Cilleb a écrit :Bonjour,
Tout d'abord je me présente succintement: j'ai 22 ans, et je me destine (si tout se passe bien) à être enseignant en Histoire-Géo dès septembre. C'est dire si la question énergétique (et donc pétrolière) m'intéresse !
Voilà pour la présentation. Maintenant, les faits !
Un de mes professeurs affirmait récemment que, puisque le prix du brut augmentait, exploiter des gisements jadis non rentables (gisements océaniques, arctiques) devenait aujourd'hui une nécessité car la rentabilité devenait réelle. Et donc, poursuivait-il, la courbe de l'extraction de brut se stabilisait, et mieux...augmentait, puisque de nouveaux gisements venaient remplacer voire s'additionner à ceux déja exploités (Ghawar, Cantarell et cie). En définitive, selon lui, une pénurie "immédiate" (c'est à dire dans un laps de temps se comptant en années, 10-15 ans) était hautement improbable.
Bien entendu, j'ai de gros doutes sur cette théorie "simpliste" des réserves en expansion. Il ne parlait à aucun moment de la hausse de la demande, par exemple.
J'aimerai connaître votre point de vue sur la question, car il est important d'être bien informé sur la question.
D'avance merci

Il y a déjà l'exemple historique des chocs pétroliers des années 70, qui n'ont pas fait débarquer sur le marché tant de réserves supplémentaires que ça. Grosso modo, le mexique, la mer du nord et l'alaska, soit 100-120 Gb au total, pas de quoi changer la donne à long terme. D'ailleurs ses trois régions sont maintenant en fort déclin.
Ensuite il ne faut pas croire qu'il y a du pétrole partout sous les océans ! en fait seule les franges continentales ont des bassins sédimentaires suffisants. En règle générale, au milieu des océans, il y a une croute basaltique avec peu ou pas de sédiments dessus, aucune chance d'avoir du pétorle.
Autre chose, la capazcité d'explorer est limitée. On ne peux pas explorer plus vite qu'actuellement, tout simplement parce tous les derricks sont occupés ! On en construit de nouveaux, mais le problème est que beaucoup sont très vieux, car on n'en a pas construit bcp dans la période de prix trop bas du pétrole (1986-2003), donc c'est difficile de maintenir le parc. Plus encore que les derricks, la main d'oeuvre qualifiée manque cruellement.
Il faut aussi penser à la répartition de taille des gisements. Il est bien connu que dans le monde, la biomasse des souris dépasse largement celle des éléphants. Mais ça ne s'applique pas aux gisements de pétrole, dans chaque région l'essentiel du pétrole est concentré dans un petit nombre de grands gisements. Ils sont bien entendu plus faciles à localiser, donc on a tendance à les trouver avant. Ce qui fait que le retour sur investissement ne cesse de diminuer (ton prof connait il un cetrtain ricardo?)
Par exemple, pour la grande bretagne :
environ 2500 puits d'exploration ont été creusés depuis les années 60.
Les 500 premiers ont trouvé 25 milliards de barrils de réserves.
Les 500 suivants n'ont donné que 10 milliards de barrils
Les 500 d'après, 5 milliards
Les 1000 derniers, 5 autres milliards.
Alors on peut tjrs écouter ton prof et creuser encore je sais pas combien de milliers de puits, mais on risque de pas trouver grand chose
Du coup, avec des gisements de plus en plus petits, il faut en mettre en service de plus en plus pour tenter de maintnir la prodcution. Celà est parfaitement illustré par la répartition de la production brittanique par gisements
http://www.theoildrum.com/uploads/3246/ ... _to_99.png
Chaque zone de couleur représente un gisement. En 1981 ils produisaient un million et demi de barrils jours avec seulement 12 gisements, 4 assurant en fait la quasi totalité de la production.
Aujourd'hui, ils ont à nouveau ce même chiffre de production, mais ils doivent avoir pas loin de 200 gisements exploités
tu fera aussi remarquer à ton prof que le pic de production des USA a eu lieu avant les chocs pétrolier (normal, il les a en partie provoqué) et que la hausse des prix n'a pas permi d'inverser le déclin, malgrès une augmentation exponentiel du nombre de puits forés.
Toujours moins.