Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

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energy_isere
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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par energy_isere » 25 sept. 2008, 19:37

Le milliard de personnes ne mangeant pas à leur faim approche

Alors que 960 millions de personnes souffraient de la faim en 1969, il en restait encore 800 millions en 1995. Face à ce constat, en 1996, le Sommet mondial de l’alimentation et du Millénaire pour le développement se fixait l’objectif de réduire de moitié, avant 2015 et par rapport à 1990, le nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement (1). Or, depuis cette date la situation n’a cessé de se dégrader. La FAO vient en effet de revoir à la hausse ses chiffres pour l’année passée, en constatant que la planète comptait 75 millions d’affamés en plus, soit un total de 923 millions de personnes ayant faim en 2007.


Selon l’organisme onusien, les principales causes de cette forte dégradation en 2007 seraient évidemment liées à la hausse des prix alimentaires (+ 52 % en moyenne), sans oublié un quasi-doublement du prix des engrais et la flambée des tarifs des carburants. En conséquence, la réduction de moitié du nombre de personnes souffrant de la faim ne sera vraisemblablement pas atteinte en 2015. Néanmoins, officiellement la FAO veut encore y croire, estimant qu’il est urgent d’agir immédiatement sur deux fronts : rendre la nourriture accessible aux plus vulnérables et aider les petits agriculteurs à accroître leur production et leur revenu.

Il reste toutefois un obstacle de taille, à savoir trouver au moins 30 milliards de dollars par an pour assurer la sécurité alimentaire et relancer l’agriculture des pays dont les populations souffrent de malnutrition. Si Hafez Ghanem, le sous-directeur général de la FAO, reconnaît qu’il s’agirait d' 'un effort considérable et résolu', il note également que 'La faim a augmenté alors que le monde s’est enrichi et a produit plus de nourriture que jamais, au cours de la dernière décennie.'
Par ailleurs, à l’heure où des centaines de milliards de dollars sont injectées dans l’économie mondiale, pour sauver un système financier à bout de souffle, ces 30 milliards ne représentent qu’une goutte d’eau qu’il serait indécent de ne pas orienter vers ceux qui en ont le plus besoin…
http://www.univers-nature.com/inf/inf_a ... gi?id=3368

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par energy_isere » 08 oct. 2008, 20:49

Premiére conférence sur la sécurité alimentaire en Angleterre depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

A la fin : ils conseillent aux Anglais de produire davantage par eux meme leur propre nouriture.


Article du TELEGRAPH :
First council since Second World War set up to look at food security


The production, supply and consumption of food in Britain is to be investigated by a dedicated Government council.

The Council of Food Policy Advisors will sit alongside the National Economic Council set up last week to address the financial crisis.

Hilary Benn, the environment secretary, has set up the council to advise the government on the affordability, security of supply and the environmental impact of food production.

advertisementHe said the growing world population, climate change and rising fuel costs were all leading to an unprecedented threat to Britain's food security.

There is also concern about the nutritional content of many people's diet in Britain.

It is the first time since the Second World War that Britain's food industry has been examined in this way.

The new council, to be made up of experts from every stage of the food system from farmers through to retailers, will advise on improving food production at home, ensuring low income food choices have adequate levels of nutrition and maintaining cheap foods through trade.

Speaking at a Chatham House event on global food security, Mr. Benn said poorer families are now spending more on food with prices up around 15 per cent. He said: "With rising prices and increasing demand across the globe, we can't take our food supply for granted. Our food supply needs to be reliable and resilient and able to withstand shocks and crises.

"Our food supplies must remain secure, and we must have a strong, thriving, environmentally sustainable farming industry in this country that continues to produce a significant proportion of our food.

"The expert team will draw in expertise on every aspect of our food system, providing advice from the farm to the fork. It is time for a more strategic approach to food policy, and the council will provide that strategic oversight and ensure our policies support a sustainable food system that provides safe, affordable and healthy food."

The council is the first time food security and supply has been discussed at such a high level since the Ministry of Agriculture's role during the Second World War. The make-up and timetable of the council has yet to be decided.

A government advisor, Professor Tim Lang, said recently that Britons should be growing more of their own food in order to counter the impending food crisis. His comments were compared to the Dig For Britain campaign encouraging more people to grow their own vegetables during the war years.
http://www.telegraph.co.uk/earth/main.j ... ood106.xml

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Alter Egaux » 08 oct. 2008, 22:18

energy_isere a écrit :A la fin : ils conseillent aux Anglais de produire davantage par eux meme leur propre nouriture.
Hier, à la télé, une émission présentait des solutions de jardinage dans des appartements, sur terrasse ou à l'intérieur (lumière du soleil artificiel : 200 W quand même). J'ai cru à une blague, mais c'était très sérieux. Et le message était très clair : autonomie alimentaire en légumes. Etonnant, non ?
Etape n°1 : Les africains nomment le pétrole : la "merde" du diable.
Etape n°2 : Restons cool, le PO arrive...
Etape n°3 : "Mais à cet endroit, en ce moment, l'humanité, c'est nous, que cela nous plaise ou non", Samuel Beckett

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Tovi » 09 oct. 2008, 00:25

Honnêtement ? Non.
Enfin, je crois qu'on s'y attendais tous un peu un jour ou l'autre il me semble.
Si vous ne faites pas partie de la solution, alors vous faites partie du problème.
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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par grand gravelot » 09 oct. 2008, 10:24

Alter Egaux a écrit :
energy_isere a écrit :A la fin : ils conseillent aux Anglais de produire davantage par eux meme leur propre nouriture.
Hier, à la télé, une émission présentait des solutions de jardinage dans des appartements, sur terrasse ou à l'intérieur (lumière du soleil artificiel : 200 W quand même). J'ai cru à une blague, mais c'était très sérieux. Et le message était très clair : autonomie alimentaire en légumes. Etonnant, non ?
Je vous conseille une petite relecture des propheties de ce site

http://wolf.readinglitho.co.uk/francais ... ecies.html

C'est parfois un peu troublant!
Les aliments exotiques deviennent chers et moins communs. Une nouvelle mode est de retourner son jardin pour faire pousser des légumes. Programmes de jardinage sans fin à la TV.

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Raminagrobis » 20 nov. 2008, 12:22

Une petite synthèse que j'ai écrite pour un autre forum, sur malthus, la sécurité alimentaire et le pétrole.





Ce qui a fait échouer les prévisions de malthus, c'est bien sur les progrès de la connaissance scientifique et technique, mais aussi les combustibles fossiles.
Un litre de pétrole équivaut à plusieurs jours du travail d'un forçat.
Ainsi, de nos jours, un agriculteur seul peut labourer plusieurs hectares en un seul jours, ce qui aurait été inimaginable à l'époque de Malthus. Celà grâce au pétrole brulé dans son tracteur qui remplace le travail humain ou animal. Ce qui correspond à une multiplication
innouie de la force de travail disponible, comme si chacun de nous disposait de plusieurs dizaines d'esclaves infatigables qu'il ne
serait pas nécessaire de nourir. La contrepartie, en terme de travail, est minime : le pétrole ne demande qu'une quantité insignifiante de temps de travail humain (moins de 1% des actifs dans le monde travaillent à son extraction) par rapport au travail qu'il fournit.

La différence, énorme, a permis de multiplier le niveau de vie, de réduire le temps de travail, d'allonger la durée des études, de réduire la pénibilité physique du travaille, de disposer d'une retraite et d'une couverture maladie... Tous ces progrès que les Libéraux attribuent au libre-marché, et que les Marxistes expliquent par les luttes sociales, n'ont été physiquement rendu possible par la disponibilité des énergies fossiles.

Le problème c'est que le pétrole (1) n'existe sur terre qu'en un quantité inconnue, mais finie. (2) émet dans l'atmosphère du CO2 lorsqu'il est brulé, perturbant à long terme le climat.

Bien sur, il y a plein d'autres sources d'énergie que le pétrole. Mais aucune ne partage les caractéristiques extraordinaires du pétrole d'être un carburant liquide (l'idéal : facile à transporter, à stocker, à injecter dans un moteur), avec une haute densité d'énergie
(un kg de pétrole fournit 2.5 fois plus d'énergie qu'un kg de bois) et surtout, disponible dans la nature quasiment prêt à l'emploi (il faut le raffiner, mais celà consomme que 5% de son énergie). Du coup, aucune autre source d'énergie ne peut offrir un "multiplicateur de travail" aussi gigantesque que le pétrole. S'agissant de la méthologie employée par le WWF, j'en ai étudié les méandres et elle me semble **sévèrement biaisée** à cause de la façon ils comptent les carburants fossiles. Pour eux, en brulant du pétrole, du charbon, du gaz, on n'a une empreinte écologique par le fait qu'il faut des hectares de végétation pour réabsorber le carbone. Il suffirait de diminuer de 30% la consommation pour arriver à un niveau "durable". Ce qui est absurde : là dedans ils oublient le fait que les réserves soient finies !


De même, dans leur calcul, l'extraction de matériaux non renouvelables comme les minerais métalliques, le phosphate, l'uranium, etc, ne grignotte de l' "empreinte écologique" que par la surface au sol physiquement occupée par les activités d'extractions. Le fait qu'on
consomme des minerais qui ne se renouvelleront pas est compté pour rien, nada, quedalle!

Pour ce qui est déchets, ils ne tiennent comptent que des surface nécessaires pour absorber les eaux usées etc, mais les déchets ultimes (genre déchets nucléaires) ne comptent absolument pas!

Du coup, je pense que leurs calcul sous-estime cruellement le niveau de non-durabilité de notre civilisation et que leurs conclusions sont bien trop optimistes.

Pour en revenir à la situation alimentaire mondiale, bien sur que chaque progression de la connaissance des espèces, de la sélection demeilleures souches, des technologies, etc, permet d'augmenter la production.
D'autre part, il y a dans le monde de vastes terres cultivables à l'abandon. En ex-URSS, particulièrement au Kazakhstan, de vastes terres à blé ont été abandonnées dans les années 90, faute de débouchés, et commencent à peine à être réexploitées. De même
l'Afrique n'utilise pas toutes ses terres cultivables. En particulier, l'intérieur de l'Angola dispose d'immenses terres de très bonne qualité qui produisaient jadis, mais ont été abandonnées pendant la guerre civile. Les habitants ont fuit vers la côte, il n'y a plus d'infrastructures de tranports, et c'est truffé de mines. L'Angola produit actuellement juste de quoi se nourir alors que potentiellement le pays pourrait être le grenier à blé de l'Afrique.

Mais le problème, c'est qu'on raisonne toujours dans un environnement inchangé. Qui fait qu'exploiter plus de terres ou avoir de meilleures techonlogies permet de produire plus. Mais il y a bien longtemps qu'on est plus dans un environnement statique. De nombreux facteurs déjà à l'oeuvre et qui ne peuvent qu'aller zen s'amplifiant dégradent considérablement la situation alimentaire.


Premier facteur : érosion des sols, désertification

Il s'agit essentiellement d'un effet de la mauvaise utilisation des sols (déforestation, manque de couvert végétal permanant…).
Progressivement, le réchauffemebnt climatique y intervient aussi. Dans le monde, selon Sundquiest (http://home.alltel.net/bsundquist1/se0.html), chaque année 20 000 km² deviennent complètement improductif, et des surfaces bien plus grandes sont touchées à des degrés moindres. Selon un rapport de l'ONU datant de décembre 2006 (rapport Karl Harmsen), l'Afrique pourrait perdre d'ici 2025, 67% de ses terres cultivables, et n'être plus capable de nourrir qu'un quart de sa population. La Chine et l'Amérique Latine sont touchés à des degrés moindres. L'Europe n'est pas épargnée, la désertification touche le sud de l'Espagne.


Dans le monde, l'équivalent de 10 frances ont été dévorées par l'avancé des déserts ses 50 dernières années et le rythme tend à s'accélérer. 10% de la surface totale de Madagascar a été transformée en déserts à force de culture sur brulis et de surpaturage, qui ont
progressivement supprimé l'humus. Les montagnes haïtiennes, jadis exploitées pour le café, ont été converties à des cultures virvrières quand la famine touchait le pays (mais, pomme de terre, patate douce). Alors que le café protégeait le sol (couvert végétal toute l'année) ces cultures à cycles court le laissaient à nu une partie de l'année, et tout l'humus est parti avec la pluie, laissant de la roche quasi nue, impropre à toute culture. On pourrait multiplier les exemples de ce genre.


Deuxième facteur : l'épuisement de l'eau

La "révolution verte" recourre massivement à l'irriguation et dans bien des endroits les réserves d'eau sont exploitées plus vite qu'elles ne se reremplissent. Le nord de la Chine, par exemple, a commencé des années 1950 à utiliser des réserves d'eau au-delà de leur capacité de renouvellement. Aujourd'hui bien des nappes d'eau s'épuise (ce problème, qui touche à la fois l'agriculture et l'approvisionnement en eau des villes) a été largement reconnu par le gouvernement chinois). C'est la raison pour laquelle la production de céréales chinoise stagne depuis 10 ans, et recule dans certaines régions. Ainsi la Chine, malgré ses importants efforts de lutte contre la désertification, de gestion de l'eau, d'amélioration des rendements agricoles et de limitation de la natalité, ne parvient plus à répondre à sa demande intérieur et importe des quantités sans cesse croissance de céréales.
Au Etats unis, la grande nappe phréatique du Midwest dont dépend toute une partie de la production céréalières du pays est en train de s'épuiser. Le réchauffement climatique va empirer la situation. Ainsi, dans quelques décennies, il ne neigera plus l'hiver sur les montagnes californiennes. Du coup, il n'y aura plus assez d'eau pour irriguer la grande vallée de californie, une des cornes d'abondance de l'agriculture mondiale.


Troisième facteur : le réchauffement climatique

On dit souvent que le réchauffement climatique va créer d'immense terres à blé en Russie et au Canada, c'est oublier la fonte du permafrost ne crée par de terres cultivables, mais des marais ! Il y aura aussi un risque accru de sécheresses. Pour la Russie, c'est surtout dans la région dite des « terres noires » qu'une forte amélioration de la productivité est espérée.
Plusieurs régions d'Inde et du Pakistan approchent dangereusement les limites supérieures de température au-delà desquelles il deviendra impossible de faire pousser des céréales.
La montée des océans grignottera les grands delta (nil, niger, zambèze, mékong, yangtzé, indus, gange, etc), qui sont des régions vitales faisant chacune vivre des dizaines de millions de personnes. Par ailleurs, le réchauffement climatique se traduira par une augmentation de la fréquence des évènements météorologiques extrêmes tels que les ouragans, qui ont bien sur des conséquences dévastatrices sur l'agriculture


Quatrième facteur : la conversion des sols

L'urbanisation, et la construction d'usines, de routes, de voies ferrées, etc., vient elle aussi empiéter significativement sur les terres cultivables, d'autant que ce sont souvent les meilleures terres qui sont concernées (fonds de vallées, plaines). Les surfaces ainsi perdues sont très difficiles à estimer, mais Sundquiest, dans le même ouvrage, parle de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés par an. Il s'agit dont d'une diminution non négligeable de l'espace agricole.

La construction à l'horizontale (maisons individuelle) est un véritable désastre sur ce plan, il suffit de regarder sur google earth l'étendue d'une agglomération comme Houston : pour loger seulement 6 millions d'habitants, une zone aussi vaste que la région picardie est
perdue ! Les aéroports, les autoroutes sont de terribles dévoreurs d'espaces. L'Aéroport de Roissy occupe 32 km² au sol, autant que la ville de Lille (200 000 habitants).

Un petit exemple : la chine prévoit 85 000 km d'autoroutes nouvelles d'ici 2030. Une autoroute, en comptant les accotements, fait environ 25 mètres de large. Celà nous fera donc quelques 210 000 hectares bétonnés et perdus, probablement à jamais, pour l'agriculture, rien que pour les autoroutes chinoises.


Cinquième facteur : la consommation non-alimentaires de produits agricoles

Au fil de la rarification des produits pétroliers, on sera contraint d'utiliser de plus en plus de biocarburants et de bioplastiques. En 2007, 25% de la production de maïs des Etats-Unis ont été absorbés par les biocarburants, la part sera encore supérieure cette année. Cela a
donc réduit les exportations de céréales américaines, contribuant à mettre le marché mondial en situation de manque. Un rapporteur de l'ONU faisait remarquer que pour produire 50 litres de bioéthanol (un plein, équivalent énergétiquement à 30 litres d'essence), il faut plus de 300 kg de maïs, équivalent de ce qu'il faut pour nourrir un enfant pendant un an !

Les bioplastiques (réalisés à partir d'amidon) présentent un avantage écologique fantastique puisqu'ils sont biodégradables. Mais ils viennent eux aussi grignoteer les quantités de céréales disponibles pour l'alimentation.


Sixième facteur : le phosphate

Notre production agricole est complètement dopée par l'injection massive de nutriments, notemment le phosphore. Alors que depuis le
début des temps la vie ne fait que le recyler (comme tous les autres éléments), nous avons augmenté la production alimentaire en utilisant des engrais phosporés produits à partir de phosphates, ressource uniquement minière, sans recyclage ni alterneatives possibles. Cette ressource se raréfie, le prix a explosé ces dernières années, et le pic de production semble atteint (voir : http://www.theoildrum.com/node/4624)


Septième facteur : le pétrole et le gaz

Si les biocarburants sont le biais par lequel la situation du pétrole a pesé sur le domaine alimentaire du coté de la demande, il existe aussi une connexion du coté de l'offre. La production d'engrais azotés, indispensable à l'agriculture moderne, est pour l'essentiel
issue de gaz naturel, dont le prix est indexé sur celui du pétrole. En conséquence, le prix des engrais a suivi la tendance imposée par le pétrole : http://www.theoildrum.com/uploads/fertilizer_pricea.jpg. Les pesticides, dérivés du pétrole, et bien sur carburants pétroliers utilisés par les machines agricoles, s'y sont ajoutés : ainsi le cours de l'énergie (pétrole ; gaz ; charbon) a pesé très lourdement sur le prix de production des produits agricoles.

Notons que de nombreux endroits du monde sont peuplés largement au delà de ce qu'ils peuvent nourir (exemple, le japon) et importent massivement de la nourriture, ce qui sera difficilement à cette échelle sans pétrole. Dans un monde post-pétrole, il est difficile d'envisager le transport intercontinental de marchandises (dont la nourriture) aux mêmes échelles qu'actuellement, dès lors la répartition de la population devient aussi importante que son nombre total pour la sécurité alimentaire.


Huitième facteur : la viande

Schématiquement, une part croissante de la population mondiale mange plus, et surtout mange plus de viande. Déplacer la demande alimentaire vers la viande revient, paradoxalement, à accroître la demande de céréales : en effet pour produit un kg de viande, il faut plusieurs kg de céréales, 7 dans le cas du bœuf. Ainsi, la consommation accrue de viande agit comme un multiplicateur par-dessus la hausse de la population. Les changements de niveau de vie très rapide dans les pays émergents ont ici joué fortement. Ainsi, la consommation de viande des chinois a triplé en 15 ans, atteignant plus de 50 kg, ce qui est cependant encore deux fois moins élevé que la France avec 100 kg (source earthtrends). A elle seule, la hausse de consommation de viande chinoise, en 15 ans, représente plus de 350 millions de tonnes de demande de céréales en plus selon une source à prendre cependant avec précaution puisque représentant le milieu des biocarburants américains.


Neuvième facteur : l'épuisement des ressources halieutiques

Alors que l'Océan est souvent présenté comme « la » solution, en réalité la pêche, autre variable de l'équation alimentaire, est dans une situation pire que l'agriculture. Les populations de grands poissons sont en voie de disparition. D'après une étude publiée en 2003 dans la revue scientifique la plus prestigieuse qui soit, Nature (article signé Ramson Myers), depuis 1950, la population de grands poissons (cabillaud, morue, saumon, thon, flétan, haddock…) a chuté de 90% - ce chiffre ne correspond pas à des zones particulières surpêchées mais à l'ensemble des océans ! Les raisons tiennent à la fois à la surpêche et à des facteurs écologiques (pollution de la mer, réchauffement) dont l'influence est mal connue.

Terre neuve, après avoir été pendant presque 500 ans la zone de pêche "miraculeuse" par excellence grâce à ses populations de morrue, a vu la production tomber à zéro en 1992. Les morrues de terre neuve ont simple disparu. D'autres populations sont menacées à très court terme (thon rouge en atlantique, lieu en alaska, etc).


Dixième facteur : La pollution atmosphérique

Paramètre souvent oublié, la pollution atmosphérique locale pèse sur les rendements agricoles. Ainsi une étude de l'INRA (réfétrencée ici : http://www.inra.fr/presse/l_ozone_le_po ... beau_temps) estime que les champs de blé d'île-de-France perdent 5 à 10% de leur productivité du fait de la pollution à l'ozone venant de l'agglomération parisienne. On imagine aisément la situation dans les campagnes environnant les villes chinoises, où le niveau de pollution est beaucoup plus élevé. Notons que bien des grandes agglomérations du monde se situent au coeur de zones agricoles dont la production est vitale : Londres, Paris, San Francisco, Pékin, Chicago en sont quelques exemples.
Dernière modification par Raminagrobis le 20 nov. 2008, 14:35, modifié 2 fois.
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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par GillesH38 » 20 nov. 2008, 12:29

=D> =D> =D>

c'est rare que je sois autant d'accord avec un texte ! (à part que "morue" ne prend qu'un seul "r" :-D )

et tu réponds à mes interrogations sur la pertinence du calcul de l'empreinte écologique lorsqu'ils s'agit de l'extraction de ressources finies , helas dans le (mauvais) sens que je pressentais : ça n'a pas de sens, justement !
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Yves » 20 nov. 2008, 12:40

Bravo, tu t'es déchainé là !!

P.S. T'en as tué combien avec ce texte ?
Trop tard, trop peu, trop cher, il n'y aura pas de miracle !!
Notre futur sera d'être la banlieue ouest de la Russie alors que celle-ci aura le regard tourné vers la Chine...

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par thorgal » 20 nov. 2008, 13:03

pas mal :)
mais j'ai comme l'impression qu'il y manque qqchose, peut-être l'indication explicite de la connexion entre tous tes différents points et les poids et tendances démographiques mondiaux. Car bien sûr, c'est en fin de compte la quantité qui fait le poison.
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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par duckrichard » 20 nov. 2008, 13:23

=D>
Tu pourrais rajouter pour l'épuisement des ressources halieutiques qu'on a atteint un maximum de production pour la pêche (88 millions de tonnes il me semble) dans les années 90, et que depuis la production stagne ou baisse et cela malgré la modernisation et l'intensification de la pêche.De plus au même titre que la consommation de viande l'aquaculture moderne/intensive consomme plus de poissons qu'elle produit et aggrave le problème.

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par SuperCarotte » 20 nov. 2008, 14:07

C'est pas possible vous etes plusieurs Raminagrobis :-D, en tout cas super boulot =D>
La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. [Albert Einstein]

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Raminagrobis » 20 nov. 2008, 14:20

Yves a écrit :Bravo, tu t'es déchainé là !!

P.S. T'en as tué combien avec ce texte ?
Je me suis un peu limité pour ne pas faire trop pessimiste.

La seule réponse que j'ai eu c'est ça :
qu'est ce qui
empêche aujourd'hui l'humanité de se lancer à la colonisation du
système solaire ( Mars ) ?
Réponse : l' " intendance " cad une question de quelques dizaines de
milliards de Dollars ou d'Euros !
Les technologies de " terraforming " sont disponibles depuis 30 ans
Toujours moins.

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Alturiak » 20 nov. 2008, 14:23

Raminagrobis a écrit :La seule réponse que j'ai eu c'est ça :
qu'est ce qui
empêche aujourd'hui l'humanité de se lancer à la colonisation du
système solaire ( Mars ) ?
Réponse : l' " intendance " cad une question de quelques dizaines de
milliards de Dollars ou d'Euros !
Les technologies de " terraforming " sont disponibles depuis 30 ans
Oups ! Ca va aller Raminagrobis, ça va aller... :D
Merci pour cet article.

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par axelou » 20 nov. 2008, 17:11

Je me suis un peu limité pour ne pas faire trop pessimiste.
Je me disais aussi, il était vachement optimiste ton texte ! :lol: :lol:
A quand un article comme ça à la Une du monde ou de Libé ?

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Raminagrobis » 20 nov. 2008, 17:48

SuperCarotte a écrit :C'est pas possible vous etes plusieurs Raminagrobis :-D, en tout cas super boulot =D>
Nous vous remercions ;-)
Toujours moins.

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