L'échec du contrôle de la propagation qui a conduit à cette seconde vague pose de sérieuse questions sur ce qu'on va faire pour éviter une troisième vague potentielle. C'est évident que passé ce confinement, il nous faudra une stratégie. En Suisse, ça va passer par une refonte du système de contact-tracing, qui a été complètement dépassé et incapable d'empêcher l'augmentation exponentielle des cas. S'inspirer des modèles asiatiques, qui réussissent à maintenir la propagation sous un niveau gérable, semble une évidence. Mais:
Ils disent souvent qu’il est moins liberticide de confiner les seuls porteurs de virus identifiés grâce à nos traces digitales qu’à confiner des populations de régions ou de pays entiers, porteurs de virus comme bien portants. Et force est de constater que cela semble plus efficace, tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique et social.
Le traçage digital n'est pourtant pas une option chez nous. Par contre, cibler les évènements super-propagateurs (non pas les interdire, mais les détecter et couper rapidement les chaînes de transmission qui en découlent), serait une option.
La stratégie gagnante aujourd’hui contre cette pandémie semble être clairement la recherche rétrospective des contacts (backward tracing). Les Asiatiques ont retenu les leçons du SRAS en 2003 et se sont rendus compte que le Sars-CoV-2 (responsable du Covid-19) est sujet à une très forte «sur-dispersion».
La «sur-dispersion» est une caractéristique épidémiologique d’un virus faisant que seulement 10% ou 20% des personnes infectées contaminent plus d’une personne, et sont donc les véritables moteurs de la pandémie, puisqu’il n’y a pas de pente épidémique exponentielle lorsque l’on contamine une personne, ou a fortiori aucune autre: ce qui est le cas de 80% à 90% des cas confirmés rapportés par la veille sanitaire.
Ainsi, les Japonais se sont concentrés, en avril dernier – pour des raisons initiales de pénuries de tests, à ne traquer que ces 10% ou 20% des cas responsables des super-propagations (clusters de 2 cas secondaires et plus, parfois 20 ou même 100).
Ils ne s’intéressaient pas tant aux contacts des cas rapportés par la veille sanitaire, que d’aller rechercher les événements potentiellement responsables de la contamination de ces cas rapportés. Pour eux, la probabilité que ces événements soient des chaînes de super-propagation est beaucoup plus importante, notamment si l’événement s’est produit dans un lieu clos, bondé, mal ventilé. C’est cela ce qu’on appelle le backward tracing.
Bien sûr, les Asiatiques n’ont rien contre le forward tracing, à savoir la recherche prospective des contacts, que l’on pratique en Occident et qui consiste à rechercher tous les contacts des cas rapportés jusqu’à 48 heures avant les premiers symptômes. Mais cela, ils ne le font qu’en seconde priorité, s’il leur reste encore des ressources, une fois qu’ils ont conduit toutes les investigations de recherche rétrospective des événements contaminants des cas rapportés.
Ils classent en ultra-priorité la recherche des événements leur évoquant une possibilité de super-propagation. Ces investigations rétrospectives sont conduites le plus rapidement possible, et remontent jusqu’à 14 jours avant le début des symptômes. Elle nécessitent l’usage de tests rapides et la possibilité de mise à l’isolement strict des personnes identifiées comme à haut risque de contagiosité.
source:
https://bit.ly/3kjlrsQ