Déficits publics, dettes d'Etat, faillites d'Etats

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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pragma tic
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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par pragma tic » 12 févr. 2010, 10:02

Bonjour,

Une analyse de JEAN-MARC VITTORI dans Les Echos. (Qui va faire tiquer AJH).
Les Echos a écrit :L'Etat peut faire faillite. Il n'est plus possible aujourd'hui de nier cette réalité qui ne concerne plus seulement des royaumes d'opérette ou les pays les plus déshérités, mais aussi les plus puissants. A vrai dire, le processus est enclenché depuis longtemps. Il était caché dans des annexes financières où il est question de dépenses de retraite et de santé, qui n'intéressent pas grand-monde. Avec la Grande Récession de 2008-2009, il sort au grand jour : l'Etat devient un emprunteur comme les autres. Même l'Etat américain, dont les titres financiers constituent le fondement des marchés. Un cycle de trois siècles se referme, cycle dans lequel est née la démocratie moderne.

Le changement saute aux yeux. L'Islande a explosé fin 2008. Il s'agit certes d'une petite île - Etat d'à peine 300.000 habitants. Mais fin 2009, c'était au tour de la Grèce, quarante fois plus peuplée, de plonger. L'Europe a dû organiser en catastrophe un plan de sauvetage. Au-delà, l'Espagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis pourraient être mis en cause. Le doute monte, comme l'a indiqué Moody's le 2 février dernier. Pour la première fois ce jour-là, une grande agence de notation a expliqué qu'il n'était plus tout à fait sûr que Washington rembourse ses emprunts en temps et en heure -dans son jargon, que la piètre situation financière américaine « pourrait faire pression sur la note Aaa des bons du Trésor ».

Certes, les agences de notation n'ont pas toujours fait preuve de clairvoyance. Mais leur biais habituel est plutôt l'optimisme béat, comme ce fut le cas sur les titres financiers concoctés à Wall Street dans les années 2000, les fameux produits structurés qui ont joué un rôle central dans la diffusion de la crise des « subprimes ». Et un autre signal va dans le même sens : il coûte moins cher de s'assurer contre le risque de défaut de certaines grandes entreprises que contre celui des principaux Etats. En ce début de semaine, il fallait dépenser 38 dollars pour se protéger du risque de défaut sur 10.000 dollars d'obligations à 5 ans émises par le lessivier Unilever, qui « valait » donc 38 points (chiffre au 9 février, publié par Markit). Sur cette échelle de risque, l'Etat allemand vaut 46, l'américain 64, le français 66 et le britannique 94. A 44, McDonald's est un emprunteur jugé moins hasardeux que le Trésor américain ou allemand. Côté français, l'Etat semble plus dangereux que Total (51), France Télécom (52) ou Auchan (65). Bien sûr, ces chiffres issus des CDS (« credit default swap ») reflètent un marché encore jeune et donc peu fourni. Mais ils montrent une vraie défiance à l'égard des Etats.

Cette défiance n'est au fond pas surprenante. Car une crise financière privée sans précédent a sapé la finance publique comme jamais. Pour contrer les effets dépressifs du cataclysme de septembre-octobre 2008, l'Europe et les Etats-Unis ont accordé 14.000 milliards de dollars de garanties aux banques, soit le quart de leur PIB. Ils ont injecté des centaines de milliards via leurs plans de relance. Et la chute de la production a provoqué un effondrement de leurs rentrées fiscales. Il faudra faire des efforts colossaux pour rétablir la situation. Tellement colossaux qu'il n'est pas sûr que les gouvernants parviennent à les imposer à leurs électeurs. La dette publique pourrait alors partir dans le décor. Un risque d'autant plus grand que les dépenses de retraite et de santé vont fortement augmenter dans les prochaines années. Selon une étude du FMI parue en juin dernier, le vieillissement de la population aura sur les déficits budgétaires des pays du G20 d'ici à 2050 un impact dix fois plus important que la Grande Récession !

Cette hypothèse d'une faillite publique nous fait basculer dans un monde entièrement nouveau, mais pas complètement inconnu. Car nous revenons… au Moyen Age. Jusqu'au XVII e siècle, les Etats étaient des emprunteurs comme les autres. Ils avaient besoin d'argent pour faire la guerre. Ils payaient leurs créanciers fort cher, car ils faisaient souvent défaut. Nombre de rois y ont perdu leurs terres ou leur trône. Comme par hasard, le responsable des risques financiers à la Banque d'Angleterre, Andrew Haldane, s'est penché sur la question l'automne dernier. Il rappelle dans un article que le premier prêt de la Banque d'Angleterre au gouvernement britannique, à la fin du XVII e siècle, était à 8 %, deux fois plus que le taux d'escompte appliqué aux effets commerciaux. Le professeur Georges Gallais-Hamonno, de l'université d'Orléans, a décortiqué de son côté le Grand Parti de Lyon, un emprunt royal datant de 1555 et riche en innovations. Comme les remboursements d'un montant constant. Henri II payait 4 % d'intérêts par trimestre (et fit banqueroute deux ans plus tard).

C'est dans la création de la nation et de la démocratie que cette impéritie financière a été peu à peu maîtrisée, à partir de la seconde moitié du XVII e siècle. En 1648, le traité de Westphalie pose les fondations de la nation -chacun est maître chez soi et on ne se fait plus la guerre pour des histoires de religion. En 1672, le Royaume d'Angleterre fait défaut sur sa dette, pour la dernière fois de son histoire. Dans la foulée, le Parlement prend le pouvoir à Londres. Sa première décision est que la responsabilité des emprunts repose désormais sur le peuple et non plus le roi. A la Révolution française, la Constituante fera exactement la même chose. La démocratie parlementaire s'épanouit dans ce cadre. L'Amérique, qui a incarné cet idéal plus que tout autre, n'a jamais fait défaut. Et après la Grande Dépression des années 1930, l'Etat est devenu la garantie absolue.

Cet ordre séculaire est désormais remis en question. L'Etat n'est plus infaillible financièrement. Et cet affaiblissement s'inscrit dans l'histoire. Depuis plusieurs décennies, les fondements de la nation se dissolvent. Bernard Kouchner a été l'un des artisans de cette dissolution -pas le Kouchner du Quai d'Orsay, mais celui de Médecins sans frontières, dans les années 1970, qui plaçait le droit d'ingérence au-dessus de la souveraineté des nations « westphaliennes ». La mondialisation a aussi joué un rôle crucial. Elle a miné les bases fiscales des Etats. Et les entreprises multinationales ont pris une place majeure, sans précédent depuis… les grandes compagnies médiévales.

Mais si l'Etat redevient un emprunteur comme un autre, l'économie a tout de même beaucoup changé depuis le Moyen Age. On en donnera un seul exemple : toute la finance moderne, notamment à l'international, est bâtie sur le T-bond à 10 ans des Etats-Unis, ce qui n'était évidemment pas le cas au XVI e siècle. Les rendements de tous les produits financiers s'analysent comme des écarts au taux d'intérêt sur cette obligation-phare du Trésor américain. Or cette obligation n'est plus une garantie totale, tout comme l'or n'est plus la garantie de la monnaie. La finance va donc fonctionner en « coordonnées relatives » et non plus en « coordonnées absolues », comme diraient les matheux. Autrement dit, elle va devenir encore plus complexe, alors que la crise financière est aussi une crise de la complexité. Ce monde où l'Etat peut faire faillite vous inquiète ? Pour vous rassurer, imaginez un monde où l'Etat a fait faillite.
Il faudra faire des efforts colossaux pour rétablir la situation. Tellement colossaux qu'il n'est pas sûr que les gouvernants parviennent à les imposer à leurs électeurs.
Non, pas sûr du tout.

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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par energy_isere » 12 févr. 2010, 12:39

pragma tic a écrit :Bonjour,

Une analyse de JEAN-MARC VITTORI dans Les Echos. (Qui va faire tiquer AJH).
Les Echos a écrit :L'Etat peut faire faillite. Il n'est plus possible aujourd'hui de nier cette réalité qui ne concerne plus seulement des royaumes d'opérette ou les pays les plus déshérités, mais aussi les plus puissants. .....
je signalais hier un article de contreinfo sur ce que dit l' économiste états-uniens Randall Wray, qui ne pense pas du tous comme JM Vittori.
voir : viewtopic.php?p=266372#p266372

Perso je suis plutot de l' avis de JM Vittori.

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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par sidonie » 12 févr. 2010, 13:50

Dans la liste le Portugal est moins endetté que la Belgique et la France, mais plus que l'Espagne qui n'y figure pas. Alors pourquoi les PIGS ?
Le PIB du Portugal est-il considéré comme artificiel comme pour l'Espagne ?
Le Portugal me paraît cependant moins touristique.

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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par Remundo » 12 févr. 2010, 13:54

de toute façon, il ne faut pas se leurrer...

les dettes seront résorbées par la dévaluation. ça risque de commencer aux USA, puis l'euro suivra.

car les niveaux d'endettement sont intenables (phénomène divergent impossible à éponger) si la monnaie conserve sa valeur actuelle.

@+

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Message par AJH » 12 févr. 2010, 14:00

Remundo a écrit :de toute façon, il ne faut pas se leurrer...

les dettes seront résorbées par la dévaluation. ça risque de commencer aux USA, puis l'euro suivra.

car les niveaux d'endettement sont intenables (phénomène divergent impossible à éponger) si la monnaie conserve sa valeur actuelle.

@+
Si les deux monnaies dévaluent en même temps, l n'y a pas de dévaluation relative.

Si le taux d'intérêt était à, par exemple, 1% (c'est à ce taux que sont refinancées les banques commerciales par la BCE) la dette nous semblerait beaucoup moins lourde puisque les intérêts sur la dette seraient réduits de presque 3/4 et ne représenteraient "plus que" 15 milliard par an. Le scandale est dans le fait que la BCE ne peut financer les etats et collectivités qui de ce fait sont obligés de payer des intérêts indus.
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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par paradigme » 12 févr. 2010, 14:05

Encore merci AJH pour tes explications, c'est tout à fait ça, les états sont assez fous pour emprunter aux banques aux taux des banquiers (la fête) qui eux empruntent à la BCE à des taux incroyablement bas grâce à l'argent de tous les contribuables et notamment les plus pauvres via la TVA and co !!

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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par sidonie » 12 févr. 2010, 16:17

Ne serait-il donc pas raisonnable que les Etats reprennent la création de monnaie de nouveau ? Cela ne règlerait-il pas beaucoup de problèmes ?

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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par AJH » 12 févr. 2010, 16:32

Presque en réponse à Sidonie, un bon article de Jacques Sapir aujourd'hui
"La crise grecque, un camouflet pour l'euro et la BCE "

L’Euro est en crise. Cela n’étonnera guère ceux qui me lisent. Cette crise était prévisible du fait même du fonctionnement de cette zone, ainsi que je l’ai établie il y a quelques années. L’hétérogénéité des niveaux de l’inflation structurelle dans les pays de la zone ne pouvait que mettre à mal une construction à laquelle manquaient des pans entiers pour en assurer la cohérence.

La crise grecque a donc constitué un avertissement et non un véritable test pour la zone Euro. La faiblesse de la réaction européenne, en revanche, pourrait bien laisser préjuger de ce que sera la capacité de résistance de cette zone quand la véritable crise arrivera : c’est-à-dire très faible. En effet, la situation de la Grèce sur le plan budgétaire est sérieuse, mais elle n’est pas la seule.

La faute à un Euro trop fort
La crise grecque, un camouflet pour l'euro et la BCE
On voit bien sur ce tableau que le niveau de la dette en Italie et en Belgique est pratiquement équivalent. L’Espagne, si elle est encore aujourd’hui à un niveau raisonnable, risque de les rejoindre dans peu de temps, en raison d’un taux de chômage qui atteint les 19%.

Le discours dominant veut isoler la Grèce, qui paierait ainsi son attitude laxiste. Ce n’est qu’en partie – une petite partie d’ailleurs – de la réalité. Les ressources fiscales du gouvernement grec dépendent du niveau d’activité. Ce dernier dépend à son tour de trois facteurs, l’affrètement de la flotte maritime, le commerce avec les pays du Moyen-Orient et le tourisme.

Or, avec la hausse de l’Euro et la crise actuelle, ces trois facteurs sont à la baisse. Mais, pour autant le niveau des dépenses est peu flexible. Le déficit était inévitable, et ce serait produit même avec un gouvernement plus rigoureux.

Les travailleurs grecs qui ont protesté le 10 février dans tout le pays n’ont donc pas tort. Ce n’est pas à cause de salaires trop élevés que la Grèce est en déficit. Les causes de ce dernier sont beaucoup plus structurelles et, dans une large mesure, sont le produit de la politique menée par la zone Euro. On comprend alors l’amertume des syndicats qui voient cette même zone vouloir amputer le pouvoir d’achat des Grecs pour combler une crise dont elle porte, via l’Euro fort, une large responsabilité.

Aujourd’hui, le plan d’assistance annoncée par la France et l’Allemagne est conditionné à un retour rapide à l’équilibre des comptes publics. Ce n‘est tout simplement pas réaliste, et la dette de la Grèce exprimée en pourcentage du PIB va continuer de monter.

La Grèce doit emprunter à 6%
Par ailleurs, pour aider la Grèce, il faudra bien que l’Allemagne et la France s’endettent un peu plus, et ce au moment ou l’on nous promet un nouveau tour de vis de rigueur budgétaire. En fait, ce sont les conditions de financement de la dette publique qui sont, aujourd’hui, l’une des causes principales de son augmentation.

Il faut en effet savoir que son augmentation est pour une large part due à ce qu’il nous faut emprunter à plus de 3% (3,45% en moyenne) alors que l’on n’attend pas, même dans les rêves les plus fous de Mme Lagarde, une croissance au-dessus de 2%.

Or, dans le même temps, les banques se refinancent auprès de la BCE (comme d’ailleurs auprès de la Réserve Fédérale américaine et des autres Banques Centrales des pays développés) à des taux oscillant entre 1% et 0,5%. Serait-ce du fait de la meilleure qualité des dettes privées par rapport à la dette publique ? Poser cette question, c’est y répondre, et par un immense éclat de rire.

la suite sur Marianne : http://www.marianne2.fr/La-crise-grecqu ... ml?print=1
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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par AJH » 12 févr. 2010, 17:59

Patrick Artus
extrait de http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=51707
La crise bancaire et les déficits publics sont deux conséquences de la crise
de l’économie réelle : avec les pertes de parts de marché vis-à-vis des pays
émergents, les délocalisations, les pertes d’emplois qualifiés, les économies réelles
des pays de l’OCDE sont affaiblies. Ceci a d’abord été caché par le recours à
l’endettement, d’où la crise financière avec l’effondrement des mécanismes
financiers visant à rendre possibles des taux d’endettement très élevés ; la seconde
tentative est alors de cacher la crise réelle avec les déficits publics, qui ne viennent
pas directement de la crise financière.
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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par energy_isere » 12 févr. 2010, 18:33

AJH a écrit :Patrick Artus
extrait de http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=51707
La crise bancaire et les déficits publics sont deux conséquences de la crise
de l’économie réelle : avec les pertes de parts de marché vis-à-vis des pays émergents, les délocalisations, les pertes d’emplois qualifiés, les économies réelles
des pays de l’OCDE sont affaiblies.
Ceci a d’abord été caché par le recours à
l’endettement, d’où la crise financière avec l’effondrement des mécanismes
financiers visant à rendre possibles des taux d’endettement très élevés ; la seconde
tentative est alors de cacher la crise réelle avec les déficits publics, qui ne viennent
pas directement de la crise financière.
Effectivement, et a ce sujet on peut voir un graphe de l' emploi industriel en France fort instructif :
http://www.leblogenergie.com/2010/02/le ... 3%A9e.html
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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par Remundo » 12 févr. 2010, 19:07

AJH a écrit :
Remundo a écrit :de toute façon, il ne faut pas se leurrer...

les dettes seront résorbées par la dévaluation. ça risque de commencer aux USA, puis l'euro suivra.

car les niveaux d'endettement sont intenables (phénomène divergent impossible à éponger) si la monnaie conserve sa valeur actuelle.

@+
Si les deux monnaies dévaluent en même temps, l n'y a pas de dévaluation relative.

Si le taux d'intérêt était à, par exemple, 1% (c'est à ce taux que sont refinancées les banques commerciales par la BCE) la dette nous semblerait beaucoup moins lourde puisque les intérêts sur la dette seraient réduits de presque 3/4 et ne représenteraient "plus que" 15 milliard par an. Le scandale est dans le fait que la BCE ne peut financer les etats et collectivités qui de ce fait sont obligés de payer des intérêts indus.
Paradoxalement...

Baisser les taux d'intérêt à 1% est la meilleure façon de replonger dans une crise monétaire. Car il crée une fuite en avant...

Il faut un taux d'intérêt raisonnable, de 3 à 5%, qui responsabilisent les banques tout en permettant aux investisseurs d'honorer leurs annuités.

Car avec des taux de 1%, les cravatés vont recommencer à s'endetter (augmentant les masses monétaires sans aucun support dans l'économie réelle) pour spéculer à outrance sur des marchés "porteurs", comme les subprimes en leur temps. :roll:

Je le redis, pour moi, c'est une dévaluation, tantôt rampante, tantôt vive, qui rééquilibrera le système. Mais cela ne me rejouit pas non plus.

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Message par AJH » 12 févr. 2010, 19:15

Il ne reste qu'à mettre une louche de protectionnisme, par exemple une taxe sociale à la consommation en transférant tout ou partie des cotisations sociales et en compensant cette taxe plus lourde pour les plus pauvres, ce que sait tout économiste ;)

Bon j'ai peur de lancer là une nouvelle discussion...

Il n'empêche que le déficit du commerce extérieur français nous coûte de trop nombreux emplois, car il ne s'agit pas d'investissements français à l'étranger mais de simple consommation.
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Message par AJH » 12 févr. 2010, 19:18

Remundo a écrit : Paradoxalement...

Baisser les taux d'intérêt à 1% est la meilleure façon de replonger dans une crise monétaire. Car il crée une fuite en avant...

Il faut un taux d'intérêt raisonnable, de 3 à 5%, qui responsabilisent les banques tout en permettant aux investisseurs d'honorer leurs annuités.

Car avec des taux de 1%, les cravatés vont recommencer à s'endetter (augmentant les masses monétaires sans aucun support dans l'économie réelle) pour spéculer à outrance sur des marchés "porteurs", comme les subprimes en leur temps. :roll:

Je le redis, pour moi, c'est une dévaluation, tantôt rampante, tantôt vive, qui rééquilibrera le système. Mais cela ne me rejouit pas non plus.
Pas totalement tort... c'est la raison pour laquelle il faut plusieurs taux d'intérêts suivant l'utilisation des crédits.
Mais la collectivité, puisqu'elle est la créatrice des richesses, ne doit pas devoir payer d'intérêts du tout.
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Message par energy_isere » 12 févr. 2010, 21:23

energy_isere a écrit :
Les pays les plus endettés du monde développé, selon l'OCDE :

Voici la liste des pays les plus endettés dans le monde développé, selon les estimations pour 2010 réalisées par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE):

1. Japon: 197,2% du PIB

2. Islande: 142,5%

3. Italie: 127,0%

4. Grèce: 123,3%

5. Belgique: 105,2%

6. France: 92,5%

7. Etats-Unis: 92,4%

8. Portugal: 90,9%

9. Hongrie: 89,9%

10. Canada: 85,7%

11. Royaume uni: 83,1%

12. Allemagne: 82,0%

(NDLR: la Hongrie et l'Islande bénéficient d'un soutien financier du Fonds monétaire international). AP
http://www.boursorama.com/international ... ea29b542cb
J' ai trouvé une autre source trés compléte ici : https://www.cia.gov/library/publication ... rank=30#no
FOWLER a écrit :Ou est l'Espagne, dans cette liste ?? Après tout ce monde ?
et oui, l' Espagne arrive aprés.
elle arrive à 59.5 % de dette publique.

Comment je suis arrivé sur le site de la CIA dans le world factbook ? :idea:
https://www.cia.gov/library/publication ... -factbook/

et bien en cherchant la production pétroliére de l' Uruguay et j' ai trouvé se site qui permet d' obtenir rapidement des infos de toutes sortes sur tous les pays du monde.

Et puis je cherchais la dette publique de la Norvége en étant persuadé qu' elle avait une dette publique assez faible (à cause des ressources pétrole et Gaz).
Que neni. la dette publique de la Norvége est à 60% juste devant l' Espagne.

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Re: Déficits publics, dettes d'Etat, faillittes d'Etats

Message par pragma tic » 24 févr. 2010, 10:06

Bonjour,
Vers une crise systémique des finances publiques ? La Grèce n’est qu’un signe avant coureur.
Si la crise des institutions financières semble être en passe de se résoudre, en tous cas pour les grandes institutions, une nouvelle crise financière est en train de prendre de l’ampleur : celle des finances publiques.

La Grèce a trafiqué sciemment et avec l’aide des banques ses chiffres d’endettement. Elle atteint un niveau record d’endettement par rapport à son Produit National Brut, lui-meme grossièrement sous-estimé vu l’importance de son « économie parallèle ».

Le Premier Ministre Papandreou a expliqué qu’il souhaitait simplement « se financer aux mêmes conditions que les autres pays de la zone Euro ». Ce manque de réalisme à la veille d’une opération d’émission d’obligations internationales montre a quel point les autorités grecques vivent en dehors de la réalité. Le rendement des obligations existantes de la Grèce se traitent a un niveau de 6.1% alors que celles de l’Allemagne, le meilleur crédit de l’Europe, se traitent a 3.9%. Or la Grèce doit refinancer € 20 milliards sur les 300 en cours d’ici la fin du mois de mai. La Commerzbank vient de publier un calcul qui établit cette dette à € 400 milliards. Bref, on nage en plein délire.

Sommes nous bien surs que la Grèce est le seul pays concerné ? L’endettement de l’Italie est à peu prés au même niveau. La plupart des pays de la Zone Euro sont au-delà du ratio de 60% prévu dans le cadre du Pacte de Stabilité. On va blâmer la crise : elle a certes aggravé la situation, non pas tant dans le soutien des banques que dans les programmes de relance économique. L’Europe est déjà considérée comme une zone a problèmes par les investisseurs, et la baisse de l’Euro, bienvenue pour des raisons commerciales , reflète un manque de confiance dans la zone Euro et dans la manière dont le problème a été traité au niveau européen.

Mais la tache d’huile s’étend : depuis la fin de 2009, la marge des dérivés sur crédits de l’Allemagne, la Grande Bretagne et les Etats-Unis a double. En clair, pour se protéger du risque de crédit que représentent les Etats-Unis, le marché demande 0,6% contre 0,3% il y a trois mois. Le déficit budgétaire américain a dépassé $ 12 billions. La Grande Bretagne est en pleine débâcle budgétaire. L’Allemagne elle-même voit son CDS augmenter. Si l’on y ajoute la Japon, dont l’endettement public atteint 200% de son Produit National Brut, on mesure l’ampleur d’un risque systémique pour les pays Occidentaux, dont l’endettement a quasiment doublé depuis 2000.

Même si ceci pose des questions inquiétantes sur le marché des Credit Default Swaps (CDS), ils ne sont pas responsables d’un manque généralisé de discipline fiscale qui a rendu certains pays vulnérables avant même la crise financière.

Ce sont les pays émergents qui, de manière paradoxale, font figure de bon élève avec un taux d’endettement par rapport au PIB qui n’a quasiment pas augmente depuis 2000. Mais une crise des finances publiques des pays industrialisés les affecterait immédiatement, que ce soit justifié ou non.

C’est donc dès maintenant un signal d’alarme qui traverse l’ensemble du marché des dettes « souveraines », le plus grand marché du monde. L’Austérité est maintenant a l’ordre du jour, et sans échappatoire. Finies les réductions fiscales ou les dépenses somptuaires. Finie la course a la Lune. Nous devons abandonner nos illusions : il n’y aura aucun moyen de nous protéger de cette déferlante. Nous avons encore la possibilité de diminuer le risque en prenant des décisions difficiles, certes, mais vitales. « Nous vivons une ère de risque systémique sans précédent », déclare Riskmetrics.

La Grèce est le Lehman Brothers des finances publiques : elle ne peut cependant tomber en faillite. Mais sa crise n’est que la première d’une crise systémique. Il faut agir avec détermination et transparence : la dette publique de l’OCDE atteint maintenant 90% du PNB. C’est proprement insoutenable. C’est en coordonnant ces efforts que nous arriverons à éviter la catastrophe. Cette fois, au niveau mondial le Fonds Monétaire International est le forum tout désigné.

Mais cela ne permet pas à l’Eurozone de ne pas réorganiser sa situation menaçante. Aurons-nous ce courage politique ?
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Il est plus tard que vous ne pensez.
Votre plan B est mon plan A.

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