Ca me semble un fil manipulateur. Il s'en prend a des adversaires qui diraient que toute l'ukraine est nazie. Mais qui dit ca ? Je n'ai vu personne dire ca pour ma part, peut etre que je ne vois pas les bons endroits. Je vois des gens qui disent qu'en Ukraine, il y a des nazis ou sympathisants nazis, ce qui semble attesté, et ce que le texte que tu présentes ne conteste pas. Des journalistes US ont rapporté sélectionner les photos pour ne pas qu'apparaissent des signes nazis sur certains uniformes ukrainiens. Mais personne ne dit que toute l'ukraine est nazie. En gros, l'auteure répond à un argument que peu, voire personne, n'emploie. Elle se construit un ennemi imaginaire ( une personne qui dirait que toute l'ukraine est nazie), et le texte répond à cet ennemi imaginaire en insistant pour ne pas confondre la goutte de poison et la contamination du tout.
Ce qui est en revanche remarquable dans ce texte, c'est la relativisation de l'adhésion au nazisme. Le texte est présenté sur un ton général qui dit : oui, y'a des nazis, mais bon, c'est pas si grave. Par example sur Bandera, le texte dit, je cite: " Les portraits de Bandera ne plaisent pas à tout le monde, mais on laisse faire, au nom de l’inclusion de tous et de la lutte commune. " Donc son point est de dire que c'est pour une valeur positive (l'inclusion) qu'on laisse propager des figures symboliques ouvertement pro-nazies.
On notera le subliminal sur "la goutte de poison", sous-entendant que le pb est anecdotique. Je ne sais pas exactement quelle est l'ampleur du pb nazi en Ukraine, mais tt le monde je crois admet que des rues majeures portent le nom et honorent bandera, et que Zelenski a ouvertement dit que Bandera est un personnage cool. Si les champs-élysées portaient le nom du maréchal Pétain, et si Macron disait que Pétain est cool, devrait on relativiser et employer des expressions comme goutte de poison pour suggérer que le pb est mineur ?
Relativiser le nazisme, ca semble a la mode dans le camp du bien en ce moment. Y'a donc ce texte que tu nous présentes. Et y'en a un autre qui a fait pas mal de buzz en relativisant l'applaudissement d'un SS dans un parlement occidental et qui dit , je cite : "However, the idea that foreign volunteers and conscripts were being allocated to the Waffen-SS rather than the Wehrmacht on administrative rather than ideological grounds is a hard sell for audiences conditioned to believe the SS’s primary task was genocide. ". Le reste du texte est du même tonneau, sous-entendant que bon c'est vrai, être nazi c'est pas formidable, mais faut quand même pas sous-entendre que tout sympathisant nazi est vraiment mauvais.
https://www.politico.eu/article/fight-a ... n-germany/
Il est interessant de voir que le synopsis de relativisation du nazisme est exactement le même dans les 2 textes, celui que tu nous montres et celui que j'ai ajouté : n'exagérons pas, tous les adhérents du nazisme ne sont pas si mauvais ou monstrueux, puis enchainent sur le : en fait c'est en fait la russie qui diabolise le nazisme pour nous manipuler. Si on ajoute que les deux auteurs des textes sont bien intégrés dans le groupe de gens coordonnés et influents ( ils ont des entrées wikipédia par exemple), il est difficile de croire que ce synopsis commun aux deux textes soit le fait du hasard et une pure coïncidence.
La nouvelle fenêtre d'overton proposée par ces 2 textes est :"le nazisme, c'est pas bien, mais il ne faut quand même pas diaboliser a l'exces, et accepter de coopérer avec des sympathisants nazis qui en promeuvent des symboles, c'est bien si ca permet de combattre les russes". Pour ma part, je n'ai pas trop envie de cette nouvelle fenêtre. A chacun de choisir si cette proposition est un progrès.
La nazisme est considéré en occident comme le mal absolu. Ca fait partie de nos valeurs symboliques. Bien sûr, les valeurs symboliques sont exagérées par définition. Remettre en cause nos valeurs symboliques et relativiser le nazisme n'est cependant pas anodin. Si l'on en croit Orwell, la remise en question des valeurs symboliques est une signature d'un pb démocratique. On pourra relire avec interêt son très court roman "la ferme des animaux". Les animaux se rasssemblent autour de maximes communes. Puis petit a petit, les cochons modifient à la marge les slogans qui servaient de valeur symbolique...