2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

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yamaneko
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2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par yamaneko » 16 juin 2008, 22:38

Bonjour,

C'est ma première manifestation sur ce forum :D que je parcours depuis 2006.
un article "Oil shortage a myth, says industry insider" m'a interpellé et je souhaitais connaître votre avis.
Sauf erreur, personne ici n'a évoqué l'article en question.
http://www.independent.co.uk/environmen ... 42778.html
Dans le cas contraire, merci d'ignorer mon message, à part bien sûr le fait qu'il s'agisse du premier. :D

Pour une traduction:
http://www.actu24.be/MBO_Article/155617.aspx
Pour cet ancien industriel, le sous-sol recèlerait le double des 1.200 milliards de barils officiellement en réserve. Les producteurs sous-évalueraient les réserves afin de maintenir le baril de pétrole à un prix très élevé.
Pourquoi pas, mais d'où lui vient ce chiffre de 2.400 (le double de 1.200) milliards de barils en réserve, ? Faut-il le croire sur parole ? Simples "spéculations" ? Sinon, quelles sont ses sources ? Avez vous des données supplémentaires ?
Selon l'expert Pike, la théorie du "pic pétrolier", selon laquelle les réserves pétrolières toucheraient déjà à leur fin, s'appuie sur "un jugement erroné". Pour lui, la méthode de calcul des réserves prouvées, fondée sur de simples additions, aboutit à un résultat inférieur à la réalité. Il serait plus exact d'évaluer les réserves en utilisant des calculs de probabilités."
Lorsque l'on parle de réserves prouvées, de réserves probables et de réserves possibles, ne nous basons nous pas en partie sur des probabilités (en plus d'additions) ?
D'ailleurs, les réserves prouvées (puisque c'est de ces réserves que l'on parle) ne sont-elles pas différentes si elles sont estimées par des experts indépendants (The indépendant", c'est le nom du magazine qui publie l'article de Pike), par des agences ministérielles d'un pays ou encore par des compagnies pétrolières ?
"En sous-évaluant les réserves pétrolières prouvées, on nous a donné un sentiment trompeur de sécurité concernant l'environnement, car cela suggère que nous aurons à trouver des énergies de remplacement d'ici à quelques décennies", assure M. Pike."
Mwouais !
Reprenez moi si je m'égare mais en résumant, les pays de l'Opep et les pétroliers sous-estimeraient sciemment les réserves de pétrole, pour nous inciter à faire émerger des énergies plus propres afin de limiter le réchauffement climatique (tout en facilitant un maintien des prix élevés, ce qui ne gâche rien).
"Il ne serait pas étonnant que le pétrole domine encore largement la seconde moitié du XXIe siècle", ce qui équivaudrait à une "erreur énorme en termes de planification énergétique et d'environnement", poursuit-il.
Ne se contredit-il pas ?
"Le monde sous-estime le défi environnemental et semble mal préparé aux compromis difficiles qu'il devra faire", ajoute cet expert.
Ce n'est pas un scoop !

Cela dit, je m'y connais beaucoup moins que certains ici, en matière de réserves prouvées et des estimations qui en sont faites, aussi peut-être allez-vous m'en dire plus sur les réflexions de ce cher Mr Pike.


Si vous n'avez pas encore parlé de l'article, vous avez en revanche déjà évoqué Richard Pike ici:
http://forums.oleocene.org/viewtopic.ph ... &sk=t&sd=a
Dernière modification par yamaneko le 16 juin 2008, 23:00, modifié 1 fois.

nemo
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Re: Oil shortage a myth, says industry insider

Message par nemo » 16 juin 2008, 22:58

Tu devrais changer ton titre, le passer en français.
D'autre plus calè que moi te répondrons en ce qui concerne ces histoires de réserves. Simplement cette histoire de réserve "prouvée", "probable" et "possible" représente les réserves dont on estime que l'on a respectivement 90%, 50% et 10% de chance de produire, si ma mémoire est bonne. D'ou cette histoire de réserve "probabiliste".
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Saratoga Elensar
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Re: Oil shortage a myth, says industry insider

Message par Saratoga Elensar » 16 juin 2008, 22:59

Bonjour Yamaneko et bienvenue chez les fous. :D

Je crois que le nom de Pike (sans doute le frère de Peak) a déjà été évoqué sur le forum.

Il prédit que la Mer du Nord a le potentiel de doubler ses réserves au delà de 30 Gb avec de nouvelles découvertes, et que la production là-bas peut durer encore 100 ans....

La Royal Society of Chemistry, c'est une sorte de frère trisomique du CERA-IHS quand il s'agit de parler de pétrole (déjà que ce dernier est sérieusement atteint), avec beaucoup moins d'argent et de crédibilité...bref le gars veut juste faire parler de lui et peut etre augmenter ses crédits.

Tout ce qu'il sort dans ses interviews c'est :" Il y a encore plein de pétrole à découvrir, les URR peuvent etre multiplié par 2 ou 3 ".

Moi aussi j'ai fait la meme supposition (avec un peu moins d'échos dans les médias c'est vrai) qu'on peut multiplier par 10 les URR à l'aide de technologies extraterrestres encore à découvrir pour aller chercher ce foutu pétrole abiotique. :-P

Pour conclure, je dirais que Papy Pike ferait mieux de regarder Derrick à la télé au lieu de parler pour rien dire.
Dernière modification par Saratoga Elensar le 16 juin 2008, 23:12, modifié 5 fois.
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Re: Oil shortage a myth, says industry insider

Message par yamaneko » 16 juin 2008, 23:01

nemo a écrit :Tu devrais changer ton titre, le passer en français.
Merci,
Je viens donc de le faire.

Et merci pour ta bienvenue.
Dernière modification par yamaneko le 16 juin 2008, 23:06, modifié 1 fois.

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Re: Oil shortage a myth, says industry insider

Message par yamaneko » 16 juin 2008, 23:05

Saratoga Elensar a écrit :Bonjour Yamaneko et bienvenue chez les fous. :D
Merci Saratoga Elensar pour la bienvenue.
Saratoga Elensar a écrit : Tout ce qu'il sort dans ses interviews c'est :" Il y a encore plein de pétrole à découvrir, les URR peuvent etre multiplié par 2 ou 3 ".
D'accord, ce que tu veux dire, c'est qu'il n'émettrait que des suppositions sans les étayer avec quoi que ce soit de solide.

yamaneko
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Re: Oil shortage a myth, says industry insider

Message par yamaneko » 16 juin 2008, 23:17

Pierre M. Boriliens a écrit :
yamaneko a écrit : Oui, tu as raison, ça semblerait plutôt être du vent :-D
Le vent, c'est du gaz... C'est pas liquide ! :lol:
C'est bien ce que je dis, il étayerait sur du vent, mais en tout cas sur rien de solide... ni de liquide, bien sûr :twisted:
Dernière modification par yamaneko le 16 juin 2008, 23:21, modifié 1 fois.

Philippe
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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par Philippe » 16 juin 2008, 23:32

Ce monsieur n’a pas totalement tort d’un point de vue théorique. Il est exact que la somme des chiffres de réserves prouvées de gisements de pétrole est inférieure aux réserves prouvées de l’ensemble qu’ils constituent. Pour illustrer simplement, il suffit d’un calcul élémentaire en supposant deux gisements ayant chacun des réserves d’un million de barils de réserves dites prouvées. La définition la plus courante des réserves prouvées est que le chiffre vrai (ce qui sera produit quand l’exploitation cessera) a 90% de chances d’être supérieur à la valeur annoncée. En d’autres termes, le chiffre vrai n’a que 10% de « chances » d’être inférieur à 1 million de barils. Lorsqu’il y a deux gisements, la probabilité que l’on ait, à la fois les réserves prouvées de l’un et les réserves prouvées de l’autre, soit seulement 2 millions de barils dans le cas qui nous intéresse, devient 99%. Le chiffre vrai n’a plus que 1% (10% x 10%) d’être inférieur à 2 millions de barils. Cela signifie, en effet, que l’on est très malchanceux sur les deux gisements en même temps. Puisque ce chiffre de 2 millions de barils n’a que 1% de chances de ne pas être atteint, c’est que les réserves prouvées de l’ensemble (rappel : la valeur que l’on a 90% de chances de dépasser, et non pas 99%) sont plus élevées. C’est ce phénomène dont il est question dans l’article.

Le même raisonnement conduit à considérer que, lorsqu’il y a plusieurs gisements, le maximum possible est inférieur à la somme des réserves maximales (les prouvées + probables + possibles).

Maintenant, tout cela est académique. En effet, tout d’abord, l’essentiel des réserves est détenu par des sociétés qui n’ont pas de comptes à rendre (Russie, Moyen-Orient, etc.). On ignore si les chiffres avancés sont des réserves prouvées, ou des réserves prouvées + probables, voire comme dans le cas de la Russie (d’après Jean Laherrère) des réserves prouvées + probables + possibles. On ne peut pas conclure que la somme des réserves annoncées (une seule valeur par pays) de l’Iraq, du Koweit, de l’Iran, des Emirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite sera inférieure aux valeurs réelles des réserves de ces pays, dans l’ignorance totale où nous sommes de la façon dont elles ont été déterminées. Ensuite, il faut rappeler que la fourchette de réserves pour un gisement, si elle est assez large au début de l’exploitation de ce gisement, se rétrécit très rapidement avec le temps, jusqu’à ce que l’écart devienne insignifiant pour les gisements en déclin, ce qui est le cas de beaucoup d’entre eux. Dans ce cas, l’erreur systémique n’a plus beaucoup d’ampleur. Enfin, comme le dit Jean Lahérerre, la plupart des compagnies hors USA fournissent des réserves prouvées + probables (règles SPE/WPC 1007, édictées par la Society of Petroleum Engineers), dont l’addition conduit à un résultat qui n’est certes pas mathématiquement exact, mais en pratique n’est guère éloigné de la réalité. Pour en savoir davantage, lire les premières pages de la présentation en français http://www.oilcrisis.com/laherrere/Orthez.pdf.

En conclusion, M. Richard PIKE a raison, mais il surestime considérablement l’importance de l’effet mis en évidence. Ce faisant, il introduit une erreur supérieure à celle qu’il veut corriger.

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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par yamaneko » 16 juin 2008, 23:34

P.31 de "l'après-pétrole" de Anne Lefèvre-Balleydier

http://www.amazon.fr/Lapr%C3%A8s-p%C3%A ... 406&sr=1-1

Petit bouquin récapitulatif et synthétique qui se veut neutre (ce qui est intéressant) et y arrive (niveau approche complexe, quoique moins neutre, je préfère quand même lire un bon Jancovici).

Donc P.31, je cite:
Pour expliquer la hausse continue des réserves, on peut s'interroger sur la validité des données publiées. En générale, les réserves ne sont en effet pas détaillées par champs, mais sous forme d'une synthèse globale: elle correspondent donc à l'image que veulent donner les opérateurs pétroliers (dans la seconde moitié des années 1980, les réserves de l'Arabie Saoudite ou du Koweït ont ainsi subitement progressé de 50%) Qui plus est, lors de la découverte d'un gisement, le volume des réserves est souvent sous-estimé par les ingénieurs. Ainsi à Prudhoe Bay, il a été évalué à 9,6 milliards de barils lors de la découverte du champ et il est aujourd'hui estimé à 13,5 milliard de barils.

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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par mrlargo » 16 juin 2008, 23:45

Juste une réflexion: si il a raison et qu'on ajoute 1200 gb, on ne gagne mathématiquement au mieux que 15 ans...

Ca me semble incohérent avec :
Il ne serait pas étonnant que le pétrole domine encore largement la seconde moitié du XXIe siècle
La différence entre l’amour et l’argent, c’est que si on partage son argent, il diminue, tandis que si on partage son amour, il augmente. L’idéal étant d’arriver à partager son amour avec quelqu’un qui a du pognon.
(Philippe Geluck)

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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par phyvette » 17 juin 2008, 00:08

mrlargo a écrit :Juste une réflexion: si il a raison et qu'on ajoute 1200 gb, on ne gagne mathématiquement au mieux que 15 ans...
Juste une question : le monde ne consomme t-il pas 30 G/bbl par an ?

-1200/30 = 40 ans de plus de réserves à BU .

Mais , nous savons tous ici la valeur des ratios conso/réserves .
;)
Image Quand on a un javelin dans la main, tous les problèmes ressemblent à un T-72.

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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par mrlargo » 17 juin 2008, 00:26

Desolé, phyvette, tu as raison. J'ai pris 85 au lieu de 31... Il se fait tard, je vais aller me coucher :-D

40 ans à conso constante
33 ans à conso croissante puis décroissante de 2%

Aux alentours du plateau, si si, les réserves divisées par la conso annuelle peuvent avoir un sens en terme d'ordre de grandeur. C'est quand on tend vers 0 que ça n'a plus de sens...
La différence entre l’amour et l’argent, c’est que si on partage son argent, il diminue, tandis que si on partage son amour, il augmente. L’idéal étant d’arriver à partager son amour avec quelqu’un qui a du pognon.
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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par GlobalWarmingFR » 17 juin 2008, 02:33

Image

Réserves ultimes en milliards de barils, selon une 50 aine de sources.

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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par GillesH38 » 17 juin 2008, 08:04

Philippe a écrit :Ce monsieur n’a pas totalement tort d’un point de vue théorique. Il est exact que la somme des chiffres de réserves prouvées de gisements de pétrole est inférieure aux réserves prouvées de l’ensemble qu’ils constituent. Pour illustrer simplement, il suffit d’un calcul élémentaire en supposant deux gisements ayant chacun des réserves d’un million de barils de réserves dites prouvées. La définition la plus courante des réserves prouvées est que le chiffre vrai (ce qui sera produit quand l’exploitation cessera) a 90% de chances d’être supérieur à la valeur annoncée. En d’autres termes, le chiffre vrai n’a que 10% de « chances » d’être inférieur à 1 million de barils. Lorsqu’il y a deux gisements, la probabilité que l’on ait, à la fois les réserves prouvées de l’un et les réserves prouvées de l’autre, soit seulement 2 millions de barils dans le cas qui nous intéresse, devient 99%. Le chiffre vrai n’a plus que 1% (10% x 10%) d’être inférieur à 2 millions de barils. Cela signifie, en effet, que l’on est très malchanceux sur les deux gisements en même temps. Puisque ce chiffre de 2 millions de barils n’a que 1% de chances de ne pas être atteint, c’est que les réserves prouvées de l’ensemble (rappel : la valeur que l’on a 90% de chances de dépasser, et non pas 99%) sont plus élevées. C’est ce phénomène dont il est question dans l’article.
Philippe, tu soulèves un point technique intéressant, il est exact qu'additionner des valeurs peut conduire à des erreurs en théorie des probabilités. Il me semble cependant qu'en additionnant les "valeurs les plus probables", on devrait aboutir à une estimation raisonnable. Question : que faut-il prendre pour "la valeur la plus probable"? en effet, si la probabilité que le montant des URR soit supérieur à une certaine valeur est une fonction strictement décroissante (il est quasiment certain qu'il soit supérieur à 1 Gb par exemple, à 90 % supérieur à 3 Gb; à 60 % à 5 , .. et à 0 % supérieur à 100 ), en revanche la probabilité qu'il soit AUTOUR d'une certaine valeur a un maximum (c'est la dérivée de la distribution cumulative précédente).

Il me semble alors qu'en sommant ces réserves "les plus probables", on aurait un chiffre correct du maximum total "le plus probable" . (L'erreur ne se ferait qu'en sommant des valeurs à des probabilités différentes, par exemple à 90 %, parce que la distribution se "resserre" autour de la valeur centrale).

Ou est ce maximum? à 1 sigma (66 %) ? on devrait pouvoir déterminer la qualité des évaluations en comparant les évaluations initiales aux évaluations finales de gisements matures?
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par Philippe » 17 juin 2008, 09:54

Gilles, je ne suis pas un ténor des probabilités. LAHERERRE, qui y est plus pointu que moi, écrit que c'est la somme des "moyennes" (mean en anglais) qui est permise par la loi des probabilités. Elle donne un résultat exact. Pour lui, avec des distributions dites lognormales, la moyenne se situe vers une probabilité de 40% (on a quatre chances sur dix d'avoir des réserves au moins égales à la valeur considérée). Le fait que ce soit l'addition des moyennes et non des médianes (une chance sur deux) qui donne un résultat exact s'explique par l'impact important que peut avoir un très gros gisement. En effet, s'il existe une limite inférieure à la taille d'un gisement (1 baril), il n'y a pas de limite supérieure à cette taille.

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Re: 2 fois plus de réserves que les chiffres officiels

Message par sceptique » 17 juin 2008, 12:25

@Philippe. Merci pour ton post, très intéressant.
Une autre méthode intuitive, pour évaluer la "vraie" réserve d'un gisement :
Je prends des hypothèses de travail donc sur un gisement imaginaire.
50 Gb déja extraits
100 Gb de réserves prouvées à 90% -> 150 Gb (coef 1.5)
150 Gb de réserves probables à 50% -> 150 Gb (coef 1)
200 Gb de réserves possibles à 10%-> 40 Gb (coef 0.2)
On peut donc prendre 150 + 150 + 40 comme valeur raisonnable de ce que l'on pourra extraire à la fin. Et 50 + 150 + 150 + 40 comme URR.

Le problème est que la notion de prouvées, probables, possibles est bien déterminée par Laherrere par exemple. Si il pouvait examiner librement les données de toute la planète on aurait quelque chose de correct. Seulement, lui et ses pairs n'ont accès qu'à une petite partie des données mondiales (en gros celles de l'OCDE et encore).

Pa exemple un pays annonce qu'il a 300 Gb de "réserves (sans préciser). Après une étude attentive des experts décomposent ainsi :
120 Gb prouvées -> 180
100 Gb probables -> 100
80 Gb possibles -> 16
total réaliste : 296 Gb
Un autre pays annonce aussi 300 Gb de "réserves". Mais en fait, après examen on s'aperçoit qu'il y a 150 Gb de possibles et 150 Gb complètement bidonnées. Ce qui donne en fait 30 Gb "réaliste".

Le principal problème est que l'on ne sait pas dans quel cas on est ... Par exemple, l'Irak vient de réévaluer ses "réserves" de 100 à 350 Gb. Mais il s'agit de quoi en réalité ?

De plus, il y a le problème du taux d'extraction. Souvent on extrait 1/3 du pétrole d'un gisement et on en laisse 2/3 au fond (on ne sait pas comment faire). Si un nouveau procédé (miraculeux ?) permettait de passer à 2/3 d'extractible on double d'un coup les "réserves".

Ensuite, il y a des réserves gigantesques comme (entre autres) les sables bitumeux du Canada. Les estimations varient de quelques centaines de Gb à plusieurs milliers. Mais cela importe peu car pour les extraire cela consomme tellement d'eau, de gaz, de fuel que de fait la production est limitée à 1 Mb/j actuellement et avec des investissements énormes devrait plafonner à 2 voire 4 Mb/j dans 10-20 ans. Une simple division montre par contre qu'elles devraient durer plusieurs siècles.

Personnellement, je ferais plutôt confiance à des professionnels comme Laherrere. En réévaluant un peu car comme tout individu il veut à tout prix prouver que son hypothèse initiale était bonne.

Sinon, une autre approche plus réaliste consiste à regarder les débits de production. Partons du postulat que tout acteur économique cherche le profit maximum et plutôt à court terme avec des actionnaires impatients. Que constate-t-on ? Que les producteurs sont globalement au taquet. D'où la montée des prix.

A cette aune (débit de production) on voit bien qu'additionner les "réserves" revient à mélanger torchons et serviettes. En Afrique de l'Ouest il y a des champs offshore sortant un pétrole de qualité à fort débit. Ordre de grandeur d'un tel champ pour fixer les idées (cela ne correspond donc à rien de réel):
5 Gb de réserves "raisonnables", débit 1 Mb/j à peu près constant pendant 10 ans (3.6 Gb) puis déclin progressif.
500 Gb de "réserves" avec les sables bitumeux du Canada. Débit attendu 2 Mb/j pendant des siècles.

Peut-on légitimement dire que l'on a 500 + 5 = 505 Gb de "réserves" ?

En conclusion je dirais que la plupart des "réserves" que les optimistes alignent actuellement sont du genre 500 Gb de "réserves" pour 2 Mb/j de débit après 10-20 ans d'investissements gigantesques.

Ces fameuses réserves "gigantesques" n'auront donc qu'un impact très faible sur le PeakOil. Par contre, si elles ne sont pas bidonnées, elles assureront l'essentiel de la production dans 50-100 ans (10-20-30 Mb/j ?).

pour finir une citation de MiniTax sur Liberaux.org :
-Le mois dernier, l'Iraq a déclaré 350 Mb de réserve de pétrole (11 ans de conso mondiale actuelle)
-Quelques jours plus tard, le Vénézuela a ajouté 30 Mb de réserve soit un an de conso mondiale et c'est un ajout à un pool existant de 100 Mb
- La semaine dernière, les réserves de la Mer du Nord bondissent de 30 à 37 Mb.
- Le même jour, la Croatie a annoncé que ses réserves sont équivalentes à celles du Koweit.
- Deux jours plus tard, la Thaïlande a réévalué à la hausse son champ de Bualand de 50% (11 Mb)
(sources de ces news dans ce lien : http://motls.blogspot.com/2008/06/bp-pe ... ached.html )
Punaise, pour croire qu'on est au peak oil, il faut avoir le cerveau drôlement lavé crying.gif
Petit jeu : dans quelle catégorie classer ces nouvelles réserves ?
On pourrait aussi ajouter la "découverte" (en fait connu depuis longtemps) d'un "océan de pétrole" au Nord des USA de 500 Gb (les fameux Bakken centrés au Nord Dakota). En pratique on pense pouvoir en extraire (peut-être) 5.

A mon avis, aucune de ces nouvelles "réserves" ne retardera le PeakOil (trop tard, trop faible débit). Par contre, à terme, elles atténueront le déclin en empêchant peut être la grosse catastrophe (très attendue sur Oleocene :-( ).
Dernière modification par sceptique le 17 juin 2008, 12:30, modifié 1 fois.

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