[Le Monde] AIE:le marché pétrolier face à un mur d'ici 2015?

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ktche
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Message par ktche » 01 juil. 2007, 13:35

Les populations qui ne participent pas (ou le moins) à l'économie mondiale, sont peut-être celles pour qui les conséquences de la déplétion pétrolière seront les moindres ?

En fait, il faut distinguer entre les populations pauvres mais intégrées à l'économie mondiale et les populations pauvres mais à l'écart de l'économie mondiale.

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Message par sceptique » 01 juil. 2007, 15:26

J'ai déjà répondu à cette question : au contraire, ce sont elles qui vont souffrir le plus. Car leur dépendance au pétrole est vitale au sens propre. Principalement pour les déplacements essentiels : transport de médecins, médicaments, malades, récoltes, outils.
Les seules populations à s'en sortir sans pétrole sont, par exemple, les papous de Nouvelle-Guinée vivant en autarcie depuis des millénaires.
Mais, pour les populations rurales d'Afrique, l'absence de pétrole (et tout ce qui va avec) est dramatique. Ils ont perdu leur capacité de vivre en autarcie depuis plusieurs générations. Ils sont beaucoup plus nombreux (10 fois ?), et la pression qu'ils exercent sur leur environnement est trop forte.
Il faut bien voir que l'image d'Epinal du "peuple indigène qui vit en harmonie avec la nature, sans pétrole" n'existe pratiquement plus. Ne serait-ce qu'à cause de la densité de population.
Dernier point : l'espérance de vie et la qualité de vie quand on commence à vieillir. Sans les bienfaits de la civilisation (dépendants du pétrole) un homme ou une femme de 40-50 ans (quand ils arrivent à cet age respectable) sont des gens usés, lessivés, au bout du rouleau. En pratique, selon nos critères ils ont 30 ans de plus.
Sont-ils pourtant moins heureux ? Et selon quels critères ?
Début de réponse : combien cherchent à vivre chez nous et combien, parmi ceux qui ont gouté à notre mode de vie sont prêts à revivre comme les Papous ou les rares tribus d'Amazonie autarciques ?
Ou encore, dans quel sens vont les flux migratoires ? Rarement vers les pays avec peu de pétrole.

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Message par ktche » 01 juil. 2007, 16:03

Est-ce que les populations rurales d'Afrique relèvent de la catégorie "à l'écart de l'économie mondiale" ?

Il me semble justement dans les exemples donnés que c'est exactement l'inverse. Ces populations sont violemment intégrées à l'économie mondiale : on peut même parler de dépendance. Et c'est cette dépendance qui les rend si vulnérables aujourd'hui et plus encore demain.

Proportionnellement, l'Afrique est le continent le plus intégré à l'économie mondiale, c'est-à-dire dont la part d'activité liée aux échanges internationaux est la plus élevée. Les flux migratoires sont d'ailleurs tout autant le moteur que le marqueur de cette intégration.

Je pense qu'il est important de distinguer entre la part de l'Afrique dans les échanges mondiaux (faible) et la part des échanges internationaux dans l'activité de l'Afrique (importante). Ce qui rend l'Afrique si fragile face à la déplétion, ce n'est pas le premier caractère, mais le second.

diego
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Message par diego » 01 juil. 2007, 16:15

L'OPEP est complètement informée et consciente de l'état de ses ressources, son objectif, dans un monde changeant et de plus en plus dépendant, est d'augmenter ses perspectives de gain sans apparaitre comme le responsable d'un éventuel choc qui entrainerait une récession que d'un autre coté elle ne souhaite pas.
C'est marrant, on dirait qu'ils ne savent pas quoi faire de leurs sous, investir dans nos pays?Y'a rien c'est le désert!Protéger nos comptes en Suisse?

A lire cet Article du figaro où l'on apprend que l'Arabie Saoudite serait prise par ce que j'appelle"la tentation de Dubaî", une ville géante en plein milieu du désert où les riches du monde viennent dépenser leur argent.
Le concept flou, en plein coeur d'un des royaumes les plus conservateurs du monde, un lieu de débauche, fréquenté par des chinois en goguette, des européens retraités, des américains bedonnants, des hommes d'affaires africains(A vendre pays).A qui il faudra de la bière fraîche, des femmes de petite vertu pour conclure leurs affaires.
Et les gens prendront l'avion pour aller discuter finance à l'abri de la fournaise du désert dans des tours climatisées.
Juste au moment où les capacitées d'exportation du pays commencent à stagner.


L'Arabie saoudite rêve de villes nouvelles
ELSA BEMBARON.
Publié le 25 juin 2007
Actualisé le 25 juin 2007 : 08h02


Le pays lance d'ambitieux projets pour entrer dans le « Top 10 » des pays les plus compétitifs d'ici à 2010.

POUR la première fois de son histoire, l'Arabie saoudite, qui possède 25 % des réserves mondiales d'or noir, s'inquiète de l'après-pétrole. Confronté à une augmentation de sa population de près de 4 % par an, le royaume saoudien a besoin d'une croissance économique d'au moins 6 % par an pour créer de nombreux emplois.

Son taux de chômage avoisine les 16 %. Fort d'un solde budgétaire de 26 milliards de dollars, le pays dispose de solides ressources pour financer son avenir et lancer des projets pharaoniques. Son ambition est de construire six villes nouvelles qui surgiront des sables du désert. L'objectif est triple : attirer des entreprises du monde entier, créer des millions d'emplois et s'imposer comme une destination touristique.


Je précise que l'Europe jouit d'un climat tempéré, est fort pourvue en petits pays et principautés diverses, est constituée d'une multitude de villes toutes plus agréables les une que les autres...http://www.lefigaro.fr/economie/2007062 ... elles.html

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Message par sceptique » 01 juil. 2007, 17:02

ktche a écrit :En fait, il faut distinguer entre les populations pauvres mais intégrées à l'économie mondiale et les populations pauvres mais à l'écart de l'économie mondiale.
....
ktche a écrit :Est-ce que les populations rurales d'Afrique relèvent de la catégorie "à l'écart de l'économie mondiale" ?
Pourrais-tu préciser quelles sont pour toi ces populations "pour qui les conséquences de la déplétion pétrolière seront les moindres" :
ktche a écrit :Les populations qui ne participent pas (ou le moins) à l'économie mondiale, sont peut-être celles pour qui les conséquences de la déplétion pétrolière seront les moindres ?
En tout cas, pour moi et sauf erreur, à part les Papous de Nouvelle-Guinée et quelques rares indiens d'Amazonie (la notion de pauvreté ou richesse y étant sans objet) les populations "pauvres" souffriront le plus du PO.
Meme les Inuits sont archi-dépendants du pétrole !

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Message par ktche » 01 juil. 2007, 17:47

Je suis d'accord pour dire que, toute chose égale par ailleurs, ce sont les plus pauvres qui souffriront le plus de la déplétion. Je précise seulement que c'est l'intégration dans l'économie mondiale qui est le facteur de premier ordre, alors que la pauvreté est un facteur aggravant dans les situations où cette intégation est forte.

Parmi les populations susceptibles de mieux amortir le choc de la déplétion, il me semble que celles qui sont à l'écart de l'économie mondiale, malgré la pauvreté (et non pas la misère) dans laquelle elles se trouvent aujourd'hui, partent sur de meilleures bases. Tout simplement parce qu'elles expérimentent et vivent aujourd'hui ce qui peut être une des conséquences principales de la déplétion : la relocalisation (des échanges, des structures sociales...)

Personnellement, je trouve dans la démarche et les réflexions des zapatistes, une attitude assez pertinente à ce sujet. Ca n'exclut pas qu'il y ait d'autres façons de s'engager dans la relocalisation.

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Message par Geispe » 01 juil. 2007, 18:26

En tout cas, pour moi et sauf erreur, à part les Papous de Nouvelle-Guinée et quelques rares indiens d'Amazonie (la notion de pauvreté ou richesse y étant sans objet) les populations "pauvres" souffriront le plus du PO.
Meme les Inuits sont archi-dépendants du pétrole !
je crois que çà dépend de leur faculté de "se retourner"... et çà risque d'être très variable.
les africains (et bien des paysans d'autres continents dont 75% travaillent leurs champs à la main) et qui ont conservé un minimum de savoir-faire leurs cultures vivrières (c'est souvent le cas puisqu'elles contribuent à nourrir leur famille) auront vite fait de reprendre leur propre rythme et réorganiser leur autarcie...
les problèmes risquent de se poser chez les citadins qui ont quitté leurs terres : mais même là il se produira simplement une migration inverse vers les campagnes. Restera à transformer les champs de coton et autres cultures d'exportation en champs de haricots, de mil et de manioc... ce que tout le monde sait faire là bas... :-) en outre ils ont l'habitude d'un mode de vie et d'une alimentation sobres...

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Message par mobar » 01 juil. 2007, 18:30

La question ne se pose pas de la même façon pour les habitants des bidonvilles des mégapoles et les ruraux pour qui il resterza toujours la possibilité d'un agriculture de subsistance.

C'est moins une question de pauvreté que d'adaptabilité et de potentiel du milieu dans lequel ces populations vivent.

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Message par sceptique » 01 juil. 2007, 19:22

Geispe a écrit :je crois que çà dépend de leur faculté de "se retourner"... et çà risque d'être très variable.
les africains (et bien des paysans d'autres continents dont 75% travaillent leurs champs à la main) et qui ont conservé un minimum de savoir-faire leurs cultures vivrières (c'est souvent le cas puisqu'elles contribuent à nourrir leur famille) auront vite fait de reprendre leur propre rythme et réorganiser leur autarcie...
Et bien justement ... ils ont perdu leur savoir faire. En effet avant la colonisation et l'explosion démographique ils cultivaient sur brulis par rotation
. Maintenant vu la densité cela n'est plus possible. Et ils cultivent des sols qui s'épuisent de plus en plus. Sauf apport d'engrais, mécanisation ...

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Dans la même perspective...

Message par Blackdress » 05 juil. 2007, 15:41

...encore un article intéressant, trouvé sur Boursorama, source ABN Amro
Pétrole : un jeu de dupes ?...
Une ambiguïté fondamentale – trop rarement évoquée... – domine actuellement la problématique de l'équation énergétique mondiale : d'une part, les principaux pays consommateurs ne cessent de réclamer une augmentation substantielle de la capacité de production en hydrocarbures (ce qui revient, en définitive, à demander à l'OPEP d'augmenter ses quotas de production dans un premier temps et surtout de procéder à d'importants investissements en matière d'extraction) ; mais, d'autre part, ces mêmes pays font tout ce qu'ils peuvent pour développer les énergies dites alternatives (éthanol notamment) et ce dans le but avoué de diminuer – structurellement – leur consommation de pétrole...Le président de l'OPEP, Mohamed Al Hamli, vient d'ailleurs de stigmatiser ce paradoxe, soulignant que, de la même manière que les pays consommateurs ont besoin de sécuriser leurs approvisionnements, il est vital pour les pays producteurs de s'assurer de la pérennité de la demande.
Il soutient à cet égard que nombre de pays membres du cartel sont en voie de développement et disposent de ressources limitées, impliquant qu'ils ne peuvent se permettre de procéder à de dispendieux investissements s'il n'existe pas un minimum de transparence en ce qui concerne la demande ; exprimé en d'autres termes, le président de l'OPEP menace, en termes à peine voilés, de maintenir la production du cartel aux alentours de ses niveaux actuels et ce dans la durée...

On imagine facilement l'impact d'une telle politique sur les cours du brut dans les prochaines années... A toutes fins utiles, rappelons que la consommation mondiale, qui est actuellement de 85 millions de barils/jour devrait flirter avec les 120 millions en 2030...

Avec un croupier chinois en prime, la partie s'annonce donc serrée pour les pays consommateurs...
Moi je dis que ça commence à sentir le roussi :roll:
Rouler mieux : (moins, plus propre et plus sobre)
Lien (désactivé pour cause de suspicion publicitaire infondée)

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Message par Alter Egaux » 05 juil. 2007, 16:00

Blackdress a écrit : Moi je dis que ça commence à sentir le roussi
En tout ca, l'auteur de cet article a l'art de manier le verbe en évitant soigneusement les mots "pic de production pétrolier", et il relève judicieusement toutes les contradictions qui fait que les pays producteurs se protègent et que les pays consommateurs se protègent avec les arguments inverse des premiers.
La phase 2, se sera de trouver le bouc émissaire de la haute du prix du baril (ses méchants pays arabes) et la phase 3 sera plus consensuel chez les occidentaux (on a bien fait de leur en mettre plein la tête), toujours en évitant les mots "pic de production pétrolier".
Seul la déplétion mettra les pays consommateurs et les pays producteurs devant leur responsabilité : dire enfin la vérité sur le pétrole, trop de consommateur pour trop peu de réserve. Que le meilleur gagne (la Chine).

Un peu de patience. ;)
Etape n°1 : Les africains nomment le pétrole : la "merde" du diable.
Etape n°2 : Restons cool, le PO arrive...
Etape n°3 : "Mais à cet endroit, en ce moment, l'humanité, c'est nous, que cela nous plaise ou non", Samuel Beckett

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Message par Schlumpf » 06 juil. 2007, 21:50

pareil. J'ai failli avoir peur... :-D
L'Homo sapiens se conjugue à la première personne du présent irresponsable...

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Message par mobar » 06 juil. 2007, 23:39

Le pic serait passé et on l'aurait pas vu !

L'article de Makhnovitch

http://www.terredebrut.org/article-10915917.html

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Message par Cassandre » 07 juil. 2007, 00:17

De toute façon, on le verra que quand on l'aura passé… moi je pense qu'on est assis dessus là… ;)
Et ce graphique me donne raison… ça ressemble à un plateau, de gueule, mais vu que c'est super court en temps, ça a plus une tronche de pic en effet !

Bien vu, cette page, merci d'en avoir posté le lien ! :D
regarder Oléocène
« No fate but what we make » (Sarah) « If you're listening to this, you are the resistence. » (John)

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Message par Schlumpf » 07 juil. 2007, 00:19

je plussoie Cassandre. Le PO je m'assois dessus en effet. Histoire de mieux en mesurer les effets... A postériori bien sûr...
L'Homo sapiens se conjugue à la première personne du présent irresponsable...

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