FOWLER a écrit :Pour moi, c'est l'absence de lien (faiblesse de lien) entre l'homme et la terre qui pose problème. Tout le reste vient de là.
Oui, en effet :
L'Homme s'est
séparé de la nature, de la terre : il est pourtant dans la nature, c'est un animal mammifère ; or il se croit différent,
hors de la nature, et par conséquent,
"maître et possesseur de la nature" (Descartes, je crois) ; il croit donc qu'il peut faire impunément n'importe quoi sans conséquence grave ; faire ce qu'il veut à
l'Autre, que cet autre soit un autre homme (d'une autre couleur, d'une autre culture...) un animal (qui, comme on sait, n'est pas doué de raison, donc n'a pas d'importance), une plante (prétendument inanimée) ou la terre, l'air, l'eau...
On a oublié que
moi, c'est l'autre... maintenant on commence à en avoir la manifestation, car ce qu'on fait aux "autres" (terre, air, eau, abeilles, plantes etc) va nous retomber dessus...
Un symptôme dans les mots : on parle d'
"environnement"... c'est un problème, ce mot "environnement", je trouve...
ça donne à penser que la terre, l'air, l'eau, le vivant,... ce n'est que quelque chose qui nous
environne, voilà, c'est juste posé là, autour de nous, sans plus... tout comme, par exemple, je suis actuellement environnée d'un ordinateur, d'un bureau, d'étagères, d'une plante en pot et d'une lampe... des choses qui simplement "m'environnent" ne peuvent être très importantes...
Alors que cet "environnement", enfin cette nature, elle fait partie de nous, elle nous nourrit et recueille nos déchets... il y a symbiose, tout comme dans la nature, à côté des cas de compétition qu'on nous vante tout le temps comme étant "la loi de la nature", il ya beaucoup de coopération, d'entraide, de symbiose, d'osmose entre organismes vivants....
Cette notion de séparation, de
distinguer le "moi" de "l'autre", nous conduit à la compétition effrénée, à considérer que mon intérêt est forcément antagoniste du tien, au lieu de considérer les intérêts communs.
On
lutte contre les mauvaises herbes, contre les germes, contre les parasites, contre la fièvre, etc,... tous azimuts,... alors que parfois il y aurait d'autres moyens d'agir...
Ca va de pair, bien sûr, avec un autre défaut : l'absence de limites, le sentiment de toute-puissance (l'
hybris des Grecs)...
on croit qu'on peut tout contrôler, ce qui est une erreur, bien sûr... à chaque fois il se passe quelque chose d'imprévu, car on regarde les choses d'une manière trop réductionniste et utilitariste à court terme.
Mais notre rationalité devient folle, notre utilitarisme produit non pas de l'inutile (ce qui ne serait pas grave, c'est même nécessaire, l'inutile....) mais du nuisible, notre réductionnisme (pensée occidentale) est insuffisant à appréhender le monde et la nature...
Les mythes, ce sont peut-être un tissu de conneries pour certains,

mais ils ont (avaient) une fonction : enseigner notamment les limites...