eviter de prendre l’avion trois fois par an. Les compagnies low cost ne sont d’ailleurs pas un bon pari sur l’avenir, elles s’exposent de plein fouet a la hausse des carburants.
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OUAH AH AH !