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par akochan » 24 sept. 2012, 23:46
Je suis d'accord avec toi sur ce point. Plus tu exploite, moins tu as de temps à consacrer à l'observation, sans compter que l'on retrouve les gros exploitants dans les conseils d'administration des syndicats, coopératives, banques, en politique, etc, mais attention je ne suis pas du tout jaloux et je suis heureux que des exploitants prennent des postes pour défendre les intérêts de notre profession. On fait ce que l'on veut de sa vie. Le pdg de samsung a commencé en vendant des journaux dans la rue. Moi c'est ce que j'ai fait quand je me suis installé. J'ai commencé par du syndicalisme en tant que simple membre, puis je me suis retrouvé trésorier, puis je me suis retrouvé au sein du conseil d'administration d'une grosse coopérative qui réalise 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires mais à un moment, je me suis dit que ce n’était pas ma place et je n'ai pas persévéré. Je passais 3 jours par semaine à l'extérieur de mon exploitation, je rentrais tard à la maison et mon épouse n'appréciait que modérément...Maintenant je ne suis que simple exploitant mais je passe beaucoup de temps sur l'observation de mes cultures ce qui me permet de faire de l'agriculture raisonnée mais cela nécessite de se lever à 3 heures du matin à certaine périodes pour réduire les pesticides.
Quand à brasser un million d'euros, il faut déjà aligner les hectares, à mon avis 450 hectares si je compare à ma situation et cela ne concerne que très peu d'exploitations qui sont effectivement endettées mais comme finalement beaucoup d'entreprises mais il ne faut pas oublier que ces exploitations sont créatrices d'emplois et en général ces agriculteurs développent d'autres activités comme de la transformation, de la prestation de services et beaucoup d'autres activités. De toute façon ceux que je connais on en général un diplôme d'ingénieur ou équivalent comme c'est mon cas et ce sont surtout d'excellents gestionnaires.
Dans ma région, il y a encore beaucoup d'agriculteurs dans chaque village et il y a encore beaucoup de "petites" exploitations, c'est à dire moins de 150 hectares et qui font vivre une famille. de toute façon pour être agriculteur maintenant, il faut au minimum un diplôme de technicien supérieur et bientôt un diplôme d'ingénieur sera conseillé. Il y a tellement de législation à respecter, il faut suivre les cours des céréales tous les jours, savoir utiliser des outils de gestion des risques, etc et SURTOUT SE FORMER en permanence. Ceux qui ne le font pas se retrouvent vite dépasser.
Aujourd'hui, une exploitation agricole est une véritable petite PME que ce soit en céréales, en lait ou pour des élevages industriels.
Après tu peux faire de l'artisanat, t'installer sur un lopin de terre mis à disposition par des bobos heureux d'avoir installé un esclave rémunéré 500 euros par mois pour 70 heures de boulot avec le dos cassé au bout de la semaine pour produire des légumes bio. avec mon diplôme, j'aurais pu intégrer un cabinet d'expertise comptable et j'aurais pu passer le concours d'avocat en même temps, mais je ne regrette rien comme le dit si bien la chanson. Il y a les bonnes et les mauvaises années, celles ou il faut se serrer la ceinture et celles ou tu peux te faire plaisir mais au moins je suis mon propre patron. Je n'ai pas de salarié et je travaille en bonne intelligence avec deux de mes collègues avec qui je partage du matériel ce qui permet de réduire les frais. Par contre, pas le droit d'être malade. Concernant le nombre de paysans, on ne reviendra pas en arrière. Si notre pays veut se sortir de la crise, il faut monter le niveau et faire en sorte d'avoir le leadership sur les autres pays, notamment asiatiques. Quand je vois des jeunes dormir devant un magasin pour acheter un i-machin je doute un peu et je me dit que je suis heureux de ne pas avoir d'enfants (ça aurait pu être l'un d'eux, on ne sait jamais). Par contre quand je vois deux jeunes ingénieurs qui viennent de boucler un tour du monde en voiture électrique je me dit qu'il ne faut pas perdre espoir mais je crois quand même que l'on va avoir du mal à lutter contre les asiatiques. Ils ne pensent pas comme nous et quand je vois les japonais qui se relèvent de toutes les catastrophes sans se plaindre, j'applaudis des deux mains et cela donne de l'espoir et du courage pour l'avenir.