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par MadMax » 27 oct. 2007, 02:28
Pêche. Avis de tempête sur la filière
Le vent de la colère a soufflé hier sur le port du Guilvinec. En cause, l’augmentation constante du coût du gazole, la faiblesse des tarifs en criée et l’augmentation des prix du poisson sur l’étal.
C’est un contrôle de douanes qui a mis le feu aux poudres. À 11 h, hier, après cette énième intervention, «comme si on nous demandait nos papiers en permanence», les pêcheurs côtiers du Guilvinec, de Concarneau, Loctudy et Saint-Guénolé, ont décidé de manifester leur colère. Une flottille de près de 70 bateaux s’est retrouvée en face du port du Guilvinec, en attendant de rencontrer les autorités maritimes. Chose faite 2 heures plus tard, avec la venue de sous-directeur des pêches, François Gauthiez ; du directeur régional des Affaires maritimes, Wenceslas Garapin, et de Stéphane Gatto, nouvel administrateur local du quartier maritime. Les pêcheurs ont donc pu étaler leurs principales revendications, face à une situation de crise qui plongerait actuellement 50 % de la profession dans le rouge.
Le gazole a presque doublé
«Depuis le début de l’année, le gazole est passé de 30 centimes d’euro à 50», explique Philippe Le Moigne, vice-président du comité des pêches du Guilvinec. «Un hauturier qui part pour une marée de quinze jours embarque 20 tonnes de gazole. Avant même de partir, ce sont 10.000 € d’engloutis. Quand on y ajoute les charges, le produit de la vente ne sert qu’à couvrir les frais». De fait, depuis le début juillet, comme l’explique Nicole Paubert, épouse de pêcheur, « les salaires sont nuls, voir négatifs ». En cause, aussi, le prix de vente du poisson. «Les mois d’automne, traditionnellement, ne sont pas bons», poursuit Philippe Le Moigne, «mais, là, c’est catastrophique». Avis relayé depuis le large par un artisan-pêcheur, depuis le sud de l’Irlande, pour qui «ça ne sert à rien d’aller travailler si c’est pour ramener du poisson qui ne sera pas acheté».
TVA sociale pour la pêche ?
Les mareyeurs et le système de mise en ligne des criées sont également montrés du doigt. Philippe Le Moigne ne mâche pas ses mots. «Au début, l’idée d’acheter en ligne paraissait bonne, car ça nous offrait une vitrine de la qualité de notre travail. Mais certains en profitent pour acheter à l’étranger, alors qu’ils empêchent les étrangers de venir acheter notre poisson». Quant aux prix à l’étal, ils ulcèrent les pêcheurs. «Il y a deux axes à travailler, comment mieux vendre le poisson, et surtout, comment compenser la hausse du gazole ?», renchérit le pêcheur en mer d’Irlande. Pour la compensation, Philippe Le Moigne a sa petite idée. «Pourquoi ne pas prendre le modèle d’une TVA sociale et augmenter d’un ou deux points la TVA sur la vente du poisson, qui est à 5.5 %, et faire en sorte que cet argent aille aux pêcheurs ?». Face à ces interrogations, les autorités maritimes n’ont pas apporté, hier, de solution miracle, préférant attendre mardi, et le Comité supérieur d’orientation des politiques halieutiques pour faire d’éventuelles propositions. Elles trouveront, en écho, la radicalisation ou l’apaisement de la colère des pêcheurs.