Voila, j'ai l'impression que les prévisions pour l'avenir tendent à se polariser autour de deux extrêmes :
a) l'absence de problèmes sur le long terme (y a pas de problème, on finira toujours pas trouver une solution , l'homme s'est toujours adapté, etc...). Peu représenté sur ce forum, quoi que ...

b) la crise soudaine et immédiate : plus d'essence, plus de nourriture, le retour à la vie sauvage, et ceci en quelques mois ou quelques années.
Par suite sans doute de caractéristiques de l'esprit humain (peut etre que des psychologues pourraient confirmer), j'ai l'impression que nous avons du mal à nous représenter la situation intermédiaire, celle que j'appelle "- 2 % par an". Evidemment - 2 % c'est juste un ordre de grandeur, ça peut etre aussi - 1 ou - 3 %. Mais ce genre de variation est inconfortable à se représenter , parce qu'elle ne rentre ni dans a), ni dans b).
On ne peut pas dire qu'une variation de - quelques % soit une catastrophe immédiatement sensible; il n'y a pas de rupture brutale. pas besoin de stock, pas de changement drastique du mode de vie, de l'organisation sociale, etc....
neanmoins, c'est une décroissance assez sensible dans la vie : - 2 % / an ça divise par deux le niveau de vie en 35 ans, et par 4 en 70 ans, et par 8 au bout d'un siecle !
ce n'est donc pas du tout du "tout va bien", "on finira par s'en sortir" : au bout d'un siecle, tous les progres ont été tres largement annihilés.
Or en fait, sur des simples considérations d'ordre de grandeur, un taux moyen de - 2 % par an est le plus naturel :
a) c'est à peu près l'opposé du taux de croissance du XXe siecle (d'ailleurs la croissance a exactement ces caractéristiques : on ne voit rien changer d'un jour à l'autre, mais au bout de 30 ans on s'aperçoit que la société a considérablement changé ! )
b) ça correspond bien à l'inverse du nombre d'années de ressources fossiles (environ 50 à 100 ans)
c) et donc logiquement, c'est à peu près le taux de décroissance naturel qu'on peut en attendre.
Tout ça vient evidemment de la constatation tres banale que si, comme le dit la "théorie" du PO, les problemes commencent à l'épuisement de la moitié des ressources, alors la courbe totale sera à peu près symétrique, la décroissance sera à peu près au meme rythme que la croissance.
Bien sur ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir des chutes brutales de temps en temps, mais pour respecter la moyenne, elles doivent etre compensées par des périodes de re-croissance ou de stagnation. Par exemple une chute brutale de -10 % en un an , suivie d'un plateau de 4 ans de stagnation, donne finalement le même résultat que - 2 % par an.
J'ai quand meme le sentiment qu'on a du mal à se représenter concrètement cette évolution "lente mais implacable", on prefere se fixer à des images soit ou tout va bien, soit ou c'est l'effondrement brutal. Mais est ce que ce n'est pas une insuffisance de capacité de représentation, plutot qu'une analyse réaliste, qui nous fait penser ça ?