Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par energy_isere » 12 mai 2009, 18:41

Les marchés agricoles sous tension en 2009 car "le monde a faim" (Cyclope) :

Les experts de Cyclope s'attendent à des tensions sur les marchés agricoles en 2009, à l'inverse du pétrole, des métaux et minerais dont les prix baisseront sur l'année avec la récession, soulignant que "le monde a faim, avec ou sans crise économique".

"La conjoncture est tellement extraordinaire (...), qu'on a oublié les bonnes résolutions tirées après la hausse des matières premières" au début 2008, a expliqué Philippe Chalmin lors de la présentation de la 23e édition du rapport Cyclope, "bible" annuelle des matières premières.

Lors de cette flambée des prix, le marché avait fait passer deux messages: celui "des enjeux alimentaires mondiaux" avec les émeutes de la faim en mars 2008 et celui de "la rareté et de l'environnement" de certaines matières premières, a-t-il détaillé.

Le pétrole est revenu autour des 60 dollars le baril "mais il ne faut pas oublier qu'il est rare et polluant", souligne M. Chalmin, professeur d'histoire économique à Paris-Dauphine, qui supervise le rapport.

Pour 2009, les experts de Cyclope prévoient une hausse des matières premières agricoles, de 23% pour le sucre, 12% pour le maïs, 8% pour le cacao et 3% pour le riz et une baisse de 50% du pétrole, de 44% de l'acier ou de 60% du minerai de fer. Le blé mondial devrait quant à lui rester stable.

Toutes les autres matières premières déclineront en 2009 et notamment le café (-12%), le soja (-16%), l'aluminium (-22%) et le fret maritime sec, en queue de classement (-70%), selon les prévisions de Cyclope établies en janvier.

Depuis janvier cependant, "on a constaté un frémissement sur un certain nombre de marchés" car "le point bas a été atteint, en janvier/février", commente M. Chalmin.

Le pétrole se reprend après son plus bas de 33 dollars en janvier, le cuivre aussi, détaille-t-il.

Sur l'acier, en revanche, il n'y a "pas de rebond très net" et "le bras de fer entre les groupes miniers et les industriels chinois oriente le niveau du minerais de fer" ajoute-t-il.

Il y a donc "une petite hirondelle qui annonce non pas le printemps mais peut-être un bel été indien", estime le professeur d'histoire économique.

De nombreuses matières premières, qui donnent généralement les signes avant-coureurs d'une tendance, sont cependant encore à la baisse.

Les prix du papier et du papier d'emballage baissent encore, relève Philippe Chalmin et c'est un bon indicateur selon lui car, "quand on développe la production d'emballage, c'est qu'on a quelque chose à emballer".

Boursorama

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par energy_isere » 19 juin 2009, 21:46

La barre du milliard de victimes de la faim est franchie

LE MONDE | 19.06.09

Les experts les appellent désormais les "trois F". "F" pour "fuel", "food" et "financial", trois facteurs dont l'impact, en se superposant, a abouti à fragiliser encore davantage les ménages les plus pauvres. Alors que depuis des mois, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) prévenait que la crise économique aurait, après l'envolée des prix alimentaires et celle du pétrole, des conséquences sur la sous-alimentation, elle précise aujourd'hui l'ampleur de ce phénomène: environ 100 millions de personnes supplémentaires seront touchées par la faim cette année.

Selon ses estimations, publiées vendredi 19 juin avec deux autres agences de l'ONU, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), la sous-alimentation atteindra un niveau record en 2009, 1,02 milliard d'être humains (+11 % par rapport à 2008), passant ainsi, pour la première fois, le cap redouté de 1 milliard. En 2005, ils étaient autour de 870 millions à souffrir de la faim. Selon ces trois institutions, la crise efface peu à peu les progrès accomplis ces dernières années en matière de lutte contre la faim.

Pour la FAO, "la récente aggravation de la faim dans le monde n'est pas le résultat de mauvaises récoltes au niveau mondial, [mais de] la crise économique qui a provoqué baisse des revenus et pertes d'emplois", ce qui a réduit l'accès des pauvres à la nourriture. Il y a six mois, l'agence avait estimé le nombre de victimes de la faim en 2008 en forte hausse, à 963 millions de personnes, puis l'avait révisé à la baisse (915 millions), du fait de la production mondiale record de céréales. Désormais, ses évaluations repartent à la hausse, et la crise économique est considérée comme la principale menace.

...................
la suite : http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par SuperCarotte » 25 juil. 2009, 13:49

Le point de vue de Lester Brown : Could Food Shortages Bring Down Civilization?

En résumé, pour lui l'insécurité alimentaire déstabilise des états déja fragiles qui deviennent alors source de terrorisme, de maladies, de traffic d'armes et de vagues de réfugiés.
La situation devrait empirer pour plusieurs raisons, destruction des terres cultivables, épuisement des ressources en eau (je ne pensais pas que c'était aussi flagrant en Chine, Inde et US), impact du réchauffement sur les rendements des principales céreales et augmentation de la population mondiale et de son niveau de vie (consommation de viande et agrocarburants).
Food scarcity and the resulting higher food prices are pushing poor countries into chaos.
Such “failed states” can export disease, terrorism, illicit drugs, weapons and refugees.
Water shortages, soil losses and rising temperatures from global warming are placing severe limits on food production.
In six of the past nine years world grain production has fallen short of consumption, forcing a steady drawdown in stocks. When the 2008 harvest began, world carryover stocks of grain (the amount in the bin when the new harvest begins) were at 62 days of consumption, a near record low. In response, world grain prices in the spring and summer of last year climbed to the highest level ever.
As demand for food rises faster than supplies are growing, the resulting food-price inflation puts severe stress on the governments of countries already teetering on the edge of chaos.
We have entered a new era in geopolitics. In the 20th century the main threat to international security was superpower conflict; today it is failing states. It is not the concentration of power but its absence that puts us at risk.

States fail when national governments can no longer provide personal security, food security and basic social services such as education and health care. They often lose control of part or all of their territory. When governments lose their monopoly on power, law and order begin to disintegrate.
the recent surge in world grain prices is trend-driven, making it unlikely to reverse without a reversal in the trends themselves. On the demand side, those trends include the ongoing addition of more than 70 million people a year; a growing number of people wanting to move up the food chain to consume highly grain-intensive livestock products
Millions of irrigation wells in many countries are now pumping water out of underground sources faster than rainfall can recharge them. The result is falling water tables in countries populated by half the world’s people, including the three big grain producers—China, India and the U.S.
A study published by the U.S. National Academy of Sciences has confirmed a rule of thumb among crop ecologists: for every rise of one degree Celsius (1.8 degrees Fahrenheit) above the norm, wheat, rice and corn yields fall by 10 percent.
La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. [Albert Einstein]

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par GillesH38 » 26 juil. 2009, 10:32

SuperCarotte a écrit :
A study published by the U.S. National Academy of Sciences has confirmed a rule of thumb among crop ecologists: for every rise of one degree Celsius (1.8 degrees Fahrenheit) above the norm, wheat, rice and corn yields fall by 10 percent.
ça me parait pas la plus grande menace alors !!! combien pour une baisse de 10 % des ressources pétrolières et gazières ??? :shock:
(et puis au fait c'est quoi au juste "la norme" , si on a déjà augmenté de 0,7 °C depuis 100 ans ???)
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par SuperCarotte » 26 juil. 2009, 11:20

Difficile à dire. Il me semble que géneralement, la période 1960-1990 sert de reference.
La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. [Albert Einstein]

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Pura Vida » 11 août 2009, 15:34

Rentre il y a quatre jours de Cote d'Ivoire pour y etudier concretement un systeme possible pour developper l'echange de produits de base (liste de produits, etc) sur le mode de base du Credit Social, aupres de ceux qui sont exclus de tout acces aux marches des capitaux (soit quelques 96% des habitants rien qu'en Cote d'Ivoire) par une monnaie de chiffres fonctionnant sur une fiche personnelle (informatisation possible) et constituant donc une monnaie basee sur le savoir faire et l'experience de tous les participants, voici ce lien ci-dessous. C'est un echo bien documente sur la problematique d'un pays comme la Cote d'Ivoire qui regorge de ressources naturelles et humaines, mais que d'une part l'heritage historique, et d'autre part, l'economie et le systeme financier actuels hypothequent lourdement. Toutes les demandes ivoiriennes aupres des investisseurs pour developper en Cote d'Ivoire l'industrie de la filiere cacao (la Cote d'Ivoire etant le plus gros producteur de cacao du monde) ont essuyer un niet sans appel... Tel sont les effets (ou instructions) de la mondialisation laquelle lamine le monde depuis environ 25 ans, plus qu'elle ne le developpe, et avec les effets palpables d'aujourd'hui.

http://news.abidjan.net/h/339978.html

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par kercoz » 11 août 2009, 16:01

Salut .
Y a t il une tentative de relocalisation des produits nourriciers locaux ? Une tentative d'agriculture de subsistance en marge ou en parrallele (sur les les exploitations cacao)?
Un refuge/retour de la population sur ces modèles est il possible ?
L'Homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. ( Jean Henri Fabre / Souvenirs Entomologiques)

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Geispe » 11 août 2009, 16:16

cela veut-il dire que l'on produit bien trop de cacao par rapport à la demande ?

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par kercoz » 11 août 2009, 16:23

Geispe a écrit :cela veut-il dire que l'on produit bien trop de cacao par rapport à la demande ?
La centralisation peut faire que l'autorisation de l'europe (récente) d'utiliser les graisses de soja (ricains) ds la fabrication de chocolat , peut suffire a déséquilibrer une monoculture locale .
L'Homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. ( Jean Henri Fabre / Souvenirs Entomologiques)

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par marc0 » 11 août 2009, 16:35

tiens une info de ma famille (cerealier en Picardie) : cette annee les rendements n'ont jamais ete aussi eleves en Picardie (plus de 100 quintaux a l'hectare)...

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Pura Vida » 11 août 2009, 19:02

(excusez, je ne dispose pour le moment que d'un clavier anglais sans accent ni les signes distinctifs du francais ecrit, ce qui ne me plait pas, mais je dois faire avec actuellement)

Kerkoz a ecrit:
Y a t il une tentative de relocalisation des produits nourriciers locaux ? Une tentative d'agriculture de subsistance en marge ou en parrallele (sur les les exploitations cacao)?
Un refuge/retour de la population sur ces modèles est il possible ?

Oui, il y a bien a Abidjan une agence (encore bien trop petite) pour le (re)developpement des cultures vivrieres, mais on est encore bien loin du compte. Un retour sur ces modeles-ci serait possible, mais pour le moment ce serait dans la proporion ou l'emprise de la mondialisation s'allgera. Le poids de la culture du cacao est encore determinant. Cette filiere du cacao est un "heritage" de la periode coloniale francaise.
C'est ainsi que:
Geispe a ecrit:
""cela veut-il dire que l'on produit bien trop de cacao par rapport à la demande?""
Certainement. En effet, les Ivoiriens ne consomment qu'une partie insignifiante du cacao qu'ils produisent. Leur consommation interieure de cacao ne pese rien. Car le cacao a ete implante autrefois en Cote d'Ivoire seulement par les Francais qui, a l'epoque, convoitaient ce marche; et a present les Ivoiriens sont obliges de faire avec. Longtemps encore, apres l'independance de la Cote d'Ivoire, la France a achete la majeure partie de la production ivoirienne de cacao (d'ailleurs, sauf erreur, a un prix un peu superieur aux cours du cacao durant cette epoque), mais aujourd'hui la "liberalisation" n'a rien resolu, sinon enfonce encore plus la problematique ivoirienne du cacao.

Il y a la un archetype de ce qu'entrainerent un peu plus tard les accords de Lome en 1963 et tous les accords analogues durant toutes les annees qui suivirent. Ceci dit au passage, c'etait bien la peine de decoloniser pour faire en sorte que le meme desequilibre fatal continua exactement pareil sous les discours lenifiant d "independance" tenus a saciete dans les instances internationales masquant ainsi la - dependance - tout court des nations nouvellement (in)dependantes, cette fois des forces aveugles(?) du pretendu libre marche mondial. C'est comme ca que maints pays africains perdirent leur indepedance vivrieres et mainteannt doivent subir les cours, speculations, predations, etc pour importer des aliments qu'ils pourraient trs bien produire. Le gachis des "lois" du marche...

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par sceptique » 11 août 2009, 20:34

L'exemple de la Cote d'Ivoire est instructif. J'ai travaillé dans la région de Bouaké comme enseignant pendant 4 ans (82-86) et je connais un peu le pays.
Dans les années 60-70 ce pays a connu une croissance importante et tout le monde en profitait. Evidemment, le régime était néo-colonial et les "blancs" (français) tenaient l'essentiel de l'économie et leur richesse était considérable. Mais cela fonctionnait et les paysans progressaient aussi. C'était d'ailleurs le "modèle" de l'Afrique Noire (avec Madagascar).
Dans les stats de l'époque, avec le différentiel de croissance, on voyait ce pays rejoindre économiquement l'Europe dans les années 2000 ...

Que s'est il passé ? Plein de choses mais voici quelques pistes :
1) Les dirigeants ont voulu tout "ivoiriser". A commencer par la direction des entreprises. En gros, on a remplacé des français avides de richesse et paternalistes mais compétents par des ivoiriens tout aussi avide, triblaliste, et incompétents. En quelques années nombre d'entreprises ont déclinés ...
2) Des gens très haut placés ont imposé des investissements pharaoniques (les sucreries par exemple) et au final ruineux.
3) Le tribalisme a tout gangrené.

Quant à Madagascar l'autre phare des années 60 il ont simplement fait une "pseudo-révolution socialiste" qui les a ruinés encore plus vite.

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Pura Vida » 12 août 2009, 00:47

@ Sceptique.
C'est bien comme ca que les choses ont evolue.
Je rajouterais qu'apres la disparition du president Houphouet Boigny (1993) qui dirigea le pays durant 33 ans, puis Konan Bedie continuateur (6 ans) du meme pouvoir, il y eut le coup d'Etat (fin 1999) puis la crise (ou guerre) qui culmina en 2002, avec le risque de partition du pays entre le Sud de la Cote d'Ivoire (a majorite chretienne et animiste) et le Nord (a majorite musulmane). L'epicentre de ce risque de partition ayant ete la ville de Bouake. A present, c'est le statut-quo a peu pres depuis 2005-07, avec la convalescence et le retour progressif a la normale (mais lent). L'economie ivoirienne a ete atteinte et cela se percoit par de nombreux signes et traces. De meme, il y a en Cote d'Ivoire quelques 48% des habitants qui sont des etrangers originaires non seulement des cinq pays africains qui touchent la Cote-d'Ivoire, mais d'autres pays africains pls loin. Les Ivoiriens sont a peu pres unanimes pour constater que ce risque de partition a ete "active" en sous-main par des forces etrangeres a la Cote d'Ivoire. Par exemple des services speciaux du genre C.I.A.? Ou d'autres noms de la meme "chapelle"?. Ces "services" s'y connaissent pour susciter l'adversite et la division dans une societe multi-ethnique. D'ailleurs des armes modernes et sophistiquees, donc cheres, ont ete saisies a ce moment, elles etaient servies par des quasi analphabetes... Alors?? Mais la manoeuvre semble bien avoir echoue. En effet, il y a en Cote d'Ivoire quelques 68 ethnies au total, et tout le monde a compris que, dans ces conditions, personne ne peut avoir la suprematie, encore moins la maintenir. La lecon semblerait avoir ete entendue.

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par sceptique » 12 août 2009, 01:28

La cause principale du désastre ivoirien n'est pas une main étrangère (CIA ou autre comme en Amérique du Sud) mais bien des conflits inter-ethniques sous jacents.

En 84, Houphouet Boigny était déjà sur la pente descendante mais, par sa seule présence, il maintenait l'unité du pays. Par exemple, il avait eu l'intelligence de prendre comme premier ministre un "nordiste", compétent qui plus est. Mais, après la mort du "Vieux", ses successeurs sudistes ont voulu l'empêcher d'être président. Comment ? En lui niant la nationalité ivoirienne au nom de l'ivoirité ! Le problème perdure depuis car il est impossible dans ce pays pour une bonne partie de la population de dire s'il est ivoirien ou non. D'où l'impossibilité d'avoir des listes électorales acceptées par toutes les parties.

Il faut savoir que l'état civil là bas est assez aléatoire.
J'ai eu des élèves qui, atteints par la limite d'age au lycée changeait d'établissement en se rajeunissant. Simplement en usurpant l'identité d'un jeune du "village" mort en bas age et évidemment non déclaré : cela fait baisser les stats de mortalité et donne des identités de réserve pour les "frères".

A l'époque d'Houphouet tout le monde était accepté car l'immense majorité votait de toute façon pour lui. Les ivoiriens de souche comme les immigrés.

Mais les "sudistes" à la mort du "Vieux" ont voulu accaparer tout le pouvoir et la richesse en ne laissant rien aux nordistes. La suite, on connaît.

Dernier point : le tribalisme a causé de terribles dégâts à l'économie.
Par exemple, un ministre qui était arrivé au pouvoir avec l'appui de son clan, sa tribu, son village devait ensuite renvoyer l'ascenseur : si un bon poste au ministère était à pourvoir et que 2 candidats se présentent un compétent et un autre totalement incompétent mais de l'ethnie du ministre que croyez vous qu'il se passait ?
Cela allait très loin : un fonctionnaire pouvait "taper" dans la caisse. A condition de redistribuer une partie de la manne à son "clan". Ainsi en cas de coup dur (la justice oeuvrait parfois), il pouvait se réfugier au "village". Et là les gendarmes de la capitale ne venaient pas le chercher. Cela aurait déclencher une guerre civile.

Avec un tel système la gabegie a fini par tout gangréner.

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Re: Sécurité alimentaire : sommes nous au bord du précipice ?

Message par Alain75 » 12 août 2009, 01:39

D'une certaine manière en Afrique, les frontières ne veulent à la fois souvent pas dire grand chose mais sont également sacrées, car tous les dirigeants savent que si on commence à toucher à ça c'est le bordel généralisé, justement parce qu'elles ne veulent souvent pas dire grand chose...
Dans tous les cas le continent le plus compliqué

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